L.G.M.

Roland C. Wagner, Le bélial, 2001-2006, 320 p., 4€ sans DRM

 

Tout le monde sait que les martiens sont de petits hommes verts.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils sont aussi de chauds lapins !

Le 18 juin 1967, une sonde américaine envoyé sur Mars, transmet le cliché d'un petit homme vert tirant la langue. Elément de départ de cette uchronie, où l’URSS va devenir la grande puissance mondiale. Roland C. Wagner inverse les rôles, mais combat tous les impérialismes qu’ils soient Rouge, Vert, Blanc ou Jaune. Les seules couleurs étant dignes d’intérêts étant celles du psychédélisme.

Hommage, entre autres, au célèbre Martiens, go home ! de Fredric Brown, à la grimace de Einstein pour le côté quantique, nous suivons les péripéties cocasses et rocambolesque d’un petit homme vert, autrement dit d’un Little Green Man. Qui connait Roland C. Wagner sait que nous allons être face à une charge satirique de nos sociétés. Ici, nous croisons pêle-mêle des agents de la DGSE, du KGB, de la CIA, ainsi que d’affreux mercenaires à la solde des puissants. L’auteur revisite 40 ans de notre histoire récente, de la guerre froide à l’arrivé au pouvoir d’un certain Bush, alias Petit Buisson.


Avec humour, les grands refrains musicaux (Noir Désir - Le Martien l'emportera), discours de ces décennies sont revisités à l’aune de la découverte du martien :
Sex Pistols : « God save the Queen - A fascist regime- They'll make you a Martian - Without any passion »
Général De Gaulle : « Ces Martiens… ces Martiens que l'Amérique nous envoie à la face sont des veaux - petits et un peu verts, mais des veaux tout de même. »

Bourré de références aux événements passées, il est parfois difficile de saisir toutes les allusions.
Nous découvrons ce monde alternatif grâce à des extraits d’actualités ouvrant les différents chapitres. Même si l’intrigue est prétexte, la partie thriller d’espionnage est pour moi faiblarde, manquant de dynamisme, et entrainant certaines longueurs (peut être dû en partie à son parcours éditoriale atypique ?). J’ai trouvé aussi que la démonstration était parfois assénée de manière un peu trop appuyée.
Mais face à une production littéraire actuelle bien consensuelle (Roland, tu nous manque !), lire L.G.M. est salutaire. A 4€ la version électronique sans DRM, pourquoi sans priver ?

Sex & Drugs & Rock & Roll. Réduire L.G.M. à cela serait faux. Il faut plus voir cette maxime comme un grand cri de révolte à la face de l'engeance impérialiste.



"Je ne suis pas du genre à juger les gens sur la mine, mais ce type était à l'évidence le plus parfait crétin qu'il m'eût été donné de rencontrer."

"Néanmoins, il ne fallait pas se leurrer : Vladimir Illitch Oulianov devait cette grâce posthume essentiellement à son décès prématuré, ainsi qu'à l'ancienneté et à la brièveté de son passage à la tête du pays."

"En dépit des récentes évolutions, l'URSS était loin d'avoir oublié les vieilles habitudes héritées du temps du totalitarisme. Et, même si le dernier goulag avait été fermé en grande pompe par Gorby au tournant des années 90, il restait encore assez d'hôpitaux psychiatriques pour se débarrasser des gêneurs. "

"Il était difficile de dire quel rôle la couleur de la planète en question avait bien pu jouer dans cette surprenante entente, et beaucoup de gens se demandèrent si le Kremlin aurait été aussi empressé et unanime pour se lancer à l'assaut de Vénus, moins susceptible d'être récupérée comme symbole de la Gloire du Socialisme soviétique. "
"Tout comme tant d'autres peuples avaient oublié les horreurs sur lesquelles ils s'étaient fondés la plupart du temps. Sans doute cette amnésie était-elle nécessaire à leur survie ; nul ne s'attribuera jamais le rôle du méchant tant qu'il pourra l'éviter. Mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'il vaut mieux regarder en face la boue sanglante d'où nous sommes sortis si nous voulons éviter d'y retomber."

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