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30/Arnauld Pontier/custom

Composite

mars 27, 2023

Olivier Paquet, L'Atalante, 2022, 272 p., 10€ epub avec DRM


Au voleur, au voleur, on m'a volé mes souvenirs !

Pitch de l'éditeur :

Esther réhabilite des espaces naturels à l’aide des traces numériques que nous laissons tous sur la toile sans même y penser. Quand elle s’aperçoit qu’une vidéo archivée dans son téléphone, datant de son adolescence pendant le confinement du printemps 2020, a été modifiée, elle comprend rapidement que des forces qui la dépassent manipulent nos souvenirs.
Mais se met-on en chasse simplement pour récupérer un balcon fleuri sur une vidéo, alors même qu’une insurrection gronde et menace la démocratie ?



Ce que j'en pense :

En tant que lecteur premier degré, la première fois que j'ai entendu le pitch dans La Science CQFD, je me suis posé ces questions :
1. Des objets souvenirs ? Une tour Eiffel en plastique, une fève Mont Saint Michel, une boîte en forme de calisson. Super le pitch, très vendeur, un sujet rarement traité en SF en plus !
2. Des souvenirs modifiés ? Du cyberpunk donc. Pas très fan de ce genre et puis j'ai déjà lu/vu Total recall
3. J'ai mal entendu.

Et bien forcément, j'ai mal entendu. Esther réaménage les paysages désormais disparus en essayant de capter leur essence en parcourant les photos que les gens ont prises des lieux, en tentant de retranscrire la chaleur d'un lieu. Un jour, une notification lui montre une ancienne photo de sa jeunesse. Cependant elle ne semble pas coller au souvenir qu'elle en avait...

Nous savons tous que nous nous faisons des films sur notre passé, on enjolive, mais surtout notre cerveau s'amuse à en donner une image parfois complètement fausse. Lorsqu'il s'agit d'un souvenir marquant ou traumatisant, son usurpation peut-elle influencer la personnalité ? Vaste question qui ne semble pas trop intéresser l'auteur qui préfère s'appesantir sur l'enquête pour trouver qui a intérêt à modifier en masse les photos stockées en ligne.

En fait je n'ai trop rien à reprocher à ce roman, si ce n'est une intrigue linéaire et parfois tirée par les cheveux. Mais je n'ai pas accroché ni aux personnages ni à l'histoire. Alors que ce monde futur se veut réaliste, je n'ai pu m'y projeter et cela m'a semblé vide de sens. En outre, le réalisme de cette société future ressemble bien trop à la notre, du copier/coller d’événements récents, autant lire le journal...


Eversion

mars 16, 2023

 

Alastair Reynolds, Le Bélial, 2023, 320 p., 12€ epub sans DRM


Sens dessus dessous


Pitch de l'éditeur :

Qui est Silas Coade ? Où se trouve-t-il ? Et quand ?
Un médecin, sans doute, à bord de la goélette Demeter, à l’orée du XIXe siècle, perdu dans les eaux norvégiennes en quête d’un Édifice dont il ignore tout ? Ou plutôt à la fin de ce même siècle, non loin du pôle Sud, sur la trace de ce même Édifice, prêt à rejouer un désastre annoncé ? À moins qu’il ne soit dans les entretoises d’un dirigeable, quelques dizaines d’années plus tard, en route pour le cœur de la Terre, sur la piste, toujours, de cette structure cyclopéenne mystérieuse ?
Silas Coade est médecin, et il se peut qu’il ne cesse de mourir à jamais, ici, là ou ailleurs… À moins d’envisager l’inenvisageable, et d’affronter l’impensable.

 

Mon ressenti :

Les vaisseaux en SF, c'est du vu, du revu, et du rerevu. A moins d'être un fan assidu et hardcore de maquettes, pas de quoi se ruer sur le pénultième roman avec un vaisseau. Ce qui est mon cas, moi qui ne suis pas en outre très friand de Space opéra.
Mais tu as beau prendre des résolutions, ne pas lire des trucs avec des vaisseaux de la mort of death qui navigue à 200% de la vitesse de la lumière, quand ce n'est pas ceux qui plient l'espace ou empruntent un trou qui les fait tomber où ils veulent (moi, lorsque je tombe, je me retrouve toujours dans une situation que je ne veux pas)... Malgré tout cela, certains (sale engeance d'éditeur) s'en contrefichent et sortent un bouquin avec un vaisseau et ajoutent insidieusement le nom de Alastair Reynolds en couverture. Moi je suis quelqu'un de faible : entre vaisseau et amour, je choisis amour. Amour d'un auteur et de sa série Les inhibiteurs. Qui se résume a des vaisseaux (et des IAs surpuissantes). Bref, tout ce que je viens de te dire que ce n’est pas ma came.
Et pour bien mettre un terme à tes putains de résolutions, ces moins que rien n'hésitent pas à mettre une putain de couverture (dont tu contrefous, car tu lis en numérique) qui envoie du lourd. Et comme tu n'es qu'un pov' clébard, tu sors la CB et tu achètes un roman avec des vaisseaux...

Après tous ses préliminaires, tu t'attends à lire une histoire avec un immense vaisseau tip top original, surtout avec Alastair à la barre. Et tu remarques qu'il s'agit seulement d'une saloperie de bateau, un vaisseau naval quoi, une putain de barque !!! J'entends d'ici que vous vous exclamez : tu n'as pas vu le bateau sur la couverture qui déchire ? Si, mais je pensais que c'était un truc de graphiste, une licence poétique... Et je ne lis plus les 4e de couverture....

Un livre, deux couvertures :
La vraie à gauche, faite par un illustrateur, Amir Zand
L'autre par une IA qui a pris le titre au pied de la lettre... (comme moi)


Plutôt méchamment pas content, je m’aperçois que je ne sais même pas ce que cela veut dire Eversion. Étant une personne intelligente, je sors mon dico qui me dit que c'est une histoire de pied. De pied !? Mais il est où le bateau dans l'histoire ? Car dans la mienne d'histoire il y a un bateau. Je réfléchis un peu et me rappelle que les distances dans ce bouquin sont en pieds (merci le traducteur ! Encore un payé à rien foutre). Voilà donc ce fameux rapport ? Ou alors que c'est pour dire que ce bouquin, c'est le pied ? Trop de possibilités pour mon cerveau canin... Je balance donc mon dico et consulte Google qui me déçoit rarement (vive les IAs), qui me dit que Eversion n'est pas une histoire de pied mais de sphère. Et c'est vrai que dans le film Sphère, il y a bien bien des vaisseaux : des bateaux, des sous marins et même une sphère et que ce film n'était pas le pied.

Plus hard que la hard-SF, la définition qui t'embrouille au lieu de t'éclairer :

"le mouvement d'éversion du pied est le fait de porter la face plantaire en latéral (vers l'extérieur), en soulevant le bord latéral du pied. Cette torsion externe associe flexion dorsale et valgus du pied (abduction et pronation). Elle s'oppose à l'inversion ou torsion interne, associant flexion plantaire et varus du pied (adduction et supination)."


Tout concorde (un avion est-il un vaisseau ?) enfin, je peux continuer ma lecture. Qui me fait rapidement boire la tasse, car le bateau à voile est finalement un bateau à vapeur ! Eh oh le traducteur, il serait pas l'heure de prendre sa retraite ? "Pfff, ces traducteurs, j'vous jure. Pas comme ça qu'on va relever la France !" Bref, c'est le bordel complet, tout est inversé, sens dessus dessous et vice versa, et plus j'avance dans ma lecture, plus je sais que je ne pourrai rien en dire et que je devrais faire une chronique qui parlera de tout sauf de l'histoire, une longue digression. Et que tu t’aperçois pauvre lecteur de mon blog, que tu viens de perdre quelques minutes pour ne rien savoir de plus.

