Quelques remarques de Michel Bussi
Je lis du Michel Bussi, Michel Bussi me lit, c'est un juste retour des choses.
Hier, je publiais mon avis très mitigé sur le dernier Michel Bussi.
Dans la nuit, j'avais l'honneur de recevoir un email de sa part. La question de savoir si c'était bien lui qui me contactait m'a bien sûr traversé l'esprit, mais comment le savoir ? Alors je publie ses quelques remarques, puisqu'il se demandait si j'allais en avoir l'envie ou le cran. Dont acte.
Je remets entièrement mon avis, avec ses remarques pointant les passages dont il n'est pas en accord, cela sera plus simple pour la compréhension.
Je précise que son mail n'était nullement vindicatif ou menaçant, le ton amical et appelle à ouvrir le débat jamais clôt sur les genres de l'imaginaire et la littérature générale.
Mon ressenti et les remarques de Michel Bussi
Lorsque le
malaise s'installe : Michel Leeb, Michel Bussi, même combat ?
Michel Bussi critiqué sur mon blog ? Le chien
s'est il vendu au grand capital, les Presses de la cité lui ont elles déroulé
un pont d'or ?
Cela a commencé comme une blague sur Twitter, un
tweet de Lune si mes souvenirs sont bons, demandant qui voulait se sacrifier
pour lire le dernier Bussi, un roman de SF (d'anticipation, soyons sérieux).
MB : Lire un livre dont on ne connait rien serait donc un sacrifice ? Voilà ce qui s’appelle un préjugé…
Une lecture
commune s'en est suivie avec quelques blogueuses (je ne crois pas avoir vu de
mâles)(note du chien du 03/03/22, si il y en avait un !), Bussi est un auteur pour femmes (nous y reviendrons). Suite à un pari
perdu, me voilà à lire ce texte.
Bussi, c'est l'un des auteurs banquables de la
littérature française. Pas la vraie littérature blanche, mais la populaire. Le
deuxième écrivain français en nombre de livres vendus selon Wikipédia : plus
d'un million d'exemplaires vendus en 2019. Mieux que notre Alain Damasio ! Donc
forcément, il n'a pas ses lettres de noblesses dans les prix littéraires
sérieux. C'est un mauvais auteur, comme nous, nous lisons de mauvais genres.
Michel écrit habituellement des romans policiers
(je crois) et son nouveau millésime se classe comme un roman d'anticipation. En
2020-2021, il avait écrit deux romans jeunesses qui étaient déjà de
l'anticipation. Place aux adultes désormais. Donc pourquoi pas ? Dans mon
cerveau de canidé pas très malin, je me disais qu'un auteur reconnu comme lui,
il devait à minima savoir mener une intrigue comme un orfévre. Du page turner
efficace, quel mal à ça ? Il en faut pour tous les goûts.
Sur une île paradisiaque en copropriété, de vieux
riches, blancs, se font assassiner.
Un inspecteur, blanc, accompagné de ses
coéquipiers, un noir préférant le monde sans technologie, et une asiatique, fan
de technologie et sexy en diable, mènent l'enquête.
Parallèlement, un journaliste au dent longue et
une institutrice, vieille fille que maman veut absolument caser, voient leur
destins se croiser. L'instit est bien entendu une vielle fille dont la maman
rêve de caser.
MB : Ah, qu’une institutrice soit une vieille fille serait donc un poncif ?
J’avoue ne pas comprendre en quoi. Je connais beaucoup d’institutrices et aucune
n’est une vieille fille. Par contre que vous puissiez le penser, voilà un sacré
poncif… Qui révèlerait la représentation que vous vous faites des institutrices ?
Tous les poncifs sont bien en place pour une histoire qui va les aligner et lorgner du côté réac. Comme de bien entendu, la grande histoire va nous parler d'Hitler, voir pire de Staline.
MB : Ah ? Avez-vous lu le roman ? Bien d’autres conflits sont évoqués…
Tout au long de ma lecture, je me demandais où Michel se classait sur l'échiquier politique. Le black, qui peut vivre dans le monde entier grâce à la téléportation, choisit naturellement un pays d'Afrique du nord.
MB : Désolé, le Sénégal n’est pas un pays d’Afrique du nord mais d’Afrique de l’ouest…
Il n'aime pas la technologie et préfère un mode de vie plus ancestral. Il a des enfants bien entendu...
MB : Ah, qu’un africain ait des enfants (deux dans le roman) est un cliché ????
