Les coulisses du libraire : Le comptoir de la BD
Parfois, tu franchis la porte d'un libraire et stupéfaction, aucun livre mais des albums d'images, des bandes dessinées dans le jargon. Si tu habites Versailles, tu as peut-être vécu cette drôle d'aventure en passant la porte de la librairie Le comptoir de la BD.
Libraire généraliste et libraire spécialisé sont-ils deux métiers identiques, ont ils leurs particularités ? A comparer avec les réponses d'un libraire qui tient le rayon SFFF interviewé il y a quelques temps.
Un principe identique : Des questions vachardes pour des réponses pimentées. Après lecture, tu découvriras qu'être libraire spécialisé en BD ne te fait pas forcément voir le monde en couleur !
Un grand merci à lui d'avoir pris le temps de me répondre durant ces congés.
Pour faire le tour de la question, nous n'étions pas trop de trois, un travail d'équipe, comme pour un album :
Alys, du blog Cat(s), Books & Rock' n' Roll, qui a joué les entremetteuses
Baroona, du blog 233° C, collaborateur bienveillant mais qui aime aussi parfois bousculé l'interviewé.
Versailles, 90000 habitants : huit librairies généralistes, avec chacune leur rayon BD, une librairie café, une librairie Harry Potter, une boutique de manga et une spécialisée BD, la tienne. Ça ne fait pas un peu beaucoup ?
Ben non pourquoi ? Il y a jamais assez de point de vente sur les livres. En plus techniquement, il y a 1 spé BD seulement.
Pourquoi la BD, pourquoi pas plutôt de vrais livres ?
Parce que la BD, c’est de vrais livres avec des images en plus, c’est pour ceux qui manquent d’imagination.
La BD traîne toujours cette imagerie de sous-art pour ados attardés, de la littérature pas très sérieuse qu’on lit en se cachant. Tu as voulu ouvrir à Versailles pour initier les gens du coin et lui redonner ses lettres de noblesse ?
Techniquement je n’ai pas ouvert cette boutique, je l’ai reprise, elle existe depuis plus de 25 ans. Quand à l’image pour attardés, c’est bon pour les vieux et particulièrement les vieilles mégères, la BD permet aux enfants et même aux adultes d’apprendre plein de choses de manière moins rébarbative
Pourquoi ce nom de boutique, Le Comptoir de la BD ?
Ce n’est pas moi qui ai trouvé le nom : il existe depuis plus de 10 ans dans notre autre boutique à Boulogne (la première), je pense que c’était pour évoquer le voyage, mais aussi le côté bistrot ou l’on peut parler avec le tenancier pendant un moment et aussi un hommage à Goosens, un auteur de BD.
Cela fait deux ans que tu as ouvert, quel bilan en tires-tu ? Y a-t-il une évolution entre ce que tu pensais faire et ce que tu fais aujourd'hui?
Le bilan est plutôt positif, plein de contacts, un renouvellement de clientèle qui se fait par rapport à mes goûts et ce que je mets en avant. Pas d’évolution non, une différence par contre, je pensais pas que libraire était un synonyme de déménageur..
La clientèle a-t-elle évolué ? Et qu’elle est-elle ? Des illettrés ? Des mioches dont les parents veulent donner le goût de la lecture ? Des vieux qui n’arrivent plus à déchiffrer les mots ?
Oui, la clientèle a évolué, il y avait beaucoup de chineurs avant qui venaient farfouiller pour des occasions ou qui voulaient acheter des BD nouvelles d’occasion pour pas payer un artiste à son juste prix (qui n’est même pas payé à son juste prix en achetant neuf). J’avais peu de famille avant car il n’y avait pas assez de place, depuis qu’on a refait en améliorant la circulation, plus de famille, des jeunes, des vieux, des couples, des hommes, des femmes, de tout genre, ça va de l’étudiant au chômeur en passant par de l’avocat, du flic, des personnes importantes...