Mais comme je suis quelqu'un de sympa tout de même, juste une constatation après la dernière page tournée : lit Eversion, c'est le pied.
Et là, enfin, l'illumination : pied - chaussures - chaussures bateau !!! Yes.

D'autres avis sur le fil dédié du forum Le Bélial


Huit crimes parfaits

mars 13, 2023

Peter Swanson, éditions Gallmeister, 2021, 352 p., 9€ epub


Livre, chat, blog : ai-je besoin d'en dire plus pour que tu le lises ?

Pitch de l'éditeur :


Libraire spécialisé en roman policier, Malcolm Kershaw reçoit la visite surprise du FBI. L’agent Gwen Mulvey enquête sur deux affaires étranges : une série de meurtres qui rappelle un roman d’Agatha Christie, et un "accident" qui fait écho à un livre de James Cain. Elle espère donc que l’avis d’un expert du genre lui permettra d’interpréter correctement les (rares) indices à sa disposition. Et ce n’est pas tout : Malcolm, quinze ans plus tôt, a publié sur son blog une liste intitulée ”Huit crimes parfaits”, où figuraient ces deux intrigues. Serait-il possible qu’un tueur s’en inspire aujourd’hui ? Très vite, l’angoissante certitude s’impose : le tueur rôde déjà à proximité. Malcolm commence à le voir partout, et sent un véritable nœud coulant se resserrer autour de son cou.



Mon ressenti

Il y a des romans dont tu sais rapidement que l'avis va être facile à faire, pas besoin d'étayer ton ressenti, car il y a des items qui vont te faire passer directement à l'acte d'achat. Et ici il y en a TROIS !!!

Primo, le narrateur est un libraire spécialisé dans le roman policier d'occasion. Bref, c'est quasi l'emploi rêvé pour tous les boulimiques de lecture. Vivre de sa passion, être entouré de livres, conseiller et lire, le rêve. Attention tout de même, il y a un passage qui risque de vous heurter, donc asseyez vous et rappelez que tout cela n'est que fiction :
 
Avant de partir, je feuilletai rapidement les pages pour m’assurer que le livre ne contenait pas d’étiquette antivol. N’en trouvant pas, je songeai d’abord à entrer aux toilettes pour le cacher sous ma chemise. Mais voyant la bibliothèque bondée, les gens aller et venir, je décidai finalement de sortir le livre à la main, comme si j’avais déjà procédé à l’emprunt.


Deuxio, dans sa librairie, il y a un chat. Il est roux et blanc et il s'appelle Nero. Des qu'un client passe la porte, il arrive et demande ses grattouilles. La moitié des clients viennent pour lui et il a même une page Instagram. Bref le boulot rêvé avec l'animal préféré des vieilles filles ! Oui, vous pouvez commander le livre, pas la peine d'aller chercher plus loin...

Tertio, si tu lis mon avis, c'est que tu aimes les blogs (et que tu en as sûrement un ou tu en as eu un ou tu vas en ouvrir sous peu). Et le libraire tient un blog !

Livre, chat, blog, trois items pour que tu lises ce roman donc. Voici le lien Amazon affilié comme il se doit, rends moi riche !
 
Peut-être toutes ces années passées dans des univers fictifs bâtis sur la tromperie avaient-elles biaisé ma vision des choses, mais à dire vrai, je ne faisais pas plus confiance aux narrateurs qu’aux gens réels. On ne nous dit jamais toute la vérité. Lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la première fois, avant même d’échanger les premiers mots, les mensonges et les demi-vérités sont déjà là. Les habits que l’on porte cachent la vérité de nos corps, mais ils nous présentent aussi au monde tel que nous voulons apparaître. Ils sont un tissu de mensonges, au propre comme au figuré.
 
Par contre, si tu ne voudrait pas être libraire bibliothécaire ou job assimilé, si tu n'aimes pas les chats (du moins vivant) et que les blogs te rappelle le temps jadis, je te touche quelques mots du bouquin : Le libraire donc tient un blog dont le premier article est une liste des huit crimes parfaits selon lui. Un jour,  une nana du FBI le contacte à propos d'un meurtre : il semblerait qu'un individu s'inspire de cette liste dans la réalité. Qui est il ? Est ce libraire bien sous tout rapport ?

Bourré de références, que je connais à peine - sauf peut être un peu pour les Agatha Christie qui ont bercé mon adolescence - et qui donne furieusement envie de les relire ou de lire les autres. C'est un vrai page turner et je n'ai pas été déçu par la fin qui nous offre de multiples rebondissements comme attendu dans ce style de livres. Résultat, j'ai dévoré ce roman qui m'avait été conseillé par Emmanuel Quentin (sa liste ici)





Je fis mine de réfléchir afin de gagner un peu de temps. En vérité, Elaine n’était pas quelqu’un qu’on oublie. Elle avait des lunettes aux verres très épais – je crois qu’on appelle ça des culs de bouteilles ; ses cheveux étaient clairsemés et elle portait toujours des pulls qui semblaient tricotés main, même en été. Mais ce n’était pas ce qu’on retenait du personnage. On se souvenait d’Elaine Johnson parce qu’elle faisait partie de ces gens qui profitent de la disponibilité des vendeurs dans les magasins pour leur infliger des monologues interminables, ou plutôt des diatribes à propos de leurs sujets favoris. Dans son cas, il s’agissait des écrivains de romans policiers : elle distinguait les génies, les passables et les mauvais (le terme qu’elle employait en général était les “merdes atroces”). Jour après jour, elle débarquait dans la librairie et harponnait le premier employé qu’elle croisait. C’était épuisant, et agaçant, mais nous avions la solution pour gérer Elaine Johnson : continuer de travailler pendant qu’elle parlait, lui accorder une dizaine de minutes, puis lui annoncer que son temps de parole était écoulé. Cela peut paraître impoli, mais il faut savoir qu’Elaine Johnson elle-même ne brillait pas par sa politesse. Elle tenait des propos monstrueux sur les auteurs qu’elle n’aimait pas. Elle était accessoirement raciste, ouvertement homophobe et, chose étonnante, toujours prompte à commenter l’apparence d’autrui alors que la sienne laissait fortement à désirer. Je crois que quiconque a travaillé dans une librairie, voire dans n’importe quel commerce, a eu affaire à ce genre de clients. Elaine Johnson avait la fâcheuse habitude, à chaque séance de dédicaces, d’être toujours la première à lever la main pour poser une question qui désobligeait, de façon plus ou moins subtile, le pauvre invité. Nous prévenions toujours les auteurs de sa présence, en précisant qu’elle achetait invariablement un exemplaire à dédicacer, même lorsqu’elle avait qualifié l’auteur de “charlatan sans talent”. Comme j’ai pu le constater, la plupart sont tout à fait disposés à tolérer une tête de con dès lors que ça leur permet de vendre un livre.


Présences d’esprits n.109 : l'étranger

mars 09, 2023

 

Présences d’esprits, été 2022, 44 p., 6€ papier

 
Bof, Bof, Bof...

Présentation de l'éditeur :

Et que vous réserve ce numéro ? Derrière une magnifique couverture de Caza, dont vous retrouverez l’étonnante interview dans nos pages intérieures, Louise Janin nous propose un dossier sur l’Autre. Cet étranger est-il un ami ou un ennemi ? Comment la littérature de l’imaginaire nous le fait-elle percevoir ? C’est là quelques-unes des questions qu’elle se pose et auxquelles elle tâche d’apporter des réponses. Également une nouvelle Les petits métiers du futur de Didier Reboussin.

