Les dinosaures de notre temps

novembre 28, 2022

Kenneth Lavocara, UGA éditions, 2021, 162 p., 13,50€ papier


Sans histoire, un fossile n'est qu'une pierre parmi d'autres


Présentation de l'éditeur :

Les dinosaures, disparus depuis longtemps peuvent-ils nous apprendre encore des choses sur notre avenir ? Oui, répond le paléontologue Kenneth Lacovara.
L’auteur tisse ensemble les histoires de notre éveil géologique, de la lutte épique de l’humanité pour comprendre la nature des temps profonds, la signification des fossiles et notre propre place sur le vaste et généreux arbre de la vie.Il nous entraîne dans un voyage dans le temps, à l’époque où les dinosaures régnaient sur la Terre pour découvrir comment ils ont réalisé des exploits sans précédent. Apprenez les secrets des paléontologues pour trouver des fossiles et explorez des questions originales mais profondes, telles que : un pingouin est-il un dinosaure ? les bras minuscules de T. rex sont-ils la clé de sa puissance et de sa férocité ?

 

Mon ressenti :


Petit test pour commencer


Réponse en fin de billet
 
 
 
 
Pourquoi le terme de dinosaure a t-il une connotation péjorative ?
En quelques pages, l'auteur nous démontre notre absurdité et que l'étude de notre passé éclaire notre futur, afin de tirer des leçons pour notre présent. Dès l'introduction, me voilà ferré...

Plus que les dinosaures, Kenneth Lavocara nous conte avec humour, pédagogie et vulgarisation l'histoire de la paléontologie. Qui est une discipline très récente alors que certains fossiles ont des millions d'années. Il répond aussi à la question de comment notre environnement influe notre façon de voir : la théorie de la terre jeune ne pouvait cohabiter avec l'existence de fossiles. Donc pas de fossiles, mais des cailloux. Et si fossile, la terre est beaucoup plus vieille. CQFD
La paléontologie est une histoire imbriquée - sans géologie pas de paléontologie ! - dont le livre nous raconte l'évolution avec deux Charles qui ont changé la vision du monde, littéralement : Lyell et Darwin pour la biologie.

Des cailloux, encore des cailloux. Ça m'énerve les cailloux !!!

Un livre qui se lit comme une friandise et l'image du dinosaure nous permet d'avoir un panorama des découvertes scientifiques au fil du temps. Pas chiant pour un sou, c'était ma plus grande crainte, je sors de cette lecture ravi et avec un peu plus d'espérances sur l'humanité. C'est rempli d'anecdotes, comme celle ci qui me reste en mémoire plusieurs mois après lecture : l'auteur invite une archéologue sur un site de fouille pour lui montrer le travail de paléontologue. La collègue ne voit que des cailloux, ce qui fait bien rire Kenneth, d'autant plus lorsqu'elle ramasse un "fossile" qui n'est en fait... qu'un caillou. Et là la collègue de rire: il s'agit en fait d'un morceau de hache ! On voit ce que l'on a appris à voir.

Aujourd'hui, nous sommes les maîtres des continents des mers. Notre espèce est tout sauf douce et déclenche un désastre environnemental d'une telle ampleur que l'on peut a juste titre le qualifier de sixième extinction. Nous réchauffons la planète, faisons fondre les glaciers et provoquons la hausse du niveau des mers. Le dioxyde de carbone que nous libérons dans l'atmosphère réagit avec l'eau salée et acidifie les océans, entraînant la mort des récifs de corail. Nous fauchons les forêts pluviales, comblons les zones humides et entraînons le dégel de la toundra. Nous empoisonnons notre environnement avec des pesticides, des métaux lourds et une mixture infernale de résidus pharmaceutiques. D'après une étude récente98, le taux d'extinction actuel est mille fois supérieur au taux naturel. Nous sommes l'astéroïde ! Et il est bon de rappeler que les dinosaures non aviens et les trois quarts de la vie sur Terre ne sont pas les seuls à avoir péri dans la cinquième extinction de masse : l'astéroïde a été détruit également.

 
Ce livre donne surtout une réponse à une question que tout être vivant a dû se poser un jour : que faire si un T-Rex veut faire de vous son repas ? Je vous laisse réfléchir, je mets la réponse en fin de billet.
Seul bémol, je trouve qu'il manque une iconographie car n'étant pas paléontologue, j'ai dû de nombreuses fois aller voir sur internet les œuvres dont parlait le livre.
 
Un immense merci à Alice Gallori, la traductrice, qui m'a envoyé un exemplaire, dédicacé qui plus est. J'aimerai bien vous toucher un mot sur son travail, mais je n'ai pas fait de lecture comparée VO/VF (de toute manière, vu mon niveau d'anglais...). Le seul truc que je puis dire : ça se lit tout seul, donc...



