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Worm-Zero

juin 11, 2024

 

Jean-Christophe Gapdy, Rivière blanche, 2024, 292 p., 22€ papier

 

Joueurs de jeux vidéo, ne vous laissez pas tromper par le titre : il ne s'agit pas d'un préquel à la saga Worms, mais du point final à la série des Gueules des vers.
 
 

Pitch de l'éditeur : 

Dès leur naissance, Mirus et les supra-gueules des vers se ruèrent à travers l’Univers pour courber l’espace et tordre le temps, dupliquant, çà et là, des mondes et systèmes qu’elles frôlaient. Lorsque, lentement, les civilisations naquirent, y compris celle des Humains, elles ignoraient tout de ces singularités, jusqu’au jour où elles commencèrent à s’éloigner de leurs planètes. C’est alors que chacune d’elles découvrit ces trous de vers effrayants et, surtout, le péril de WORM-ZERO…

 

Mon ressenti :

Soyons clairs, ce dernier tome est pour moi le meilleur, et clôt merveilleusement l'ensemble. Le terme "merveilleux" n'est pas exagéré ici, car l'auteur m'a véritablement ébloui en réinventant les classiques de la science-fiction à sa manière. On retrouve bien sûr des trous de ver, mais aussi des rencontres du troisième type, des univers parallèles, du voyage spatio-temporel... Le tout lié par une réflexion sur les androïdes, les cyborgs et l'intelligence artificielle.

Les précédents tomes pouvaient parfois être complexes, mais ici, JC Gapdy simplifie les choses, offrant un roman plus apaisé et avec une plume plus assurée. L'intrigue tourne autour de la découverte, dans le système solaire, de gueules de ver aux propriétés étranges, jouant avec l'espace et le temps, et créant des univers parallèles qui s'entremêlent.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est la rencontre avec une espèce alien qui conserve son étrangeté : il est impossible de comprendre pleinement cette altérité. J'aurais aimé en savoir plus, mais j'adore que l'auteur ait choisi de laisser libre cours à mon imagination.

Cerise sur le gâteau, l'auteur nous propose un petit jeu à travers les intitulés des parties, avec des allusions à d'autres romans de SF à découvrir.
Worm-Zero conclut parfaitement ce cycle atypique, mais pas de larmes à verser : JC Gapdy nous promet quelques spin-offs dans les années à venir (projets entre parenthèses, l'éditeur ayant des problèmes de santé...)

 

Vineta

décembre 06, 2022

 

Jean-Christophe Gapdy, Rivière blanche, 2022, 300 p., 22€ papier

 
Un véritable plaisir de lecture.

 

Présentation de l'éditeur :

Lorsque le bâtiment jaillit brusquement du trou de ver, Colorado comprit qu’un nouveau drame était survenu. Ce n’était pas l’espace normal qu’elle découvrait autour de son navire, mais une terrible et dangereuse nasse spatiotemporelle, un piège effroyable dans lequel s’était jeté le Piet Hein. Elle aurait pu l’accepter pour elle-même, mais rien ne saurait être facile pour une IA de pilotage, surtout quand son équipage se réduisait à un ado de seize ans et qu’en face d’elle apparaissait un étrange cimetière spatial. Elle apercevait des dizaines et des dizaines de vaisseaux ; certains avaient été rapprochés et accouplés pour former un imposant agglomérat flottant dans ce coin perdu de l’Univers. C’était sans doute une masse vivante et opérationnelle, car des milliers de lumières y brillaient et des signaux en fusaient tous azimuts. Plus incroyable, l’un d’eux lui apportait un message de bienvenue au sein de la cité perdue de VINETA...

 

Mon ressenti :

2080, un réseau de maisons closes pour VIP est démantelé. Le fils d'une des prostituées est confié à son père, un ponte de La spatiale, une sorte de NASA et d'armée du futur. Futur proche donc, on se retrouve sur Terre à suivre les pas d'un ado qui va découvrir l'espace. Une mise en bouche pleine de saveurs. Le temps de faire connaissance et hop, direction Neptune pour une mission double casquette scientifique et espionnage et à devoir éduquer une IA pour en faire une IA dotée d'empathie et capable de discerner les biais humains. A partir de là, à l'occasion d'une sortie dans le système solaire, va arriver l'impossible...