Tu as deux associés qui travaillent dans une autre boutique sur Boulogne Billancourt, le public est-il le même ? Pourquoi deux boutiques, vous voulez devenir le McDo de la BD et ouvrir des franchises partout en France ?
Bah oui, pour dominer le monde des libraires BD, comme Gilbert, feu Album...
En partant du fait que la part du libraire est d’environ 35%-40% (Soit 6€ pour une BD de 15€), il faudrait vendre plus de 500 livres (25 par jour) pour dégager un chiffre d’affaire de 3000€, auquel il faut retirer les charges fixes (loyer, taxes, ...). J’imagine que le salaire ne doit pas être la motivation première. Comment un libraire peut s’en sortir ?
Le salaire n’est pas la motivation première non, j’ai même eu une baisse de salaire entre mon précédent job et maintenant. Mais ce qui est intéressant c’est d’être ton patron, ton cadre de travail et de vie. Certains préfèrent le pognon à leur vie, j’ai longtemps fait ce choix, maintenant je fais le choix inverse et je m’en porte mieux au jour le jour.
Fauchés les libraires ? Cela permet de s'acheter une belle bagnole tout de même... (source) |
Tu es ton propre patron. Pourquoi ce choix ?
Parce que j’en avais marre de travailler pour des gens qui pensent mieux savoir que moi ce que je faisais. J’étais graphiste avant, et j’en avais marre de voir mes choix graphique dictés et commentés par des vendeurs qui n’y connaissent rien ou des mecs qui passent leur temps dans des fichiers excel. Je suis pas parfait et je fais des erreurs comme tout le monde, mais être jugé par des mecs qui n’y connaissent rien quand tu as 20 ans de métier derrière toi, ça finit par lasser.
Tu fais parti du réseau Canal BD. Est-ce à dire que tu n’es pas un assez bon professionnel pour travailler en indépendant ? Que t’apporte ce réseau et quelle en est l'utilité ?
Rien à voir avec le fait d’être bon ou pas bon. Canal BD te permet de faire partie d’un réseau et à plusieurs on est toujours plus fort que seul. J’ai de meilleurs remises auprès des éditeurs, j’ai un appui en cas de pépin, j’ai des tirages spéciaux dédiés au groupement qui amènent de jolies ventes, ça c’est pour le concret. Dans le moins concret, Canal BD est devenu un groupement de poids qui permet aux libraires indépendant d’avoir une voix qui est plus forte que si je criais tout seul du fond de ma boutique.
Pour être de bon conseil, un libraire doit connaître tout ce qui constitue son stock. Comment arrives-tu à cela ? Combien de BDs lis-tu par semaine en moyenne ? Quel pourcentage de ce que tu rentres en nouveautés as-tu le temps de lire ? Comment t'informes-tu sur le reste ?
Je n’y arrive pas, je mets au défi n’importe quel libraire spé bd ou non de pouvoir y arriver. En BD le nombre de nouveautés est proche des 6 000 BD par an. En période faste (octobre/novembre), la durée de vie d’un BD sur les étals est de deux semaines si elle ne prend pas. Pour m’informer sur le reste, j’ai déjà mes deux associés qui ne lisent pas forcément les mêmes choses que moi, j’ai aussi une alternante super balaise qu lit plein de trucs et comme je fais partie de Canal BD, j’ai créé des liens avec certains libraires et nous avons un groupe où nous parlons de ce que nous lisons, ça couvre pas mal de choses.
Quand à combien je lis de BD par semaine, je dirais pas assez. Sûrement une dizaine voire plus, mais clairement pas assez. Je te laisse calculer pour le pourcentage, mais il faut voir que pendant les vacances je lis beaucoup plus. Je t’écris de mes vacances et j’ai pris une vingtaine de BD pour 15 jours.
