Actes sud
Albin Michel Imaginaire
L'atalante
La Volte
Le Bélial
Les couvertures de livres de SF : avec ou sans clichés ?
Du difficile choix de la couverture
En ces temps où les éditeurs de SF trouvent un peu trop palot leur chiffre d'affaire par rapport à leur camarades du polar ou encore plus de la littérature blanche, il me semble que les éditeurs font de plus en plus attention à leur couvertures.
Mais ils ont le cul entre deux chaises : plaire au amateurs de SF tout en faisant de l'oeil à un lectorat plus généraliste.
Alors faut-il mettre des robots qui explosent, des femmes obus, des paysages d’exoplanètes, des couleurs criardes ?
Ou opter pour le conservatisme, en suggérant, sans choquer le lectorat généraliste, ni faire fuir l'amateur ?
En outre, les acheteurs ne sont jamais contents, certains voient des vulves, d'autres du gore, alors que pour la maison d'édition et l'illustrateur y voyaient autres choses
Bref, c'est la quadrature du cercle.
Pour moi, pas de soucis, je lis en numérique, le problème est vite réglé, cela ne se verra pas sur mes étagères, et je n'ai pas peur du ridicule dans les transports en commun ou ailleurs...
Mais avant de lire, il faut avoir envie de lire. Et on en revient au problème principal.
Pour moi, qui ne fréquente guère les librairies, la couverture n'est pas ce qui va m'attirer le plus. Amateur de SF, je fais plus attention au marketing des éditeurs, plane sur les forums et les blogs. C'est le contenu qui prime, mais je ne suis qu'une infime minorité.
J'ai décidé d'en faire un billet "pratique" suite aux mésaventures de Gilles Dumay, le boss d'Albin Michel Imaginaire à propos de la couverture d'Une cosmologie de monstres (mésaventure est un peu fort, mais il faut bien que je vous incite à lire mon billet).
Aujourd’hui on me reproche d’avoir trop Lovecraftisé Une Cosmologie de monstres au niveau de l’emballage, mais il faut comprendre un truc : au début je n’avais qu’un roman fantastique d’un inconnu total acheté sur un coup de cœur. Il fallait trouver un angle pour le présenter, j’ai choisi l’angle lovecraftien.
Alors, Une cosmologie de monstres, vous préférez avec ou sans tentacules ?
Peut être que le lectorat de la romance est plus important, auquel cas :
Ou une version alternative et premier degré des livres du Bélial.
Ou encore, toujours chez Le Bélial, on peut tenter le mode savant :
Chez La Volte, l’événement Les furtifs auraient-ils été le même avec une couverture genrée ?
Ou John Scalzi serait-il devenu prix Nobel de littérature si L'atalante avait joué le classicisme ?
Manuel Tricoteaux, Directeur de la collection Exofictions chez Actes Sud, a fait le choix de couvertures non centrées sur la SF (Comment éditer la science-fiction en 2017, La méthode scientifique)
La trilogie d'horreur soft d'Ezekiel Boone donnait à voir de jolies images de bourgades paisibles,
Mais en mettant un peu de frayeur et de gore, on aurait pu avoir cela
Mais pas besoin de jouer avec Photoshop, parfois la réalité suffit :
Après une parution grand format classique chez La Volte, La Horde du
Contrevent s'est pris dans les vents furieux des graphistes de Folio SF,
(ou tentative de bouffer à tous les râteliers ?)
Noosfere |
Ici avec La Planète des singes de Pierre Boole
Et la question ne date pas d'aujourd'hui. Déjà à l'époque, après des
couvertures très sobres, Opta et son Club du Livre d'Anticipation optait
pour des couvertures plus visuelles et accrocheuses :
Pour ma part, je trouve que les couvertures d'aujourd'hui reflètent assez bien le contenu du livre et sont de très belles factures.
Ce qui n’empêche pas quelques hiatus de temps en temps, pour notre plus grand bonheur !
Merci à NooSFere, grâce à qui j'ai pu trouver sans peine les couvertures adéquates.
Les couvertures des nombreux "Le Livre d'Or de la Science-Fiction" des années 80 sont un modèle de ce qu'il ne faut pas faire : illustrations ayant souvent parfois rien à voir avec les nouvelles présentées, femmes nues très fréquentes (certains lecteurs ont dû être très déçus en lisant les recueils^^).