L'auteur nous emmène dans un coin de l'espace où le temps fluctue, se contracte, se replie, se dilue. Un temps qui a des conséquences matérielles et parfois biologiques. Un temps ennemi, un temps quasi anarchiste. Il arrive à nous faire comprendre la peur que ressentent les protagonistes face à ce temps impalpable et muable.

J'ai beaucoup aimé, allez, ne soyons pas avare de superlatif, j'ai adoré cette lecture qui m'a dépaysé et surtout qui se joue du lecteur : on pense être dans un space opera classique mais l'auteur nous révèle bien des surprises pour épicer le tout, bref, c'est loin d'être linéaire. Je n'en dévoile pas plus pour ne pas déflorer l'aventure. L'auteur lie plusieurs intrigues et cela permet de surprendre le lecteur. Juste un bémol sur les personnages un peu inconsistants, mais cela est dû au fait d'en avoir beaucoup. L'un des points forts est l'intelligence artificielle qui y est développée. En outre, il y en a plusieurs avec des niveaux de développement et d'intelligence différents.

Autre point fort, l'auteur arrive à faire de ce roman, dont l'univers est une série, un parfait one shot alors que le background général est assez ahurissant. Qui plus est, c'est fait de manière légère, je n'ai pas eu l'impression de lire des résumés assommants.

Pour finir, le tout est préfacé par un autre de mes auteurs chouchous : Arnauld Pontier.



Les Murailles du Temps

décembre 05, 2021

Jean-Christophe Gapdy, Rivière blanche, 2021, 340 p., 25€ papier

 
Trop hautes pour moi ces murailles, j'ai eu du mal à les franchir...

 

Présentation de l'éditeur :

Mia a été capturée avec ses amies par des aliens destructeurs de mondes. Esclave dans un de leurs gigantesques vaisseaux, leur petit groupe parvient, malgré la perte de trois des leurs, à s’enfuir et à rejoindre une planète étrangement semblable à la Terre. La découvrant détruite et envahie par la mort, elles ne peuvent y demeurer et vont plonger, avec leur petit jet spatial, au cœur d’un proche trou de ver pour tenter de rentrer chez elles. Mais, dans l’univers lointain, rien n’est jamais ce que l’on croit ni ce que l’on espère. Si franchir l’espace et le temps, au risque d’être jetées dans l’inconnu d’une autre époque, reste leur plus grande peur, ce sont des pièges bien plus incroyables qui les attendent, car ce n’est pas avec le temps, mais bien avec celles et ceux qui veulent les franchir que jouent les Murailles du Temps...
 

Mon ressenti :

Troisième tome du cycle SysSol (Les gueules des vers - L'enfer des vers), l'auteur a eu la bonne idée de faire qu'il ne soit pas nécessaire d'avoir lu les précédents et ça c'est cool.

Nous sommes dans un monde où la découverte de trous de vers, les gueules de vers, permet de voyager dans l'espace et aussi le temps. Mais ce n'est que le début de cette connaissance et les recherches pratiques tentent de faire avancer la science, parfois en en payant le prix fort.
Nous suivons les pas d'un d'un groupe de personnes esclaves d'un vaisseau suite à l'attaque de leur planète. Un jeu du chat et de la souris va commencer entre eux avec pour paysage ces fameuses gueules de vers.

JC Gapdy est un auteur que je suis depuis quelques années, souvent avec de grands frissons de lecture a la clef. Malheureusement, ce n'est pas le cas cette fois. Pourquoi ? Les raisons en sont diverses et variées alors que tous les ingrédients que j'apprécie sont présents.