Pourrais-tu nous dire comment se fait la sélection d’album que tu as en stock. C'est toi qui choisit ou te met-on la lame sur le cou en t'obligeant à les écouler ? Quel est le rôle du diffuseur ? Du commercial des maisons d’édition ?
Oula plein de questions en une.
Je choisis ce que je prends, généralement je prends presque tout, car j’ai un public très large, pas de couteau sous la gorge.
Le rôle du diffuseur est de distribuer les BD, de te les faire parvenir et de te les reprendre, quand tu peux les renvoyer.
Le commercial des maisons d’éditions n’existe plus, le commercial est souvent (hormis Glénat) un représentant du distributeur : MDS, Makassar, Interforum… Il est là pour te présenter les nouveautés et te conseiller dans tes choix. Si il ou elle est bon dans son travail, c’est un vrai partenaire, car il connaît ce que tu vends et plutôt que de te vendre un truc qui ne passera pas chez toi, il poussera un titre qui pourra mieux se vendre.
J'entends parler d'office, de retours libraire. Peux-tu nous éclairer sur la réalité qui se cache derrière ces termes ?
L’office est ce qui sort en nouveauté. Les jours d’office en BD sont le mercredi et le vendredi. Le libraire les reçoit généralement la veille pour pouvoir faire la mise en place, sauf pour certains gros titres comme Astérix ou c’est le même jour pour tout le monde sinon amende, etc. etc. Les retours, ce sont les BD que tu n’as pas vendues. Selon les textes, tu dois garder une nouveauté trois mois en magasin. Après, passé ce temps, tu peux la retourner et tu as jusqu’à un an. Il y a cependant certaines dérogations possibles comme les BD abîmées ou si tu es sur un salon et que tu as des invendus… S’il n’y avait pas cette possibilité de retour, les libraires et donc le marché ne pourraient absorber tant de nouveautés par an.
La lecture numérique se développe de plus en plus et fait forcément concurrence aux libraires. Cela me semble toutefois moins être le cas en BD qu'en roman. Est-ce exact ? Imagines-tu ce secteur se développer ? En as-tu peur ?
Pas vraiment, la lecture numérique des livres est là, mais elle stagne actuellement, il y a un vrai attachement de ceux qui lisent au format physique. C’est plus un complément pour les vacances ou les transports par exemple. En BD c’est moins de 1%, donc non pas vraiment d’inquiétude, le système pour faire des BD numériques ne fonctionne pas encore très bien, il y a des tests, mais c’est pas aussi fluide qu’une vraie BD.
Pourquoi ne pas vendre de d’albums numériques ? Ou d'occasions ?
Pour les ventes numériques, les offres sont limitées et fonctionnent comme les offres de VOD (Netflix, Disney +, Amazon Prime…), donc là dessus, je peux pas proposer grand-chose.
Pour ce qui est de l’occasion, pour deux raisons. La première : l’ancien proprio et nous avons un accord, on ne fait pas d’occasion et lui a ouvert une petite boutique de BD d’occasions et de vinyles. Il est content et moi aussi, car je n’ai pas à gérer les occasions. Je déteste ça, je n’aime pas devoir dire aux gens que leurs BD ne valent rien et que non ce n’est pas une édition originale, je déteste aussi devoir dire à un gars que non je n’ai pas le dernier Blake & Mortimer qui vient de sortir en occasion, et qu’il ferait mieux de l’acheter en neuf. Enfin la clientèle d’occasion reste des plombes à farfouiller, se croit au souk en voulant négocier une BD annoncer 6€ à 2€. Sans compter ceux qui pensent que leur BD vaut 30€ quand elle en vaut 2 maximum.
Si je suis pas assez clair je peux continuer longtemps...
La nouvelle marotte de bon nombre d’éditeurs est de faire des crowfunding. Autant d'argent pour les auteurs, illustrateurs et éditeurs, mais que dalle pour toi. Et tout ça sans aucun risque ! Pas mal de monde souhaite la mort du libraire on dirait !?
