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Histoires Bestiales : Saison 1

mars 03, 2025

 

Anthologie, A.L. Legrand, Southeast Jones, Jean-Pierre Favard, Automne, Marianne Fortier, Josianne Laplante, Rachel Hinterlang, Antoine Cornuel, Frédéric Livyns, Albane Richet, Pierre Brulhet, Luc Verline, Lou Benedict, Ben Morris, The Bookmark Publisher, 2024, 307 p., 7€ epub sans DRM

 

Pitch de l'éditeur :


"Histoires Bestiales" est une anthologie de nouvelles qui explore la relation profonde et mystérieuse entre les humains et les animaux, qu'ils soient réels, domestiques, fantastiques ou totalement imaginaires. Chaque récit est une porte ouverte vers un monde où les créatures de nos rêves et de nos cauchemars prennent vie, nous faisant rire, pleurer, frissonner et rêver. Plongez dans des histoires captivantes où vous rencontrerez des compagnons familiers transformés par la magie, des bêtes mythiques sorties des légendes et des créatures nées de l'imagination la plus débordante. Chaque nouvelle est une aventure unique, une exploration des profondeurs de l'âme humaine à travers les yeux de nos amis les bêtes. Que vous soyez amateur de fantastique, passionné de récits émouvants ou simplement curieux de découvrir des perspectives inédites, ce livre saura vous charmer et vous surprendre.

 

Mon ressenti :

 
Oui, tu es en droit de te demander du pourquoi je t'impose cette hideuse couverture d'un obscur éditeur. Tout ceci est la faute de Southeast Jones, un auteur dont j'apprécie la plume (je l'avais même interviewé ici) et qui m'a demandé si je voulais jeter un oeil à ce recueil dont il a participé. Bien entendu, les mails désactivant les images, c'est bien après avoir répondu par un oui que mes yeux ont saigné.
Seconde chose, c'est quoi comme éditeur
The Bookmark Publisher ? Après quelques recherches, j'ai dégoté cela sur leur page FB


Bref, cela explique la couverture moche, mais n'explique pas pourquoi un ours méchant !

Une micro maison d'édition publiant de l'autoédition, c'est assez étrange, de quoi te, me, faire peur. Mais ayant donné ma parole, j'ai donc ouvert ce recueil dont je n'attendais pas grand chose et qui a su, étrangement, me faire lire de bons textes (et de bien mauvais aussi, il faut bien l'avouer).
Allez, c’est parti pour la critique :
 

Mina - Southeast Jones
Un texte qui commence par un protagoniste qui sort des chiottes, voilà qui est plutôt rare. Et écrit par un Belge, surtout, ce qui explique probablement cela.
Nous suivons l’équipage d’un vaisseau, avec un chat géant et une IA. Après un incident, une seule survivante, accompagnée de ses acolytes non humains.
Ça a le goût de la SF à papa, c’est de la SF à papa, mais le texte se termine sur une note douce-amère : l’ère de la SF à papa est bel et bien révolue, et c’est parfois bien dommage. Un texte nostalgique, avec une bonne dose de légèreté. Voilà du Belge, dans toute sa splendeur.

Le soir, nous nous racontions des histoires - Jean-Pierre Favard
Un groupe de personnes se retrouve dans une maison, accueillis après une tempête. Le soir, ils se racontent des histoires fantastiques. Mais qui sait ce qui est vrai ?
L’auteur tisse un lien entre dérèglement climatique, disparition des espèces et nouvelles apparitions.
L’idée est intéressante, mais la réalisation m’a semblé bancale, tout comme la justification de leur enfermement. Les personnages manquent de consistance, et seul l’un d’eux semble vraiment exister. Dommage. Pas facile de raconter des histoires...

Poussière de vie - Lou Benedict
Une expérience de laboratoire autour des tardigrades et de la solution miracle à leur longévité.
Quelques éclats de génie, notamment dans la comparaison entre la saleté de la maison qu’on doit quitter et celle qu’on désire habiter. L’auteur compare notre terre et la lune. Une fable philosophique qui, pour moi, manque de réalisme. Dommage.

