Andrei Marsov
Didier Reboussin
DRM free
Galaxies SF
Jean Pascal Martin
Julia Verlanger
Ken Liu
Revue
Shweta Tanej
Stéphane Miller
Thierry Faivre
Thomas Geha
Galaxies SF n.58 : Julia Verlanger
Galaxies SF, mars 2019, 226 p. (numérique), 5€ epub sans DRM
Ken Liu, Serge Brussolo, Michel Jeury, Thomas Geha/Xavier Dollo et bien entendu Julia Verlanger : une belle affiche que nous propose ce numéro.
Et je vous le dit sans roulement de tambours, les atours (sauf la couverture !) sont aussi beaux que le contenu. Si vous voulez en connaitre plus sur qui se cache derrière le prix Julia Verlanger remis lors de chaque Utopiales, une seule direction, la boutique en ligne de la revue.
Grande revue de détails du contenu :
Et je vous le dit sans roulement de tambours, les atours (sauf la couverture !) sont aussi beaux que le contenu. Si vous voulez en connaitre plus sur qui se cache derrière le prix Julia Verlanger remis lors de chaque Utopiales, une seule direction, la boutique en ligne de la revue.
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Nouvelles
Ceux qui restent, de Ken Liu
Une singularité apparait dans le monde, il est désormais possible de télécharger son cerveau dans un ordinateur. Finit la mort, Vive l'immortalité. Dans un mode en déliquescence, beaucoup font le choix de quitter le navire. Mais pas tous.
Ken Liu choisit une approche humaine de ce trope de la SF et nous fait vivre cette singularité à travers le regard, et le choix, d'une famille dans un monde post apo. Un bon texte sur ce qu'est la Vie après ce bouleversement. Je regrette juste une maladresse : comment, dans un monde qu'on imagine de plus en plus dépeuplée et dont la technologie régresse, entretenir tous ce réseaux de machines ?
La fille qui saigne, de Shweta Tanej
De la SF indienne, pas très courant. Dans un monde post apo, la fertilité des femmes est devenue une rareté, une famille a la chance de toucher le pactole, une de leur fille vient d'avoir ses règles.
On pourrait croire que du fait de leur rareté, la place des femmes en Inde s'améliore, et bien...
Il y des choses qui ne changent pas, ou seulement en pire. Le monde imaginé par Shweta Taneja est réaliste, elle nous fait rentrer rapidement dans son histoire et son marché. Une réussite en seulement quelques pages avec en bonus une bonne chute.Un texte assez pessimiste sur le genre humain.
Le nouveau superviseur, de Jean-Pascal Martin
Futur lointain, les hommes récupèrent les produits miniers sur des exoplanètes. Les machines ne font pas tout, la main d'oeuvre est toujours nécessaire, main d'oeuvre qui a fait l'objet d’amélioration génétique pour pouvoir s'adapter . Et les mineurs restent ce qu'ils sont, travail harassant, vestiaires remplis de posters sexistes. Petit retournement de paradigme ici, critique sociale d'autre part, mais rien n'y fait, j'ai trouvé cela très anecdotique.
L’Amour dans les brumes du futur (Russie -1924), de Andrei Marsov
Petite nouveauté à partir de ce numéro, avec une nouvelle patrimoniale datant d'avant 1948. Un texte russe écrit par un auteur obscur qui aurait pu, dû ?, rester dans les archives. A part une critique de l'état soviétique, nous sommes dans une SF ode à la liberté. Ni le style, ni l'histoire ne m'a fait vibrer.
Espérons que l'archéoSF sera plus flamboyante dans les prochains numéros.
Immersions, de Stéphane Miller *
Une nouvelle drogue fait son apparition permettant de faire des tentatives de suicide virtuelles. C'est linéaire et on connait la fin de suite, les personnages sonnent creux...
