Les Maîtres enlumineurs : Les terres closes

avril 30, 2024

 

Robert Jackson Bennett, Albin Michel Imaginaire, 2023, 688 p., 13€ epub sans DRM

 
Je savais lire en diagonal, je sais désormais lire en levant les yeux au ciel !
 

Pitch de l'éditeur :

Autrefois, Sancia Grado n'était qu'une jeune voleuse dotée d'un talent rare. Puis elle a appris à utiliser ce talent et a battu les grandes maisons marchandes de Tevanne à leur propre jeu. Avec Clef et Bérénice, elle a même éliminé un hiérophante immortel – mais la guerre qu'ils mènent maintenant semble perdue d'avance. Sancia et ses alliés n'affrontent plus les élites de l'enluminure ou un hiérophante revenu d'un passé oublié ; cette fois, ils veulent détruire une entité dont l'intelligence est répartie sur la moitié du globe : un fantôme bien caché, qui utilise la magie pour posséder les objets, mais aussi contrôler les esprits humains.
Malgré tous les efforts de Sancia et de ses alliés, leur implacable ennemi se rapproche de son véritable but : une ancienne porte qui mène au cœur-même de la création.
Mais peut-être leur reste-t-il une ultime chance de survivre à ce combat, en réalisant le casse le plus audacieux qu'ils aient jamais tenté…
 
 

Mon ressenti :

Moi qui pense que la fantasy c'est de la merde, j'avais adoré le système de magie original que l'auteur nous avait pondu dans le premier tome, faisant l'osmose entre magie et science, un peu comme si Einstein avait décidé de jeter des sorts de relativité restreinte ou de mécanique quantique. Le second roman partait plus vers la fantasy et le réalisme que j'avais trouvé dans le premier tome avait disparu, Mais voilà, dans le deuxième opus, l'auteur a pris un virage à 180 degrés vers la fantasy pure et dure, abandonnant toute crédibilité au passage, au grand dam de mon esprit cartésien qui s'est senti trahi.

Et puis, le dernier tome ! C'était comme si j'avais pris un billet pour le dernier blockbuster Marvel. Des combats spectaculaires, mais tellement exagérés que j'ai cru que les personnages allaient débarquer avec des costumes moulants et des capes en spandex. On y arrache des morceaux de montagne pour les balancer sur ses ennemis, on se balance des îles dans la gueule... Bref des demi dieux qui se battent, l'éternelle lutte du Bien contre le Mal. Trop hardcore pour moi.

Pourtant, au milieu de tout ce spectacle, il y avait une lueur d'espoir, une société utopique un peu original, mais esquissée trop rapidement, reléguée au rang de simple anecdote dans ce défilé de grandiloquence. Résultat, je n'ai même pas lu ce roman en diagonal, je l'ai lu en levant les yeux au ciel ! Seul bonne nouvelle, le cycle est terminé.

Je n'en dis pas plus, ayant perdu trop de temps avec ce roman de fantasy trop hardcore pour moi.
 
 
 

Arborescentes - Tome 1

avril 25, 2024

Frédéric Dupuy, Bragelonne, 2024, 384 p., 13€ Epub sans DRM


Arborescentes : là où les arbres ont des secrets et les héros sentent parfois l'oignon !🌳


Pitch de l'éditeur :

Il est des endroits dans le monde dont on ne saurait dire qu'ils accueillent des enfants tant les environs sont lugubres et les lieux austères.

Tel est l'orphelinat des Soeurs Aniel. Avec ses grandes fenêtres à barreaux et ses portes en métal aux lourds battants, on croit entrer dans une ancienne prison, ou dans un asile de fous. Ou pire encore, dans une banque.

Petite, boulotte et bougonne, avec des yeux cernés jusqu'à l'os, Hélène y vit dans une minuscule chambre et n'en sort que la nuit. Hélène a juré de ne plus dormir, et c'est un travail de tous les instants. Elle est atteinte de la Maladie de la Belle au Bois dormant, qui peut frapper à tout moment et l'emporter dans un sommeil infini, comme sa mère avant elle.

Il n'existe pas de remède, aucun traitement connu à cette forme de narcolepsie, qui demanderait des dispositifs bien trop coûteux pour le nombre de cas connus en France, même pour des laboratoires aux poches profondes. Même pour les laboratoires Varkoda, dirigés par l'inflexible héritier de la famille fondatrice, connu pour s'arroger des brevets au prix de la destruction de la jungle équatoriale amazonienne, et au mépris de la vie humaine.

