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ChronoInterview : A la quête d'un nouvel opus d'Emmanuel Quentin

février 20, 2024

 
 
Emmanuel Quentin s'est fait discret pendant près de quatre ans sans nous donner beaucoup de nouvelles. Finalement, il a réapparu avec "Qisiose", un texte un peu hermétique, ce qui est logique étant donné que la couverture représente un bocal ! L'atmosphère de "Qisiose" est particulière, surprenante à la première lecture et révélant toute sa saveur lors d'une seconde dégustation. Quel mystère se cache dans ce vase ? L'auteur nous dévoile l'origine du texte et de son style singulier.
Reste une question : Pourquoi une interview chrono ? L'auteur ne se cassant pas la tête pour nous offrir un long roman, j'en fais autant ! Pour les gourmands, vous pouvez retrouvez un long entretien ici.



Le chien critique : Le roman Au royaume des vivants en 2020, puis plus grand chose. Rassure-nous, tu es toujours vivant ?

Emmanuel Quentin : Oui, mon pouls fonctionne à merveille !


Ton actualité récente est la sortie de la nouvelle Qisiose, aux éditions 1115. C'est quoi le pitch ?

Qisiose est l’histoire d’un aiguilleur sur une station isolée au fin fond de l’espace qui décide du jour au lendemain de changer d’horizon. Il part en quête de disparitions de défunts dont les répétitions dans toute la galaxie inquiètent au plus haut niveau. Enlèvements ? Machination ? Qisiose s’invente donc chasseur de prime sans se douter un instant de la vérité à laquelle il va se confronter.




Qisiose est le titre et le nom du personnage principal. Tu peux nous expliquer sa signification ?

Lorsque j’ai entamé la rédaction de Qisiose, je sortais de la lecture d’un livre qui m’a profondément marqué : Pereira prétend d’Antonio Tabucchi. J’avais encore dans la tête la musique stylistique de l’auteur et celle-ci collait parfaitement à l’histoire que je projetais pour Qisiose, alors je me suis lancé. C’est la première fois que j’écris, volontairement en tout cas, « à la manière de.. », et c’était un exercice absolument jubilatoire. Enfin, pas vraiment un exercice d’ailleurs, parce que la question ne s’est pas posée en ces termes, car j’ai vraiment été emporté par l’histoire et les péripéties auxquelles Qisiose est confronté. Quant au nom du personnage, et du titre, il s’est très vite imposé. Etant d’une certaine façon comme un miroir à Pereira, j’ai usé de cet artifice que j’utilise parfois pour trouver des noms de personnages. Je prends les consonnes ou voyelles suivantes à un prénom. Ainsi pour cette nouvelle, le P de Pereira est devenu Q, et ainsi de suite : E= I ; R= S ; E=I ; I=O ; R= S ; A=E. De la même manière dans un titre à venir, il n’est pas impossible qu’un certain Marcel devienne un Nesdim. Pas question pour moi de passer par un générateur de noms 😊. Rassurez-moi, je ne suis pas le seul à faire ça, hein ?

Les auteurs m'énervent : ils te donnent une astuce, tu dis super.
Et lorsque tu testes, cela donne le grand n'importe quoi !!!




L'atmosphère de ce texte est particulière, différente de ce que tu nous as déjà offert, même si on y retrouve tes thématiques qui imprègnent tous tes textes. Quelles en sont les raisons ?


Si elle est particulière, je crois que c’est en raison du style justement et de la mécanique qu’il impulse, d’une certaine façon, en lien très étroit avec le propos. Une histoire de respiration, de fuite en avant : celle de Qisiose qui entreprend une longue quête. C’est comme un bourdonnement qui le maintient dans un état particulier et l’empêche de se confronter à son passé, à une vérité profonde. « Le passé, en l’état des choses, ne méritait pas de refaire surface. Le passé ne méritait aucun rappel. »

La réponse à la question : quel est le format d'un texte de la collection ChronoPages ?