Casus Belli, de Thierry Faivre *
La nouvelle est présentée de cette manière "Du bon space opera comme on n’en fait heureusement encore". Pas sûr de partager cet avis. Une présence humaine est détectée dans une région de l'espace contrôlé par des aliens visqueux. Pour éviter une guerre interplanétaire, un vaisseau va tenter de repêcher l'intrus. On se croirait devant un épisode de Doctor Who, la référence n'est pas usurpée ici. Ecrit dans un style old school, il faut prendre le texte au second degré. Mais cela reste un exercice assez vain au final
Dossier Julia Verlanger
Croisière au long du fleuve, Didier Reboussin
On attaque enfin le dossier consacrait à cette dame plus connue sous le nom de Gilles Thomas dans la collection Fleuve Noir Anticipation. Se dessine le portrait d'une écrivaine populaire (et fière de l'être) qui n'avait pas sa langue dans sa poche, ce qui dénotait dans le fandom de l'époque. On apprend au final peu de chose sur la personne, Julia étant un peu secrète, mais quelques anecdotes apportent un éclairage bienvenue, notamment sur sa trilogie de l’Autoroute sauvage. Se dessine surtout une vision du fandom et du monde de l'édition des années 70. Une belle entrée en matière
Certains ont pensé qu’elle avait pris le pseudonyme de Gilles Thomas parce que les éditions du Fleuve Noir délivraient une littérature plutôt masculine et que la présence d’un nom féminin y était officieusement proscrite. C’était sans doute vrai sous François Richard, où la mère d’André Caroff, Mme Carpouzis signait ses romans José Michel. Même punition pour Jane Andrée Péheu qui se cachait derrière le pseudonyme de Jean Murelli. Je pense pourtant – Julia intégra le Fleuve quand François Richard y régnait encore – qu’il n’y avait là qu’une partie de la vérité. Julia possédait suffisamment de tempérament pour imposer son premier nom d’auteur et n’était pas, à ma connaissance, particulièrement sensible à cet aspect de la question. Ce n’était pas une « faible femme ». Le vrai problème c’est qu’à l’époque le Fleuve Noir exigeait l’exclusivité du nom d’auteur, ce qui imposait en règle générale d’en utiliser un autre si l’on voulait être édité ailleurs (à l’exception de Carsac et Barbet qui avaient conservé leurs pseudonymes, mais Barbet devait signer ses romans au Masque du nom d’Olivier Sprigel…). C’est donc probablement pour cette raison qu’elle opta pour celui de Gilles Thomas. Il y aurait eu ainsi une œuvre signée Julia Verlanger, écrivaine connue dans le Landerneau de la SF essentiellement comme nouvelliste et celle d’un petit jeune, sans passé, avec le champ libre devant lui. Cela reste une hypothèse. Quand nous nous sommes vus pour la dernière fois, Gilles Thomas venait juste d’apparaître, et je ne me souviens pas que nous ayons abordé ce sujet. Il semble que Julia ait voulu garder le secret sur ce pseudonyme. Elle reprochera ultérieurement à Michel Jeury de révéler le pot aux roses lors d’une convention de SF.
Les lecteurs plébiscitèrent ses livres. Julia avait beaucoup de respect pour eux. Elle écrivait par passion, bien sûr, et si cela pouvait améliorer les fins de mois de son couple, c’était tant mieux ; mais jamais au détriment de son public. Elle s’élevait d’ailleurs contre l’attitude que d’autres affichaient : « Et le lecteur ? demande une petite voix timide. Le lecteur ? kekseksa ? On s’en fout, de ce con-là ! Qu’il ferme sa gueule ! Comment ? On s’applique à lui décrasser la cervelle, à le hisser vers les Hauteurs Sublimes, à le faire “réfléchir”, et il ne serait pas content ? Mais qu’il aille en vitesse se faire cuire une pierre philosophale ! Vérité Première selon nos petits prophètes : c’est public ? Beurk ! C’est dégueu ! Personne n’y pige rien ? C’est évidemment supra-génial ! »
Une jungle de diamants, Xavier Dollo
L'introduction ressemble un peu trop à l'article précédent mais apporte un contrepoint intéressant sur la SF politique des années 70 :
Actuellement, se croyant investie d’une Mission Sacrée, elle [La SF] nous délivre du Message. Tant de Messages que le pauvre lecteur, ahuri, patauge et s’enlise dans des marécages d’ennui. » « La SF française a toujours eu cette maladie fâcheusement moutonnière de suivre le courant des Modes. Elle se voulait autrefois littéraire avant tout. Au profit de fioritures de style pas obligatoirement heureuses, elle oubliait l’essentiel : raconter une histoire. Elle l’oublie toujours, hélas.
