La longue utopie

Terry Pratchett, Stephen Baxter, L'atalante, 2016, 416 p., 10€ sans DRM



Que faire avec un moteur de Dyson ?

Réponse A - Un aspirateur
Réponse B - Une sphère... de Dyson
Réponse C - Une fin spectaculaire

(Indice : la réponse se trouve dans mon avis)


Présentation de l'éditeur :


Milieu du XXIe. Fuyant la Primeterre plongée dans l’hiver volcanique, l’humanité s’est réfugiée dans les mondes parallèles, où elle s’organise tant bien que mal en de nouvelles microsociétés. Josué Valiente, bon gré, mal gré, s’est mis en quête du secret de ses origines, un secret qui a vu le jour dans l’Angleterre victorienne.
De son côté, Lobsang a renoncé à ses desseins grandioses. Accompagné d’Agnès et de leur fils adoptif, il s’est retiré sur la lointaine Terre-Ouest 1 217 756 pour y mener incognito une existence frugale. C’est sur ce monde pourtant qu’apparaissent les signes d’un dérèglement qui menace, au-delà de la communauté clairsemée qui l’habite, au-delà de la planète elle-même, la Longue Terre dans son ensemble.
Lobsang, Josué, Sally Linsay, les Suivants eux-mêmes, ces nouveaux enfants de l’humanité à l’intelligence surhumaine, tous devront s’unir pour faire face à la catastrophe. Et certains se résoudre au sacrifice ultime…

Mon ressenti :

Résumé très succinct à destination de ceux qui ont loupé les épisodes précédents :
En ce jour du passage, l'humanité prend conscience de l'existence de nombreuse terres parallèles que l'on peut visiter grâce à une patate (!) ou à son talent (tome 1). S'ensuit la découverte d'une faune ayant suivi un chemin de l'évolution différent, notamment les trolls, une sorte de Yéti un peu brusque certes, mais corvéable à merci (tome 2). La Primeterre, notre terre originelle, fait cependant face à l'éruption d'un gigantesque volcan provoquant un afflux de réfugiés dans les terres parallèles (tome 3).

1850 - 2050, deux siècles de passeurs.


Quatrième tome des aventures de Josué et de ses compagnons, après avoir exploré la Terre et Mars, nos comparses vont explorer l'espérance qu'ils avaient placé en l'humanité - l'utopie - après la découverte de la longue terre.
Josué, la chevelure grisonnante, se tape sa crise de la cinquantaine. A la différence des mâles de notre espèce qui recherche une jeunesse perdue via des minettes affriolantes, sa crise se résume à la tentative de découvrir son histoire familiale. De là, nous partons dans les années 1850 durant le mouvement des chartistes qui fût à l'origine de la création des syndicats anglais. Cette recherche généalogique tombe admirablement bien car nous lecteurs étions intrigué par les passeurs. Ce talent était-il du à une évolution soudaine, ou cette possibilité était existante dans le passé ? Se pourrait-il que certains personnages célèbres et historiques soient en fait des passeurs, tel ce brigand qui détroussait les riches au profit des pauvres ? Ou ces anges de Mons durant la première guerre mondiale ? A ceux qui étaient dans le fond de la classe durant les cours d'histoire, les auteurs ne s'attardent pas longuement sur ces différentes époques, cela passe très bien. 
De même, un début de réponse est donné sur les raisons de cette longue terre, de quoi ingurgiter quelques légères touches quantiques.

Dans le tome précédent, une nouvelle race avait vu le jour : les bien nommés "suivants". Et voilà que cette race supérieure veut le bonheur de l'humanité. Les suivants étant surtout des esprits logiques et rationnels, les sentiments étant bon seulement pour les races inférieures, on se demande si il n'y aurait pas anguille sous roche.
Dans le même temps, sur une lointaine colonie, la découverte d'étranges créatures va chambouler le tout.

