Mort(s) : 18 mauvaises nouvelles
Les Artistes Fous Associés, 2016, 322 p., gratuit epub sans DRM (15€ papier)
Présentation de l'éditeur :
Les Artistes Fous Associés ont la profonde douleur de vous annoncer la disparition définitive du bon goût littéraire et de la consensualité bien-pensante à l’occasion de la sortie de leur cinquième anthologie : “MORT(S)”. Dans un pied de nez à la Faucheuse, 18 auteurs plus ou moins vivants vous livrent leur déraison funèbre et leurs récits mortels. Pour mettre un point final à l’absurdité de l’existence !
Mon ressenti :
Une obscure maison d'édition associative, gérée par des fous, une édition numérique gratuite : de quoi avoir de sérieux doutes sur la qualité de l'ensemble.
Et pourtant, voici un recueil de très haute tenue qui n'aurait pas à rougir de figurer dans le catalogue d'une grande maison d'édition.
Un mélange de textes de science fiction et de fantastique avec quelques plumes connues ou à connaître. Point commun, ces auteurs savent manier la plume de belle manière.
En outre, c'est bien édité, avec une préface de Vincent Leclercq et chaque nouvelle est brièvement introduite, donnant juste l'envie de découvrir le texte. Quand à l'epub, rien à redire, c'est parfait, prenez en de la graine, maisons d'édition ayant pignon sur rue. Mon seul bémol, les auteurs ne bénéficient pas d'une courte bio, mais leur bibliographie est tout de même présente.
Alors n'hésitez pas, associez vous à ces fous et appréciez ce voyage vers la Mort.
Pour télécharger (ou acheter la version papier), c'est sur leur site
Ne va pas par là, de Martin Lopez
Une petite fille, le jardin des grands parents, et les fameuses interdictions parentales : fais pas ci, fais pas ça. A l'occasion d'une surveillance en berne, la fillette de 5 ans va t-elle braver les interdits ? Et pour quelles conséquences ?
L'auteur nous met dans la tête de cet enfant et nous fait suivre ses aventures de sa hauteur. Un jardin non défriché devient une forêt vierge, une araignée dans un cabanon affole. Un texte sensible dont les visées dramatiques s'emballent peu à peu pour nous cueillir à rebrousse poil.
Cold Mind Art |
Le moine copiste et la Blanche-Face, de Olivier Boile
Je connaissais la science-fiction, la science fantasy mais pas la science fantastique. Voilà chose faite.
Un monastère isolé, quelques moines et un invité mystère.
Assez classique, l'auteur parvient à bien rendre cette atmosphère monacal et les tentations qui s'y déroulent. Même si l'univers n'est qu'esquissé, il participe à l'ambiance de l'ensemble.
Le manoir aux urnes, de NokomisM
Un séminaire sur les corvidés se déroulent dans un vieux manoir hanté (?) et isolé, ravitaillé par les corbeaux !
Texte dans la veine fantastique, l'ambiance et le style m'ont plu, mais j'ai trouvé l'ensemble bien trop convenu, alors que je ne suis pas un inconditionnel du genre. En outre, on devine assez facilement la fin.
Ambre Solis, de Gallinacé Ardent
Une médium a la capacité de se projeter dans les scènes venant d'une photographie. Cependant, ses clients veulent tous des infos sur la mort de leur proche...
Un texte au sujet classique mais traité de manière de plus en plus angoissante. A ne pas lire avant de dormir.
Le fils du tyran, de Stéphane Croenne
Le tyran est mort. Vive le tyran.
Alors que le châtelain pousse son dernier souffle de vie, son fils reprend le flambeau.
Des pensées malsaines pour ce conservateur réactionnaire qui veut répandre la vraie foi. Glaçant.
Oh oui… , de Bruno Pochesci
Et voilà, ce qui devait arriver arriva, dixit Thomas Day, Bruno Pochesci a fini à Pôle Emploi à force d'écrire de la merde. Mais con comme il est, il en a profité pour nous pondre une nouvelle en patientant son tour au guichet, histoire de partir en beauté de ce métier d'ecrivaillon italo-nanard.
Avec ce titre, je pensais me prendre plein la gueule de foutre, mais non, l'auteur me prends à rebrousse poil et préfère se foutre de la gueule de LA mort. Ça casse pas trois pattes à un canard, mais parfait pour patienter avant son tour.
Xavier Deiber |
Le chemin de la vallée inondée, de Diane
Nous suivons les pas d'un androïde de nouvelle génération, doté d'une vraie IA. Mais l'accès à la conscience n'est pas un chemin facile.
Assez classique, mais très bien écrit.
