Le Faucon de Malta-City
Jean-Christophe Gapdy, 2025, Pulp-factory, 262 p., 16€ papier
Même dans l’espace, personne n’échappe aux notes de bas de page.
Pitch de l'éditeur :
En cette année 2105, les Gerulf sont chargés, par la commandante Xiān de
la Spatiale, de retrouver une agente de leur service de renseignements
disparue mystérieusement sur Europe, la Planète des Androïdes. La
situation sur place est délicate, l’équilibre spatiopolitique de cette
lune de Jupiter y est en effet fragile.
Les deux privés vont vite se rendre compte que l’enquête n'est pas aussi
facile qu’ils l’escomptaient. Une conspiration semble se tramer dans
les rangs de la Spatiale, alors qu’une autre disparition, celle d’un
cadet, serait liée à leur affaire.
Sur Europe et dans les coursives d’un
vaisseau-amiral de la Spatiale, les deux androïdes devront démêler un
écheveau complexe pour découvrir la vérité afin d'éviter des
conséquences dramatiques pour tout SysSol.
Mon ressenti :
Des jumeaux détectives sont envoyés sur Europe et à bord d’un vaisseau spatial, pour élucider la disparition mystérieuse d’une espionne en mission. Particularité : les détectives sont des androïdes bardés d’IA… et empathes.
Troisième enquête de Gerulf (la 1ère ici, la 2nde là), pas de panique : ce tome se lit très bien séparément.
Deuxième info capitale avant d’entrer dans le vif du sujet : l’auteur est annotomane. Un fan de l'ampire ottoman ? Non, juste un fan d’annotations ? Il adore les notes de bas de page. Et il s’en donne à cœur joie : sur les 262 pages du roman, il en a casé 65 ! Oui, soixante-cinq. Je sens déjà ta déception : cela veut dire que trois pages sur quatre n’ont pas de note. Scandaleux ? Ou pas… J’en ai lu quelques-unes, et franchement, souvent ma réaction a été : « Sérieusement ? Une note de bas de page pour ça ? » Difficile de généraliser, mais j’ai fini par les ignorer à 99 %. Ai-je raté un truc ? Peu probable, l’auteur lui-même précise qu’on peut tout à fait les zapper. Alors pourquoi en mettre partout ? Eh bien, parce qu’il est annotomane. Et en cette année dédiée à la santé mentale, soyons inclusifs : lisons les auteurs un peu (beaucoup) atteints de cette manie.
La troisième info capitale serait de parler de la couverture, mais halte aux digressions ! Pour faire court : une enquête à lire sans connaître les précédentes. Et si tu croises une note, passe ton chemin sans culpabiliser.
L’histoire démarre de manière un peu retorse - il faut garder ses neurones bien connectés - mais peu à peu se dessine un monde futuriste où l’humanité a colonisé le système solaire. Le chaos règne sur Terre, Mars et la Lune. Les androïdes et robots sont considérés comme ayant des droits. Mais la loi du plus fort reste la même qu'aujourd'hui, la loi est faite par les gagnants, ceux qui dirigent... L’auteur nous peint ce futur par petites touches, sans lourdeur ni pessimisme, et ça fonctionne très bien.
Les fans d’enquêtes emberlificotées seront servis : il n’y en a pas une, mais deux, menées en parallèle. Et les amateurs de polars classiques s’amuseront à repérer les clins d’œil aux films et romans noirs, comme le laisse deviner le titre. Pour ma part, je n’ai pas cette culture, et ça ne m’a pas empêché de suivre l’aventure. Ce que j’ai surtout aimé, c’est la réflexion sur les droits et la différence. L’auteur parle du handicap (transposé ici aux cyborgs) et de la manière dont la société le perçoit. Il fait aussi le lien avec les droits des androïdes, dans une sorte de vallée de l’étrange où leur apparence mécanique contraste avec leur langage et leurs comportements presque humains. Ce décalage questionne notre rapport à l’altérité.
Une enquête de science-fiction bien ficelée, dense mais accessible, où l’humour discret côtoie une réflexion sur la société de demain. Si tu aimes les polars spatiaux et que tu n’as pas peur des petites digressions en bas de page, fonce. Sinon, dis-toi qu’entre deux annotations, il y a quand même une sacrée bonne histoire.
"Troisième aventure, et toujours autant de plaisir à sa lecture." selon Djackdah Riker sur Le galion des étoiles.


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