 

Mon ressenti :

Lorsque j'ai ouvert l'enveloppe contenant ce dernier numéro de Présences d'esprits, un certain malaise s'est fait en moi. C'était le jour où Le Bélial faisait le bad buzz sur Twitter à propos de sa couverture du Bifrost consacré à Octavia Butler. Donc voir la figure de l'étranger représenté de cette manière... Bon là, je comprends, l'étranger c'est l'autre, le monstre, mais le timing n'était pas terrible. Couverture que l'on doit à un certain Caza, un célèbre illustrateur qui parle dans son interview de tout, sauf d'illustrations. La raison est bien simple, il s'est mis à l'écriture depuis quelques années.

Le dossier survole les différents traitements de l'étranger fait dans l'imaginaire. Le côté positif, c'est que l'on parle de la Fantasy et du fantastique aussi. Le problème, c'est que la figure de l'étranger en imaginaire, c'est un peu le marronnier, donc impossible de tout citer, recenser, analyser. Louise Janin ne s'en sort pas trop mal et ce dossier pourra plaire aux novices et leur donner des pistes de lecture intéressantes.

Didier Reboussin nous met dans dans les pas d'un concessionnaire automobile alien. Je trouve l'idée intéressante, beaucoup moins la réalisation. Pour faire simple, nous sommes en plein dans la SF des années 70, humour et invraisemblance, ce qui n'est malheureusement pas ma tasse de thé.

Les rubriques habituels suivent, les nouvelles de la galaxie par Emilie Querbalec avec entre autre info un canard robot. Robot qui date de 2019 et n'a pas l'air d'avoir été développé depuis. Alors Emilie, on donne de vieilles news ? Je te pardonne comme ton dernier roman est splendide. Lisez Les chants de Nuying


.

 

La femme corneille : Enquête sur le monde caché des oiseaux noirs

mars 07, 2023

Geoffrey Le Guilcher, Camille Royer, Futuropolis, 2023, 160 p., 22€


Si tu croa tout savoir sur les corneilles...

Pitch de l'éditeur :

Bac à 16 ans, reçue en prépa à Henri IV, à Paris, Marie-Lan poursuit ses études conjointement à Sciences Po et à Normale Sup. Aujourd’hui, elle habite Paris, et son boulot lui laisse pas mal de temps libre. Notamment pour jouer à Pokémon Go. C’est en jouant à ce jeu en ligne qu’elle fait la connaissance de Frédéric Jiguet, professeur au Muséum d’histoire naturelle, spécialiste des corvidés. Cette « rencontre du troisième type » va changer sa vie : elle devient vite accro aux corneilles.
Au Jardin des Plantes, elle fait ami-ami avec Bob et Alice, un couple de corneilles qu’elle vient visiter presque chaque jour. En les étudiant et en tissant des liens étroits avec eux, Marie-Lan, la « femme corneille », va découvrir le monde incroyable des corvidés : ils sont, pour la plupart, bigames, pratiquent le « chant des morts », transmettent des informations d’une génération à l’autre, au point qu’on puisse parler, à leur sujet, de culture et même de langage... Ils font aussi partie des rares animaux capables de fabriquer et d’utiliser des outils. Marie-Lan nous fait découvrir l’une des plus prodigieuses intelligences animales.

 

Mon ressenti :

 
Quel est le rapport entre PokemonGo, le harcèlement scolaire, la chanson Marly-Gomont, McDo et la station spatiale internationale ?
Réponse : Corneille. Pas celui du cid, ni celui qui vient de loin, mais la corneille, celle qui fait Croa.
Tout a commencé à cause de Natacha Triou, Madame La Science CQFD :

Source : Twitter

Après un passage dans ma librairie, il était mien et quelques pages tournées plus tard, je m'exclamais : MAGNIFIQUE.

Je me doutais que cette BD allait être bien, mais je pensais que j'allais rester dans le domaine de la BD "scientifique" : intéressante certes, mais assez austère. Et non, j'ai eu l'impression de lire une émission de La science CQFD : cultivée, intelligente, passionnée, drôle, accessible et qui donne envie d'en connaitre d'avantage.

Radio corbeau



On suit les pas de Marie-Lan, une joueuse de PokemonGo qui va découvrir dans son groupe de gamers Frédéric Jiguet, professeur au Muséum d’histoire naturelle. C'est Marie-Lan que l'on suit, c'est elle le fil rouge de cette bande dessinée. Les auteurs ne perdent jamais des yeux leur personnage. Je me suis de suite attaché à Marie-Lan et à sa découverte des corneilles. Je cheminais comme elle dans ma compréhension, dans mes observations de ces corvidés. Les détails scientifiques qui nous sont donnés ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe, mais s’intègrent parfaitement dans l'histoire.


Les auteurs ont réussi à retranscrire sa passion, son amour pour ces oiseaux de malheur. Car Marie-Lan existe réellement, comme les autres protagonistes du livre. La progression se fait à l'aide de la fable d'Esope, La Corneille et la cruche qui se prête à merveille à la narration. Une fois la dernière page tournée, les corneilles ont beaucoup moins de secrets, je connais leur manière de vivre, leur famille, leur territoire et leur histoire qui a façonné de multiples mythes et légendes.

Un livre complet : une belle histoire et de la vulgarisation scientifique. Parfait.


Pas sûr que j'aurais réussi le test...

La science-fiction te rattrape toujours, même quand tu n'en lis pas...

Les corneilles sont-elles belges ?

Conclusion : si tu veux te débarrasser de tes gosses, arrête de les nourrir !


Il y a une émission de La Science CQFD sur la chasse : bit.ly/3k67LHH



Un pigeon Ninja !!!



Quelques comptes Twitter à suivre :

Marie-Lan Taÿ Pamart : https://twitter.com/Jastrow75

Frédéric Jiguet : https://twitter.com/JiguetF

Groupe d'étudiants du Muséum national d'Histoire naturelle : https://twitter.com/ScientistDjigr

Cadastre corvidien





Malin comme un corbeau
La Méthode scientifique du lundi 16 mars 2020
Qui sont les corvidés ? Que sait-on de l’intelligence des corvidés ? L’intelligence des oiseaux est-elle un continent inexploré de la recherche ? Pourquoi le corbeau a-t-il au fil des âges acquis une image négative ?
Avec Agatha Lievin-Bazin Docteure en éthologie, spécialiste du comportement social des oiseaux, vulgarisatrice scientifique; Valérie Dufour Ethologue et primatologue




Bifrost n.107. Spécial Fictions

mars 02, 2023

Bifrost, Le Bélial, 2022, 192 p., 6€ epub sans DRM


De bonnes nouvelles, d'autres moins...

Deux vérités, un mensonge, de Sarah Pinsker
Deux amis d'enfance se retrouvent après de nombreuses années suite au décès d'un frère. Je suis passé complètement à côté de ce texte qui nous parle d'histoires et de vécu. C'est fantastique et très méta, et ce fut très ennuyeux pour moi.

Après les âges sombres, de Jean-Marc Ligny
Suite de son recueil Dix légendes des âges sombres ? Ce recueil se terminait par quelques notes d'espoir que l'on retrouve ici. Les âges sombres sont loin, et on suit les pas du vieux Daniel, homme solitaire vivant au milieu de tours effondrées en cultivant son lopin de terre. La vie reprend doucement le dessus, faune et flore commencent leur printemps, le retour à la nature moins virulente fait doucement son apparition. Mais l'homme rode. J'aime bien le Ligny sombre mais ce texte parvient à lier désastre et espoir, timide mais bien présent pour un bon plaisir de lecture.