Tu bosses pour les Explocréateurs, un projet liant le son, l’image et le texte. Un premier livre augmenté Mutræ a été publié en financement participatif, une exposition a eu lieu qui s'est déroulé fin août début septembre à Montagny Le Bourg. Quelle a été la réception du public ? D’autres lieux où nous pourront voir votre projet Ruines ? Des contacts avec Les Utopiales ou les autres événements SFFF ? Des publications prévues ?

L’expo à Montagny Le Bourg a été quelque chose d’incroyable. Je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre mais j’ai vécu ça par procuration, grâce à mes compères Pascal Casolari et Emmanuel Régis. On peut en avoir un petit aperçu ici www.lesexplocreateurs.com (nous gardons toujours des traces... les traces sont l’ADN du #ProjetRuines). Pour la première fois, nous avons créé sons, images et textes en fonction d’un lieu et de son environnement, mais au-delà de cet aspect, cela nous a permis d’échanger avec des personnes incroyables et passionnantes, aussi bien en amont de l’exposition que pendant… et même après. Le public était donc au rendez-vous et naturellement, ça pousse à aller plus loin. Nous n’avons pas encore développé toute la scénographie mais il y a encore beaucoup de choses dans les tuyaux. D’autres rendez-vous se préparent, notamment en lien avec des événements SFFF (pas pour les Utopiales à ce jour, mais qui sait ?). On attend de voir si ça se confirme… To be continued, donc…

Une autre publication ? Pourquoi pas ? Après Mutrae, nous travaillons actuellement autour d’un autre personnage. Elle s’appelle Sonja, c’est une archéologue missionnée sur la planète Cruvire… un univers de glace ! Brrrrr

Mon avis sur le texte paru à l'occasion
Il parait qu'il reste quelques exemplaires...



Début février, ton lieu de travail, la médiathèque l’Alpha d’Angoulême, proposait le film Alien en compagnie de Nicolas Martin. C’est toi qui a monté le projet ? Nicolas Martin ne t’en as pas fait trop bavé ? Le public était content… Dis nous tout !

La rencontre s’est inscrite dans le cadre des Mycéliades Les Mycéliades - Festival SF du 1er au 15 février 2024 - (myceliades.com) un festival de science-fiction national co-piloté par Images en bilbliothèques et l’ADRC (l’agence nationale pour le développement du cinéma en régions). La médiathèque y participait pour la deuxième année consécutive. Pour ma part, j’ai pris contact avec Nicolas Martin au festival Hypermondes et en avant Guingamp, l’invitation était lancée, acceptée, la belle vie, quoi !

Le soir de la projection, nous avons eu une quarantaine de personnes et Nicolas, qui connaît quand même le film plan par plan, séquence par séquence, a mis le feu à la salle. C’était drôle, passionnant, il y a eu une belle interaction avec le public. Bref, un de ces moments qu’on chérit particulièrement en bossant en médiathèque. Et qu’on espère bien renouveler… Nicolas, reviens ! 😊 (je crois que ça répond à ta question de savoir s’il ne m’en a pas trop fait baver ^^).



Il y a un an, tu nous parlais de tes projets en cours :

cela fait quelque temps que je suis sur mon prochain roman, mais comme je le disais, je suis assez lent. […] C'est une histoire qui me tient vraiment à cœur. […] J'ai aussi une nouvelle sur le billard et une novella dont les contours se dessinent petit à petit. Je laisse tout ça mûrir en sourdine. Cette dernière histoire a pour volonté de faire peur...
La nouvelle doit être Qisiose. Et le reste ? Quels sont tes projets en cours ?

Je suis assez lent, en effet, mais j’ai tout de même mis le point final au roman, Vent Rouge, qui paraîtra au deuxième semestre de cette année aux éditions Critic (Ô joie !) (note du chien : on en parle un peu sur Just a Word). Pour la nouvelle tu avais vu juste, c’était donc Qisiose. En ce qui concerne la novella, A l’abri des regards, je l’ai terminée aussi. En voici les premières lignes :

Au moins, on ne peut pas leur reprocher d’avoir manqué de constance. Après avoir omis de m’inviter à leur mariage l’année de mes quinze ans, mes parents ont trouvé le moyen de m’écarter de leur enterrement. Entre ces deux événements, de longues plages de silence entrecoupées de cartes postales – jamais de lettres – aussi froides qu’insipides. Le degré 0,1 de l’amour filial.