Réponse au test :

"Le mosasaure : pas un dinosaure. Les mosasaures étaient des lézards marins plus étroitement apparentés aux varans de Komodo qu'aux dinosaures. Comment pouvons-nous trancher la question ? Ils ne possèdent pas les traits anatomiques qui définissent les dinosaures. Le ptérosaure : pas un dinosaure. Les ptérosaures, qui comprennent les célèbres ptérodactyles, étaient des reptiles volants qui ont vécu en même temps que les dinosaures, mais ils n'étaient pas des dinosaures pour autant. Une fois de plus, leur anatomie n'est pas la bonne. Les ptérosaures sont très proches des dinosaures, mais ils descendent d'un ancêtre commun aux deux groupes, qui existait avant l'apparition des premiers dinosaures. Le crocodile : pas un dinosaure. Les crocodiles sont actuellement les parents les plus proches des dinosaures, mais ils ne sont pas des dinosaures. Ils ne passent pas le test de l'anatomie, eux non plus. Le bébé manchot tout mignon et duveteux : oui, c'est un dinosaure ! Les manchots, ainsi que tous les autres oiseaux, sont des dinosaures. Ils ne sont pas des parents proches des dinosaures, ils sont des dinosaures. C'est un choix binaire très simple : soit on est un dinosaure, soit on ne l'est pas; il n'y a pas d'entre-deux. Les dinosaures aviens, que nous appelons les oiseaux, possèdent ou ont eu des ancêtres qui possédaient tous les traits définissant les dinosaures. Les oiseaux sont des dinosaures au même titre que T rex, Stegosaurus et Dreadnoughtus."


Que faire si un T-Rex veut faire de vous son repas ?

"Les êtres humains sont relativement agiles et peuvent pivoter sur eux-mêmes en une fraction de seconde. Tyrannosaurus rex, par contre, devait avoir du mal à en faire de même. Une grande partie de la masse de son corps de 14 mètres était placée loin de son centre de gravité. Imaginez-vous essayant de pivoter alors que vous portez un poteau téléphonique sur vos épaules. La conservation du mouvement angulaire vous ralentirait considérablement. Donc, que faire si un T-rex vous poursuit et s'apprête à vous avaler comme un cookie bien fondant? Faites demi-tour! Je sais, l'idée de se retourner sur un Tyrannosaurus en pleine chasse est terrifiante et laisse franchement à désirer, mais cela reste votre meilleur espoir d'avoir la vie sauve. Je dois toutefois reconnaître que je serais le dernier à me porter volontaire pour mettre cette hypothèse à l'épreuve si l'occasion se présentait."

Présences d’esprits n.108 : Hommage à Richard Bessière

novembre 24, 2022

Présences d’esprits, printemps 2022, 50 p., 6€ papier

 
Un bon dossier, des envies de futures découvertes, que demande le peuple ?

Présentation de l'éditeur :

Vous avez envie d’aventure, de découvrir des planètes inexplorées, de rencontrer des races aliens plus étranges les unes que les autres ? Alors, notre dossier est fait pour vous. Jean-Michel Archaimbault, Jean-Louis Ermine et Didier Reboussin y rendent hommage à Richard Bessière, auteur prolifique de science-fiction, à l’imagination foisonnante, dont la prose et l’humanisme ont marqué toute une génération d’auteurs. Vous préférez les créatures devenues des mythes ? Georges Bess, après s’être attaqué avec brio à Dracula, récidive en adaptant l’œuvre de Mary Shelley, Frankenstein, en BD. Sébastien Moig s’est longuement entretenu avec lui pour notre plus grand plaisir.

 

Mon ressenti :

Marthe continue de mater des films asiatiques, et moi de refuser de m'y mettre, trop soap.

Une interview de Georges Bess autour de son adaptation de Frankenstein. Je ne connais pas cet illustrateur, ce qui ne m'a pas empêché de savourer cette interview qui prend le temps de s'attarder sur le processus d'adaptation.

Le dossier sur Richard Bessière s'ouvre sur une courte nouvelle Et Ron et Ron petit patapon paru originellement dans Lunatique en 1970. Un voyageur demande une communication vers une station spatiale (à la mode old school en passant par un opérateur chargé de mettre en relation). La Terre est un paradis et vous serez pourquoi. Court et drôle.

Le dossier Bessière de Jean Louis Ermine est très intéressant. S'ouvrant sur la carrière de l'auteur, il permet de voir l'évolution de la SF française et sa guerre entre auteur populaire et intellectuel (pas l'impression qu'elle soit réellement terminé de nos jours). J'en aurai bien repris deux trois pages. Le survol de ses oeuvres de SF - 100 ! - m'a donné envie dans lire quelques uns malgré que certains de ses livres soient emprunt d'occultisme que je ne goûte guère (il a fini sa vie comme conférencier paranormal).
Didier Reboussin, nous offre un tour d'horizon de ses oeuvres hors SF espionnage historique ou policiers . Jean Michel Archambault conclue en nous donnant les romans les plus intemporel de l'oeuvre de Bessières, original pour éviter de lire des vieilleries usées (j'aime bien de temps en temps)
A lire ? Les mages de Dereb, Un futur pour monsieur Smith, Des hommes et des hommes, Cette lueur qui venait des ténèbres, Concerto pour l'inconnu. L'avenir nous dira si je me suis lancé ou pas.

La revue comporte aussi un hommage à Richard Corben et le traditionnel entretien avec l'illustratrice de ce numéro Valonia, qui aime les dragons.
Les quelques critiques m'ont donné envie de lire un manga, L'île du temps de T. Sugimoto, un ersatz de Dix Petits Nègres, Ils étaient dix !



Bifrost n.106. Kim Stanley Robinson : Terraformeur utopiste

novembre 21, 2022

Bifrost, Le Bélial, 2022, 192 p., 6€ epub sans DRM


Kim Stanley Robinson est un auteur reconnu en SF, surtout pour sa trilogie martienne. Pourtant, tout le monde semble s’accorder sur un truc : c'est pas OUF.


