Luna incognita


David André, Critic éditions, 2025, 416 p., 14€ epub sans DRM



Sur la Lune, on ne lève pas les yeux vers les étoiles, on fait des heures sup’

 

Pitch de l'éditeur : 

Au cœur des chantiers lunaires éreintants où l’humanité construit le vaisseau qui doit l’emmener vers Proxima du Centaure, la révolte gronde. Resha, contremaîtresse rongée par une maladie incurable, a ainsi opté pour une sortie flamboyante : un attentat-suicide. Son ami Tearii se retrouve alors plongé dans un réseau souterrain de résistance et d’espionnage, sous l’influence d’une société secrète aux intentions aussi troubles que ses méthodes. Enez, quant à elle, accusée d’avoir assassiné son amant, cherche à prouver son innocence. Entre émeutes populaires et complots interstellaires, c’est sur Tearii et Enez que reposera le destin de la Lune, de la Terre, et de tous ceux qui rêvent de rejoindre les étoiles.


Mon ressenti :

La Lune est devenue une usine géante. On y vit, on y sue, on y meurt pour bâtir un projet délirant : coloniser le système de Proxima. Recha, soudeuse lunaire, est notre porte d’entrée dans ce monde où l’exploitation est devenue routine.

Efficace visuellement : on voit les bases lunaires, la poussière qui colle aux combinaisons, les chantiers titanesques, on se croit dans la série The expanse. André David sait planter un décor, rien à dire là-dessus. Les multiples points de vue donnent du relief à l'histoire. Il relance régulièrement l’intrigue – la première partie est un bon exemple : on s’attache à Recha, on croit comprendre où ça va… et paf, drame, changement de trajectoire. La fin ouverte, fonctionne bien aussi : je referme le livre avec des questions, pas avec un happy end gerbant — et ça me va très bien, moi qui préfère voir le verre à moitié plein.

Mais voilà : il m'a manqué un je ne sais quoi. Certains personnages, notamment le couple de dirigeants, sont caricaturaux au possible – les vieux puissants cyniques face aux ouvriers victimes. Pas de nuance, pas de zone grise. Et l’intrigue… correcte, mais déjà vue. Le schéma « exploiteurs vs exploités dans l’espace » ne casse pas trois pattes à un rover. Le livre coche les cases, sans vraiment surprendre. Les personnages manquent d'épaisseur, et à part Recha au début, on sait qu'ils vont s'en sortir, quoi qu’il arrive. Manque un souffle épique. Quant à la fin, je l’ai trouvée précipitée : tout s’accélère d’un coup, comme si l’auteur devait rendre le manuscrit avant minuit.

Luna Incognita a du souffle visuel, un rythme maîtrisé et une ambiance réussie. J’ai tourné les pages avec plaisir, mais je n’en suis pas ressorti bouleversé. J’en attendais plus, surtout après Les naufragés de l’Institut Fermi, que j’avais trouvé plus complexe. En revanche, j’ai apprécié que l’auteur tente un autre sous-genre au lieu de rester dans la veine de son premier roman. Malgré tout, je signe pour le prochain. Enfin, si c’est encore de la SF, faut pas déconner.

Une légère déception du côté du troll : "Luna Incognita est ainsi un roman prenant à la dominante sociale. Le récit aurait gagné à une narration plus dynamique"

1 commentaire:

  1. Ça ressemble un peu à une histoire qui aurait pu se dérouler sur Terre, sans SF, sans que ça change grand chose. C'est juste une interprétation erronée ou y'a un peu de ça ?

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