Pas d’édition prévue à ce jour pour ce titre. On verra, je me suis beaucoup amusé à l’écrire, surtout les scènes qui font peur… 

En ce qui concerne les projets en cours, il y a bien sûr la poursuite du travail avec les Explocréateurs, un roman de SF entamé comme d’habitude en mode diesel, mais qui pourrait bien se voir dépasser par un polar (depuis le temps que je tourne autour du genre, je vais bien finir par me lancer complètement). Celui-ci, ô surprise, commence par la découverte d’un corps. Mais pas n’importe quel corps… voilà, je laisse le suspens agir, rendez-vous dans douze ans :D.

Ah, si, il y a bien aussi une autre idée qui revient régulièrement. Avec un vaisseau. Très original pour un roman de SF, n’est-il pas ? 


Note du chien : J'ai eu la chance de lire A l'abri des regards en avant première, voici en quelques mots mon ressenti

 

Et voilà, c'est déjà fini. Mais comme dis plus haut, vous pouvez retrouvez un long entretien ici.

 

Son compte Twitter : https://twitter.com/QUENTINEmmanue5

Une interview de 2019 sur ActuSF : Emmanuel Quentin, ses projets 2019

Une interview vidéo de 2018 : Interview de Emmanuel Quentin à Gres'Imaginaire

Le projet Mutrae sur Actusf

Le site des ExploCréateurs : www.lesexplocreateurs.com

Mes avis sur les livres d'Emmanuel : Mes avis





Retour sur Mars

février 15, 2024

 

Ben Bova, Fleuve noir/ Pocket, 2005, 704 p., épuisé

 

Exploration ou exploitation ?

 

Pitch de l'éditeur : 

Six ans après les premiers pas de l'homme sur Mars, le géologue Jamie Waterman, mi-Anglais, mi-Navajo, ne peut résister au magnétisme que la mystérieuse planète exerce toujours sur lui. Capitaine de la seconde équipe d'exploration, il doit mener à bien la mission scientifique qui lui incombe, malgré les intérêts qui l'opposent à Dex Trumball, le fils du milliardaire qui finance l'expédition. Mais il y a beaucoup plus en jeu que les sentiments personnels de Jamie et la sécurité de ses équipiers. Ce monde hostile et énigmatique dissimule encore d'incroyables secrets — comme cette construction improbable perchée sur une falaise, que Jamie a aperçue lors de son premier voyage sur la planète rouge...



Mon ressenti :

Après un Mars excellent, je ne pouvais que poursuivre avec ce Retour sur Mars. Après une ellipse sur le retour de la première mission, la seconde démarre tout aussi vite. Mais après quelques pages, le soufflé retombe assez vite. Alors que le premier roman était "science based", cet opus oublie très rapidement le réalisme pour nous offrir moultes rebondissements. Làs, ces derniers jouent surtout sur les relations entre les personnages, sexuelles bien entendu. Loin de moi que de penser qu'un voyage de deux ans doit se passer sans sexe, mais ici, on dirait que c'est le ressort principal de l'intrigue. Nous connaissons le dicton "ils ne pensent qu'à leurs bites" c'est bien le cas ici, même si les femmes ne sont pas en reste...

Dans cette seconde mission, c'est le privé qui finance, mais le principal financeur est une caricature de lui même, il ne pense qu'au fric et son fiston aussi, qui a réussi à avoir une place pour le voyage. La tension dramatique est donc le méchant est il aussi méchant qu'il en a l'air ? Bref, un ressort dramatique qui ne m'a guère subjugué. Le programme part à vau l'eau sans trop inquiéter, chacun fait ce qu'il veut en fonction de son pouvoir et de ses envies, en dépit du bon sens.

Ben Bova a assez de talent pour me faire tourner les pages assez vite, mais la déception demeure : où est le réalisme que j'avais tant aimé dans le premier tome ? Même la découverte extraordinaire qui arrive au milieu m'a semblé bien trop peu probable, jetant le discrédit sur le réalisme encore un peu plus.