Le chant du hérisson - Automne
Un conte macabre sur un meurtre horrible et la vengeance qui s'ensuit, orchestrée par une ménagerie animale. Nous suivons l’histoire d’un cirque ambulant qui croise la route d’une bande de malfrats.
C’est beau, c’est triste, c’est malaisant, mais c’est aussi magnifiquement beau.
(et il y a un ours, sûrement celui de la couverture ! Il s'appelle Tragen et il est gentil, si si)

Le chasseur de rats - Albane F. Richet
Il vaut mieux connaître le conte Le Joueur de flûte de Hamelin pour apprécier pleinement ce texte. Ce n’était malheureusement pas mon cas, et bien que je comprenne à demi-mot le drame qui s’y joue, cela a empêché une immersion totale.
Un texte fantastique sur un flûtiste qui croit être surveillé par des rats. L’ambiance est là, mais elle manque un peu d’originalité et d’une chute plus surprenante.

Le maître sculpteur - Pierre Brulhet
Un jeune homme se fait poursuivre par trois loubards après avoir craché dans le verre de l’un d’eux. Une nouvelle fantastique, ancrée dans le monde moderne. Nous avons droit à la maison hantée, mais l’auteur contourne habilement les clichés. Plaisant, prenant, mais quelques petits détails empêchent une immersion totale dans l’histoire.

Le refuge - Marianne Fortier
Un homme cherche à se ressourcer dans une cabane en forêt. Sa tranquillité est brisée lorsqu’il découvre des animaux pendus autour de son havre de paix.
Un texte qui guide son lecteur à travers des explications qui mènent peu à peu à la révélation. On navigue à travers les mythes et les légendes. Un agréable moment de lecture.

Russ - Antoine Cornuel
Dans un coin paumé de Russie, un mineur tente de récupérer un peu de charbon dans une mine désaffectée.
Le froid, la vodka, une bête monstrueuse et un mythe. Une belle immersion, mais il manque une chute originale pour compléter cette atmosphère.

Yglia, la dompteuse de monstres - Luc Verline
Une petite fille s’enfonce dans la forêt pour comprendre les légendes que lui raconte sa grand-mère.
Je suis complètement passé à côté de ce texte, un peu trop fantaisiste à mon goût.

La chose - Rachel Hinterlang
Des petits cylindres apparaissent sur Terre.
J’aime quand l’inattendu fait irruption dans le quotidien et que l’humanité cherche à comprendre. On suit ici trois personnes en prise avec cet inconnu. Tout aurait pu être parfait, mais malheureusement, le texte aurait mérité une relecture approfondie. L’auteur, après toutes ces pages, opte pour une explication qui manque de rigueur scientifique. Dommage, car l’idée de départ était intéressante.

Immortel - Frédéric Livyns
Un youtubeur spécialisé dans la recherche de stars disparues (Michael Jackson est-il encore vivant ? Que sont devenus les stars de l’été ?) est contacté par l’un d’eux, le grand Maga Jax (les plus anciens apprécieront le clin d'œil).
Le titre de la nouvelle en dit long, mais ce n’est pas là que réside le charme de l’histoire. De nombreux clins d'œil à la pop-culture. Ce texte, sans effets de style tape-à-l’œil, réussit à faire passer un bien bon moment de lecture.

Belzébuth - Josianne Laplante
Le parrain chez les matous. Je peine à savoir quoi faire de ce texte cousu de fil blanc. C’est mignon par moments, violent à d’autres. Ceux qui n’aiment pas les mignonneries passeront leur chemin, et les amoureux des chats risquent d’être effrayés par la violence. À qui s’adresse ce texte ? Pas à moi.

Des rats et des hommes - Ben Morris
Au Japon, une horde de rats déchaîne toute sa sauvagerie. Des spécimens sont envoyés aux États-Unis pour analyse par un spécialiste.
L’idée est intéressante, mais malheureusement, le texte n’a pas l’ambition qui va avec. Ce n’est pas crédible et cela mériterait d’être bien plus approfondi. Bien pour un premier jet, mais insuffisant pour une publication.

Harmonie - A.L. Legrand
Une forêt magique, des créatures magiques ou non, et de l’harmonie.
Trop ennuyeux pour moi, c’est sous forme de conte, un peu théâtral. Je n’ai pas eu la patience de finir ma lecture.