Déjà des aliens et des hommes, j'aime quand on confronte l'altérité dans le récit, mais ici, cela va beaucoup trop vite à mon goût, tout est trop simple, rapide. Grâce au fameux Deus ex machina, ici une IA quasi omnisciente qui va permettre un dialogue interespèce quasi naturel. Ce n'était pas l'objet du livre mais cela me fait toujours un peu sortir de ma lecture (Même problème dans  A dos de crocodile de Greg Egan)
Seconde raison, mon attachement aux personnages qui manquent pour moi d'épaisseur et deviennent dès lors interchangeables. L'impression d'avoir des persos légèrement young adult même si le récit ne l'est pas.

Dans cette série, ce qui m'interpelle, c'est les trous de vers et la particularité de créer des univers parallèles. J'ai envie d'en apprendre davantage là-dessus, les théories scientifiques, et le jeu que créée l'auteur dessus. Mais il a préféré prendre un axe aventure, des rebondissements, des retournements de situations...
C'est dommage, car il y a de très bonnes choses dedans, comme ce twist au début qui nous place dans une situation d'altérité. Il y a aussi cette fameuse muraille, un assemblage infernal de ces gueules de vers, leurs descriptions sont magnifiques et dévoilent leurs monstruosités. L'auteur joue aussi avec des genres différents, une société matriarcale, une façon de faire famille autre, mais ne va pas assez loin à mon goût.

Donc de très bons ingrédients, mais un dosage inapproprié pour mes papilles...

Son de cloche différent sur Le Galion des étoiles, Djackdah Nielle a apprécié la balade.

L'enfer des vers

janvier 13, 2020

Jean-Christophe Gapdy, Rivière blanche, 2020, 350 p., 5€ epub sans DRM (sur le site l'éditeur)


Les vers, c'est d'enfer !


Présentation de l'éditeur :


Les Gueules des Vers vous ont laissé, comme Dick Hanson, anéanti, incrédule et à peine capable de reprendre pied dans notre monde. L’Espace, le Temps et l’Univers entier se sont ligués pour vous mener, avec lui, dans une course folle où vous vous interrogiez sans cesse pour savoir où et quand vous étiez, une course durant laquelle vous vous demandiez si Mirus, SysSol et tant d’autres choses existaient réellement…
Vous n’avez pas encore lu ces Gueules des vers ? Alors STOP ! Ne faites plus un pas, reculez dans le temps et ne revenez qu’après les avoir découvertes. Si, au contraire, ayant survécu, ces questions vous taraudent encore, si vous n’avez pas peur de croiser Anaïs Lys et Damienzo, de suivre de nouveau Colorado, Dick et Yessica, si aucune angoisse ou frayeur ne vous fait reculer, peut-être parviendrez-vous, comme eux, à vous frayer un chemin à travers ces Singularités avec le ferme espoir de ressortir vivant – et surtout en ayant conservé votre santé mentale – de L'ENFER DES VERS...

Mon ressenti :


Il y a un an et demi, je faisais la connaissance avec le premier roman d'un jeune auteur, Jean Christophe Gapdy et ses gueules des vers, un premier tome plein d'ambition avec une trame temporelle fourbe due à des trous de vers. L'enfer des vers vient clore ce diptyque.
Le premier tome étant bien dense en événements et en personnages, la bonne surprise vient d'un résumé complet d'une dizaine de pages. Ouf !

L'histoire en deux mots : un trou de ver est découvert dans notre système solaire permettant d'explorer d'autres univers (d'autres parties de notre univers ?). Mais problème, une fois passée cette gueule, en revenir est problématique, il peut se passer des années avant de voir un vaisseau réapparaitre. En outre, il semblerait que ceux qui en reviennent ne soient pas tout à fait les mêmes, saloperie d'univers multiples ! Nous voilà donc avec des versions différentes des mêmes personnages.
Pour nous simplifier la tâche, les persos sont nommés de manière différente, les chapitres indiquent la période et l'univers, mais l'auteur reste un tantinet taquin, ce qui fait le sel du récit.