Reste le sujet de l'exploitation commerciale de Mars en l'ouvrant au tourisme (nous sommes dans un avenir récent ou certaines zones de la lune sont habitables). Mais même ici, c'est fait de manière assez caricaturale. Cela ne m'empêchera pas de continuer à explorer la biblio de l'auteur, en particulier son cycle sur le système solaire.

Ellipses

février 06, 2024

 

Audrey Pleynet, recueil auto-édité, 2019, 157 p., 1.50€ epub avec DRM

 

Audrey Pleynet s'est fait connaître il y a quelques années par une nouvelle Citoyen+ et ce recueil en autoédition. Aujourd'hui Le Bélial lui fait confiance en publiant sa novella Rossignol (Prix Utopiales 2023) et son nom circule de plus en plus dans des anthologies. J'avais aussi lu son premier roman Noosphère, que je n'avais pas aimé. Ce recueil avait malgré tout bonne presse, pour une somme plus que modique, quoi de mieux que de s'y plonger avant d'aller observer un rossignol.


Les reines de Cyanira
La reine est morte, vive la reine. Mais cette dernière n'a pas le don de ses aïeuls, ce qui pourrait coûter la vie à son peuple.
Deux manières de commencer un recueil, soit mettre la plus nulle en premier, pour doucement, mais sûrement happer le lecteur dans une progression hyperbolique. Soit commencer par la meilleure histoire et frapper le lecteur par tant de talent. Ayant été très mitigé sur ces reines, j'espère que c'est la première hypothèse qui est la bonne... Même si l'autrice arrive à créer des personnages crédibles, l'intrigue est bien trop convenue et le twist éculé (alors que je suis très bon public ou pour le dire autrement assez con).


Tu t'en souviendra ?
Dans un monde en déliquescence, une tueuse à gages poursuivie par un gang tombe sur une fillette, démunie.
C'est important les leçons de choses, même si apprendre à connaître le fonctionnement du monde est différent d'apprendre à y survivre. Et lorsque l'élève dépasse le maître que se passe-t-il ? Peu de pages, mais l'univers est bien présent, la tranche de vie réaliste. Reste cependant un manque d'émotions pour tout à fait m'emporter.


Les questions que l'on pose
En d'autres temps pas si lointains, les choses étaient assez simples : une dénonciation, la fréquentation d'un lieu de culte, un nom suffisait pour te signaler. Et l'on pouvait s'en arranger, falsifier, les portes de sortie existaient. Mais aujourd'hui dans la même situation, que se passerait-il ?
C'est la question que pose Audrey. Le texte nous met dans la peau d'une IA qui analyse des données. Au début, rien de franchement tendancieux, ce que tu aimes, ce que tu aimerais et ce que tu pourrais aimer. Du marketing 2.0. mais face à l'afflux de bases de données et leur interconnexion, les possibilités de poser des questions et d'avoir des réponses peuvent servir de multiples façons.
Brillant, un texte qui fait froid dans le dos. Brrr


Dolores
Une idée brillante est elle toujours une bonne idée ?
Le bien être des patients, une cause noble. Et l'idée de diminuer leur souffrance en la partageant. Une idée altruiste qui va vite démontrer ses faiblesses et servir les intérêts autres que ceux des malades.
Un très bon texte qui prend de l'ampleur au fil des pages. Peut être juste une seconde partie trop démonstrative, et un peu rapide qui jure avec la sensibilité des premières pages et un final moins réaliste. Mais Audrey parvient à explorer de nombreuses thématiques et conséquences de son idée, c'est déjà pas si mal.


Icône
Arsène est laid et capture la beauté de ce qui l'entoure. Il est photographe. Mais qu'est-ce que la beauté ?
Une fable sur la chirurgie esthétique et la question du beau. La chute est délicieuse.


Alchimistes du rêve
Lorsque le rêve enchante le présent.
Dans un monde, il est possible de façonner son environnement via le couple veilleur alchimiste. L'un rêve, l'autre guide. Un duo excelle, mais ce n'est pas au goût de tous. Tandis que le rêve enchante le présent, l'amour déplace les montagnes. Trop gnangnan comme concept pour moi, j'ai l'impression que l'autrice reste en surface sans aucune thématique spécifique.