 

Ellipses

février 06, 2024

 

Audrey Pleynet, recueil auto-édité, 2019, 157 p., 1.50€ epub avec DRM

 

Audrey Pleynet s'est fait connaître il y a quelques années par une nouvelle Citoyen+ et ce recueil en autoédition. Aujourd'hui Le Bélial lui fait confiance en publiant sa novella Rossignol (Prix Utopiales 2023) et son nom circule de plus en plus dans des anthologies. J'avais aussi lu son premier roman Noosphère, que je n'avais pas aimé. Ce recueil avait malgré tout bonne presse, pour une somme plus que modique, quoi de mieux que de s'y plonger avant d'aller observer un rossignol.


Les reines de Cyanira
La reine est morte, vive la reine. Mais cette dernière n'a pas le don de ses aïeuls, ce qui pourrait coûter la vie à son peuple.
Deux manières de commencer un recueil, soit mettre la plus nulle en premier, pour doucement, mais sûrement happer le lecteur dans une progression hyperbolique. Soit commencer par la meilleure histoire et frapper le lecteur par tant de talent. Ayant été très mitigé sur ces reines, j'espère que c'est la première hypothèse qui est la bonne... Même si l'autrice arrive à créer des personnages crédibles, l'intrigue est bien trop convenue et le twist éculé (alors que je suis très bon public ou pour le dire autrement assez con).


Tu t'en souviendra ?
Dans un monde en déliquescence, une tueuse à gages poursuivie par un gang tombe sur une fillette, démunie.
C'est important les leçons de choses, même si apprendre à connaître le fonctionnement du monde est différent d'apprendre à y survivre. Et lorsque l'élève dépasse le maître que se passe-t-il ? Peu de pages, mais l'univers est bien présent, la tranche de vie réaliste. Reste cependant un manque d'émotions pour tout à fait m'emporter.


Les questions que l'on pose
En d'autres temps pas si lointains, les choses étaient assez simples : une dénonciation, la fréquentation d'un lieu de culte, un nom suffisait pour te signaler. Et l'on pouvait s'en arranger, falsifier, les portes de sortie existaient. Mais aujourd'hui dans la même situation, que se passerait-il ?
C'est la question que pose Audrey. Le texte nous met dans la peau d'une IA qui analyse des données. Au début, rien de franchement tendancieux, ce que tu aimes, ce que tu aimerais et ce que tu pourrais aimer. Du marketing 2.0. mais face à l'afflux de bases de données et leur interconnexion, les possibilités de poser des questions et d'avoir des réponses peuvent servir de multiples façons.
Brillant, un texte qui fait froid dans le dos. Brrr


Dolores
Une idée brillante est elle toujours une bonne idée ?
Le bien être des patients, une cause noble. Et l'idée de diminuer leur souffrance en la partageant. Une idée altruiste qui va vite démontrer ses faiblesses et servir les intérêts autres que ceux des malades.
Un très bon texte qui prend de l'ampleur au fil des pages. Peut être juste une seconde partie trop démonstrative, et un peu rapide qui jure avec la sensibilité des premières pages et un final moins réaliste. Mais Audrey parvient à explorer de nombreuses thématiques et conséquences de son idée, c'est déjà pas si mal.


Icône
Arsène est laid et capture la beauté de ce qui l'entoure. Il est photographe. Mais qu'est-ce que la beauté ?
Une fable sur la chirurgie esthétique et la question du beau. La chute est délicieuse.


Alchimistes du rêve
Lorsque le rêve enchante le présent.
Dans un monde, il est possible de façonner son environnement via le couple veilleur alchimiste. L'un rêve, l'autre guide. Un duo excelle, mais ce n'est pas au goût de tous. Tandis que le rêve enchante le présent, l'amour déplace les montagnes. Trop gnangnan comme concept pour moi, j'ai l'impression que l'autrice reste en surface sans aucune thématique spécifique.


Tu étais pourtant si fier de moi
Un manque d'originalité pour moi, dans cet univers post apo ou un "père" s'occupe de sa fille. Sur la thématique du monstre, j'ai déjà lu mieux, cela manque d'épaisseur et d'un twist moins convenu.


Citoyen +
Tous pareils !
C'est par cette nouvelle que j'ai fait la connaissance d'Audrey Pleynet. Qui démontre qu'un texte court peut contenir un univers entier. L'intrusion technologique dans la vie privée, c'est un sujet rebattu, mais l'autrice parvient à le prendre de travers et nous offrir un magnifique twist. Un bijou d'orfèvrerie littéraire.

