Viser la lune

John Scalzi, L'atalante, 2025, 400 p., 13€ epub sans DRM


Viser la Lune, ça me fait pas peur.
Mais avec Scalzi, c’est la Lune qui te regarde… à travers ses trous.


Pitch de l'éditeur :

« Qu’en est-il des rumeurs circulant depuis la semaine dernière selon lesquelles les morceaux de roche lunaire rapportés par les astronautes du programme Apollo se seraient eux aussi transformés en fromage ? Pourrait-on sacrifier un de ces trésors (pour la science !) à des fins d’expériences culinaires ? »

La Lune, du jour au lendemain, est métamorphosée. Là où basalte et anorthosite régnaient en maître, les observations attentives sont unanimes : notre satellite s’est transformé en fromage.

 

Mon ressenti :

Scalzi, j’adore.
Alors apprendre que son nouvel opus part d’une idée absurde m’a fait frétiller la queue :  la Lune est transformée en fromage (gruyère ? emmental ? je ne spoilerai pas !). En outre, mon auteur chouchou, Robert Charles Wilson, est le roi des “et si un événement impossible arrivait ?”, alors c’est champagne pour moi.

La Lune est donc désormais en fromage. À partir de ce postulat lunaire (littéralement),: Scalzi déroule des conséquences scientifiques, sociales, politiques, médiatiques… On suit des gens ordinaires, des scientifiques, la NASA, un auteur un peu trop visionnaire et bien entendu des bigots et complotistes en tout genre. On traverse ainsi un cycle lunaire de tranches de vie tantôt drôles, légères, dramatiques… Et c’est là que Scalzi m’a surpris : je pensais qu’il allait partir dans une grosse pochade et il m’a pris à contre-pied. Le procédé de démultiplier les histoires aurait pu me lasser, mais il relance régulièrement l’intrigue, rallume l’intérêt. Ce roman dit beaucoup de notre société : comment un événement extraordinaire révèle nos biais, nos peurs... C’est presque sociologique, et ça fonctionne très bien. Autre réussite : la façon dont il donne chair aux personnages. Certaines histoires ne font que deux ou trois pages, mais elles sonnent juste. 

Mais car il y a toujours un mais : en multipliant les personnages et histoires, l'objet finit par devenir un peu inconsistant. J'aurai aimé moins de trames et plus de développement de certaines histoires. Je me suis attaché à certains personnages et j'aurais voulu rester plus longuement avec certains personnages auxquelles je m’étais attaché et faire plus connaissance. C’est la limite du format.

Les remerciements valent aussi le détour : Scalzi y évoque certains fans généreux en “conseils” c’est un peu effrayant. On y apprend aussi que ce roman clôt une trilogie, et même en ayant la justification de l’auteur, je reste sceptique sur son rattachement.

Un bon cru, malin, parfois touchant, parfois comique...
Mais si tu cherches avant tout l’émotion pure dans ton voyage lunaire, je te conseille de filer lire le magnifique Les Champs de la Lune de Catherine Dufour.

 


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