Tu étais pourtant si fier de moi
Un manque d'originalité pour moi, dans cet univers post apo ou un "père" s'occupe de sa fille. Sur la thématique du monstre, j'ai déjà lu mieux, cela manque d'épaisseur et d'un twist moins convenu.


Citoyen +
Tous pareils !
C'est par cette nouvelle que j'ai fait la connaissance d'Audrey Pleynet. Qui démontre qu'un texte court peut contenir un univers entier. L'intrusion technologique dans la vie privée, c'est un sujet rebattu, mais l'autrice parvient à le prendre de travers et nous offrir un magnifique twist. Un bijou d'orfèvrerie littéraire.

 

Conclusion, Audrey Pleynet est talentueuse : elle excelle aussi bien dans le très très mauvais et le très très bon ! Certains auteurs nous agacent en n'écrivant que des pépites (qui a parlé de Robert Charles Wilson ?), Audrey nous démontre qu'elle est humaine, et cela fait énormément de bien à mon ego !!!

Quand on eut mangé le dernier chien

janvier 09, 2024

Justine Niogret, Au Diable Vauvert, 2023, 220 p., 5€ epub sans DRM

 
Ce n'est pas parce que l'on mange du chien que l'on éprouve pas un mal de chien à traverser l'Antarctique !

 

Pitch de l'éditeur : 

Il n’existait pas de mots pour en parler, puisque les mots étaient une façon de communiquer entre les Hommes et que le Sud était par essence totalement inhumain. Il s’agissait d’une vie étrangère, une vie de glaces, de minéraux et de vents.
C’était un voyage au bout duquel il n’y avait rien. On ne pouvait se risquer dans cet espace que pour un court instant et on savait que l’on marchait non pas dans la mort, car la mort est une action, un fait, mais plus exactement dans un endroit où il était impossible de vivre.


Mon ressenti :



1912, trois explorateurs partent en expédition en traîneaux en Antarctique.

Le titre ne laisse pas de doute, ce voyage scientifique va mal se terminer. Inspiré d'un fait réel, Justine Niogret nous conte leur lutte quotidienne pour survivre face au grand blanc. Il y a plus d'un siècle, les conditions de voyage n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui, les équipements sont assez sommaires, compensés par la volonté des trois hommes.

Ce court roman ne se concentre pas sur l'aspect scientifique de l'expédition, mais sur la lutte acharnée de l'homme contre la nature et aussi lui-même. Qu'est ce qui pousse à se surpasser, à ne pas jeter l'éponge et se laisser doucement emporter par le froid ?
 
Mertz et Ninnis au début du voyage

Avant de lire ce livre, je ne connaissais que vaguement cette histoire. Blotti confortablement sous ma couette avec un bol de chocolat chaud, j'ai été captivé par cette aventure tragique, dévorant d'une traite les courts chapitres, marquant un compte à rebours funeste, peignant leur quotidien de voyages glacés, de nourriture inhabituelle et de repos dans des vêtements humides.

En définitive, cette lecture donne envie d'approfondir le sujet, signe indéniable d'un excellent roman.

Mon Inkpad 4

décembre 23, 2023


Après quelques années de service, ma liseuse Kobo Aura HD montrait des signes de fatigue. Après avoir regarder les choix qui s'offraient à moi, 3 liseuses se détachaient du lot par rapport à mes besoins (mon billet ici) : la Kobo Libra 2, la Vivlio Inkpad 4 et la Kindle Paperwhite. Bien que la moins chère, j'ai vite abandonné l'idée de cette dernière. Bien qu'il soit possible de mettre des epubs achetés hors Amazon, des epubs avec DRM des bibliothèques ou achetés, à chaque fois il faut faire des manipulations qui j'imagine changeront à chaque mise à jour.
La Kobo Libra 2 était le choix de la raison, je connais déjà l'interface qui est intuitive et il y a des mises à jour régulières. Je n'ai pas aimé cependant sa forme avec un des bords proéminent, même si après l'avoir vue en magasin, je m'attendais à pire. Et bien qu'elle accepte sans soucis les epubs avec ou sans DRM, il fallait pour bénéficier de petits gadgets à la lecture transformer les epubs en kepub ce qui se faisait facilement avec Calibre. C'est finalement son design qui m'a fait abandonner ce choix.
Et il y avait la Vivlio Inkpad 4, la plus grande et la plus chère. Malheureusement, malgré avoir fait trois grands magasins, je n'ai jamais réussi à la voir en vrai : les enseignes la vendaient, mais la liseuse de test était la Inkpad 3 !!! J'avais remarqué quelques problèmes de lenteur dessus et des commentaires sur internet parlaient de la fragilité de l'écran. Malgré tout, elle avait réussi son test haut la main sur le site d'Aldus, le must niveau lecture électronique avec des tests sans concession et il me semble sans connivence aucune. C'est ce blog qui m'avait fait choisir ma Kobo Aura HD et elle ne m'a pas déçu.

