Un cerveau d'yttrium

Jean-Christophe Gapdy, 2021, Pulp-factory, 283 p., 16€ papier


Un techno thriller malin, prenant et questionnant : comment faire société ?


Présentation de l'éditeur :

Quittant Mars pour Terre, Gerulf et Gerulf ont reçu mission de retrouver le jeune Ludovic et son robot au cerveau d’yttrium. Une enquête en apparence fort simple dont les règles sont pourtant faussées dès les premiers instants. D’abord, leur commanditaire n’est pas celui qu’ils pensaient. Ensuite, Ludovic n’a pas disparu, mais c’est son robot qui s’est évanoui dans la nature en emportant une copie de l’esprit du jeune garçon… Chaque pas leur amène ainsi non pas des réponses, mais de nouvelles questions de plus en plus troublantes, voire inquiétantes.
Quel est le rôle de la professeure Maller, spécialiste de l’intelligence artificielle dont le nom ne cesse de revenir ? Quel est celui de cet androïde libre surnommé Bonaparte ? Qui sont Voahangy, jeune cyborge, et Amélie, chercheuse en nanotechnologie, qui veillent jalousement, l’une sur Ludovic, l’autre sur son frère Daniel ? Qui surveille nos deux enquêteurs ? Est-ce une ombre dangereuse ou un ange gardien discret ?
Si tout débute sur Terre, les pistes qu’ils découvrent vont emporter nos androïdes sur Lune et pourraient bien les conduire jusqu’à Vénus, dans une affaire d’une incroyable complexité, menant nos deux enquêteurs jusqu’au drame…

Mon ressenti :

Suite des aventures (après La reine du Diable rouge) de nos deux enquêteurs un peu particuliers : ce sont en fait des androïdes autonomes. Cette fois, un commanditaire inconnu les lance sur terre à la recherche d'un jeune et de son robot disparu.

Polar et SF font en grande majorité un bon mélange, ce qui est le cas ici. Une enquête retorse qui va nous emmener à travers le système solaire et  faire découvrir ce monde futuriste dont la particularité est l'existence de clones, robots, androïdes et cyborgs. Et c'est surtout ici que le roman tire son épingle du jeu en nous parlant du comment de ce vivre ensemble. Comment s'intègrent ces minorités au sein de la société alors que leurs droits ne sont pas toujours reconnus ? Les androïdes ne sont pas ici une transposition homme machine, ils pensent - "compulsent" dans le texte - différemment, de même pour leurs agissements. Cependant, les avancées technologiques rendent certains capables d'un ersatz de sentiments. On se retrouve vraiment dans la tête d'un androïde. Cerise sur le gâteau, cela permet de nous interroger sur notre société aujourd'hui. En outre, cela reste fort compréhensible, je pense, par un lecteur qui découvrirait le genre.
L'enquête est de bonne tenue, se complexifiant au fur et à mesure du récit. Les références au polar noir des années 50-60 donnent une atmosphère bienvenue, remplie de clins d'oeil.
Au final, j'ai dévoré ce roman d'une traite et j'ai encore plus aimé que le premier tome.

Trois bémols cependant, qui ne gâchent en rien le plaisir de lecture :

- J'ai remarqué que les dernières publications de l'auteur avaient une propension à être envahies de notes de bas de page. Dans le cas présent, 71 pour 283 pages ! C'est beaucoup trop, surtout que certaines auraient clairement pu ne pas y être.

- Deuxième bémol, il faut avoir lu la première enquête pour lire celle-ci, alors qu'à mon sens, de petites modifications dans l'histoire auraient pu en faire une enquête autonome. Mais bon, le premier étant très bien aussi, pourquoi s'en priver ?