Ca commence chez les éditeurs, mais le phénomène est pas nouveau, j’en achetais pour moi il y a plus de dix ans. C’est un marché parallèle qui monte, pour le moment.
Je le suis de très près car effectivement il peut être difficile, voire “un ennemi” sur le long terme, mais le crowfounding est souvent fait par de petites structures qui ne pourront gérer l’afflux massif. On parle souvent de BD vendu à 200-300 pelos, c’est cool pour les auteurs qui gagnent enfin bien leur vie avec ce type de projet, mais ils sortent aussi moins de BD, car quand il y a pas de structures derrière et c’est souvent le cas, il faut animer le réseau en permanences pendant que tu fais la BD donc ca prend plus de temps, il faut créer, les trucs en plus (qui eux sont plus ou moins gratuit), il faut gérer les envois et autres, bref c’est un tout autre métier et beaucoup d’auteurs ne sont pas encore prêts à sauter le pas.
Il faut ajouter à ça, le prix. Ta BD en crowfoundng c’est pas 15€, c’est 30 voir 40, ce qui fait le prix de 2 à 3 BD, donc ca veut dire moins de BD à acheter, donc moins d’auteur que l’on peut suivre et dans une société actuelle d’hyper consommation je me dis que ça peut vite lasser.
Tu es un libraire indépendant, la morale veut donc que j'achète chez toi plutôt que dans la grande distribution.
Il paraît, maintenant je suis pas ta mère tu fais comme tu veux.
Je lis des éditeurs indépendants, le bon sens est de les soutenir en achetant directement chez eux. J'ai l'impression de vivre le syndrome d’aliénation parentale des enfants lors des séparations. Quel est, à ton sens, la bonne marche à suivre pour aider au mieux ?
Aider qui ? Les auteurs ? Les éditeurs ? Les libraires ? Le marché ?
En fonction de qui tu veux aider, les options sont très différentes. Si tu veux aider les auteurs va en crowfounding, l’argent leur revient direct, pas d’éditeur ou de distrib ou de libraire. Si tu veux aider les éditeurs, notamment indépendants, va en festival et achète direct sur leur stand ou sur leur site. Si tu veux aider le libraire va acheter chez lui (même prix qu’Amazon ou la Fnac avec parfois le conseil en plus et peut-être un sourire). Si tu veux aider le marché achète un max chez n’importe qui.
Je suis pas pour forcer les gens à acheter à un endroit en particulier ou pour le syndrome de culpabilité. Parfois je conseille même pas d’acheter, mais d’aller en médiathèque, toutes les BD ne sont pas achetées. Maintenant tu veux acheter une BD il y a une règle simple. Il y a le prix unique du livre, c’est le même prix partout avec une différence de 5% maximum. Tout le monde fait cette remise : moi au bout de 10 achats, 5% du montant total, ca fait plus gros que 60 centimes sur un bouquin. Amazon, c’est frais de port inclus. Achète après chez celui qui est le plus sympa ou le plus facile. Si tu as un libraire qui à l’air sympa va chez lui, il te conseillera, si tu as juste une FNAC vas-y, si tu as rien à 20km va chez Amazon, bref comme tu préfères mec.
Pour les bouquins que tu n'as pas en stock, tu peux les commander. Cependant, il faut environ une semaine pour le réceptionner, alors qu'Amazon me le dépose dans ma boite aux lettres le lendemain. En outre, j'ai l'impression que ces délais n'ont pas trop changé en 20 ans. Tu peux nous expliquer les dessous de cette histoire ?
Il n’y as pas vraiment de dessous dans cette histoire. Amazon quand tu commandes chez eux, ils regardent dans leur stock et te l’envoient en deux jours quand tu as Prime, sinon c’est 4-5 jours.