Petit tour d'horizon d'un test après seulement quelques minutes d'utilisation, donc forcément parcellaire, qui ressemble plus à des premières impressions.

Pour cette liseuse, j'ai dépensé 260 euros et 20€ pour la couverture. C'est un coût non négligeable mais je me situe plus au niveau des grands lecteurs, prix qui sera donc rentabilisé en moins de deux ans. Je voulais un grand écran, la vieillesse me guette, et celle ci a un écran de 7.8 pouces. Je lis essentiellement à la maison et au boulot (durant ma pause déjeuner) donc l'encombrement est le dernier de mes soucis.





Vous avez tous déjà ouvert une boîte contenant votre joujou et nous sommes tous déçus par rapport à la taille du jouet et le carton. Ici c'est la surprise : la liseuse est presque aussi grande que la boîte. Sous la liseuse, un mini guide de prise en main rapide (le guide complet est déjà dans la liseuse) ainsi qu'un câble USB C. Une bonne prise en main, pas trop lourde et l'écran bord à bord est du plus bel effet. Le dos est crénelé et les doigts ne glissent pas dessus, un grip impeccable pour une prise en main dans toutes les positions. Il faut avouer que l'ajout de la couverture rend ce dos un peu inutile, la couverture se retrouvant au dos en cours de lecture. 




Pour vous donner une idée de sa taille et de celle de son écran, je vous la mets à côté d'un UHL (un bon lecteur de SF connait la taille d'un UHL), un poche pris au hasard dans ma bibliothèque, et un grand format que tout lecteur de SFFF devrait avoir. Comme vous le constatez, la taille de l'écran se rapproche quasi du format poche.


La différence se joue surtout au niveau de l'épaisseur, même la novella n'arrive pas à la surpasser. En outre, pour celles et ceux qui n'ont jamais tenu une liseuse entre les mains, la différence se fait surtout dans son envergure. Un livre, il faut l'ouvrir et sa taille double. Plus il y a de pages, plus le nombre de mains doit augmenter... Pour un grand format il faut deux mains pour tenir le livre et une troisième pour tourner les pages. Avec la liseuse, une seule main suffit, la taille du livre n'est plus un problème.





La couverture va t'elle changé radicalement sa taille ? Le dos du packaging fourni le tutoriel afin de l'installer. Une nouveauté pour moi car ma Kobo avait une couverture globale, comme les housses de smartphone, protégeant l'avant et l'arrière. Il suffisait de la clipser dedans. Ici, il faut enlever une languette en plastique. Et je me suis senti de suite un peu gauche. En glissant mon ongle sous l'encoche, cela résiste, j'ai peur de casser la liseuse ou mon ongle. Je regarde si je trouve un tuto, sans succès. Je sors ma boîte à outils, me munit d'un tournevis plat et croise les doigts. Cela s'enlève, mais pas comme sur le dessin qui montrait une ouverture sur la gauche. Alors que c'est juste une bande de plastique clipsée des deux côtés. Une fois la peur de casser ma liseuse envolée, le clipsage de la couverture se fait sans soucis. L'épaisseur prend deux millimètres, mais rien de dramatique. Sa texture est tissée et pour vous donner une idée ressemble à une reliure en tissu. Elle existe en plusieurs couleurs. L'intérieur est en velours ou simili. C'est donc cette texture que vous toucherez lorsque vous lirez.