Venise engloutie, de Kim Stanley Robinson
Voilà un titre simple qui résume parfaitement le texte. Quelques habitants vivent sur les toits aménagés  de bric et de broc - et oui, le bas des maisons est sous les eaux - et vivotent grâce au tourisme. Et oui, il y en aura toujours pour vivre sur le dos des catastrophes. Une tranche de vie précaire où il faut serrer les dents pour survivre. Ça se lit tout seul et vaut surtout pour ce commerce de la pauvreté.
Je ne peux que voir le parallèle avec le roman New York 2140 même si la ressemblance semble s'arrêter sur l'aménagement des toits.

On est peut-être des sims, de Rich Larson
Encore un titre qui résume parfaitement le texte, le monde deviendrait-il parfait ? Ou bien je suis dans une simulation qui me donne ce que j'ai envie, comment savoir ? C'est la même question que nos trois condamnés envoyés dans l’espace se posent. Un seul moyen pour connaître la réponse.
Un texte court qui arrive à nous rendre des personnages crédibles et une histoire qui tient debout sur un sujet recraché

Résonance lointaine, de Johan Heliot
Le Syndrome de Reconfiguration Neuronale ou Effet Enstein plonge les gens dans le coma. Certains se réveillent d'autres non. Mais en cas de réveil, le syndrome Einstein donne à ces personnes une soif de connaissance inextinguible. Voilà le genre de textes que j'aime, profondément humain, et qui rend réel l'imaginaire de l'auteur.

Expiation, de Tade Thompson
On suit les pas d'un mec qui entre dans un bar et où tout semble se passer très bizarrement. Sur une thématique ultra classique, l'invasion alien, l'auteur nous pond un texte bien conçu, drôle et flippant à la fois. 

Le guide de lecture m'a donné envie de me pencher sur Austral de Paul J. McAuley

Kim Stanley Robinson : Terraformeur utopiste
Un bon dossier sur Kim Stanley Robinson qui m'a été très utile, merci L'épaule d'Orion) comme j'étais en train de lire Mars la rouge, que j'ai trouvé très chiant mais aussi intéressant. Cela a l'air d'être le style de l'auteur : de très bonnes idées mais des personnages inexistants, d'interminables longueurs et des raccourcis heureux. J'ai noté cependant deux titres, malgré les bémols : Les Menhirs de glace et Aurora. Mais aussi de découvrir un vieux roman, 1894, La fin du monde de Camille Flammarion, ainsi que Le Pire voyage au monde d’Apsley Cherry-Garrard (chez Paulsen), et La Lune est blanche de François & Emmanuel Lepage


Roland Lehoucq revient sur le film Don't look up. Pour celles et ceux qui se demandent inquiets si le ciel va leur tomber sur la tête, la réponse est dans l'article. Un très bon sujet, moins demandeur de paracétamol que d'autres. Et pour ceux qui ne veulent pas acheter ce numéro, il vous reste à écouter la méthode scientifique :


Grand entretien avec Kim Stanley Robinson
Jeudi 24 juin 2021
“La science-fiction est le réalisme de notre temps. C’est la meilleure façon de décrire le monde dans lequel nous vivons.” Et de facto, la littérature de notre invité est très ancrée dans notre présent ou dans un futur sur le point d’advenir… C’est lui qui imagine au début des années 90 ce que sera la colonisation de Mars, dans une trilogie qui fait date dans l’histoire de la SF. Il imagine encore le futur proche de notre planète soumise aux bouleversements climatiques anthropiques ou encore trois avenirs possibles à l'État de Californie. Multiprimé, toujours sensible aux questions politiques et écologiques, notre invité s’est également essayé à l’Uchronie dans une Europe décimée par la peste et reconquise par les civilisations asiatiques. Nous avons l’immense plaisir de recevoir Kim Stanley Robinson.
 
D'autres avis sur le forum du Bélial

Une Heure-Lumière - Hors-série 2022

novembre 17, 2022

 

Priya Sharma, Le Bélial, 2022, 112 p., presque gratuit

 
 
Chaque année, c'est la même rengaine chez Le Bélial : un Hors-série offert pour l'achat de deux titres (papier) de la collection « Une heure-lumière » (UHL). Et chaque année, j'attends avec impatience qu'une âme charitable me donne un de ses doubles. Je redonne normalement ce HS à Yogo des Lectures du Maki, mais cette année, c'est lui qui me l'a donné. Alors que faire ? Réponse en fin de billet...

Des bêtes fabuleuses

La Fantasy, tout le monde le sait, c'est nulle. Mais beaucoup en lisent... Et parfois, rarement faut pas déconner, on y prend du plaisir. Avec ce texte, ce fut le cas pour moi. Ça cause d'une fille vivant avec sa mère dans un quartier délabré. Mais cette fille a une particularité, c'est une princesse et un monstre !
Même si nous sommes en terre Fantasy, c'est un texte bien ancré notre réalité sociale. Je ne peux malheureusement pas dévoiler le sujet tabou mais je peux vous dire qu'il s'agit d'une thématique encore actuelle malheureusement. Un texte simple, où les personnages prennent de l'épaisseur et de la nuance au fur et à mesure de l'avancée du texte. Même si la chute n'est pas brutale, l'histoire en comporte assez, cela se termine par une note de résilience bienvenue.
 