Julia écrivait comme on parle, et ses amis savent qu’elle parlait bien. Si bien qu’à la lire aujourd’hui, on a toujours l’impression de l’entendre. Stefan Wul
Mais la suite permet de s'attarder sur l’archétype des personnages et des sujets dans les romans de
Julia Verlanger. Au final, une analyse de l'oeuvre qui donne envie de s'y plonger. Un très bel article. A la vue de cette connaissance quasi intime de l'oeuvre de son aînée, cela ne m'étonne guère que Thomas Geha/Xavier Dollo a voulu lui rendre hommage dans ses romans autour de l'univers Alone.
La voix au téléphone, qui me parlait du futur, Serge Brussolo
Texte paru en annexes de l'intégrale des oeuvres de Julia Verlanger parue chez Bragelonne.
Serge Brussolo revient sur son amitié avec l'autrice, et d'une dame qui parait froide au premier abord, nous découvrons un peu mieux celle qui se cache derrière cette façade. D'un article qui aurait pu tomber dans l'anecdotique, nous apprenons au final beaucoup sur cette autrice. Et comme l’article plus haut, nous en apprenons encore plus sur le monde de la SF de ces années 60-80
Elle apportait de pleines brassées d’émotion dans un genre qui, la plupart du temps, est à peu près aussi sentimental qu’une équation mathématique. À force de trop s’astiquer les idées, on se dessèche de partout ailleurs, c’est bien connu.
Julia ne faisait pas dans le bricolage ricanant, genre : « Je vaux beaucoup mieux que ça, c’est juste pour payer mes factures. » Elle aimait écrire pour un public populaire, le distraire, le faire rêver. Elle n’avait pas honte d’être lue par un autre lectorat que celui des agrégés de Normale Sup’ ou des intellos parisiens qui prennent facilement racine dans n’importe quel cocktail pourvu que le whisky coule à flots. [...] Car dans les années qui suivirent, on se soucia fort peu du lecteur, ce qui comptait, c’était d’être apprécié par les trente « maîtres à penser » du fandom. Les autres ? Quels autres ?
Plus anecdotiques, Entretien avec Bruno Lecigne qui nous donne un aperçu du travail éditorial autour des adaptations en BD par Les Humanoïdes Associés depuis 2006 de quelques romans.
L'interview de Julia Verlanger par Hans-Claudius Platt parue dans la revue Lunatique no 20, en février 1966, qui montre surtout les progrès qui ont été fait dans les questions posées aux auteurs depuis : il s'agit en fait d'une retranscription d'après souvenir d'une conversation menée durant trois heures. C'est court et on y apprend pas grand chose, mais cela reste l'une des seules interviews qui restent. Pour vous donner un type de question réponse, celle ci vaut son pesant d'or :
HCP : Envisagez-vous de continuer à écrire, et quelle sera votre future production ?JV : J’envisage éventuellement d’écrire plutôt un roman que des nouvelles. J’ai déjà un titre : Les Portes sans retour. [Julia Verlanger m’expose le thème de ce roman : c’est très alléchant !]
Correspondances, Michel Jeury / Julia Verlanger donnent quelques extraits de lettres, trop court, et trop souvent, il manque le contexte pour se faire une réelle opinion sur les réponses de l'autrice.
Le dossier se clôt sur 4 nouvelles :
Les rois détrônés, de Julia Verlanger
Dans un futur où la population vieillit, les jeunes sont portées aux nues et ils ont désormais tous les droits jusque leur majorité. Mais l’arrivée sur le marché d'un médicament qui ralentit le vieillissement va changer la donne. Deux jeunes un peu délinquants vont faire les frais de ce revirement. La SF est ici prétexte à un texte sur les rapports conflictuelles entre jeune et adulte, entre politique progressiste et politique réactionnaire. Le message l'emporte malheureusement sur le récit.
Répression, Julia Verlanger
En ce début des années 80, Julia Verlanger, sous le pseudonyme de Gilles Thomas, en avait marre d'entendre certains utilisait le mot de répression à tort et à travers, son texte montre ce que signifie ce terme pour elle dans un avenir proche où arrive au pouvoir un gouvernement prônant un ordre nouveau. Alors que les premières semaines ne montrent aucun changement, des étudiants qui font le blocus de leur fac vont découvrir dans la pratique ce qu'est une politique répressive. Un texte très violent, qui montre aussi les lâchetés des uns et des autres face à une certaine résistance. Glaçant.
Après moi le déluge, Didier Reboussin
L'homme a désormais coloniser d'autres planètes et s'en sert comme pourvoyeuses de matières premières, détruisant ainsi les biosphères. Un propriétaire de cirque va tenter de tirer profit d'un sabotage, mais une clique d'écolos va lui donner du fil à retordre. Un texte à l'ancienne, la planète se nomme Gadoue, sur les méfaits de l'exploitation à outrance des ressources de notre planète via une résistance passive mais radicale.