Fermée, elle est aimantée et protège bien l'écran sur tous les côtés. Repliée, elle comporte un petit aimant aussi pour la coller au dos de la liseuse, ce que ma vieille Kobo n'avait pas. Un petit plus appréciable.
Cela fait élégant, mon seul bémol serait au niveau de son nettoyage : comme je lis en mangeant au boulot, que j'adore les frites mayo et que je mange comme un porchiot... Je verrai à l'usage.



Côté poids, par rapport à ma Kobo (vous constatez que j'ai bien fais de lui mettre une couverture) elle est un peu plus légère malgré sa taille plus grande. Je vous laisse comparer par rapport à différents formats de livre. A ce niveau, je n'ai jamais ressenti de fatigue à tenir ma Kobo pendant de nombreuses heures. (Après je suis un homme, un dur, un tatoué !).


Les présentations physiques faites, place à sa configuration. Dès le bouton On appuyé, elle se montre réactive. Choix de la langue, configuration du Wifi, rien de compliquer pour Monsieur et Madame tout le monde. Seul hic, il faut se créer un compte Cultura. Je grince un peu des dents, j'ai choisi aussi cette liseuse pour son côté ouvert et je n'ai pas vu de bouton "ignorer cette étape" à ce niveau. Comme j'achète mes livres où je veux, ce compte ne me servira à rien. Côté positif, il ne faut qu'une adresse mail et un mot de passe pour se créer son compte, pas besoin de mettre son CV complet.


La configuration est terminée. Rapide, en moins de trois minutes, l'écran d'accueil est prêt.
Comme j'ai configuré le wifi, il me propose de télécharger les 6 romans gratuits offerts. Constat immédiat, pas de Robert Charles Wilson ! Je ne vous donne pas les titres, j'imagine qu'ils vont varier au fil du temps.

Maintenant, il va falloir lui mettre les livres dessus. Je pourrais la connecter directement à mon PC mais je préfère regarder le manuel déjà installé dessus. Plusieurs choix s'offre à moi pour mettre des livres :

  • Via la librairie partenaire
  • Via un cloud (je n'ai pas encore été voir les possibilités à ce niveau)
  • Via un PC. Cela fonctionne comme une clé USB. Clair et concis. Pour les livres protégés (Care ou DRqm adobe), tout est bien indiqué.

Je teste en mode clé USB, aucun soucis.
C'est tout pour aujourd'hui, je vais m'amuser un peu avec elle et je vous ferai un retour..

 


Qisiose

décembre 21, 2023

Emmanuel Quentin, Editions 1115, 2023, 32 pages, 2€ papier


Un texte qui hante...

Après avoir lu 2 - 3 textes d'un auteur, on commence à être en terrain familier. On se dit "Cool, un nouveau Quentin", sûr de ce que l'on va y trouver. Une bonne pantoufle en gros. Mais Emmanuel Quentin n'est pas une pantoufle, du moins c'est se qu'il prétend. Et c'est bien ainsi.



Pitch de l'éditeur :


Destination : Une station d’aiguillage, dans un obscur système planétaire ; là, assis dans sa cabine, Qisiose rêve de changer d’horizon, de voir du pays, mais sans trop savoir ce qui le motive. Une pulsion, une envie, ou peut-être un souvenir caché dans les replis de sa mémoire. Une chose est sûre, il doit partir, même s’il ignore encore où cet irrésistible besoin d’évasion va le conduire.



Mon ressenti :

Un vase bleu énigmatique en couverture, un titre qui l'est tout autant, voici la dernière livraison d'un auteur dont j'apprécie la plume. Donc, allons-y pour Qisiose et La quête d'un horizon. Un autre horizon, c'est justement ce que veut Qisiose, notre narrateur, un aiguilleur dans une station paumée de l'univers. Car son horizon est plutôt comme celui du trou noir, cela finira dieu seul sait où, mais loin de l'idée qu'il se faisait de sa vie. Donc, changement d'horizon et toute la question est de savoir pour où.