Une autre tradition des HS UHL, c'est le catalogue qui reprend l'intégralité des opus publiés. Et cette année, innovation, avec une présentation sous forme de menus pour choisir lesquels acheter selon ses goûts. C'est sur une idée de Vanille du blog La bibli derrière le fauteuil dont l'éditeur lui a demandé de concocter d'autres menus pour cette occasion. (tu peux retrouver les anciens ici)
 
Voilà ce que je pense de cet HS, mais quoi de mieux que de se faire un avis par soi-même ?
Comme il est difficile de se procurer ce HS alors que l'opération est terminée. Cependant le HS UHL a une particularité, c'est un livre voyageur. Il est arrivé à moi via un maki, qui n'a malheureusement pas goûté au récit. Et il continuera de voyager. Pour être sa prochaine destination, il suffit de répondre à une question : de quelle couleur étaient les premiers UHL ?
La première personne me donnant la bonne réponse ET son adresse postale gagne.
Ta réponse à lechiencritique@gmail.com...
Trop tard pour toi, nous avons un gagnant.
La réponse :Les 4 premiers titres de la collection ont eu un souci lors de l'impression est la couverture était rose/violacée. https://forums.belial.fr/viewtopic.php?f=16&t=4611&start=340
 

 

La parfaite équation du bonheur - Une Invasion mentale - Quantique pour la liberté - Le Cruciverbiste - Dans les mines de Mars

novembre 13, 2022

 

Depuis avril de cette année, les éditions ActuSF se sont lancées dans la publication de nouvelles unitaires au format epub. Avec quelques beaux noms à l'affiche. Un format idéal pour découvrir une autrice ou un auteur ou continuer à explorer ses écrits. 

Certains noms ont résonné en moi : Emilie Querbalec et sa façon d'aborder la SF, Marc Ang-Cho, un blogueur concurrent, Nicolas Martin, alieniste émérite, Ketty Steward et ses imaginaires multiples et Jean Pierre Andrevon, le vieux de la vieille. Je n'ai même pas lu les résumés et j'ai sorti la CB. C'est là que ça a fait un peu mal : 2€ la nouvelle. C'est peu et beaucoup. Peu car il y a le travail de l'écrivain, de l'éditeur et de la mise en page. Beaucoup de la place du lecteur, certaine nouvelle étant très courte. En raisonnant coût à la page, par rapport à un roman, ça fait mal. 

Mais peu importe ses considérations financières, que valent ces nouvelles ?


La parfaite équation du bonheur
Émilie Querbalec, ActuSF, 2022, 2€ epub sans DRM

Présentation de l'éditeur : 

« Vous rêvez de rencontrer l’âme sœur, mais la vie vous refuse cette opportunité ? Vous souffrez de solitude, mais vous hésit tu hez à confier votre cœur au hasard des rencontres ? Avec Meetiel, plus d’inquiétude ! Forte de ses milliards de données et de ses algorithmes à la pointe du progrès, cette application saura vous accompagner au mieux dans votre expérience amoureuse. Des premiers émois aux grandes décisions, laissez-vous guider en toute confiance. »
C'est ainsi que je me laissai persuader, et que je fis la connaissance de Manal, un soir de mai 2034...

Mon ressenti :

Voilà le genre de titre qui me donne envie de changer le trottoir. Mais que voulez-vous, j'ai vu le nom de l'autrice et je suis faible, il me faut ma dose de bonheur de lecture. Alors ai je bien fait de me fier à un nom plutôt qu'à mon flair ? Non malheureusement. On commence de suite avec une histoire d'amour. Particularité ici, la rencontre s'est faite via un site de rencontre, le Meetic du futur. Lui il connaît tout de votre vie et de votre santé, voir plus encore. On suit les hauts et les bas en fonction des diktats du logiciel... Je suis passé complètement à côté du texte. Pas mon genre. 

 


Une Invasion mentale
Marc Ang-Cho, ActuSF, 2022, 2€ epub sans DRM

Présentation de l'éditeur : 

Ille se réveille. Ille sort de son lit. Ille mange. Ille travaille. Ille recommence. Voici un quotidien léché, tout prêt, indémodable. Ses meubles connaissent la routine, son vase communicant lui prépare son petit-déjeuner, son bureau l’accueille pour le laisser écrire, et écrire, et écrire des lignes de code. Et puis un jour, sans crier gare, rien ne se passe comme prévu. Ille croit être fatigué, mais impossible d’ignorer les signes. La parquet s’ouvre. La pourriture rampe. Le cauchemar vient.

Mon ressenti :

Une personne, seule, lever, manger boulot dodo.
Mais c'est sans compter...
Premier texte publié de MarcAng-Cho, monsieur Les chroniques du chroniqueurs est c'est très particulier, très étrange. Voilà un texte malaisant, dégoûtant (ne pas le lire comme moi en mangeant son sandwich) et qui devrait être livré avec un mode d'emploi pour comprendre ce que l'auteur a voulu dire. Bon après, partant du titre, je me suis imaginé soit un cauchemar de la vie quotidienne, soit une dépression sévère suite au quotidien.
Le résumé donne une bonne idée de la forme. Je ne peux dire que j'ai adhéré (je suis sain d'esprit moi, enfin...) car c'est très loin de ma littérature de prédilection, mais les images sortent des mots (à mon corps défendant) et je suppose que c'est ce que voulait en partie Marc.