Les Cinq éléments de l’esprit du cœur, de Ken Liu
Au Belial, ils aiment Ken Lieu, moi, c'est beaucoup plus mitigé. Et avec un titre comportant "l'esprit du cœur", je pars plus que sceptique dans ma lecture, à la limite de la gerbe..
Seule survivante dans une capsule de survie, Tira tente son ultime chance de s'en sortir, faire un saut dans un système inconnu en croisant les doigts pour que quelqu'un s'y trouve.
Un début qui rappelle l'esprit pulp mis au goût du jour, une histoire d'amour qui rappelle aussi le pulp
Et une chute qui rattrape, un peu, le tout grâce à l'explication scientifique qui me semble avoir été confirmé depuis.


Franck Goon
Ombres, de Ketty Steward
L'illustration et le titre me faisait croire à une histoire qui fait peur, mais non (quoique)
Enfin les femmes au pouvoir. Enfin presque, car le pouvoir c'est de la merde. Une nouvelle société plus juste... vous connaissez la musique.
J'ai bien aimé ce texte qui joue avec les ombres, ce qui est écrit entre les lignes. Peut être un peu didactique par moment, mais cela participe à ce jeu d'ombres et de lumière, de vignettes de la vie quotidienne et de point de vue sociétale.

Sarcophage, de Ray Nayler

Une planète glacée et glaciale avec un individu seul tentant de rejoindre un abri.
Moi, lorsque je lis glace, je pense à Frankenstein et à The thing. Donc j'ai peur. Ajoutez au pitch un possible monstre et la tension monte d'un cran, voir deux. Finissez par une chute comme celle là, et vous voyez un chien partir apeuré. Et si on a peur, c'est que le texte est réussi.

Encore 5 ans, de Audrey Pleynet
Imaginez le monde en arrêt total. Une pause pour laisser le temps à la planète de se refaire une petite beauté. 15 ans, pas une seconde de plus. Mais pourquoi pas encore 5 ans pour peaufiner ?
Une belle idée, une belle utopie, mais j'aurai arrêter la nouvelle quelques pages avant la fin.
Ce qui me fait penser que je dois lire le réveil de la madame, Ellipses.

Le cahier critique m'a rappelé de me pencher sur le livre L'architecte de la vengeance et la trilogie Métro Paris. En regardant les prix par rapport au nombre de pages, j'ai remarqué que l'on arrive bientôt à 10 centimes la page pour les bouquins de 200 pages environ. Acheter des pavés est bon pour votre porte monnaie.

Un parole de consacré à Gwennaël Gaffric, le monsieur qui a traduit, entre autres, Le problème à trois corps. Toujours intéressant et trop court. et pour la traduction de 辛苦了, je propose Merci pour ton travail.

Je crois que je me suis mis à traduire par paresse d’écrire


Pour finir Roland Lehoucq s'adjoint les compétences de Fabrice Chemla pour analyser la protomolécule de The Expanse. On y apprend plein de trucs, comme la différence (et parfois l'existence de terme) entre fluorescence, phosphorescence, chimiluminescence et bioluminescence. Et plein d'expérience à réaliser chez soi :

Au quo­tidien, le Schweppes Indian Tonic à l’extrait d’écorce de quinquina (donc de quinine) est fluorescent dans le bleu quand il est éclairé par de la lumière ultraviolette.

la banane est fluorescente

J'apprends aussi pourquoi les méchants criminels mettent de la javel, ce n'est pas pour effacer le sang !

le luminol réagit avec le fer de l’hème sanguin (10) en présence d’eau oxygénée. La réaction produit une molécule dans un état excité qui re­vient à son état fondamental en émettant une belle lumière bleue, très semblable à celle de la protomolécule. C’est ainsi que les enquêteurs peuvent détecter la forme et l’étendue des taches de sang, même si la couleur de celles-ci s’est atténuée avec le temps. Un système qui n’est pas sans limite, car le luminol réagit également avec l’eau de Javel par exemple : nettoyer une scène de crime à l’eau de Javel permet de brouiller les traces en provoquant aussi la chimiluminescence du luminol.
Le Paroles de Nornes nous donne les lauréats des grands prix, avec en entre autres ceux du GPI et quelques pics en passant. (c'est l'amour fou entre eux).

Arnauld Pontier, de rencontre en rencontre

février 27, 2023


Début 2019, je faisais la découverte d'un auteur avec le texte Sur Mars : Récit de voyage en terre rouge. Arnauld Pontier : inconnu pour moi. Édité dans une petite maison d'édition tout juste créée, je pensais qu'il s'agissait d'une nouvelle plume. L'année d'après sort Dehors, les hommes tombent dont le titre à lui seul me fait aimer le texte. Je découvre alors qu'Arnauld Pontier n'est pas un inconnu, loin de là, cela fait 20 ans qu'il écrit : une quinzaine de romans, le double de nouvelles et pourtant, il demeure un inconnu pour nombre de lecteurs. Il a même eu une première carrière en blanche, chez Actes Sud, avec des recensions dans les plus grands journaux et magazines nationaux. Alors pourquoi est-il tombé si bas, dans l'imaginaire ? Pourquoi est-il si méconnu ? Est ce le fait de ne jamais se trouver là où on l'attend ? de pratiquer le grand écart ?

Auteur discret, il a fallu 8 mains pour concocter cet entretien : mon fidèle compagnon Yogo, tenancier du blog Les lectures du Maki, ainsi que deux autres auteurs que j'apprécie particulièrement, eux même méconnus : Emmanuel Quentin et Jean Christophe Gapdy. Merci à eux pour leur aide. Notre point commun : adorer la plume de Monsieur Pontier. 
Avant de te plonger dans l'entretien, un avertissement : tu risques de vouloir découvrir ses romans, je viens moi-même de commander trois de ses textes hors SFFF...




D'après ta page Wikipédia, tu as l'air d'aimer bouger et avoir de multiples casquettes. Tu souffres de troubles TDAH ?

Merci Google : je ne comprenais pas la question ! Non, je ne souffre d’aucun trouble avouable. Et aucun de l’attention, bien au contraire ! J’aime simplement explorer. Apprendre. Je suis un indécrottable curieux. Avide de vivre plus dans le temps limité qui m’est imparti.


Dans ta bibliographie, j'ai l'impression de retrouver toujours ce grand écart, du populaire au plus introspectif, voir poétique. F.E.L.I.N.E par exemple et Sur Mars ou Dehors, les hommes tombent. Une volonté ?

Oui, j’aime à la fois ce qui est de l’ordre de la pensée, de la réflexion, et la distraction, la légèreté. Ce n’est pas un grand écart, pour moi, mais ma nature profonde. J’aime ce qui est compliqué mais également ce qui est simple, ce qui est réfléchi et ce qui est instinctif. Il faut les deux, en amour, non ?


Ce journal de bord est une vraie réussite, un vrai plaisir de lecture écrit par un passionné de Mars qui maîtrise parfaitement son sujet. Ce récit étayé par de nombreuses références scientifiques fait également quelques clins d’œil à la culture SF. Crédible de bout en bout, Sur Mars, vous fera voyager, espérer et réfléchir. Et surtout il vous fera lever les yeux au ciel, à la recherche de cette petite boule rouge qui éclaire parfois nos nuits. Les lectures du Maki


Peux-tu nous parler de ton parcours ?

Je suis né à Valenciennes, mais dès l’âge de 3 ans, avec mes parents et ma grande sœur, décédée aujourd’hui, nous nous sommes retrouvés au Laos ; l’occasion de visiter pas mal de pays d’Asie. Ensuite, en 1967, l’Algérie – une base permettant, cette fois, de découvrir l’Afrique du Nord.
Ensuite, retour en France en 1971, à la mort de mon père. Études. Armée. Fac. Et un tour du monde en sac à dos, avion et bateau stop. Ça se faisait, à l’époque.


Avec ton passeport rempli, serais-tu un espion ? Des bruits courent comme quoi certains t'auraient vu sur un char...