Les ressources de l’univers sont illimitées et à notre disposition ! Consommons, gaspillons : le monde est fait pour cela et après nous le déluge ! Ces fous, eux, parlaient d’équilibre, de préservation des biosphères… Mais qu’est ce que cela voulait dire, respecter un équilibre ? Et à quoi cela servait-il ? Des fous, ce n’étaient que de pauvres fous ! On ne vivait qu’une fois alors autant y aller carrément ! De toute manière, la seule chose qui comptait c’était le fric !
Guarden, Thomas Geha
Thomas Geha a rendu hommage à Julia Verlanger à travers ses romans autour d'Alone, ou dans cette nouvelle Guarden. Dans un monde post apo, un alone se fait capturer par d'étranges créatures. Pourquoi ? Une nouvelle légèrement fantastique qui prend un ton résolument SF. Bien aimé
J’avais connu quelques Alones qui avaient fait d’elles leurs compagnes de route. Plus rarement de chiens, dont les espèces s’étaient éteintes les unes après les autres. Peut-être avaient-ils été trop longtemps les gentils toutous à leurs papas et mamans. Tant et si bien qu’ils avaient beaucoup servi de bidoche fraîche aux vrais animaux sauvages… et aux hommes qui mouraient de faim après la Grande Cata. Quant aux chats, ces indépendants notoires, ils avaient proliféré. Un chat, c’est débrouillard. Un chien élevé pour paresser dans un salon, beaucoup moins.J’avais fini par penser que l’homme était un peu chien, sur la durée.
Musique et SF : Brian Lustmord
Un genre inconnu de moi, le dark ambient, un artiste dont je n'ai jamais entendu parler, Brian Lustmord. Assez sombre, mais d"inspiration SF, Jean-Michel Calvez nous dit tout sur ce musicien.
La Bio-Mimétique, Pierre-Emmanuel Fayemi
Troisième partie d'un dossier consacré à l'innovation, il est question ici de la nature comme inspiration technologique, notamment à travers le Shinkansen, un TGV urbain japonais, le gecko, un animal collant ou encore l’imeuble Eastgate Centre d’Harare inspiré d'une termitière. Une bonne mise bouche qui s'avère bien trop courte, j'aurais aimé en apprendre d'avantage.
L'article Entretiens avec des professionnels de l’innovation * portent bien son nom. Cela parle innovation donc, inspiration et créativité, le tout saupoudré de SF. Cela se résume en fait à une explication de métiers, de CV et m' apparu surtout comme une mise en avant d'entreprises.
Sous le Scalpel du Docteur Stolze, Chroniques de lecture et (S)trips s'attardent sur quelques sorties de romans et BD. Trop de romans sont sortis il y a quelques mois, bref, si vous cherchez à en savoir plus sur les futures parutions pour préparer votre banquier, ce n'est pas ici qu'il faudra venir regarder. La revue étant bimestrielle, j'ai été très étonné de ne pas y voir les sorties printanière.
Les testes avec un astérisque * sont disponibles gratuitement en téléchargement sur le site de club galaxies https://clubgalaxies.yolasite.com/Téléchargements.php
Après ma lecture de sa trilogie de La terre sauvage, sa plume m'avait donné envie de continuer à lire de ses textes, ce dossier ne fait que me conforter dans ma décision.
L'édition epub fait toujours autant plaisir à lire. Cher Bifrost, je ne peux que vous conseiller de contacter la personne qui en à la charge, elle pourrait vous donner deux trois astuces...
Un deuxième son de cloche sur Les chroniques de l'imaginaire
ah! tu m'as convaincue. Il me faut ce numéroo!
RépondreSupprimerUn très bon numéro
SupprimerJe risque de prendre ce numéro (la trilogie "La Terre Sauvage" est un gros coup de coeur), et pas m'abonner. Car à ta revue des différents numéros le contenu semble très inégal, et parfois la couv fait peur ! Dommage pour eux car il y a matière à faire des choses quand même.
RépondreSupprimerNous sommes dans les grands-huit avec les numéros de cette revue.
SupprimerJ'ai testé, mais je n'ai ^pas été convaincu. J’achèterai par la suite aux numéros aussi.