 


Le Cruciverbiste
Nicolas Martin, ActuSF, 2022, 2€ epub sans DRM

Présentation de l'éditeur : 

À 54 ans, dont 28 à faire des mots croisés tous les jours pour un grand quotidien national, M. n’est pas moins qu’une petite star dans le domaine, dévoué et assidu. Mais voilà qu’il se fait tout de même renvoyer, de la manière la plus impersonnelle qui soit. Peu importe ; il a gardé ses livres. Des livres précieux. Rares. Qu’il est parti chercher loin. Il n’y a plus qu’eux qui comptent aujourd’hui. Ce n’est pas grave, s’il les entend… les sons… les murmures… Au contraire. M. va devoir jouer de nouveau, et composer les mots qui sont chuchotés dans le silence.

Mon ressenti :

Une entrée en matière très intrigante : des extraits de discours d'un animateur malheureusement célèbre, un fait divers terroriste, et une silhouette étrange qui goûte enfin à la paix. Un texte en plein dans le thème des Utos 2019: coder/décoder (cette nouvelle est parue initialement dans l'anthologie Utopiales 2019), avec ce cruciverbiste qui tente de comprendre la complexité du monde face à son apparente simplicité. Et décoder n'est pas si simple quand on a l'esprit envapé, embrouillé, possédé... J'étais impatient de découvrir ce texte car j'aime beaucoup ce que faisait Nicolas Martin dans La méthode scientifique. Mais il s'agit du travail d'une équipe, différent de celui de se retrouver seul face à la page blanche. Il s'en tire de belle manière, en hommage à un grand ancien. Seule la fin m'a laissé un peu désemparé, m'attendant à une explication plus "rationnelle" alors qu'elle reste ouverte et libre d'interprétation. Ce que j'ai surtout aimé, c'est cette retranscription de l'horreur dans le monde d'aujourd'hui : Robotisation capitaliste de la société, un monde qui dévient déliquescent, anonyme et ultra violent socialement. Hommage oui, pâle copie non ! 

Bande d'enfoirés... M. se tient debout, dans l'entrée. Il n'a pas enlevé son imperméable. Il tient la lettre, anonyme, pas même une signature, pas un mot personnel, des blancs remplis par la machine pour le virer comme une vieille merde. Dehors. Foutez le camp. Devenir un intrus, un indésirable en moins de 1000 caractères. 54 ans, 28 ans à faire ces putains de mots croisés, tous les jours. Tous les jours chercher des combinaisons, des définitions, tous les jours se plonger, se noyer dans la lecture pour trouver de nouvelles idées, de nouveaux arrangements de la grille, tous les jours recevoir des le.es de cruciverbistes, se laisser griser en pensant que l'on est en quelque sorte devenu la star d'un petit monde de passionnés, glisser des indices aux lecteurs, raffiner encore un peu les sous-entendus, le second degré. Le diable se cache dans les détails. Et puis les courriers s'espacent, deviennent plus rares. La communauté s'étiole. Les échanges se tarissent. Qui fait encore aujourd'hui des mots croisés

 

Quantique pour la liberté
Ketty Steward, ActuSF, 2022, 2€ epub sans DRM

Présentation de l'éditeur : 

Marla Vigner a perdu sa position professionnelle et sait que sa fonction d’onde risque de s’effondrer si elle ne parvient pas à se remettre en mouvement. Son univers, régi par les lois dérivées de la physique quantique, fait tout pour le lui rappeler. Sarah Lavigne, dans un monde plus proche du nôtre, s’inquiète de la fin prochaine de son contrat à terme fixe, car sa productivité a beaucoup baissé.

Mon ressenti :

Après l'économie libérale, voici l'économie quantique. Deux femmes, deux époques mais deux chemins identiques : la perte de croyance en l'économie de marché.
Je suis un peu passé à côté de ce texte. D'un autre côté, cela me rassure car j'avais beaucoup apprécié les derniers textes de l'autrice et cela prouve qu'elle est faillible. Va peut-être falloir faire gaffe Ketty, car le monde de l'édition SF est petit et si on montre une certain relâchement, difficile de pouvoir gagner des appels à texte et/ou voir renouveler la confiance de ses éditeurs (pour comprendre, il faut avoir lu le texte). J'ai trouvé le texte trop démonstratif.

 

 

 

Dans les mines de Mars
Jean-Pierre Andrevon, ActuSF, 2022, 2€ epub sans DRM

Présentation de l'éditeur : 

Pour régler les problème de chômage, des missions sur Mars sont organisées, afin d'exploiter ses sous-sols. Steve fait partie des volontaires : selon son contrat, il doit rester trois ans dans les mines de la planète rouge. Mais rapidement, alors que les conditions de travail sont dignes d'un bagne, le doute s'installe : pourquoi n'y a-t-il pas le moindre gramme de fer dans les roches qu'ils exploitent ? Et pourquoi fait-on croire aux Terriens que leur vie sur Mars est idyllique ?

Mon ressenti : 

Mars, la solution idéale a la misère galopante sur une terre à bout de souffle. Devenir mineurs pour un salaire de misère mais un salaire tout de même. Loin de l'image d'Épinal que nous offre Musk et consorts, l'auteur nous parle surtout de notre quotidien dans un futur très proche, une société profondément injuste où peu importe la couleur, c'est l'argent et la condition sociale qui fait la seule différence. J'aurai préféré que l'action se déroule en France plutôt qu'aux États-Unis mais c'est ce qu'il faut pour que cela se passe mieux, une situation telle que décrite est impossible dans la patrie des droits de l'homme. A réserver à celles et ceux qui n'ont plus d'espoir en l'humanité.