 

Conclusion, Audrey Pleynet est talentueuse : elle excelle aussi bien dans le très très mauvais et le très très bon ! Certains auteurs nous agacent en n'écrivant que des pépites (qui a parlé de Robert Charles Wilson ?), Audrey nous démontre qu'elle est humaine, et cela fait énormément de bien à mon ego !!!

Olangar : Histoires au crépuscule

septembre 21, 2023

 

Clément Bouhélier, Critic, 2023, 188 p., 11€ epub sans DRM

 

Quelques nouvelles d'Olangar

 

Pitch de l'éditeur :

Les elfes prétendent que parler peut libérer une âme tourmentée. Et tourmentée, Evyna l'est plus que tout. Au royaume d'Olangar, sur la route de Frontenac, où elle espère venger la mort de son frère, la jeune noble avance dans un mutisme qui inquiète ses compagnons de voyage, Silja et Torgend. Alors, autour d'un feu de camp, les langues se délient. Evyna raconte l'invasion des Orcs en Enguerrand. Puis, bien plus tard, l'enquête qu'elle a menée avec son frère suite à l'attaque meurtrière d'un convoi de ravitaillement.
Mais avant cela, Silja révèle une histoire cachée, celle d'Afrun et des enfants disparus d'Husevik, tandis que Torgend voit ressurgir ses propres fantômes du passé.

 

Mon ressenti :

Olangar. Ce nom résonne désormais en moi comme Germinal, un thriller politique, social  nous contant un univers réaliste malgré les races imaginaires. Et qui a réussi à me faire apprécier la fantasy. Fantasy française qui plus est ! (A quand une traduction pour le monde entier, une série, un film ?). Mais ce méchant auteur a décidé de mettre un point final à sa saga avec Le combat des ombres !!! Lorsque  l'éditeur m'a contacté pendant les vacances pour m'obliger (pouvais je dire non ?) à lire Olangar : Histoires au crépuscule, je frétillais de la queue.

Mais la déception arriva vite : quoi, seulement 188 pages ! Je suis du genre gourmand et Clément Bouhélier m'avait habitué aux pavés (qui volaient régulièrement soit dit en passant). Tant pis, ce sera un petit frichti... Trêve de blabla, est-ce que tu dois acheter ce recueil ?

"Qu'est ce qui se passe ensuite ?"
Voilà l'exclamation qui m'a accompagné lors de la lecture de ce fix-up (pour les ignares : des nouvelles reliées par un fil rouge). Une exclamation comme lorsque l'on te raconte une histoire et qu'il y a une interruption, tu es impatient de connaître la suite. Et si tu es impatient, c'est que l'histoire est bonne.

On suit les pas de 3 cavaliers font route vers une vengeance à travers une campagne désertique et froide, dont l'une des comparses broie du noir. Ses compagnons, lors du repos bien mérité, tentent de lui faire crever l'abcès en contant une histoire. La première, noire comme la fumée des forges, nous emmène dans les bas-fonds d'une ville où les enfants de rue disparaissent. Le coupable est arrêté, mais 10 ans plus tard, cela recommence... Un récit âpre qui condense magnifiquement ce qui a fait pour moi le succès de la saga Olangar : du politique, de la persévérance, et des gens de rien.
La seconde histoire nous ramène à La guerre des orcs dans une province reculée. La fuite devant l'arrivée de la horde, avec pour conséquence de laisser l'histoire de la région, les livres, à la furie guerrière. Une nouvelle sur la communication interculturelle, et surtout l'importance des histoires contenues dans les bouquins.
La dernière nous conte une enquête de brigands qui dévalisent et tuent pour s'accaparer des convois de nourriture alors que la famine guette. Les femmes sont elles l'égale des hommes pour commander ? Ont-elles les épaules pour gouverner ?

J'ai pris un grand plaisir à me replonger dans la région d'Olangar. J'avais peur d'avoir oublier un peu des détails et me sentir un peu perdu, mais non, pas besoin de se rafraichir la mémoire. Ce qui signifie que cela peut se lire de manière indépendante. Seul bémol pour celles et ceux qui n'ont pas lu les romans, ce recueil est très bien, mais il n'a malheureusement pas l'ampleur des autres textes. Donc attention, après lecture, vous allez en prendre plein les yeux en parcourant ces nombreuses pages.