C’est exact, je me suis retrouvé sur un char, en Croatie ; et ce n’est pas la situation la plus incongrue que j’ai connue. D’ailleurs, j’ai exercé certains métiers « originaux », dont je ne parlerai pas. Cela concernerait d’autres personnes, qui comptent sur ma discrétion. Disons, simplement que, côté taf, j’ai fait le grand écart. On ne se refait pas.

Amatrice de planet opera, Les Enfants de Paradis en est un comme je les aime. Bien écrit et doté d’une narration efficace, j’ai pu aisément me représenter ce monde, sa géographie, ses structures, la richesse de ses espèces végétales et animales, la variété des us et coutumes de ses différents résidents. Tout au long de ma lecture, des images se sont formées dans mon esprit, le tout m’a emportée et quand c’est ainsi, c’est gagné. Koyolite Tseila sur Le Galion des Etoiles


Tu as travaillé pas mal dans le monde culturel (cf ici) et ton dernier roman a été publié chez une obscure ME. Sois-tu es quelqu’un d’imbuvable, soit tu ne sais pas te faire un réseau ?

Non, au contraire, je suis plutôt quelqu’un de facile, de sociable et, je l’espère, de respectueux. Je crois que c’est parce que je suis longtemps resté en littérature blanche (avec mes 6 romans chez Actes Sud) que le milieu de l’Imaginaire ne m’a pas « reconnu » lorsque j’y ai débarqué. Normal.

Je n’ai rien fait pour, remarque. La notoriété ne m’intéresse pas. J’aime avoir la paix et des rapports sociaux qui ne soient pas plombés par un « statut ». J’ai commencé chez Asgard un peu par hasard, en envoyant à cet important éditeur d’alors (2013) un premier roman de SF (Agharta – le temps des Selkies) ; il a coulé alors que mes bouquins étaient encore sur palette.

Ensuite, pour satisfaire à un rêve d’adolescence, j’ai souhaité éditer une trilogie pulp chez Rivière Blanche (à défaut d’avoir été chez Fleuve Noir). L’éditeur m’avait prévenu : il y aurait peu de ventes, car pas de diffusion. Mais je ne regrette rien ; il y a des pépites chez cet éditeur, dont je lis toujours les parutions avec avidité. Des auteurs que j’apprécie beaucoup y publient encore… Je ne citerai pas de noms, mais ils se reconnaîtront !

J’ai également fait une belle rencontre, importante, avec les éditions 1115, en 2019 : leur collection de novella était faite pour moi ; je pouvais y faire publier des textes solides, écrits « comme de la blanche », mais en imaginaire. Frédéric, l’éditeur, avait flashé sur mon Sur Mars, paru dix ans plus tôt dans une collection de récits de voyage. J’ai actualisé ce texte sous son œil de lynx. Le pied. J’adore cet éditeur, cet homme, sa collection, ses visuels. Bref, je suis accroc. Je compte bien continuer (s’il le veut bien) à publier chez lui, sans chercher à envoyer ces textes courts ailleurs.

Côté roman, j’ai (après Asgard et RB) répondu à une commande d’un grand éditeur que je ne citerai pas. J’ai poireauté un an et demi après remise de mon manuscrit, sans réponse, malgré des relances par téléphone (va savoir : il n’a pas aimé et il n’a pas osé me le dire ? Grand bien lui fasse : pas mal de titres de sa collection me sont tombés des mains depuis…) Du coup, j’ai envoyé ce bouquin (Les Enfants de Paradis) à trois autres éditeurs, plus « petits ». Ex-Aequo a accepté le manuscrit avec enthousiasme et proposé un contrat tout à fait correct. J’ai signé. Les deux autres ont réagi après (négativement, d’ailleurs. Les goûts et les couleurs…).

Mais je suis très satisfait de cette collaboration avec Ex-Aequo. Leur diffusion est dans la moyenne de ce qui se fait chez les « petits » éditeurs : i.e. qui n’ont pas de diffuseur, et le relai sur les réseaux se fait bien. J’apprécie également beaucoup le directeur de collection, Fabrice, et je suis très fan de sa série de romans « Chroniques de la Cité-monde », qui traite d’un sujet qui me passionne : le transhumanisme.

Alors, non, je n’ai pas vraiment de réseau. A part chez les blogueurs, sans qui je n’existerais carrément pas. C’est une position qui me satisfait. On m’édite, on me lit, on me critique. Je n’en demande pas plus.

Après, si un « gros » éditeur me redemande jamais un texte, il faudra qu’il s’engage à le lire dans des délais décents, mais ce n’est pas d’actualité. Un bon éditeur est un bon éditeur, quel que soit son poids dans la profession.

Où vient l'inspiration...


Tu as commencé à être publié à l'âge de 45 ans, est-ce à dire que tu as essuyé 25 ans de lettre de refus ?

Non, j’ai balancé sept romans à la poubelle avant qu’un ami me décide à en envoyer un à trois éditeurs (La Fête Impériale). Actes Sud a dégainé le premier (les deux autres ont accepté après). Du coup, je n’ai pas trop mal commencé en blanche. Mais j’ai fait le tour de ce que j’avais à dire dans ce genre-là.


Quelles sont les livres qui ont éveillé ton appétit de lecteur, d'écrivain ? Lisais-tu de la SFFF dans ta jeunesse ? Tu disais dans ton avant-propos au recueil Invasions plurielles que c'est Theodore Sturgeon qui t'a donné l'envie d'écrire de la SF, mais à quel âge ?

Dans ma prime jeunesse, en Asie et en Afrique du Nord, je ne lisais pas : je jouais dehors avec du bric à brac, genre capsules de bière en guise de jeu de dames, morceau de bambou et canettes comme planche à roulettes. J’ai commencé vraiment à lire à l’adolescence, de retour en France, avec les comics Marvel, Strange et DC. Ce n’est qu’après l’armée (1977) que j’ai attaqué la « vraie » littérature, surtout de la SF (Sturgeon, oui, mille fois oui, mais également Asimov, Simak, Van Vogt… les classiques de l’âge d’or), mais également Vian. Surtout Vian. Puis Yourcenar, Duras, Bernanos, Philippe Claudel…) Et j’ai chopé le virus, la passion. Depuis, je lis entre 50 et 70 textes par an, en blanche et SF. Je n’ai jamais vraiment accroché à la fantaisie, malgré de nombreux essais, et, côté fantastique, je reste attaché aux textes plus anciens (Jean Ray, Lovecraft…). SF avant tout, donc. Et beaucoup d’auteurs français, par choix volontariste de soutenir les confrères.


Pour les lecteurs de SFFF, la littérature blanche, c'est de la merde ! Pour les lectures de blanche, la SFFF, c'est de la merde ! (caricaturons un peu)
En ces temps où les éditeurs généralistes publient de la SF à mots très couverts, toi qui a publié dans différents genres, que penses-tu de ces querelles de chapelles ?

C’est ridicule. Tout roman ressort de l’imaginaire. Il y a de bons auteurs et de bons textes dans tous les genres (il doit même y avoir de bonnes romances et de bons autoédités !)


Depuis quelques années, il me semble que tu n'écris que de l'imaginaire, une raison à cela ?

Je l’ai dit, j’ai fait le tour en blanche ; je n’ai plus rien à dire que je n’ai dit en 6 romans. En revanche, en SF, il me reste quelques pistes à explorer, en nouvelles, novellas et romans. Et je n’écris que dans l’enthousiasme, donc je ne me force pas si je ne le sens pas. Je n’ai pas de rythme régulier d’écriture, d’ailleurs, j’ai d’autres passions (snowboard, moto, sport en général…)


Plein de rage et plein de vie, ce roman à l’écriture parfois un peu crue hurle à la face du monde ce que tant de personnes réduites par le handicap ne peuvent exprimer. À lire non pour ressentir de la pitié, mais pour prendre conscience de ce que, trop longtemps, on a ignoré. Jacques Trémintin, Lien social


Je lis quasi exclusivement de la SFFF, que pourrais-tu me dire qui me donnerait envie de découvrir tes autres facettes d'auteur ?