La majorité du roman suit ces différentes intrigues. Dans le dernier tiers, la science revient sur le devant de la scène, avec ce fameux moteur de Dyson dont une illustration ouvre le texte. Une rencontre du troisième type se concrétise, il sera aussi question de machines de von Neumann réplicantes, de terraformation "inversée". Cela reste accessible aux lecteurs profanes de ces théories et nos yeux s'émerveillent. Les conséquences de ce maelstrom donnent une fin spectaculaire.

Un bon divertissement, les pages se tournent très facilement, mais il m'a manqué quelques profondeurs qui parsemaient le tome 3. Les auteurs parlent de guerre, d'extinction des espèces autochtones, de racisme et de différences mais cela reste assez bref. Les conséquences sociétales de cet événement sont traités légérement, et malgré l'infini de monde possible, nous ne pouvons que constater que l'homme demeure un loup pour lui.
En outre, l'histoire de Stan Berg, un jeune suivant qui se découvre est un peu trop rapidement traité et sert plus de Deus ex machina que de moteur à l'intrigue.
Quelques petits bémols mais dans l'ensemble le spectacle est bien présent.

Réponse à la devinette
Vous avez répondu
A : Élargissez  votre culture scientifique en lisant ce roman
B : Oui, on peut faire une sphère de Dyson, mais ce concept est juste effleuré ici. Pour ceux qui voudrait savoir à quoi ressemblent la vie dans une telle sphère, lisez le cycle d'Omale de Laurent Gennefort
C : Bravo, vous savez lire


Quelques citations :


L’intelligence des Suivants était un don à double tranchant : on ne pouvait trouver réconfort dans aucune illusion.

Nous ne goûtons guère les arts visuels, au contraire de vous autres. Nous les comprenons, mais ils ne nous émeuvent pas. »
L’aveu choqua Rocky. Il pensa aux bandes dessinées dont il avait nourri sa liseuse. « Vous n’avez pas d’œuvres d’art ?
— Pas visuelles, non. Nous n’aimons pas beaucoup non plus la fiction, les contes. Il nous manque apparemment la capacité à nous immerger dans l’imaginaire.
— Elle est polie, Rocky, ricana Stan. Il ne lui manque aucune capacité. Ce qu’elle veut dire, c’est que c’est à vous autres humains qu’il “manque la capacité” de résister aux ruses hypnotiques des conteurs.





11 commentaires:

  1. Oh! je sais lire!!!!

    J'adore ton intro! Rien qu'en la lisant j'étais pliée de dire. Terry Pratchett n'est pas un auteur qui me convient, c'est juste un peu trop loufoque pour moi.
    J'ai l'impression que la dérision ressort un peu trop ici aussi..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Terry Pratchett est réduit à la portion congrue ici, deux trois trolls, un soupçon d'humour, pas de burlesque.
      Cela me fait plus penser en terme de style à la série du vieil homme et la guerre de Scalzi.

      Supprimer
    2. Ah! mais dans ce cas, je suis très, très intéressée! Je vais revoir tes critiques sur le sujet!

      Supprimer
    3. Je pense que cela pourrait te plaire

      Supprimer
    4. J'ai lu les deux premiers tomes avant la création du blog, donc pas d'avis sur ceux là. Le 1 cool, le 2 bof, le 3 cool+, le 5 en cours de lecture

      Supprimer
  2. Oh mais que ça à l'air drôle ! je note :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a quelques touches d'humour, mais le principal reste l'aventure. Après, il y a pas mal de références qui participent à une certaine ironie ou distanciation.

      Supprimer
  3. Cette série ne me tente pas du tout... je ne suis pas un fan de Pratchett (et c'est un euphémisme !) et les derniers Baxter que j'ai lu ne m'ont pas emballé, alors le mixe des deux, je suis perplexe. ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On dirait que tu n'es pas le seul, il n'y a pas beaucoup de critiques sur les différents tomes.
      Après, lorsque l'on ne le sent pas, mieux vaut s'abstenir.

      Supprimer
  4. J'avais lu le premier tome il y a longtemps, j'en garde un bon souvenir. Faudrait que je m'attaque au reste du cycle maintenant qu'il est terminé !

    RépondreSupprimer

Fourni par Blogger.