 "un retour réussi à cet univers" pour le troll, une "grande et belle surprise" pour Le Nocher des livres.

Invasions plurielles

février 20, 2023

Arnauld Pontier, Arkuiris éditions, 2023, 158 p., 3€ epub sans DRM


Les humains doivent-ils redouter les aliens ?
Ou les aliens redouter les humains ?

Pitch de l'éditeur :


Les seize nouvelles de ce recueil de science-fiction d'Arnauld Pontier explorent avec humour et fantaisie les différentes manières dont pourraient se dérouler nos premiers contacts avec des extraterrestres ou des entités d'autres univers.
Arnauld Pontier nous entraîne loin de nos connaissances et repères, dans des espaces où les humains sont, selon les cas, pionniers, spectateurs ou victimes des créatures qui peuplent les mondes des étoiles et au-delà, des créatures qui pourraient bien être intéressées par la conquête de la Terre.


Mon ressenti :

La sortie d'un bouquin d'Arnauld Pontier est toujours une bonne nouvelle pour moi et cerise sur le gâteau, il y en a ici 16. Sous une très belle couverture de Michel Borderie, les textes nous offrent différentes versions d'invasions, et donc de premier contact, la sucrerie indémodable des fans de SF, qu'il faudrait ici compléter par FF.
Je connais deux versants de la plume de l'auteur, l'une plus portée sur l'introspection et la poésie, l'autre plus populaire. C'est cette dernière qui nous intéresse ici. Mais populaire ne veut pas dire inintéressant car sous l'humour, la légèreté ou le pastiche, Arnauld Pontier nous interroge sur notre humanité, nos travers. Sous cette simplicité apparente, le bon mot, le twist, se cache une réflexion souvent assez pessimiste sur le genre humain, nous sommes vraiment une espèce irrécupérable. 

Les différents textes sont pour la plupart déjà paru ici ou ailleurs, mais à moins d'être un fan hardcore du monsieur, pour ma part il me reste beaucoup à découvrir, ce fut des "inédits". (4 inédits et quelques textes revues pour l'occasion)
Inévitable dans ce genre d'exercice, on accroche plus à certains textes qu'à d'autres, j'ai eu parfois l'impression - comme Le syndrôme Quickson - d'une ébauche, d'une esquisse d'idée, une promesse d'un texte plus réfléchi et abouti. J'aurai aimé aussi avoir plus de paratextes, le contexte de chaque nouvelle, le "Ce sont ces réflexions, que j’ai souvent jetées sur des tables de soirs d’apéro, entre potes ou en famille, ou fait tourner en boucle dans mon esprit d’auteur " de l'avant-propos étant un peu lapidaire...

Si j’ai intitulé ce recueil Invasions plurielles, c’est que je ne souhaitais pas me limiter à des belligérants humanoïdes, et que je ne comptais pas me limiter à la SF. « La Bête », « La Mort », par exemple, sont de pures récits de Fantastique, tandis que « Tolérance » relèverait presque de la Fantasy : « un monde imaginaire peuplé d’êtres surnaturels ».

A trois euros le recueil en numérique, ces quelques bémols ne doivent pas t'effrayer, c'est bien ton humanité qu'il faut craindre : Seras tu capable de regarder qui tu es vraiment ?



Un point sur la Lune (2014)
Futur, un point apparaît sur la surface de la lune. En fait une forme humanoïde. Que fait elle là...
Nous sommes dans un monde où l'apparence et notre libido est reine, ce qui peut occasionner quelques problèmes. Court et léger, je ne connaissais pas ce versant de plume d'Arnauld. Un peu déçu de commencer ce recueil de cette manière.


Les plaines d’Ishtar (2016)
Un jour une pluie de bulles a lieu. Des bulles qui éclatent en touchant une surface. Même dans l'espace il pleut des bulles et aussi dans les mers et les océans. Notre narrateur depuis rêvent aux plaines d'Ishtar...
Je ne sais pas si l'auteur est parti de l'expression "ça va en chier des bulles", ce qui me ferait rire, une nouvelle courte et légère, comme une averse.


Bestioles (2018)
Futur proche, les avancées technologiques semblent avoir un effet sur la lumière.
Un texte qu m'a fait penser au début du siècle avec ses romans qui s'interrogent sur les propriétés de la lumière. Ici le ton est résolument moderne, plus hard SF, avec une chute délicieuse. J'aurai même aimé quelques pages supplémentaires.