Si vous êtes déjà sorti dans le vide où tout est si lointain et intouchable, si vous avez déambulé autour de votre vaisseau, soigneusement protégé par votre scaphandre, vous savez ce que l’on peut ressentir. Un mélange d’émerveillement et de peur. Mais imaginez maintenant que vous vous trouviez dans ce vide sans aucune protection, sans lien perceptible avec votre navire, alors que, sous vos pieds, l’holographique vous montre l’espace. Et plus encore, imaginez que vous fonciez à une allure démentielle vers un trou sombre, duquel jaillissent des flagelles d’éclairs gigantesques, que votre cerveau et votre imagination vous représentent comme des tentacules cherchant à vous happer et à vous attirer vers eux. Il n’y a rien de la beauté des étoiles, des amas stellaires et galaxies. Juste le néant, celui d’un monstre indescriptible auprès duquel Rhan-Tegoth ou les Shoggoths feraient pâle figure.

Alors que le premier tome jouait avec les paradoxes temporels, nous voici plus en face d‘univers multiples et ses conséquences. L'auteur nous interroge aussi sur ce qu'est l'identité à travers les humains dupliqués, mais aussi des clones ou des androïdes. Le parallèle entre la construction de l'identité humaine/clone/androïde est bien amenée et permet de s'interroger sur la construction de la personnalité. Cette problématique est très bien menée, d'autant que personne ne sait si il est l'original ou la copie. Ajouter à cela un temps distordu, nos protagonistes auront fort à faire pour se sortir de cet enfer.
L'univers SysSolien est toujours aussi touffu et crédible, c'est gigantesque en terme de worldbuilding, ce que confirme une chronologie des principaux évènements et le lexique.

Un ver, ça va. Trois vers, bonjour les dégâts !

Cependant, j'ai un peu moins apprécié ce tome pour diverses raisons. La première, c'est qu'il n'y a plus l'attrait de la nouveauté. J'ai trouvé aussi qu'il manquait un peu d'émerveillement par rapport au tome 1, même si les derniers chapitres renouent avec en nous montrant la gueule des gueules, l'espace temps déchiré vers une nouvelle forme de physique.
Et dernière chose, l'auteur en rajoute parfois un peu trop dans la complexité de son histoire, au lieu de se pencher sur le récit et amener plus facilement le lecteur avec lui. Il faut donc avoir l'esprit à sa lecture pour ne pas se perdre dans les méandres de l'espace-temps.

Mais bon, on va pas cracher dans la soupe, c'est assez rare qu'un auteur français arrive à rivaliser avec ses condisciples anglo-saxons, et nous offre un space-opera plein d'ambition, à la limite de la hard SF, avec un univers dense qui laisse augurer d'autres romans dans ce/ces système solaire du futur.

Et dernière chose, un roman qui ose en quatrième de couverture et en ouverture dire qu'il vaut mieux allez lire le premier tome, c'est assez rare pour être saluer.

Critique réalisée dans le cadre d'un service de presse.


Mon avis sur le tome 1


Si tu ne sais pas ce qu'est un trou de ver ou l'espace-temps, commence déjà par ça :


Espace-temps, vous êtes ici

https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-mardi-22-octobre-2019
La Méthode Scientifique du 22 octobre 2019

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Qu’est-ce que l’espace-temps ? Comment ce concept a-t-il été introduit ? Comment les théories de la relativité restreinte et générale introduisent l’espace-temps ? Combien de dimensions possèdent l’espace-temps ? Quelle forme prend-il dans le cadre de la théorie des cordes ?
Avant Einstein, tout était simple : il y avait l’espace en trois dimensions d’un côté puis le temps de l’autre. Mais à partir de la théorie de la relativité, les choses commencent à se compliquer. Le temps serait une dimension de l’espace, tout aussi sensible aux déformations gravitationnelles. C’est la naissance de l’espace-temps contemporain mais tout ne s’arrête pas là. Dans la volonté d’unifier relativité générale et mécanique quantique, les physiciens théoriciens ajoutent des dimensions, jusqu’à 26, où postulent que l’espace-temps est en fait discret, discontinu, et composé de petits grains. Mais alors, finalement : c’est quoi au juste l’espace-temps ?