Demain sera un autre jour, de Crazy
Réunion de famille suite à un enterrement, où un père dit adieu à son fils. Un sujet très "blanche" et traité comme tel à la grande différence qu'il s'agit ici de mutants. Comment vivre lorsque l'on est quasi immortel. Un très beau texte tout en sensibilité.
Plus tu t’attaches, plus tu souffres. Moins tu t’attaches, moins la vie est intéressante.
Dur de perdre un être cher dans une société technologique.
Un texte a l’humour grinçant qui fait feu à la bienpensance tout en s'interrogeant sur une des conséquences du clonage numérique. J'ai adoré. Comme quoi on peut faire simple en disant beaucoup de choses. Et ce titre.
Venus Requiem, de Émilie Querbalec
Futur, le voyeurisme fait toujours recette et lorsque des riches ne savent plus somment dépenser leur argent, cela permet d'entrevoir des bénéfices insoupçonnés. Mais qui tire les ficelles de ce jeu de dupe ?
Un univers effrayant avec des jeux qui le sont tout autant. Nous sommes immergé rapidement et on se laisse berner en beauté.
Sebastian “Stab” Bertoa |
Le temps des moissons, de Southeast Jones
Les espèces vivantes reviennent à la vie après leur mort. Un scientifique étudie cette maladie dans un labo militaire. Il nous livre ses mémoires.
Pas des zombies méchants, ils aiment ici prendre le soleil et se prélasser à longueur de journée.
Assez classique dans sa thématique, son final rompt avec ce que l'on est en droit d'attendre de ce genre de récit pour mon plus grand bonheur.
En outre, un passage m'a fait penser à un texte de Léo Ferré : 'Tu nais tout seul tu meurs tout seul entre les deux, il y a des faits divers, des faits divers que je te souhaite de choisir, parce que la plupart du temps, ces faits divers, ils te sont imposés, alors fais tout ce que tu peux pour garder tes faits divers à toi"
Je ne sais pas si l'auteur connait, mais dans la nouvelle, ce passage en est clairement une paraphrase :
L’existence peut se résumer en trois étapes : la naissance, la vie et la mort ; bien que seules la première et la dernière aient une réelle importance. À l’échelle d’un univers que l’on suppose infini et dont la durée de vie est, de notre point de vue humain, ce qui se rapproche le plus de l’éternité, tout ce qui se passe entre les deux n’est qu’une succession de points de détail insignifiants.
Robô, de Xavier Portebois
Des gamins des favelas trouvent un cyborg dans une décharge. Que faire ? Aider ou vendre les pièces détachées.
J'ai bien aimé le fait que cela se situe dans des favelas, ça se lit avec plaisir mais il m'a manqué un peu de développement pour tout à fait me plaire.
Cham |
Die Nachzehrermethode, de Quentin Foureau
L'art est dangereux.
Un docteur tombe en admiration devant un tableau et va tenter de lui rendre vie.
Pour les amateurs de fantastique, de savant fou et d'horreur.
Le mécanisme de la mort du langage, de Mort Niak
Si vous receviez un colis qui n'a que votre adresse, l'ouvririez vous ? Et si dedans se trouvait...
Voilà la mésaventure qui arrive à une famille.
Présenté comme absurde et conceptuel, je ne peux que plussoyer.
Délivre-nous du mal, de Ria Laune
Si tu aimes rire jaune ou une histoire de résilience qui de passe mal. Très mal.
Sujet rarement abordé dans l'imaginaire, la maltraitance sur enfant. Ici nous sommes dans une veine fantastique avec une chute horrible.
Les âmes de la foire, de Vincent T.
Un réalisateur tombe sous le charme d'une de ses actrices, le début d'une épopée étrange.
Je n'ai pas réussi à entrer dans d'histoire ni dans l'ambiance. Cependant, la fin donne un fond inattendu à ce texte.
Tri Nox Samoni, de Jérôme Nédélec
Place a la fantasy avec l'histoire d'un combat entre chefs de clans, l'un respectant les coutumes et l'honneur, l'autre les baffouant sans vergogne.
Le récit m'a pris dans ses filets épiques et a réussi à faire naître des images de cet affrontement ou les dieux observent.
Lenté Chris |
La dette du psychopompe, de Guillaume G. Lemaître
J'ai appris un nouveau terme avec ce texte , epectase, dont il joue - jouit - sur les deux sens. L'histoire d'un nécrophile, du comment il trouve ses partenaires et bien d'autres choses. C'est rempli de sexe, de gore, c'est morbide à souhait mais l'humour noir qui baigne l'ensemble fait passer le tout. Pour public très averti cependant.
"Le mécanisme de la mort du langage, de Mort Niak" : c'est ça qu'on appelle "être prédestiné" ?
RépondreSupprimerExactement.
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