L’agneau égorgera le lion

 

Margaret Killjoy, Argyll éditions, 2024, 128 p., 6€ epub sans DRM


J'avoue que j'aurais peut-être préféré que l'agneau soit en fait un mouton… Ça aurait totalement changé la donne, non ?

Pitch de l'éditeur :

Après des années passées sur la route, Danielle Cain débarque à Freedom, une ville de l’Iowa squattée par des anarchistes, à la recherche d’indices sur le suicide soudain de son meilleur ami.
Sur place, l’ambiance a tourné à l’aigre depuis que les habitants ont invoqué un esprit protecteur, un cerf rouge sang à trois bois. À la fois juge et bourreau, l’animal commence à se retourner contre ses invocateurs.
Danielle espérait élucider les circonstances d’une mort mystérieuse, mais c’est peut-être bien tout une communauté anarchiste qu’elle devra sauver !

Mon ressenti :

L’agneau égorgera le lion est un court roman d’une centaine de pages. On y découvre, à travers les yeux de Danielle, une bourgade reculée, autoproclamée commune libre, où l’autogestion se dévoile en filigrane, sur fond d’enquête teintée de fantastique. La lecture est sympathique, mais j’en ressors avec un sentiment mitigé : le format court nuit, selon moi, à la profondeur du récit.

Les personnages m’ont semblé trop peu fouillés, parfois réduits à des rôles presque caricaturaux. Mis à part Danielle, à laquelle on pourrait s’identifier, les autres habitants de Freedom n’ont guère plus qu’un prénom et une fonction (gentil/méchant). Cela limite l’attachement, et donne l’impression de survoler la communauté, là où j’aurais aimé plonger dans ses contradictions et ses espoirs.

Côté crédibilité, certaines ellipses m’ont déstabilisé : Danielle comprend parfois en quelques heures ce qui aurait pu demander des jours, et le « combat final » laisse des zones d’ombre, notamment sur le rôle des forces de l’ordre... Cette histoire sympathique reste en surface. Peut-être est-ce le format qui veut ça, mais j’ai eu la sensation d’un trop-plein d’idées dans un espace trop restreint. Certes, on pourra me dire qu’il s’agit du premier tome d’une série (ce qui n’est pas clairement indiqué), mais si j’achète un one shot, j’attends une histoire bouclée et aboutie – même si, à la décharge du livre, l’intrigue principale trouve tout de même sa conclusion.

Je ne suis sans doute pas le cœur de cible de cet « urban fantasy » libertaire. J’avais choisi ce livre pour son ambiance anarchiste : elle est bien là, et l’autrice sait la rendre presque vivante, mais malheureusement les aventures ne semblent pas crédibles (cela aurait pu faire un bon épisode de Scoobidoo). J’aurais voulu plus : plus de chair autour des personnages, plus de gourmandise, plus de moyens de m’immerger dans cette utopie. Bref, le même ressenti lors de ma précédente lecture de l'autrice avec son Un pays de fantômes. Il y a cependant quelques réussites : ce cerf rouge qui juge et exécute les habitants, donne une originalité. La parabole sur le pouvoir et la dérive des utopies est bien vue, et l’ambiance fonctionne. Sans compter la très belle couverture.

1 commentaire:

  1. Bref, tu attendais un roman et forcément, comme c'est une novella, ça fonctionne moins bien. Ça doit être ça qu'ils appellent les dangers du numérique, on ne se rend pas compte de ce qu'on va lire. 👀

    RépondreSupprimer

Fourni par Blogger.