Et pour tout comprendre à la nature de l’espace-temps, et à la façon dont a progressé notre compréhension jusqu’à aujourd’hui, nous avons le plaisir de recevoir Gabriel Chardin, physicien, président du comité des Très grandes infrastructures de recherche du CNRS, « L’insoutenable gravité de l’univers » aux éditions Le Pommier et Marc Henneaux, physicien, professeur à l’université libre de Bruxelles, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire « Champs, cordes et gravité » et directeur des Instituts de Physique et Chimie Solvay.

Trous de ver, la porte des étoiles

https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-du-mardi-08-mai-2018
La Méthode Scientifique du 08 mai 2018

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Qu’est-ce qu’un trou de ver ? Quelle était la théorie ou l'hypothèse d’Einstein et de Rosen ? Sur quoi est-elle fondée ? Quelles sont les différences entre trous noirs et trous de ver ?
Ce sont des objets purement théoriques, qui font fantasmer depuis des générations les écrivains et les lecteurs de science-fiction, et sur lesquels les astrophysiciens continuent de se casser les dents : les trous de ver, ces points de jonction entre deux zones de l’espace-temps, peut-être des passerelles entre des univers différents ? Pourquoi insister à faire de la recherche sur ces objets qui sont pourtant toujours hautement spéculatifs ? Et bien parce qu’ils n’en sont pas moins des solutions aux équations de la relativité générale d’Einstein, et parce qu’il reste toujours, certainement, au fond du cœur des physiciens, l’espoir de découvrir la porte des étoiles…
Pour évoquer ces objets aussi étranges que fascinants, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Monica Guica, physicienne à l’Institut de Physique Théorique du CEA, et Eric Gourgoulhon, directeur de recherche CNRS au Laboratoire Univers et Théories de l’Observatoire de Paris.



Les gueules des vers

août 20, 2018

Jean-Christophe Gapdy, Rivière blanche, 2018, 386 p., 25€ papier


Gueule du temps et Vers de l'espace s'affrontent dans un voyage sidéral et sidérant, avec les humains comme spectateurs.

Présentation de l'éditeur : 


SysSol. Notre univers s’est étendu au-delà de la Terre et de sa Lune. Mars, Vénus, Jupiter et ses satellites, la ceinture des astéroïdes, aussi bien que les trainées troyennes de Jupiter… Et pour fédérer, autant que surveiller et pacifier toute cela, il y a la Spatiale, organisation interplanétaire au départ, devenue indépendante, qui vit des taxes qu’elle prélève auprès des milliers de vaisseaux qui traversent l’espace. Si ce n’est qu’hélas, au milieu de ces astéroïdes et de ces vaisseaux, il y a les pirates spatiaux. Que nul n’est encore parvenu à contrer ni éradiquer, qui dépouillent et rançonnent sans fin…
En juin 2126, Dick Hanson, fils de l’une des plus riches familles de SysSol, part en croisière vers Jupiter pour fêter ses quatorze ans. À son âge, il rêve certes d’aventures, mais surtout de s’affranchir de la surveillance d’Audrey, sa garde du corps personnelle, qui le suit partout depuis qu’il a failli être kidnappé voici quelques années. Il y parvient presque dans l’immense vaisseau qui les emporte… presque seulement, car ce dernier frôle les astéroïdes. Or les pirates spatiaux sont là et les arraisonnent. Pour protéger le garçon, Audrey n’a d’autre choix que de s’enfuir avec lui et son ami Jens, jeune mousse, dans une navette de secours.
Le 17 juillet 2126, Dick Hanson, Jens Cleryan et Audrey Cambellerich disparaissent, sans laisser la moindre trace, sans que ni leur navette ni quelque débris ne soit retrouvé. Nul ne sait où ils ont disparu et comment, nul ne peut imaginer qu’ils ont découvert une singularité, la première GUEULE DES VERS.

Mon ressenti :


Voilà un livre qui débute très mal : vous savez que si à la fin vous appréciez l'histoire, il vous sera impossible de le chroniquer et d'en donner l'envie comme le fait Franck Selsis dans la préface.
Ne reste qu'à espérer que le voyage se passe mal...
Ce que les premières pages confirment : l'histoire d'un gosse de riche qui s’acoquine avec un pauvre ado, tout en essayant de berner sa nounou de garde du corps. Et, triste coup du sort, le malheur s'abat sur eux via des pirates de l'espace. Bref, lu, relu et re-relu. Problème, tout ça tient en 20 pages et il en reste 360. Mais quel reste ! 380 pages bien tassés dévorées en trois jours.