La fliquette asiatique a tout de la poupée sexy, elle excelle dans les technologies nouvelles, c'est normal pour une coréenne.
MB : Pour être exact, précisez tout de même qu’elle
habite du côté nord de l’ex-frontière coréenne, ce qui change tout de même les
choses.
Le chef est blanc.
MB : Chypriote pour être exact. Le grand méchant
est très blanc lui aussi…
Il y a de gros fachos aussi, mais je n'ai jamais
réussi à savoir si c'était bien ou mal, une certaine ambiguïté se dégage. Est-ce
moi qui me fait un film ? Je n'ai rien de tangible mais cela m'a chatouillé
plus qu'un peu.
MB : Continuez de vous chatouiller, vous êtes sur
la bonne voie… Un monde futur sans frontières, un peuple, une langue, une terre…
est-ce une Utopie ou un régime totalitaire ? C’est la question politique
que pose ce roman d’anticipation…
Bussi auteur pour femmes ? C'est ce que je
pensais, un auteur pour midinettes, un peu de fleur bleue pour les sortir de
leur quotidien morose.
MB : Oh le
vilain cliché… Les lectrices de romans populaires seraient donc des midinettes fleur bleue…
c’est très insultant pour elles !
Les femmes sont bien affrétées et amoureuses car
l'amour est leur seul raison de vivre. Les hommes ne pensent qu'au travail et
ne voient jamais les efforts déployés par la gente féminine pour leur
plaire. Triste monde.
Certaines passent leur temps à s'amuser dans
l'eau, aspergeant leurs magnifiques corps. C'est beau.
MB : L’honnêteté
voudrait que vous précisiez que ces quelques lignes dans le roman ne sont là
que pour dénoncer les agissements d’un voyeur abusant de son pouvoir.
Tout cela commence à faire beaucoup pour moi.
Arrivé à la moitié de ma lecture, j'ai décidé de
lire en biais pour voir où tout cela menait. Pas bien loin malgré la
téléportation. Nous sommes dans un univers de pacotille science-fictionnelle,
on cite Star Trek pour montrer son côté geek, mais rien de bien folichon.
La fin se devine aisément.
MB : en lisant en biais en plus… bravo !
Une fois la dernière page tournée, le malaise est
installé, moi qui pensais lire un roman divertissant, me voilà bien en peine de
voir toutes ces représentations nauséabondes dans 400 pages.
MB : dommage, ce roman propose pourtant une
réflexion, je crois assez inédite, sur ce que serait le monde débarrassé des
identités territoriales et des nationalismes… Que vous ayez pu trouver ces
représentations un peu naïves et idéalistes, j’aurai compris… mais nauséabondes ?
A fuir.
Oh, wow. J'espère sincèrement que ce n'est pas vraiment Michel Bussi qui t'a écrit parce que ce serait sacrément pathétique comme réaction. Pathétique et totalement à côté de la plaque...
RépondreSupprimerEt pour le côté inédit de la réflexion, peut-être le semble-t-elle a quelqu'un ne connaissant pas le genre mais pour tous ceux qui le pratiquent un tant soit peu, elle est vue et revue (ne serait-ce qu'en citant le tout récent cycle d'Ada Palmer, mais pas que, loin de là). Ça m'épate toujours les auteurs qui s'essaient à un genre sans le connaître et qui pensent le révolutionner quand ils ne font que redire ce qui a déjà été maintes fois exploré, et beaucoup plus en profondeur...
Il semblerait que si.
SupprimerJe pense que de nombreux auteurs pensent faire de l'inédit, du moins dans leur approche. Après, le lecteur se forge son avis.
Completement d'accord avec toi Cachou, classique approche d'un auteur attiré par le genre par opportunisme ou plaisir...mais s'il n'a pas la culture sf dans laquelle tu baignes , cachou, ça restera maladroit de ton (notre) point de vue, j'attends de lire ou pas ce roman bien plus tard..attention bussi a écrit quelques romans policiers brillants à ses débuts...du moins à mon sentiment quand je le lisais du temps de" nymphéas noirs" ou "code lupin"....
RépondreSupprimerEn plus, ce n'est pas grave en soi de révolutionner le genre et les idées, on ne peut avoir tout lu.
SupprimerLire un roman c’est toujours une interprétation, propre à chacun. Le chien critique à sa propre interprétation un peu comme un musicien sur des variations.Je pensais par exemple à Glenn Gould.En ce sens son avis est respectable.