Pour le libraire, et là je parle dans mon cas personnel, pas sûr que mes collègues fassent pareil, je passe les commandes de réassort et donc de commandes clients deux fois par semaine. Le mercredi et le dimanche. Après c’est donné à un centre de traitement et re-dispatcé aux mecs qui gèrent le stock, qui le donnent aux livreurs. Ca peut prendre 2 à 5 jours. J’ai des gens qui commandent le mercredi ou le dimanche et je les ai le vendredi ou mardi. Si tu commandes mardi, oui du coup faut attendre vendredi ou pire si tu commandes jeudi c’est mardi. Après j’ai deux boutiques, je peux donc voir si mon autre boutique l’a en stock. Du coup je peux l’avoir le lendemain.
Les prix littéraires en blanche font souvent s'affoler les chiffres de vente. Est-ce le cas des prix dans la BD ? Un événement comme le festival d'Angoulême et ses remises de prix a-t-il un impact sur le nombre de ventes ?
Oui et non, ça dépend des titres et des BD. Moi ce que j’aime c’est les monstres (Emil Ferris), il y a eu un effet pareil pour Révolutions. Par contre pour les autres récemment non.
Participes-tu à des salons ou autres festivals ? Est-ce que cela dope les ventes ?
Oui et non : oui je participe, non ça dope pas les ventes, c’est vu comme des ventes à part.
Si je rentre dans ta boutique juste pour lire la dernière sortie de ma série préférée, que me dis tu ?
Pour lire ? Qu’il y a une médiathèque à trois minutes à pieds et que tu peux aller lire la bas ou à la FNAC de Parly 2. Feuilleter oui, lire non.
Doit-on dire désormais : je lis des BD ou je lis des romans graphiques ?
Roman graphique ne veut rien dire en France. Aux US c’est logique, les BD sortent au format mensuel et racontent des histoires sur le long termes. Quand Will Eisner a créé le terme Graphic Novel, c’était pour expliquer aux gens qu’il n’y aurait qu’un tome de sa BD comme un livre, mais en BD. En France, on ne fonctionne plus sur ce système pour la BD franco-belge, du coup ça veut rien dire... Un graphic novel, c’est un one-shot c’est tout.
Le terme BD se divise, de manière désormais incontournable il me semble, en trois familles qui sont trois facettes d'une même pièce : la BD franco-belge, les comics et les mangas. Est-ce bien le cas chez toi ? As-tu une idée de la proportion de ventes que constitue chacune de ces catégories ?
Oui c’est bien le cas, mais je n’ai aucune idée des proportions, certains comics sont déguisé en BD et personne ne le voit. Je dirais en premier BD, second manga et troisième comics en terme de volume. Après pour être plus précis, il faudrait que je sois au travail.
Quelles sont les collections qui fonctionnent le mieux ? Quels sont tes meilleures ventes ? Pourquoi d’après toi ?
Il y a pas vraiment de collections, pour ce qui a fonctionné le mieux l’année dernière, il y a eu le classique Astérix, puis la fausse surprise des Indes Fourbes (on attendait le carton, mais pas à ce point), les Blake & Mortimer, cette année la Bombe ou Peau d’homme trustent le haut des ventes.
Ranger fait de la place à la vie ! |
Les genres de l’imaginaire (science fiction, fantasy, fantastique) sont ils de bonnes ventes ou tes clients ont ils des goûts de chiotte ?
Aucune idée, j’en vends pas mal, mais je ne saurais dire si les ventes sont très élevées ou pas. C’est d’ailleurs un rayon qui vient d’augmenter d’une Billy complète en passant de trois à quatre bibliothèques.
Difficile de ne pas évoquer l'actualité du moment avec la Covid. Comment as-tu vécu cette période et aura-t-elle un impact sur ta librairie ?
La période de confinement, je l’ai plutôt bien vécue, j’ai rattrapé mon retard de lecture. J’étais plus stressé pour la reprise et les gens ont répondu présents en masse, du coup ils nous ont aidés à passer le moment difficile.