Et pourtant, une étrange infirmière entraîne Hélène dans son sillage, vers un hôpital et un monde aux ressources inexplicables, un lieu extraordinaire, enchâssé dans une forêt introuvable tel un bijou brillant dans un écrin vert, qui lui offrira peut-être un avenir, et un rôle à sa mesure dans le combat fantastique qui s'annonce. Car les forces ancestrales bientôt réveillées par Hélène et Arès Varkoda dépassent l'entendement, et l'équilibre fragile entre nature et humanité est en péril.


Mon ressenti :


Des autochtones dans une forêt au Brésil se font voler leur plante médicinale, tandis qu'à Nantes, une MECS accueille un nouvel enfant placé qui est surpris par une fille semblant être un zombie. Pendant ce temps, à Dammarie-les-Lys, une chercheuse travaillant pour une entreprise spécialisée dans la cire se voit remettre une plante volée dans la forêt brésilienne. Cette introduction ancrée dans la réalité, écrite de manière très réaliste, happe le lecteur et le transporte vers des univers très différents.

"Arborescentes", c'est le cerveau de Frédéric Dupuy passé au mixeur, un roman qui mêle les genres et les références, où même l'héroïne est décrite comme peu attrayante et sentant l'oignon. On aurait pu craindre que ce mélange ne fonctionne pas, mais l'auteur, tel un chef cuisinier, a su mixer les saveurs pour créer un plat unique. Bien que je sois principalement lecteur de science-fiction, ce livre m'intriguait et me faisait peur en même temps, notamment en raison de son aspect magique. De plus, il s'agit d'une tétralogie, mais cette fois-ci, pas besoin d'attendre quatre ans pour la suite, car les prochains romans sortiront tous cette année (en mai, août et novembre).

Entre "Alice au pays des merveilles" et le thriller d'espionnage, c'est surtout la partie plus réaliste qui m'a le plus plu. On sent que l'auteur s'est documenté sur les sujets abordés, notamment sur l'industrie pharmaceutique et sa tendance à s'approprier le vivant. La partie "Alice" m'a laissé un peu plus indifférent, n'étant pas fan des enfants, mais elle se laisse lire si vous êtes comme moi allergique aux gosses.

En fin de compte, j'ai pris plaisir à me perdre dans ces différentes aventures et j'ai même été quelque peu frustré que la fin arrive si vite, avec une autre piste à explorer. En somme, l'auteur semble avoir beaucoup d'idées saugrenues en réserve. To be continued...

Le pacte de sang

avril 17, 2024



Clément Bouhélier, Critic, 2024, 350 p., 11€ epub sans DRM



Le digne héritier du film Alien !
Un castel-horror qui joue avec la figure du ... du quoi au fait... Mystère...


Pitch de l'éditeur :



1364. Défaites lors de la bataille d'Auray, les troupes de Bertrand Duguesclin sont en déroute. Deux chevaliers en fuite s'aventurent à l'intérieur d'un mystérieux château abandonné. Ils vont faire face à la pire des abominations. Près de 700 ans plus tard, lors d'un séminaire en Bretagne, les membres d'une entreprise de référencement web se rendent dans ce même château pour participer à un escape game. Mais pour eux également, la nuit va virer au cauchemar. Quelque part derrière les murs sombres, une chose attend, tapie dans l'ombre. Elle compte bien assouvir son appétit et régler ses comptes.

Mon ressenti :

Tout est bien présent pour un roman fantastique (dans les deux sens du terme) : une bête, un château et une légende. Certains auraient choisi la facilité, Clément Bouhélier est plus sournois. Un début classique, alternant deux époques, jadis et aujourd'hui. Et même une troisième période, à J+1 de l'une. Mais il peut s'en passer des choses en une nuit...

Un roman, trois genres : Pour la partie historique, nous sommes en 1364 et on suit les pas de deux chevaliers fuyant le charnier d'une guerre et trouvant refuge dans un château. Pour le genre social, l'auteur nous plonge dans un séminaire de team building qui se déroule dans un château, et il va en falloir du building dans cette équipe déchirée... Et un roman policier qui se déroule de nos jours +1, où les flics enquêtent sur une jeune fille retrouvée pleine de sang, en panique, errant dans une rue proche... d'un château. Le tout épicé d'une pointe d'horreur légèrement gore.