- Troisième et dernier bémol, le plus regrettable, du fait de l'éditeur. Je me retrouve dès lors dans une situation un peu bancale, ayant reçu ce roman en service de presse.
Pulp-factory étant un micro éditeur, je veux bien passer sur le fait qu'il n'y a pas de version numérique, même si je trouve cela regrettable. Le souci est que l'achat via CB n'est pas possible sur le site de l'éditeur. Et les deux moyens de paiement sont le virement et le chèque. Pour ce dernier, les jeunes ne savent pas ce que c'est ou ne savent pas le remplir, d'autant qu'il faudra acheter des enveloppes et un timbre et trouver où déposer le tout ! Pour le virement, protection bancaire oblige, il faut créer le compte de virement et attendre 2-3 jours pour qu'il soit validé et procéder enfin au paiement. Bref, à part les vieux à la retraite, une bonne partie des lecteurs potentiels auront déjà jeté l'éponge et acheté un autre roman d'un autre éditeur... Ce que je trouve dommageable pour l'éditeur et surtout pour les auteurs. Cette mésaventure m'est arrivée moi-même avec un roman du catalogue que je voulais lire et dont j'ai abandonné devant la complexité de la commande.
L'éditeur fait des efforts pour se faire connaître sur le web en organisant des discord avec les auteurs régulièrement, mais ne va pas au bout de la démarche en proposant la CB...

Mise à jour 08/02/2021 : Suite à un échange avec l'éditeur, ce dernier m'indique qu'il va bientôt modifié sa boutique en ligne, qui proposera dans sa nouvelle formule le paiement par CB.
Le paiement par CB n'était pas possible à cause du paiement différé à partir d'une certaine somme de son précédent partenaire, ce qui mettait l'éditeur dans une situation financière difficile.

Mise à jour 21/02/2021 : La boutique propose désormais l'achat via CB, plus d'excuses...

Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse.

13 commentaires:

  1. Merci pour cette chronique.
    Sinon, en l'an de grâce 2021, proposer des livres au format numérique n'est pas un luxe mais une nécessité ! Et surtout, proposer un moyen de paiement simple et international comme la carte bancaire ou PayPal, ceci vis-à-vis des lecteurs d'autres pays francophones qui souhaiteraient pouvoir accéder au catalogue de cette maison d'édition. Dans mon pays par exemple, il y a plus de 10 ans que le paiement par chèque a été aboli. Et ouvrir un compte chez un tiers pour procéder à un paiement, c'est exclu pour ma part. Je me réjouis de voir évoluer cette boutique, afin qu'elle soit conviviale pour les acheteurs, mais aussi, pour que les livres des auteurs de cette maison d'édition puissent être lus au-delà des frontières françaises, ce qu'ils mériteraient amplement.

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    1. Je ne peux que plussoyer.
      L'éditeur m'a dit qu'il allait bientôt changer de boutique et proposer le paiement par CB.

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  2. On peut toujours passer par un libraire ?
    Sinon,c’est vrai,on ne sait pas toujours où envoyer un chèque. Ça fait beaucoup de questions..

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    1. Oui, ou par Amazon et consorts
      Mais lorsque j'achète un livre chez une petite structure, je préfère passer directement via l'éditeur : pas de frais pour les intermédiaires.

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  3. Le chien critique, consultant marketing pour Pulp-Factory.
    Tu es à jour sur les écrits de l'auteur (et tu as maintenant la bave aux babines) ou il t'en reste quelques anciens ?

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    1. Et gratos en plus !
      En ce qui concerne les écrits de l'auteur, vous n'avez pas fini d'en bouffer, il me reste une novella, une nouvelle dans une antho et un roman feuilleton à chroniquer !
      En fait, covid oblige, l'auteur a vu toutes ses parutions 2020 paraitre en même temps.

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  4. Ca me fait penser que je n'ai toujours pas essayé cet auteur. Tu le vends bien, je vais me laisser tenter un de ces quatre.

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  5. Merci pour la découverte, je note d'aller voir le premier tome ^^

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  6. Pourquoi pas ? Mais il faudrait d'abord que j'attaque par le premier.

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