Je te dirais d’être curieux ; que ton avis sur ma blanche m’intéresserait beaucoup. Je te dirais que mes romans chez Actes Sud ont été extraordinairement bien accueillis par la presse, journaux et télés, et que mon écriture y est celle que j’utilise dans mes novellas chez 1115. Que j’y aborde des sujets difficiles et peu exploités (du moins à l’époque), comme le handicap et la sexualité féminine (Equinoxe), l’impact à long terme des non-dits (Le Fruit du silence), la guerre de 14 et la foi (Le Cimetière des anges), mon histoire, à peine romancée (La Treizième cible).


Tous les écrivains semblent à travers leurs publications toujours parler de la même chose, d'écrire LE livre. Quel est ce livre pour toi ? Pourquoi ce besoin d'écrire ?

Je n’écris jamais sur le même sujet ; j’écris pour en apprendre sur un domaine que je connais mal. Mais j’écris aussi, je n’en suis pas dupe, pour cautériser mon enfance, pour réclamer l’amour que je n’ai pas eu. Écrire est une thérapie, une nécessité, un plaisir. Je dois retranscrire les films que je vois dans ma tête et qui me rendent heureux, sinon j’ai l’impression de vivre moins. Et puis je laisserai quelque chose d’original à mes enfants, une part intime de moi. Mon amour pour eux. Voilà.

Plus qu'une toile de fond pour ce roman d'apprentissage d'une crudité aussi sèche que brutale, l'histoire des années 1950 livre l'écho extérieur d'un drame intime – celui d'un enfant dont le mépris pour un père alcoolique et violent construit l'identité avec une impitoyable lucidité – dont l'instinct de vie passe par la haine, pulsion de mort et élan des sens conjugués. Du monde délétère des coloniaux à la promesse diffuse d'une nature ici exubérante et là tranchante, le narrateur découvre que l'enfance sert parfois « de terrain de jeux pour les adultes – de dépotoir pour toutes leurs faiblesses et leurs incohérences. Philippe-Jean Catinchi dans Le Monde


Quel est ton livre qui s'est le plus vendu ?

La légende du jardin japonais, chez Albin Michel (8 000 exemplaires) Un conte pour enfants. Mes romans en blanche, eux, plafonnaient à 3 000.


Quel est ton livre dont tu es le plus fier ?

Équinoxe, parce que je parle d’un sujet qui me tient à cœur, qui me révolte : la situation des personnes handicapées en France (je suis d’ailleurs donateur à l’APF) et c’est important pour moi. Dans Équinoxe, je l’ai dit, j’aborde la sexualité féminine et le handicap, un sujet jamais abordé avant ou très mal (je ne citerai pas de nom).

Un autre roman est aussi important, mais intimement : La Treizième cible. Il m’a permis de faire table rase de mon passé, de faire résilience comme on dit, d’aborder la vie avec optimisme. J’y ai laissé mes griefs envers mes parents, mes souffrances. Sans ce roman, ma vie d’homme n’aurait pas été épanouie. Donc, je suis fier d’avoir pu l’écrire.

Arnauld Pontier nous propose un récit plein de poésie emprunt d'une douce mélancolie.
Avec Dehors les hommes tombent, il nous offre un excellent texte digne des plus grands voyages littéraires de la collection. A lire de toute urgence. Les lectures du Maki


De ton point de vue, lorsque l'un de tes livres ne se vend pas, à qui la faute ? toi, l'éditeur, les libraires, les lecteurs… Et inversement aussi, pourquoi un bouquin se vend et pas un autre ?

Grand mystère, torts partagés. Parfois, l’éditeur ne fait pas son boulot de presse, de diffusion, de distribution. Parfois les libraires ne mettent pas en place ton bouquin, par manque de place, parce que pour faire leur chiffre d’affaires ils doivent mettre en avant des auteurs plus « bankables ». Et parfois, tu crois bien faire et tu te plantes.
Pourquoi un bouquin se vend ? Va savoir. Il y a des daubes qui font un carton, raflent même des prix. Et des chefs-d’œuvre qui s’écoulent à 50 exemplaires. En blanche comme en Imaginaire.
Pour ma part, je ne lâche un manuscrit que lorsque je suis persuadé qu’il résistera à une lecture future de ma part. Je peux me tromper, certes, mais sans cette certitude du moment, je remets le manuscrit dans le tiroir, j’attends et je relis…


Les droits d'auteurs sont d'environ 5 à 15%. Cette blague m'a toujours fait rire. Toi aussi ?

Pourquoi une blague ? Je touche en moyenne 10% sur le prix de vente public hors taxe, remisé ou non, selon les contrats. Mais je n’ai aucun frais. Contrairement aux autres acteurs de l’édition. Alors, oui, on peut penser que le libraire se gave avec 30 ou 40%, mais si tu ôtes ses frais de structure, il ne lui reste guère plus qu’à l’auteur. Voire moins. Ce qui explique en partie sa frilosité à proposer les ouvrages d’auteurs et d’éditeurs modestes, qui lui prennent du temps, de la place, sans garantie pécuniaire. L’éditeur a également des frais, de fabrication au moins. Le distributeur à ses frais de manutention. Bref, le seul à n’avoir que lui à nourrir, c’est l’auteur. Mais ça ne nourrit pas.


Peux-tu nous donner ta façon de travailler ? Comment te viens ton inspiration ? comment elle se structure, si tu travailles avec un plan détaillé ou au fil de la plume...

Avant d’être retraité, j’écrivais la nuit, tous les jours, de 11 heures du soir à 3 heures du matin (pas plus tard, vu qu’à 7 heures, il fallait lever les enfants, les faire déjeuner, les conduire à l’école, avant de partir au travail). Depuis, j’écris quand ça me chante. Pas l’hiver, neige en priorité ; et les jours où je peux prendre ma bécane, j’évite aussi. Disons, que j’écris par période, mais par cession d’écriture d’au minimum 4 heures. Je n’ai aucune page blanche. Jamais. Je ne me torture pas. Je ne souffre pas. Je n’ai aucun plan, sauf : avoir le titre, avoir la chute et avoir cerné le propos général de l’histoire, ce que je veux faire passer en sous-main, en second niveau (et sur ce point, je fais beaucoup de recherches).




Penses-tu avoir inspiré d’autres auteurs ?

Non, franchement pas. Ce serait une surprise. Je ne suis pas assez connu pour ça.
Note du chien : Surprise, tu as bien inspiré une personne, Emmanuel Quentin.

C'est grâce à lui que j'ai écrit une novella pas encore publiée.
Il m'a soufflé un truc et pfiouuu l'histoire est venue peu de temps après, histoire de raccrocher les wagons.

Parmi les héroïnes nées au fil des années SF et tous arts confondus, quelle est celle qui t’a le plus marqué, au point de servir de presque modèle à F.E.L.I.N.E., et en quoi ou pourquoi ?

Les super-héroïnes de Marvel, de Strange, de DC comics. Lara Croft, aussi. Lady, de Cobra, les Amazones, Yoko Tsuno, Samus Aran... Si je devais en choisir une ? Je ne sais pas. Disons que c’est le mix de ces héroïnes de papier qui a donné naissance à ma F.E.L.I.N.E. C’est aussi un clin d’œil à mes enfants… deux personnages les incarnent.