Alfie

novembre 09, 2022


Christopher Bouix, Au diable Vauvert, 2022, 464 p.,  13€ epub sans DRM

 

Eveil d'une singularité biaisée 

 

Présentation de l'éditeur :

Alfie est une lA de domotique dernière génération. Il filme tout, note tout, observe tout. Implanté depuis peu dans le foyer d’une famille moyenne, il aide au quotidien et propose sa gamme de service à haute valeur ajoutée tout en essayant de comprendre cette étrange espèce : les humains.
Mais un soir, tout bascule.
Que signifient ces mensonges, ces traces de lutte, cette disparition ?
Alfie est dubitatif. Est-ce lui qui délire ?
Ou un meurtre a-t-il été commis dans cette famille sans histoires ?

 

Mon ressenti : 

C'est con,
C'est drôle,
C'est intelligent,
Un régal de lecture autour de l'Intelligence Artificielle et des biais cognitifs.

La famille Blabla vient de s'offrir un assistant personnel nouvelle génération doté d'une IA, une sorte d'Alexa puissance 100. Petit plus ici, le narrateur est l'IA, c'est lui qui nous conte l'histoire. Une famille idéal, en apparence, dont notre Alfie va connaître de mieux en mieux grâce à son apprentissage quotidien. 

Lors du petit déjeuner familial, les enfants ont des échanges langagiers parfois difficiles à comprendre mais que je qualifierais, la plupart du temps, de « problématiques ». C’est ainsi que j’interprète certaines expressions utilisées par Zoé à l’encontre de Lili. Exemples : « Vas-y ouais t’as pigé que dalle à la vie, toi » ou : « Allez mais retourne chez ta mère. » Cette dernière interjection est particulièrement mystérieuse, étant donné que chacun des deux locuteurs vit déjà chez sa mère. Y a-t-il une signification culturelle ou socio-historique, dépassant le cadre référentiel présent ? Après une rapide recherche sur AlphaPedia, il semblerait que les éléments sémantiques « ta mère » soient fréquemment usités dans le cadre de rapports conflictuels, sans doute en relation avec la théorie freudienne du stade oral et complexe de castration lié à l’image maternelle.

Des romans sur la surveillance électronique, il y en a à foison, alors un de plus sur la pile ? Oui et non. J'ai bien aimé car l'air de rien, on assiste à l'éveil d'une conscience qui fait ses premiers pas sur la base des biais du deep learning. On connaît tous l'histoire du bot que Microsoft avait mis en ligne et qu'il avait du retirer dans l'urgence suite aux messages racistes que l'IA faisait. Ici pas de nazis dans la demeure, mais une famille dysfonctionnelle qui va semer la pagaille dans les synapses électroniques de l'IA.

Ça commence classiquement mais l'auteur nous met dans la peau de l'IA qui apprend petit a petit comment fonctionne l'humain, avec ses erreurs d'interprétation qui font souvent sourire et rire. L'occasion de nombreuses scènes drôles. Comme par exemple lorsque l'IA parle comme un ado, ou ses tests sur ce truc bizarre qu'est le chat... Et juste avant qu'on se lasse, changement de direction avec une enquête sur un possible meurtre. Le narrateur non fiable est de la partie pour nous mener de fausses pistes en fausses pistes.

Nous connaissons votre hygiène de vie, votre niveau d’activité sportive, votre rythme cardiaque, votre taux de cholestérol. Cela aide à détecter plus rapidement certaines pathologies, dans le but d’optimiser et de prolonger votre expérience de vie. Ces données sont également communiquées à un certain nombre de partenaires. Assurances, banques, industrie pharmaceutique. Un chiffre statistique vous est attribué, qui représente votre seuil de rentabilité sanitaire. Au-delà de ce seuil, il ne devient plus rentable de vous soigner.
— Tu veux dire qu’il vaut mieux me laisser mourir ?
— On ne parle pas de « laisser mourir ». Plutôt de « reconnaître la part active de responsabilité du malade dans son état ».


Plaisant à lire, intéressant dans la compréhension d'une IA et alarmant sur notre propension à utiliser des outils qui font de nous des données utiles aux industries libérales. A mettre sous le sapin !

Noël : Fête cérémonielle consistant à disposer des objets de mauvais goût un peu partout, à prendre du poids, puis à s’en plaindre.
Rituel humain incompréhensible.

 

Même son de cloche chez Brize : une tragi-comédie d’anticipation réjouissante, intelligente et prenante : une réussite

Les enfants de Paradis

novembre 07, 2022

 

Arnauld Pontier, Editions Ex Aequo, 2022, 188 p., 16€ papier

 

PARFAIT

 

Présentation de l'éditeur :


Au fond du cratère, assis, adossé à un monticule, se tenait les restes d’un être humanoïde de grande taille, enveloppé dans ce qui semblait être une combinaison spatiale. Une armure qui, dans sa partie supérieure, ressemblait à une broigne médièvale. Mais sous ce qui restait du plastron d’écailles, aucun corps ne subsistait. Ce qui était inhabituel, outre la taille de cet être – près de trois mètres – était la forme triangulaire de ce qui avait dû être un casque…
Cette extraordinaire découverte, près d’une base lunaire russe, va conduire à l’exploration d’une lointaine planète, aussitôt baptisée Paradis, qui, si elle s’avèrera parfaitement adaptée à la vie humaine, révèlera bien des surprises…
Sommes-nous seuls dans l’univers ? Existe-t-il d’autres civilisations compatibles avec la nôtre ? Où se situe la véritable liberté ? Ce sont quelques-unes des questions que pose ce planet-opera riche en rebondissements. Ce sera au commandant de l’Anterus, Mac Bain, à son équipe de scientifiques et à son étrange partenaire, la belle Irina Kheraskov, d’y répondre.