Planète sauvage 78 (2015)
Un vaisseau stationne sur une planète déserte. Et ne donne plus aucun signe de vie. Un vaisseau militaire est envoyé sur place enquêter.
Parfois, au vue de la chute, il vaudrait mieux ne rien savoir des raisons d'une disparition. Cette nouvelle m'a fait penser à la science d'aujourd'hui qui inspecte les exoplanètes à la recherche de la vie telle qu'on connait la chimie organique (comment faire autrement ?) comment déceler ce que l'on ne connait pas ? Vaste question qui mérite de rester sans réponse.


Eau (2010)
Une humanité lointaine, immortelle, connait une avarie sur son vaisseau. Le seul choix qui lui reste : errer des siècles pour retrouver l'espace connu, ou tenter de sa chance sur une planète océan.
Un texte qui complète la thématique de planète sauvage. Quand on vous dit de stériliser tout ce qui rentre et qui sort d'une planète...


Stella (2023)
Un vaisseau doit dévier de sa route pour répondre à un signal de détresse. Pour ma part, ayant visionné le film Alien, je leur dirai bien de faire le sourd. Comme dans le film, tout se passe bien jusque... Heureusement, Arnauld Pontier a l'intelligence de ne pas copier toute l'intrigue. Une fin ouverte, un peu trop à mon goût car il y a matière à développer. Dans d'autres textes ?


La Bête (2015)
Futur. Non, retour en arrière : passé, une fête bat son plein entre gens de la haute royauté. Alors que tout se passe parfaitement, le noir se fait.
Je suis passé complètement à côté de ce texte dont je pense n'avoir su capter la référence.


Pièce maîtresse (2018)
Un vaisseau alien, immense, vingt fois la taille de Mars fait son apparition dans le système solaire. Branle bas de combat...
On y voit l'égocentrisme et la fierté mal placée de l'humain face à l'incompréhensible. Ça se lit comme du pulp mais reste en filigrane l'impossibilité de comprendre l'autre.


Comme une insurrection lente (2023)
Après des années de vache maigre, salaud de vegan et de bienpensance, la viande fait son retour en grâce. Malheureusement, il n'en reste plus que très peu. Heureusement, la découverte sur une planète de sortes de dinosaures va combler les marchands.
La loi du commerce est gravée dans l'airain, le profit seul compte. Arnauld Pontier nous conte une histoire qui doit sans doute faire référence à La hanse galactique. un humour noir, du cynisme, un petit régal.


La fille à la parole muette (2015 et réactualisée)
Un empire galactique, une substance dont elle a besoin qu'il doit collecter sur de lointaine planète. Une très courte nouvelle qui m'a laissé de marbre.


L'oeuf (2015)
Un oeuf gigantesque apparaît sur un green de golf.
Si vous aviez un doute sur la connerie humaine, cette nouvelle devrait le lever. Sous forme de satire burlesque, l'auteur étrille nos comportements face à l'inconnu. Et le bilan n'est pas très glorieux... Une friandise acide et beaucoup moins légère qu'il n'y paraît.


Eden et caetera (2019)
On nous appele pas les fourbes pour rien...
Premier contact, enfin. En ce futur pas très glorieux pour notre planète, les aliens proposent un marché intéressant.
Arnauld Pontier égratigne encore nos travers dans ce texte : plus rien ne nous étonne (un vaisseau aussi gros que la lune ? Déjà vu dans les films...) Et nous essayons toujours profiter au maximum de notre prochain, autant alien qu'il soit.
Un sous texte toujours aussi sombre, caché sous la légèreté.

Les gouvernements du monde entier ne furent aucunement réticents à livrer leurs ressortissants. [...]À vrai dire, les gouvernements virent même là une aubaine : ceux qui partaient n’avaient aucun avenir ici. Il s’agissait pour la plupart d’assistés, de laissés pour compte, de citoyens inutiles qui ne faisaient pas tourner la machine économique, mais, au contraire, vivaient à ses crochets. [...] Mais dans l’ensemble, à part quelques émeutes, parce que le grand vaisseau ne pouvait emmener tout le monde en une seule fournée, cela ne généra aucun problème majeur. Et, cerise sur le gâteau, c’était une bonne chose pour la démographie de certains pays, galopante… En résumé : bon débarras !