Tu as un site internet de vente en ligne, une page Facebook et un instagram. Une obligation actuelle ? Les ventes par ce biais valent-elles les moyens mis en oeuvre ?
Techniquement je vends pas en ligne : tu peux commander et venir chercher le bouquin en boutique. Je n’ai pas les ressources nécessaires pour faire de l’envoi. L’instagram, c’est plus parce que notre alternante a besoin d’un projet chiffré. Mais je dirais que oui actuellement c’est le minimum. Le site est une vitrine où l’on peut commander en ligne et voir ce que l’on a en stock, le Facebook permet une communication plus rapprochée avec nos habitués, on y poste des délires, les nouveautés et nos chronique, l’Insta c’est du bonus plus visuel que FB.
Les maisons d'éditions ont toutes craché par terre en disant croix de bois croix de fer si j'mens j'vais en enfer, on va diminuer notre (sur)production pour préserver les libraires. Que penses-tu de ces promesses ?
C’est le cas cette année avec le covid, on voit bien qu’ils sortent autant de nouveautés que possible, mais oui il y a moins de titres que d’habitude. Par contre, ce sont aussi plus de titres vendeurs qui prennent donc plus de place.
Peux-tu nous toucher un mot sur cette surproduction qui a envahi nos genres ? A-t-elle un impact sur ton travail ? En quoi moins produire aide le libraire ?
La surproduction a un impact important sur mon travail. Actuellement, une majeure partie de mon travail consiste à défaire des cartons, rentrer les bouquins en stock, accueillir le public, mettre des bouquins en retour, faire des cartons et renvoyer les cartons. Les livreurs deviennent autant des partenaires que les commerciaux, même plus car je les vois tous les jours. Je ne peux lire des bouquins que le soir.
Avoir moins de livres, ça aide sur plein de choses, sauf une : la diversité. Maintenant avec un peu moins ça resterait quand même super varié.
En plus, moins de sorties, ça veut dire plus de ventes pour les auteurs qui restent (oui certains seront laissé sur le carreaux). Rien que ça c’est énorme. Ca veut dire aussi moins de cartons pour nous, donc reprise d’une activité plus proche de la base avec plus de conseils, car plus le temps de lire. Ca veut dire aussi plus de temps pour proposer des animations, comme des réunions de lecture, des dédicaces, des rencontres...
Ce serait trop bête d'avoir un libraire sous la main sans lui demander si il a quelques conseils de lecture à nous proposer dans les différents genres ?
Peau d'Homme, Hubert et Zanzim, Glénat |
Les deux trucs de malade que j’ai lus dernièrement c’est Peau d’Homme de feu Hubert qui raconte l’histoire d’une femme qui veut connaître son futur mari dans un mariage arrangé dans l’Italie de la renaissance. Heureusement pour elle, sa tante a une peau d’homme qui va lui permettre de faire une vraie connaissance loin des conventions. C’est un super bouquin sur l’ouverture, l’amour, le féminisme et autres.
Géante, JC Devenay et N Tamarit, Delcourt |
Le second c’est Géante. On est dans le même genre avec un peu moins de cul, on suit l’histoire d’une géante qui est élevée loin du monde et quand elle part à sa découverte elle doit faire face à sa différence physique parce que c’est une géante et aussi physiologique car c’est une femme, un super bon récit.
La Bombe, de Alcante, Bollée, Rodier, Glénat |
En historique il y a La Bombe sur l'histoire de la création de la bombe nucléaire, c’est absolument génial dans le genre historique.
Carbone & Silicium, |
En SF, ça va sortir à la rentrée, mais je le sens vraiment bien de ce que j’en ai lu, c’est le nouveau Mathieu Bablet (auteur de Shangri-la) qui revient avec un nouveau récit SF sur la création d’IA qui vont devenir aussi des robots intelligents, un gros potentiel.