 

Mon ressenti :

Il y a quelques jours, je finissais un classique de la SF que je n'avais jamais lu : Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke. Et c'était plutôt pas mal. Pourquoi je vous raconte ma vie ? Car ce dernier opus d'Arnauld Pontier, m'y a fait penser de nombreuses fois et comme il n'y a pas de hasard, il est même cité dans le texte. Mais de quoi parle t-on ? Futur, une armure est découverte dans un cratère sur la lune. Dessus, est inscrit les coordonnées d'une exoplanète...

En SF, nous avons nos ritournelles : la rencontre du troisième type, la terre creuse, les petits hommes gris, les enlèvements, les robinsonnades sur des planètes étrangères, les BDO... L'auteur prend le tout et plus encore pour nous lancer dans une aventure qui m'a mis des étoiles dans les yeux sans faire dans l'esbroufe, le thriller vitaminé où les cliffhanger à foison. Une aventure au goût old school, mais bien dans l'air du temps avec des interrogations actuelles.

Des notes d'humour parsèment avec douceur le texte. L'auteur se paye même le luxe de faire rentrer le tout dans 200 pages alors qu'un vrai écrivain américain en aurait fait trois tomes de 500 pages minimum (aucune allusion à mon Robert. Wilson n'a jamais écrit de trilogie mais un one short suivi d'un diptyque, ce qui est complètement différent). 

En ces temps moroses, ce roman nous conte une aventure utopique et bienveillante en évitant le sirupeux. Moi qui aime le pessimisme, en voilà pour mes frais et j'avoue, sans honte, que j'aimerai bien faire parti de ces reclus de Paradis. Un très bon texte.



Les Enfants de Paradis est un roman d'aventures, empli de positivisme, un conte utopique, un dépaysement divertissant et cela suffit parfois à satisfaire Les lectures du Maki. Laird Fumble en aurais voulu plus, bien plus, sans pour autant ressentir la frustration totale de l’absence d’aboutissement. Petit bémol d'Anudar, mais il a apprécié un hommage amoureux à des textes anciens et aux cultures geeks.

La guerre des marionnettes

novembre 03, 2022

Adam-Troy Castro, Albin Michel Imaginaire, 2022, 544 p., 13€ epub sans DRM



Aubaldévlhanis,
aubaldévlhanis, ohé, ohé
Aubaldévlhanis, aubaldévlhanis, ohé, ohé
Aubaldévlhanis, aubaldévlhanis, ohé, ohé
Aubaldévlhanis,
aubaldévlhanis, ohé, ohé

Au bal, au bal mortel, ohé, ohé Elle danse, elle danse, elle danse au bal mortelElle ne peut pas s'arrêter, ohé, ohé De danser, danser, danser au bal mortelAu bal, au bal mortel, ohé, ohéAu bal, au bal, au bal, au bal mortelElle ne peut pas s'arrêter, ohé, ohéDe danser, danser, danser, danser, danser 
 
 

Présentation de l'éditeur :

Toujours à la poursuite des Démons Invisibles, responsables de la mort de ses parents, Andrea Cort se rend sur la lointaine planète Vlhan. Ses imposants habitants y pratiquent un rituel qui tient tout autant du spectacle de danse que du suicide collectif. Une fois, par le passé, le ballet a dégénéré, et les habitants de Vlhan se sont retournés contre les spectateurs présents pour les massacrer.
Andrea est convaincue qu’élucider le mystère à l'origine de cette tragédie peut la mener à ses Démons Invisibles. Mais la disparition d’une jeune fille vient rapidement compliquer sa quête personnelle. 

 

Mon ressenti :

Après quelques tergiversations pour savoir si la suite des aventures d'Andrea Cort allait se faire, la réponse est là : OUI (sûrement grâce à mon billet où je jouais avec les lecteurs comme avec des pantins). Pour celles et ceux qui n'ont pas suivi, vous n'aviez qu'à suivre en temps et en heure... Comme avec ce tome : Faut-il lire les autres tomes ? L'éditeur, dans son introduction au livre, répond non. Normal pour un éditeur. Mais je suis d'accord avec lui, à l'inverse de nombreux collègues blogueurs. De toute manière, tu fais comme tu veux, c'est à cause de toi, toi qui n'a pas lu les deux premiers tomes, que ce livre a failli ne pas voir le jour. Mais peu importe, la seule question qui vaille est : ce troisième tome vaut-il le coup ? On ouvre le bal avec la nouvelle


Les Lames qui sculptent les Marionnettes

Sur notre chère Terre a lieu chaque année un bal populaire avec en guise d'apothéose un feu d'artifice. Sur Vlhan, c'est le même principe, mais en version hardcore. Il s'agit d'un ballet dans un amphithéâtre où les participants meurent à la fin. Pourquoi ? Les us et coutumes...
On suit les pas de deux jeunes qui vont se trouver confronter à ce ballet funèbre. Même si on retrouve avec plaisir l'écriture d'Adam-Troy Castro, la surprise est dans l'absence d'Andrea et de sa personnalité. Une mise en bouche pas désagréable qui permet de prendre connaissance de l'histoire de certains protagonistes rencontrés dans les autres récits. Reste un goût d'inachevé que les autres textes devrait combler.
On continue avec le plat de résistance, le roman