Le space opera, c'est le fameux Sense of Wonder, le "merveilleux vertige" comme le dit Franck Selsis (Selsys - SysSol) dans sa préface, celui qui vous emporte dans l'histoire pour vous laisser pantelant lors de la dernière page tournée. Toute la quincaillerie du space opera est présente : IA, Vaisseaux spatiaux, Lutte de pouvoir, Espace intergalactique, Concepts physiques et forcément, un soupçon de pirates de l'espace. Nous sommes dans la hard SF, compréhensible, mais l'auteur ne s'y attarde pas trop, préférant nous perdre dans les méandres tortueuses de ces gueules de vers. Ici, il n'est pas question de singularité technologique, mais bien de singularité physique. Qui sont ces vers aux propriétés inconcevables ? Face à ce mystère, Dick Hanson va devoir se démultiplier pour tenter de comprendre l'énigme de sa vie. Ajouter à cela une trame temporelle facétieuse, et vous avez une intrigue qui ne cesse de prendre de l'épaisseur, des personnages dont la psychologie s'affine au fil des pages, une dualité au gré du périple. Mention spéciale au personnage de Colorado, à l’intelligence hors du commun. L'auteur joue avec le lecteur, entre les sauts en arrière, dans le futur et cela fonctionne à merveille. Bref, cela débute par une histoire linéaire pour s'étoffer peu à peu et devenir très complexe. Si vous aimez le space opera et désespérez du peu de talent francophone dans ce genre, jetez vous dans la gueule de ce roman.

Moi pour qui les voyages dans l'espace laisse souvent froid, j'ai attrapé quelques suées lors de ce voyage, grâce surtout à cette trame temporelle fourbe et la duplicité des personnages. Je ne dévoile pas plus les tenants de l'histoire, préférant vous laisser la surprise de la découverte.
Dans le dernier tiers, quelques petits défauts : certaines hypothèses sur les gueules de vers sont discutées entre les protagonistes, dont l'une plus probable, mais cette dernière sera tut au lecteur. Donc nous voguons dans l'expectative et ce mystère agace plus qu'il ne happe. Certaines choses restent assez peu développées, comme l'histoire des androïdes ou la géopolitique. Cela donne de l'épaisseur à l'univers mais frustre par son côté léger. D'autres tomes à venir qui viendront peut être ou pas combler les trous. De petits bémols qui ne remettent pas en question la qualité de l'ensemble.

380 pages bien denses, compléter par une petite préface qui donne envie de plonger dans ce roman sans en déflorer l'intrigue, un lexique et une petite chronologie, voilà le genre de petit plus que j'aime découvrir, surtout en grand format.
Dernier avertissement, à lire ce livre, vous risquez d'être happé par une de ces gueules et en ressortir ahuri quelques heures plus tard.

Reçu ce roman dans le cadre d'un service de presse suite à la demande l'auteur. C'est un roman que j'allais acheter, attendant simplement une hypothétique sortie en ebook. Son premier recueil Aliens, Vaisseau et Cie ! m'avait bien plu, ce roman confirme la plume et le talent. Les éditeurs ne s'y trompent pas, l'actualité de l'auteur ne cesse de s’étoffer.

Le galion des étoiles s'est fait prendre au piège des conjonctures spatio-temporelles


Citation :



Depuis la frontière du connu, science et SF contemplent de concert l’abime de l’inconnu et les cimes du possible. Mais si le scientifique en conçoit hypothèses et théories, un auteur de SF les recompose en histoire. Et certaines de ces histoires – pour moi les plus passionnantes – nous offrent un merveilleux vertige, celui de vivre une situation extraordinaire, impensable, aberrante mais… plausible. Quiconque l’a ressenti un jour est pour la vie prisonnier des univers SF, en quête de cette émotion unique.
Franck Selsis, préfacier

Challenge SSW EP8
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