Parker, Darwyn Cooke, Dargaud |
En polar, l’intégrale de Parker, la BD de Darwyn Cooke (ou plutôt comics) qui reprend le personnage créé par Richard Stark, ou l’on suit les aventure d’un malfrat intelligent mais malchanceux en affaires tant ses partenaires tentent de le doubler.
Je pourrais continuer longtemps.
Je te laisse clore cet entretien sur les sujets que tu souhaites…
C’est gentil, je vais faire un peu de pub alors.
Nous avons deux dédicace à venir à la rentrée une le 19 septembre avec l’auteur de la Bombe dont j’ai parlé plus haut.
L’autre le 11 septembre avec les auteurs de la Cagoule un polar historique sur ce groupuscule qui à voulu renverser le gouvernement français pendant l’entre deux guerre.
Merci à toi pour tes questions maintenant je retourne en vacances, épuisé par cet interrogatoire.
Si tu veux lire gratos en faisant enrager le libraire :
Le Comptoir de la BD
33 av St Cloud, Versailles
Le comptoir de la BD - Versailles - Facebook - Instagram
Le comptoir de la BD - Boulogne Billancourt - Facebook
Si tu en veux encore plus, tu peux lire cet entretien avec Benjamin, smicard mais passionné, libraire dans un rayon SFFF
Super interview. Je vais aller acheter mes BD chez lui, tiens, vu que j'habite pas loin. 🤪
RépondreSupprimerBon, en vrai, je précise que la voiture en photo n'est pas celle du libraire, au cas où quelqu'un se poserait la question. 😂
Mais bien sûr que ce n'est pas sa voiture, tout le monde va le croire.
SupprimerAprès, tant mieux si il vends beaucoup de BD.
Il a l'air d'être de bon conseil ce libraire, je note La bombe ça a l'air grave génial.
RépondreSupprimerJ'ai noté la même référence.
SupprimerIntéressant une nouvelle fois, merci à vous deux.
RépondreSupprimerLes autres étaient déjà dans mon viseur mais j'ajoute "Parker" à ma liste. Meme si bon, faut-il faire confiance à un libraire qui ne lit même pas 6000 BD chaque année ? =P
(PS : toute bousculade était purement fortuite... ou nécessaire pour me faire bien voir du chef de meute)
@Baroona: Haaan la pression du Chien sur ses collaborateurs....
SupprimerPour une fois, je suis content de vous, vous avez bien bossé. Continuez comme ça et vous aurez peut être la chance de décrocher un CDD dans 2 ans !
SupprimerJe n'avais pas fait le calcul des BD lus par an, c'est impressionnant.
Le meilleur libraire de Versailles de tous les temps, passés comme futurs (j'en sais quelque chose, j'y reviens). Sans conteste !
RépondreSupprimer@Soyouz: 😍
SupprimerSoyouz, tu confirmes donc ce que je pensais au vue de ses réponses.
SupprimerJ'y passe pas souvent et heureusement. La dernière fois, j'avais presque 100 euros dans les bras en sortant de chez lui qu'une de ses mises en avant sur la BD argentine allait me relancer pour un billet. Mais j'ai été fort (et puis bon, les patates, l'été ...) ... cela dit, pour vous dire qu'il sait attirer le chaland.
SupprimerDonc mieux vaut y passer en fin de mois. C'est chiant les bons libraires, on a envie de tout acheter de leurs recommandations.
SupprimerEncore une fois très intéressant !
RépondreSupprimerMerci, on va donc tenter de maintenir des entretiens de temps en temps.
SupprimerQuestions pertinentes et réponses tout aussi pertinentes.Bravo à toi,aux blogueurs et au libraire bien sûr.
RépondreSupprimerMerci, pour moi, pour eux, pour tous. Pour ma part, j'apprends plein de choses et je suis ravi que cela soit le cas pour d'autres personnes.
SupprimerMerci pour cet entretien, c'est fort intéressant à lire ^^
RépondreSupprimerC'est un plaisir
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