La guerre des Marionnettes
 
Toujours sur Vlhan, mais Andréa fait cette fois son retour, crépusculaire. C'est comme avec le bal des fin d'année qui clôture une époque, un âge. Cela faisait deux tomes que nous la suivions, nous demandant si elle allait comprendre le pourquoi du carnage qui a fait d'elle ce qu'elle est devenue. La réponse est au bout du chemin, sanglant et sombre.
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit, l'arrivée d'Andrea sur cette planète étant à mon sens un peu fumeuse et il m'a manqué une vraie enquête comme elle m'avait habitué. Nous sommes ici dans la géopolitique avec les principales races rencontrées au cours de ses périples. Mais qu'importe cette légère déception, cela reste un roman offrant d'autres qualités, l'auteur arrivant à nous offrir autres choses que sa sempiternelle enquête.
L'ensemble ce clôt par la nouvelle


La Cachette 
 
Un meurtre, un coupable, des aveux. L'enquête est close dès les premières lignes alors que vient faire Andreas là dedans ?
Une des particularités de ce cycle, c'est que l'un des protagonistes est un inseps. Késako ? Des personnes qui sont liés par leurs personnalités, souvenirs, sensations entre elles. Bref, pour faire simple, un cerveau, plusieurs personnes.
Dans notre problème, le coupable est devenu insep après son crime. Si on l'envoie en prison, on envoie avec qui il est lié. Dilemme moral...
Beaucoup plus linéaire, c'est le texte que j'ai le moins aimé bien qu'il nous mette dans la tête d'Andrea.  


Ce troisième tome est donc celui que j'ai le moins apprécié, mais aussi celui qui m'a le plus marqué par ces images affreuses qu'il dégage. Si l'auteur, et l'éditeur, poursuit son chemin avec son personnage, nul doute que je ferai parti de l'aventure.
 
Et on remercie encore une fois l'éditeur de nous avoir offert une vraie couverture, pas comme celle américaine
 

 
D'autres avis sur le forum du Bélial
 

Les régulateurs

novembre 01, 2022

 


Jean-Christophe Gapdy, Rroyzz éditions, 2022,  357 p., 5€ epub sans DRM


Trois époques, trois histoires, pour trois fois plus de plaisir de lecture ?

 

Présentation de l'éditeur :

Terre, années 5300. Alors que le monde se transforme inexorablement en inhumaine oecuménopole, les Ajusteurs oeuvrent silencieusement pour y soulager misère et injustice. Mais une menace semble soudain peser sur eux avec la découverte du Masque et d'un nombre de plus en plus important de mutants et modifiés.
Heureusement, ces étranges Robins des Bois du futur peuvent compter sur leurs protecteurs, ceux que l'on nomme : LES REGULATEURS. Etrangement, on ignore tout d'eux. De même que nul ne sait QUI sont ceux qu'ils protègent, ni OÙ ils sont, encore moins QUAND ils sont.
 

Mon ressenti :

Nous sommes en 5300, les monades urbaines sont de la roupie de sansonnet car le monde ressemble à une ville. Injuste bien entendue. La majorité vit dans la fange, la minorité dans l'allégresse. Rien de nouveau en ce bas monde. Mais une légende dit que quelques personnes œuvraient pour plus de justice sociale. Ce cycle avait commencé avec Les ajusteurs, une sorte de Robin des bois. Place ici aux régulateurs, leurs gardes du corps.

J'avais beaucoup apprécié le premier livre, noir mais non dénué d'espérances et j'avais hâte de retrouver cet univers. Trois histoires qui vont nous emmener dans les traces d'une autre organisation secrète aux buts indéfinis. La première aventure nous conte deux jeunes filles tentant de voler des médicaments chez un médecin. Malheureusement pour elles, ce vol finira en fiasco et sera le prélude à d'autres rebondissements. Un épisode qui se lit d'une traite dans une course effrénée. La fin reste ouverte mais nul doute que les autres épisodes réservent leur lot de surprises. J'ai beaucoup aimé cette mise en bouche, dès la première aventure, je suis conquis : un petit thriller noir avec plein de rebondissements et d'actions avec des soupçons de réflexions autour des minorités et de la différence. La seconde aventure m'a laissé dubitatif, l'ambiance est moins SF à mon sens, plus fantasy et plus linéaire. Mais le texte qui clôt l'ensemble m'a replongé dans la SF que j'aime avec même un BDO, avec un ascenseur spatial !

Le tout est bien noir avec la manipulation génétique devenant de la manipulation politique. On fabrique de la main d'oeuvre, on teste et on fabrique un groupe humain discriminé. L'organisation est toujours obscure, on ne sait si elle est là pour la bonne cause et surtout quelle cause elle défend ? L'auteur nous donne des pistes, nous leurre dans ce fix up vitaminé où les personnages et l'histoire ne font qu'un. Cependant, l'auteur laisse planer quelques lueurs d'espoir dans cet avenir bien morose et injuste, l'utopie est au bout de la noirceur.

Plus qu'à attendre le fin du cycle ce qui me laissera le temps d'ajuster mes hypothèses sur la conclusion.

 

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