Un roman en apparence simple, mais le monstrueux auteur adore jouer avec son lecteur, lui faire croire d'une piste balisée pour en emprunter une autre, et encore une autre et encore une autre... Il croise les points de vue, nous met dans la peau du monstre, qui bien entendu n'est pas celui que l'on croit.

L'auteur revisite et surtout modernise une figure du monstrueux, beaucoup plus proche du film Alien que de... On y retrouve la critique du libéralisme, un thriller haletant et il y ajoute une pointe d'enquête policière. Pris dans son piège, le lecteur n'a qu'une seule issue pour sortir de ce joli guêpier : lire jusqu'à plus soif pour enfin se dire, quel talent. Clément Bouhélier, alors que je déteste la fantasy, m'avait démontré que je pouvais avoir tort avec son cycle Olangar. Il fait de même avec Le pacte de sang, me donnant envie de découvrir les romans fantastiques.

Seule fausse note de ce livre, l'éditeur a fait le choix de mettre une préface dévoilant le pot au rose sur ce monstre. Je vous conseille donc de lire cette préface comme une postface.

 

Une belle réussite dans le genre fantastique/horreur pour le troll, mais attention y’a du sang, de la bidoche, de la tripe et du vomi, on est pas ici pour cueillir des marguerites prévient l'Ours inculte. La conclusion de Fantasy à la carte, un récit court, rythmé et sans concession dans toutes les formes de violence qu'elles soient physiques ou sociales.

La dernière machine

avril 11, 2024

Jean-Marc De Vos, Autoédition, 2022, 211 p., 5€ epub avec DRM


Parfois, on ne sait pas pourquoi, on a envie de lire un livre avec une couverture moche.
Dans ces cas là, ma destination de prédilection est toujours de me tourner vers mon tenancier préféré Jean-Marc De Vos qui adore faire saigner les yeux de ses lecteurs...

Pitch de l'éditeur : 

14 nouvelles de Science-Fiction, Anticipation, Fantastique, 14 pépites qui renouent avec une SF « plaisir », ambiance Pulp – Old School garantie.
Un recueil où l’auteur ratisse large : tous les lieux imaginables et inimaginables, toutes les époques, toutes les situations. Et puis, il y a toujours une machine.



Mon ressenti :

Dans son intro, l'auteur dit qu'il ne faut pas chercher le sous texte, juste apprécier les histoires. Voyons donc ce que cela donne :

Peur de rien !
Il enfonce le clou ici avec cette mise en bouche, écrite comme une boutade. Et ça marche ! Le pitch ? Un premier contact alien dont il faut trouver un volontaire pour vivre seul durant 20 ans.

Hadès
L'humanité est comme la peste, difficile de s'en débarrasser. On peut voir cela comme de la persévérance, ou de la connerie, ce que semble nous dire l'auteur qui nous conte un futur dans 300 millions d'années où les humains pensent avoir retrouvé le berceau de l'humanité, notre bon vieux caillou. Des humains retrouvent le berceau de l'humanité, la terre. Entre mythe des origines et théorie Gaïa, une nouvelle dont la chute permet à l'auteur de dire son amour de l'humanité. Léger et drôle, un plaisir évident que de lire ce texte.

Ceux d'en bas
Voilà un texte qui rappelle la SF avant qu'elle ne s'appelait ainsi. On suit un maître et son élève dans une ambiance étrange et des sismologues.
Comme jadis, pas de réel intrigue, juste des tranches de vie qui vont se rencontrer. Manque d'originalité ici, j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu ce genre de trucs. L'auteur dit avoir rédigé ce texte avant d'avoir lu la nouvelle de Clarke, les feux intérieurs, que je n'ai pas lu...

Bubble City

Des êtres sont découverts dans la haute atmosphère de Jupiter, mais gardent jalousement leur secrets. Un ingénieur va tenter de comprendre leurs mécanismes.
Un texte old school (l'aventure, plus que la véracité scientifique), peut être un peu trop rapide, mais dont le final laisse l'infini des possibles se réaliser.