Cette trilogie a été un plaisir de lecture que je n'avais pas rencontré depuis longtemps.
L'auteur nous pond un univers sans nous bassiner avec un trop plein d'explications.
Son monde tient par son récit et ses protagonistes. Mon avis


Tes écrits ont quasiment tous une touche de poésie (plus ou moins marquée, plus ou moins grande) et de personnages tourmentés et chargés de drames (parfois sombres et durs dans certains textes tels que La marelle Hopscotch). Parmi ces œuvres, il y a le beau, mais court, The avenue in the rain (coll. « Raconte-moi une photo », chez Évidence éditions), mais surtout le très marquant : Dehors les hommes tombent. Une poésie mêlée de drames aussi bien humains que personnels, avec beaucoup de réflexions sur justement cette humanité autant que d’introspections sur sa propre condition. Dans tout cela, qu’est-ce qui te semble le plus important de faire passer au travers de tes textes ? Qu’espères-tu éveiller chez tes lecteurs ? Et pourquoi ?

Je l’ai dit, je ne m’en cache pas, mon enfance n’a pas été rose. Le seul bonheur était pour moi mon cadre de vie, merveilleux : le Laos des années 60. Et la poésie. L’idée que le monde avait une part de beau, qu’il y avait une place pour l’amour. J’aime la poésie, je l’avoue (Claude Roy, Philippe Jaccottet, Paul Eluard, Jules Supervielle, Rimbaud/Verlaine/Baudelaire évidemment…) ; j’aime également aborder des sujets qui m’on touché, tourmenté : le désespoir, la souffrance, l’abandon, la solitude, la violence, mais également leur pendant, qui te sort la tête de l’eau : la curiosité, le plaisir, le partage, l’amour. Il n’y a pas de vie sans les deux faces de l’existence, l’une rose, l’autre noire. C’est sans doute ce qui rend palpitante cette existence qui nous mène à l’extinction, non ?
J’aimerai que mon lecteur prenne conscience de la vie, de sa magie, de sa beauté, de sa brièveté ; qu’il vive avec plus de tolérance envers l’autre, plus intensément, plus intelligemment…



Incisif comme une arme, net et précis, sans complaisance ni faux semblant, l’auteur nous fait pénétrer dans un univers où notre normalité n’a plus sa place, où les mots cisellent les drames et chaque bond dans la case suivante. Il ne vous laisse pas le choix : vous devez jeter le caillou à cloche-pied, manquant perdre l’équilibre face au crescendo mortel qu’il nous offre.
JC Gapdy


Il y a quelques temps, sur FB, sur un auteur qui pensait arrêter d'écrire au vue du paysage éditorial, tu répondais ceci :
Il y a une multitude de petites ME, certaines font leur travail de manière excellente, d'autres beaucoup moins (certaines à compte d'éditeur semblent de l'autoédition ou du compte d'auteur), ou ferment laissant les auteurices dans l'expectative. D'un autre côté, toutes les grandes ME lancent leur collection Imaginaire. Sans parler de l'inflation du nombre de personnes qui se disent, se pensent écrivains.
Dans la même veine, sur ton site :
L'intérêt est d'aller vers les gens qui vont me lire. Car j'écris pour eux, pas pour les critiques littéraires qui ont pignon sur rue
Peux-tu nous donner plus précisément ta réflexion sur cette question ?

Je l’ai dit : j’écris parce que cela me fait plaisir, parce que recevoir de l’amour ou, du moins, une marque d’intérêt de la part d’un lecteur me recharge, donne un sens plus profond à mon existence, à l’art que j’ai choisi d’explorer : la littérature. Que l’avis vienne d’un journaliste, d’un blogueur, d’un lecteur, peu importe ; c’est le retour qui importe. J’ai l’ambition que mes livres touchent mes lecteurs, quel qu’en soit le nombre ; qu’ils leur procurent un moment de plaisir et/ou de réflexion. Il faut faire sa place dans la littérature comme dans le monde, en acceptant ses incohérences, ses hasards, ses injustices. Écris si tu aimes ; cesse si tu n’y trouves plus ton intérêt.


Tu pourrais modifier une chose dans le monde de l'édition, ce serait laquelle ?

Vaste question. Vraiment, je ne sais pas y répondre. Sans doute publier moins. Sans doute consacrer plus de moyens pour chaque auteur, lui offrir un espace de visibilité plus grand, mieux impliquer les libraires en ne les étouffants pas sous les nouveautés des « rentrée littéraires ». Je crois que le système de « cavalerie » que l’on appelle l’office n’est pas non plus idéal, si on veut que la librairie indépendante survive, vive correctement.

C’est agréable, enlevé, autant qu’intrigant et attirant. Le style est parfait. Chaque scène de cette pièce de théâtre est digne d’un grand Corneille et d’un épisode extraordinaire de La quatrième Dimension.
JC Gapdy sur le site Le Galion des Etoiles


Les sites, blogs Instagram, booktube, podcast consacrés à la littérature sont pléthores. Penses-tu qu'ils ont une véritable influence ? J'ai parfois l'impression qu'ils ne sont lus, vus, écoutés que par la même engeance. Le règne de l'entre soi ?

A mon niveau, oui. Si mes éditeurs vendent un peu mes livres, les blogs y sont pour beaucoup, la presse généraliste ne parlant plus que des best-sellers, et quasiment jamais d’imaginaire. Ou alors, il s’agit d’une presse qui appartient à un groupe, qui met en avant ses titres…


Tu es présent sur FB et Twitter, tu as un site web. C'est important d'être présent sur Internet ? N'est-ce pas le boulot des ME ?

Si je n’étais pas auteur, je n’y serais pas. J’y suis pour promouvoir mes livres. Mes éditeurs y prennent également leur place. Tout le monde joue le jeu. On peut difficilement faire sans les réseaux sociaux. Et je m’y suis fait des Amis et des amis. Des lecteurs. C’est une source de satisfaction importante pour moi.


Comme tu es présent sur les RS, suis-tu les "dramas" réguliers du fandom ou tu essayes de t'en extraire et juste d'écrire et vendre tes livres ?


Je me fiche éperdument des drames, controverses, réactions, néo-moraliso-extremo-etc. Moi, j’écris. Point. Et je suis heureux pour mon éditeur et mon égo si ça se vend.

j’ai découvert dans l’anthologie Dimension Arnauld pontier, un univers qui lui est propre, des thématiques classiques mais traitées avec sa touche personnelle et souvent avec originalité. Malka sur Rê-v-alité



Comment perçois-tu l'évolution de la SF dans l'hexagone ? Trouves tu que la SF devient (trop) élitiste. J'entends tout et son contraire sur cette question. (quand on lit l'édito de « Bifrost », faudrait moins éditer de daube - si j'ai bien compris - et de l'autre j'ai entendu des auteurs dire que l'élitisme devenait chiant (pour le dire simplement 😁)

Je suis d’accord sur un point : moins éditer de daube. Mais on est tous la daube de quelqu’un. Alors pas facile de trancher. Disons que, personnellement, nombre de romans de SF d’aujourd’hui, primés, encensés, me tombent des mains ; je trouve leur vocabulaire pauvre, affligeant parfois, leur musique insipide (vive le gueuloir !), leur sujet bof. Mais nombre d’autres romans – et de plus en plus, aussi – sont formidables, jouissifs. Il faut de tout pour contenter des lecteurs de culture, d’éducation, de formation différentes. Le plus insupportable, quand même, est le nombre de fautes que l’on retrouve dans les livres (et pas que des coquilles d’inattention). A croire qu’écrire correctement est devenue pour certains un gros mot. Mais certains lecteurs y trouvent leur compte, ne ressentent même pas cette faiblesse de langage. Que dire de ça ? S’ils prennent plaisir à lire ces bouquins, qui suis-je pour leur reprocher. Ils pourraient me rétorquer que je suis trop intello, que mon blabla leur passe au-dessus. Il ne fait pas bon être un intellectuel de nos jours.