Un texte étrange, éloigné des habitudes de l'auteur. Ici, la quincaillerie SF n'est pas réservée aux seuls fans hardcore, car l'intérêt ne se cache pas à cet endroit et une musicalité se dégage du texte, et l'ambiance d'étrangeté s'y colle bien. En y réfléchissant, c'est un texte très SF qui n'en a pas l'apparence. Donc, il pourrait plaire et déplaire à tout le monde ! Et chose assez rare, il continue de me hanter, et comme l'univers est juste crayonné, je m'amuse à m'imaginer ce monde, la vie de Qisiose. Le twist est bien mené, car même si on sait que quelque chose est louche, je n'aurais jamais cru que... Qisiose laisse la fin ouverte (je sens déjà les reproches pointer le bout de leur nez) et suscite des interrogations sur ce que je ferais moi à la place de Qisiose. Une nouvelle fois, on y parle de souvenirs, à croire que certaines choses hantent l'auteur...

Pour tout vous avouer, j'ai eu la chance de le lire il y a quelques mois. Une fois fini, je l'avais relu, pour être sûr d'avoir tout compris, voir où l'auteur avait essaimé ses indices. Et j'en avais discuté avec lui qui m'avait fait une confidence : ce texte est un "hommage". A qui ? Il faut savoir patienter...


Le Livre de Nathan

décembre 19, 2023

 

Nicolas Cartelet, Mu, 2023, 118 p., 10€ epub sans DRM

 

Certains rêvent de postérité, lui EST la Postérité (ou post-vérité ?)

 

Pitch de l'éditeur :


Le destin est incroyablement railleur. Une étrange apocalypse maritime se déclenche en une nuit et Nathan Verdier devient l’un des seuls survivants d’une humanité privée de ses terres. Sur son bateau de fortune, au milieu des bouteilles vides et de quelques conserves, se trouve son manuscrit, son précieux roman dont aucun éditeur n’a voulu. Et ce livre improbable est le seul à avoir été sauvé des eaux…

D’année en année, de siècle en siècle, ce texte miraculé, qui aurait dû finir dans les archives de la médiocrité, va devenir un objet d’escroquerie, de tentation, de passion et de culte. Cette fois, c’est sûr, il aura le succès qu’il mérite ! 
 
 

Mon ressenti : 

Un correcteur médiocre qui se croit auteur se fait critiquer vertement son manuscrit par l'éditeur pour qui il travaille : C'est NUL NUL NUL.
Peu après, une brusque montée des eaux provoque l'impensable, plus une seule terre immergée. Et le manuscrit va être a l'origine d'un bouleversement...

N'allait pas chercher ici la rationalité des faits, c'est comme ça et pas autrement. L'intérêt est clairement ailleurs. Dans la plume de l'auteur qui a le chic pour trouver toujours le bon mot, la bonne formule. À travers cette histoire abracadabrante, le ressort se dévoile progressivement. Partant d'un pitch burlesque, l'auteur tisse une genèse basée sur un manuscrit et explore ses conséquences à long terme, formant ainsi une boucle.

Depuis sa fondation, l’Ordre était partagé sur la question des femmes. Le Livre de Nthán y faisait très peu référence, tout juste l’auteur évoquait-il une ancienne épouse, une traîtresse – on n’était pas certain de la traduction – et c’était tout. En l’absence d’éléments tangibles, certains hommes de foi avaient pris le parti de les ignorer, quand d’autres préféraient les haïr.

Dans son monde aquatique, ce n'est pas la montée des eaux qui inquiète la population, mais bien sa descente, une logique évidente lorsque le seul univers connu est l'eau. L'auteur excelle dans l'art de trouver le mot juste et la formule adéquate, même dans un contexte aussi extravagant. La plume de l'auteur se révèle être un élément central, devenant un acteur à part entière de l'intrigue. Ses interventions régulières renforcent la satire, apportant un ton humoristique et enlevé. Ajoutez à cela une critique des religions comme cerise sur le gâteau et le lecteur que je suis en sors ravi.

Lorsqu'il ne reste plus rien, comment décrire le monde ? Ketty Steward dans L'Évangile selon Myriam nous donnait un point de vue, Nicolas Cartelet donne ici une satire savoureuse qui peut se lire à différents niveaux. Seul bémol, le prix fort élevé de l'epub.
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