RépondreSupprimerJe ne suis pas en mesure de parler de Mr Bussi que je n’ai jamais lu mais la littérature populaire est aussi une forme d’art.
Un libraire
Sincèrement, je ne pense pas qu'aucun de nous ait quelque chose contre la littérature populaire, à plus forte raison de notre passion commune pour la SFFF, qui est un genre dénigré par de nombreuses personnes. De mon côté, je suis bibliothécaire et j'aime essayer les livres qui ont du succès auprès de mes lecteurs. Je tente de tout, et dans tous les genres. Parfois ça passe, parfois pas du tout. Je ne suis pas un public si difficile. Par contre, il y a des choses qui ne passent pas avec moi, et les remarques sexistes, racistes, grossophobes ou autres trouvées dans ce livre en font partie. Littérature populaire ou non.
SupprimerUne bibliothécaire
Je ne crache pas sur le populaire (la littérature intello me gave souvent), je partage ce que dit Cachou.
SupprimerHa bah bravo, tu sais te faire des amis, toi ! C'est pas très "meilleur ami de l'homme" tout ça…
RépondreSupprimer(comme je suis contente de ne pas avoir lu ce livre XD)
J'ai merdé dans mon essence propre, je suis une merde !
SupprimerQuelques remarques sont pertinentes (oui, l'Afrique de l'ouest n'est pas au nord, oui, le chef est blanc, mais le méchant aussi, qu'est-ce donc à dire hahaha, oui, le qualificatif extrême de "nauséabond" est quand même utilisé avec beaucoup de désinvolture).
RépondreSupprimerPour le reste, votre distingué lecteur semble plus avoir eu à cœur de répondre en mode "berger à la bergère" dans une tentative bien maladroite et quelque peu sophiste de préserver son ego (cf réponse au sujet du poncif sur les institutrices, j'avoue j'ai souri); ajouté à ce qui ressemble fort à des justifications (qui n'ont pas lieu d'être: un auteur est supposé être libre d'écrire comme il l'entend) sur le style ou les choix narratifs, il semble bien que ce qui semble avoir motivé cette- amicale - mise au point est à trouver essentiellement dans un ego titillé par l'unanimité des critiques mitigées rencontrées par son (petit) dernier.
Pour ma part, je dirais que la critique du Chien, pas plus que le mail de monsieur Bussi ne donne envie de lire Nouvelle Babel.
Oui, certaines de ses remarques sont vraies, ce que j'indique en début de sa réponse.
SupprimerAprès, je pense avoir suffisamment dit dans mon billet que c'était mon ressenti, je n'affirme rien mais l'accumulation des éléments me laissent un doute.
Bon. J'ai lu. Je ne sais pas trop quoi en penser. C'est un peu ce que je déteste sur les réseaux sociaux, tu reprends un texte ligne par ligne pour chercher la petite bête et tourner ton interlocuteur en dérision... Mais ça apporte toutefois un éclairage intéressant, notamment à propos de la scène sur les femmes nues! 🙂 Et il est bien placé pour parler de son bouquin, vu que c'est lui qui l'a écrit. Par ailleurs, je ne pense pas qu'il faille être un expert en SF pour en écrire, mais je ne sais pas comment ce livre a été présenté au public. Bussi n'a peut-être prétendu révolutionner le genre. Ce qu'il dit à la fin de ton billet (proposer de la SF à des lecteurs qui n'en lisent pas habituellement) est même très positif.
RépondreSupprimerSi cela pousse les gens à lire, à s'interroger sur le monde, je suis pour.
SupprimerJe ne comprends pas les auteurs qui prennent toujours les filles asiatiques comme” terrain de jeux”dans leur roman.
RépondreSupprimerSinon,le roman de M Bussi ne me semble pas pire que” La fille automate ”de Bacigalupi.
C'est l'un des poncifs...
SupprimerPour la fille automate, je ne suis pas d'accord, Bacigalupi m'était mal à l'aise mais c'était son intention, du moins c'est mon avis.
C'est intéressant comme retour. Je suis assez d'accord sur la portée possible du roman (après est-ce que les gens auront envie de lire un livre de SF pas écrit par Michel Bussi, c'est une autre question), moins sur le caractère inédit de la réflexion. Certaines remarques c'est du pinaillage par contre (et une bien mauvaise connaissance de ton style de chronique aussi ^^)
RépondreSupprimerLes lecteurs SF ne sont jamais content : lorsque l'on ne parle pas de SF, ils râlent, lorsque l'on en parle, ils râlent !
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