RépondreSupprimerTout un sujet ces couvertures anciennes...
SupprimerJ'adore ton article. Merci pour le lien d'ailleurs.
RépondreSupprimerSinon, c'est vrai que la couverture joue beaucoup dans l'envie de lire un livre je trouve, ça apporte toujours un plus non négligeable.
C'est l'interview qui m'a donné l'idée, c'était la moindre des choses de la mettre en source.
SupprimerLa couverture, c'est le premier contact avec le roman.
Perso, j'adore les couvertures ringardes. Avis aux éditeurs !
RépondreSupprimerAh non, tu as tout un corpus à ta disposition, place aux couv dans le vent !
SupprimerBravo, c'est hilaricieux ! (Pierre Boulle*)
RépondreSupprimerEt bien, j'aurais appris un néologisme de plus
SupprimerExcellent article pour une réflexion qu’à mon avis beaucoup d’éditeurs doivent avoir !
RépondreSupprimerJe me dis que je ne suis pas sure que j’aurais lu « une cosmologie de monstres » avec ta couv’ alternative. Par contre celle du Vieil homme et la guerre est top.
J'aurais passé mon tour avec la couv alternative du Scalzi, mais le vieux est marrant
SupprimerChouette article et réflexion ! Pour ma part je préfère clairement les couvertures de SF d'aujourd'hui, même si ce n'est pas non l'élément principal lors de mes achats.
RépondreSupprimerNous sommes sur la même longueur d'ondes
SupprimerHahaha ça m'a fait rire au départ mais il est vrai que c'est intéressant de voir l'évolution des couvertures au fil du temps.
RépondreSupprimerJe pense que ce sujet pourrait très bien faire l'objet de thèses, il y a beaucoup de choses à en dire en effet.
SupprimerIl est fou. Il est fou et en même temps il est pertinent, c'est presque énervant.
RépondreSupprimerLa dernière couverture de "La Planète des singes", quel scandale.
Heureusement qu'il y a ce côté de ma personnalité, sinon...
SupprimerJe ne sais pas comment ils ont pu laissé passer cette immondice !
J'adore les couv des livres, même en numérique. Ca me permet d’imaginer le contexte de l'histoire en une seule image. Il me faut donc une belle couv pour mes livres de SF !
RépondreSupprimerJ'ai hâte que les liseuses deviennent couleur, pour profiter du travail de l'illustrateur. Même si la couv n'est pas un élément d'achat chez moi, je n'y suis pas insensible.
SupprimerElles arrivent !
Supprimerhttp://www.liseuses.net/liseuse-couleur-de-nouvelle-generation-un-premier-modele-en-2020/
Ahah super billet! Moi j'aime bien les couvertures de Gallimard et Grasset: c'est sobre, ce n'est pas moche, ça n'a pas des trucs bizarres comme des photomontages râtés ou énervants comme des seins, des seins, encore des seins :D
RépondreSupprimerLes seins et la SF, vaste sujet. Peut être l'occasion d'un futur billet...
SupprimerIl y a une époque, certains éditeurs mettaient une couv rigide sobre et ajouté une sur-couverture souple et illustrée (comme OPTA). Le problème, c'est que la couverture souple tenait rarement dans le temps.
"Les seins et la SF, vaste sujet. Peut être l'occasion d'un futur billet..." --> OUI!! Excellente idée, vas-y!!
SupprimerJ'y réfléchis
SupprimerExcellent cet article, tu as bien dû t'amuser à faire ces fausses couvertures.
RépondreSupprimerMais oui c'est tout une réflexion ce qu'on met en couverture. Je me souviens d'une discussion aux Utopiales sur les couvertures de la maison d'édition Alire au Québec, qui ne parlent pas forcément à un public français mais qui parlent tout à fait aux Québecois à priori.
Comme quoi, la grande littérature blanche a compris la méthode : sobriété. Ne rien faire plutôt que décevoir !
SupprimerJ'y avais déjà répondu sur FB, mais c'est tellement drôle et bien trouvé pour tous, le Rivages me fait bien rire ^^
RépondreSupprimerRe-merci.
SupprimerJe vais proposer mes services à GD !
J'avais loupé ce billet. Superbe encore une fois.
RépondreSupprimerMerci.
Quoi, tu ne surveilles pas attentivement chacun de mes nouveaux billets ?
SupprimerEt surtout, comment as tu atterris dessus après quelques mois ?