Hiver sur Martingale
Une planète avec plein de ressources à disposition, le paradis pour une entreprise minière. Mais l'exploitation va mal tourner, la flore ayant une croissance infernale. Toujours dans la même veine, le twist final est splendide

La mère de toutes les peurs
Tel est pris qui croyait prendre
Un scientifique est banni de sa communauté suite à une expérience ratée : bilan des dizaines de morts. Il tente sa dernière chance pour se faire réintégrer dans le sérail auprès d'un collègue. Sur fond d'IA et de peur primordiale, une nouvelle rafraîchissante.

La dernière machine de Reich
Inspiré d'un personnage réel, Wilhelm Reich, un des assistants de Freud qui travaillait sur l'orgasme et mourut en prison...
On suit une équipe de scientifiques spécialisés dans la radioactivité qui doit intervenir suite à la découverte d'un objet étrange radioactif dans le trou du cul du monde.
Une nouvelle malaisante du fait de la réalité et de la réécriture de l'auteur sur un pan de l'histoire. Glaçant.

Exhibition
Une histoire inspirée d'un article de presse où Google avait arrêté d'appliquer des filtres par défaut lors de la prise de selfie à cause de troubles sur la santé mentale. Ce que ne font pas fait ses concurrents.
Marrant, car j'ai remarqué que mon smartphone mettait un filtre lors de la prise de selfie, ce que je trouve dérangeant...
Que se passerait il si tout le monde était retouché ? L'auteur nous invite 100 ans dans le futur où le filtre est la norme, le réel la déviance. Dommage que le final soit banal car le monde décrit est très intéressant et questionnant sur notre besoin de modifier nos apparences. Cela reste un très bon texte.

Haptophobique Transgression
Une sorte de blague potache et grivoise autour d'une phobie. Sans intérêt

George, Notre Sauveur
Une nouvelle pour un concours dont l'une des conditions était de commencer le texte par "lorsque Georges rentra chez lui, ce jour là comme tous les jours, rien ne le préparait à ce qu'il vit en franchissant la porte du salon."
Et l'auteur de nous dire que ce fameux salon n'était plus là, remplacé par le néant. Encore du style old school, à base de voyage dans le temps. Distrayant.

Droit dans le mur
Ici, un homme entend des voix dans son mur. Il semblerait que ce soit des aliens. Une pochade dont la morale pourrait être de ne pas prendre ses vessies pour des lanternes.

La dernière séance
Un informaticien a une idée de génie : et si on inventait une IA capable de produire des films et des séries.
Ecrit avant la vague actuelle de l'IA générative, De Vos nous conte une histoire pleine de Pulp avec une fin des plus réjouissantes que je n'avais pas vu venir.

Bibliotheca Apostolica Vaticana
Un cul bénit scientifique est convoqué chez la plus haute instance, le pape, pour une mission capitale.
Relecture des évangiles à la mode De Vos, qui allie science et religion, pour nous emmener dans un grand bang.

Les Murides
En 2019 paraissait L.ambassadeur, le premier roman de l'auteur. Et sans cette nouvelle, son histoire serait sûrement différente. Comme son récit uchronique qui nous conte un peuple alien dont la planète va disparaitre et tente de trouver un moyen de survivre.
Seul bémol à ce texte, c'est qu'il dévoile le twist du roman. Et que je suis plutôt d'avis que vous remettiez la lecture de cette nouvelle à plus tard désormais que vous êtes arrivés à ma dernière critique de ce recueil. Vous savez donc que l'auteur est un bon conteur, dépensez donc quelques euros pour son premier roman (c'est de l'auto édition, ça coûte moins cher qu'un café sur l'autoroute), appréciez et acheter d'autres livres de l'auteur et enfin, lisez les Murides !

Au final, l'auteur ne nous trompe pas sur la marchandise, une lecture plaisante qui passe le temps. Seul mensonge, j'ai trouvé quelquefois du sous-texte, mais c'est la cerise sur le gâteau. En outre, j'ai bien apprécié que l'auteur ajoute un peu de paratexte avant chaque nouvelle.
Ma plus grosse déception est de ne pas avoir pu me payer un autoédité avec une critique assassine, mais ma probité intellectuelle m'oblige à avouer passer de très bon moment à lire ce Jean Marc De Vos (et sa créativité à pondre des couvertures moches pousse même au respect !)

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