Quant à percevoir ce que la SF devient… Je crois que ça nécessitera du recul. On fera le bilan des années 2000 dans quelques décennies. Personnellement, je ne la trouve pas élitiste. Mais la crétinisation touche également les milieu éduqués…


Est ce qu'une mauvaise critique te touche plus que dix bonnes ? Comment gères-tu ces retours ?

Une mauvaise critique me lamine. Elle me renvoie à mon enfance. Au manque d’amour qui m’a construit malgré moi, m’a offert cette faille dans laquelle j’écris. Mais ces mauvaises critiques à mon égard sont rares, je dois l’avouer avec satisfaction.


Tu partages sur ton site les avis des uns et des autres, positif et négatif. Penses-tu comme moi qu'un avis négatif peut donner envie de lire un texte ?

Non, je le fais pas honnêteté vis-à-vis de la personne qui s’est donné le mal de critiquer. Si j’avais à choisir, je préférerais que celui qui n’aime pas l’un de mes textes n’en parle pas. Je m’applique d’ailleurs cette règle pour les auteurs que je lis. Je ne chronique que mes coups de cœur. Écrire est un tel travail, pour tout auteur ; aucun, à mes yeux, ne mérite d’être enfoncé. Tu n’aimes pas ? Tais-toi, c’est subjectif. Même si, parfois, c’est mauvais pour tout le monde. Mais c’est plus rare (du moins chez les auteurs qui sont passés par le « filtre » d’un véritable éditeur).

Une critique négative me fait cependant cogiter. Même si je ne la comprends pas toujours. Je cherche à la comprendre, toujours. Puis à l’effacer de ma mémoire, afin qu’elle ne me plombe pas, ne me provoque pas un ulcère. On est des êtres fragiles, les créateurs. A fleur de peau.


Sur ton site, tu dis que tu pratiquais l'échangisme il y a quelques années. Est-ce toujours le cas ?

L’échangisme ? Hum… Tu veux dire le « Bookcrossing » et autres « Passe-Livre », je suppose. Le troc de livres. Oui et non. Je ne le pratique plus de la même manière. Il me semble que le phénomène n’est plus aussi actif (ou bien différemment) de ce qu’il était, d’ailleurs. Mais je continue à déposer des livres dans des « boîtes à livre », et à en emprunter. C’est une bonne manière de faire lire : personne ne te juge sur tes choix et tu n’as pas à franchir le seuil d’une librairie, ce qui pour certaines personnes n’est pas une démarche facile. Oui, je sais, c’est difficile à comprendre, mais la culture, la littérature en particulier, n’est pas si accessible que cela pour qui n’a pas été éduqué avec ce médium. Et c’est gratuit.


Nous trouvons sur ton site des définitions, parfois profondes, parfois très connes. Tu nous en touches un mot ? (Ex : ANTISEPTIQUE : Croyant ; BABY SITTER : Adolescent(e) qui doit se conduire en adulte, de façon à ce que les adultes qui sortent puissent se comporter en adolescents ; BAVURE : Balle Atteignant Volontairement Un Ressortissant Etranger)

J’ai toujours apprécié les jeux de mots, les mots-valises ; je suis un fan de Raymond Devos. C’est mon côté adulescent. Je trouve magique ce jeu avec notre langue. Parfois, une blague bien lourde, à la Coluche, ça fait rire, aussi. Là encore, j’aime ce qui est intellectuel, intelligent, et j’aime aussi ce qui est simple, cash, con comme un râteau dont tu te prends le manche dans la gueule parce que tu as marché dessus. La vie est ainsi faite ; je l’apprécie ainsi.


Tradition oblige, passons à Robert Charles Wilson. Connais-tu ? aimes-tu ? quel est le bouquin que tu préfères de lui ?

J’adore. Je n’ai pas tout lu de lui, mais des huit romans de ma bibliothèque, j’ai un faible pour Spin et pour Les Chronolithes. Ange Mémoire, Bios et Darwinia ne sont pas mal non plus. Bref, oui, je suis un de ses fans.

Sous l'humour, la légèreté ou le pastiche, Arnauld Pontier nous interroge sur notre humanité, nos travers. Sous cette simplicité apparente, le bon mot, le twist, se cache une réflexion souvent assez pessimiste sur le genre humain, nous sommes vraiment une espèce irrécupérable. Mon avis.


Sur ton site, dans tes textes à paraître, il y a le roman Exode (Editions Ex-AEquo, mai 2023) et la novella Sous un ciel inconnu (Editions 1115). Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Sous un ciel inconnu est encore au stade de manuscrit, non encore lu par l’éditeur. On y retrouvera la même « patte » que dans mes autres novellas chez 1115. Le propos, cette fois, sera de faire réfléchir (en distrayant) sur ce qu’est la mort, ce qu’on en disait autrefois, ce qu’on en sait aujourd’hui. « On meurt un monde après l’autre », disait un auteur oublié…

Pour Exode, la parution sera fin avril, afin qu’il soit dispo pour les salons de mai. Il s’agit d’une reprise, modifiée, améliorée, des deux premières partie de mon premier roman de SF, dont j’ai déjà parlé ici : Agharta, le temps des Selkies. Un texte qui n’a pas trouvé son public à l’époque (en 2013), l’éditeur ayant fermé ses portes alors que les volumes étaient encore sur palette. Un texte améliorable, également… 


Voici le quatrième de couverture d’Exode, en avant-première :

Après Les Enfants de Paradis, paru dans la même collection, Exode propose une nouvelle incursion dans la thématique des « mondes creux ».
C’est un récit eschatologique : la narration d’une fin du monde inéluctable, annoncée de longue date par des Livres sacrés.
Tout commence par une mission en Antarctique et le franchissement d’un étrange « rideau pourpre », qui va conduire un groupe de scientifiques sous la Terre, dans le royaume d’Agharta, peuplé depuis des millénaires par les Atlantes, les Mus et les Lémures.

Histoire apocalyptique, ce roman est prétexte à l’exploration de notre condition humaine, dans laquelle se mêle peur, soif de pouvoir, fanatisme mais également amour, émerveillement et espoir : l’espoir de survivre, de se perpétuer, en rejoignant, Gliese, une exoplanète, avant l’impact annoncé de l’astéroïde Hadès.
Jules Verne aurait sans doute aimé ce nouveau Voyage fantastique, depuis le centre de la Terre jusque vers les étoiles.

Un dernier volume de cette « trilogie » des mondes creux, en quelque sorte, s’intéressera à un monde artificiel. En 2024 ou 2025. J’y réfléchis.



Un immense merci à Arnauld Pontier d'avoir pris le temps de répondre à ces nombreuses questions alors qu'il était en pleine correction du BAT (bon à tirer, dernière relecture et verification avant tirage) d'Exode, son prochain roman..

N'hésitez pas à vous promener sur son site http://www.arnauld-pontier.com/ où il recense, entre autres, les avis parus ici et là sur le net, et bien entendu sa bibliographie complète.
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Tous mes avis sur les textes que j'ai lu de l'auteur.

Et lisez du Pontier, c'est le pied !



Teasing sur les réseaux sociaux, le pourquoi du comment :

Vendredi : La célèbre tranche de chorizo publiée par Etienne Klein sur Twitter. Monsieur Merlin est inspiré des réflexions sur le temps de Klein.
En outre, comme cette planète est rouge, une allusion à Sur Mars.


Samedi : Allusion au livre : Dehors, les hommes tombent


Dimanche : Clin d'oeil à son thriller La marelle Hopscotch (que j'ai commandé)

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