La Mort (2015)
Lors d'un bal masqué, une convive au mœurs dissolues pour la société décidé d'y venir déguiser en La Mort.
Même lorsqu'une soirée déguisée a lieu, il faut respecter certains codes. Et ne jamais oublier que l'habit ne fait pas le moine...  Divertissant mais pas inoubliable.


Bases d'observation (2023)
Très court texte sur une invasion par usurpation d'identité. Mais rien ne semble se passer comme prévu.
La vie est décidément étonnante !
Court mais laisse songeur.


Élyranthe (une histoire d’) (2023)
Une courte pastille humoristique autour de la souffrance que l'on inflige à plus petit que soi. (Par exemple les homards...)
Cela commence poétiquement sur la description d'un départ d'un paquebot immense et luxueux pour finir comme une sale blague. On rit, un peu amer...


Tolérance (2015)
Ici ce sont les humains qui envahissent une planète après avoir mangé la leur. Une population indigène pacifiste qui laisse les humains exploiter leur planète. Mais ces satanées humains en demandent toujours plus...
Le concept de temps obsède décidément notre auteur qui nous dévoile un moyen de défense particulièrement pacifiste mais néanmoins radical. Une fable philosophique qui clôt ce recueil, manière de dire que nous n'apprenons rien de nos erreurs. Le temps n'est décidément pas bénéfique pour nous.

Trilogie du singe

décembre 12, 2022

 


This is not america

avril 28, 2022

 

Thomas Day, ActuSF, 2003, 126 p., 3€ epub sans DRM

 


Présentation de l'éditeur :

Ce n’est pas l’Amérique.
En tout cas, pas la nôtre.
Mais c’est la sienne.
L’Amérique de Thomas Day, où frayent dans un carambolage d’influences, le carton pâte fané d’une puissance passée, le road sign rouillé – moitié ensablé – qui indique le chemin de la Zone 51, le cool déjanté d’un Tarantino sous crack et l’ombre, découpée dans la lumière du couchant sur John Ford’s Point, de ce héros américain – la mâchoire carrée et le zygomatique en berne – qui regarde loin, vers l’horizon et la Frontière.
This is not America c’est trois nouvelles, lettres d’une Amérique qui n’est tellement plus elle-même qu’on a déjà l’impression de la connaître.


Mon ressenti :

"Deux blagues pourries et un coup de vitriol pour faire briller" voilà comment Thomas Day résume son recueil. Après lecture, il s'avère que j'aime les blagues pourries, et que je déteste le vitriol !

Cette année-là, l’hiver commença le 22 novembre
19xx, un assassinat d'une personnalité a eu lieu. On suit trois personnes, les tueurs ?.
Un début qui nous laisse dans l'expectative puis tout s'éclaire peu à peu. On navigue entre les différentes théories du complot et c'est un délice. Nous sommes bien en terre SF. J'ai adoré la mise en place, adoré les personnages malgré que ce soit de sales types, j'ai adoré l'ambiance sombre, j'ai adoré le dénouement. Alors qu'ai je détesté ? Rien. Un régal je vous dit.

 

Y’a rien de plus désagréable
que le bruit d’une dent cariée qui se brise sous un talon de santiag


American Drug Trip
Imagine toi au coin de la cheminée, dehors c'est la tempête et une personne commence à raconter une histoire fantastique.
Enfin, pour être tout à fait raccord avec ce texte, imagine toi un soir d'été caniculaire devant un barbecue après avoir torché quelques canettes, et là, un mec bourré te raconte une histoire. Tu imagines le truc ? Et bien voilà qui te donne un bon aperçu de l'ambiance de ce texte jubilatoire. Est toi qui avait mal entendu ou c'est l'autre qui racontait tout de travers, peu importe, une fois débuté ce texte, une seule envie : écouter jusque l'ivresse. A déguster sans modération. Et puis il y a un ours qui parle comme protagoniste, comment ne pas craquer ?

Éloges du sacrifice
Des les premières lignes, j'ai du que ce n'était pas pour moi. Ce qu'à confirmé les quelques premières pages lues où je n'ai rien bité du tout. Je passe donc directement à l'interview qui clôture ce court recueil où Thomas Day dit de ce texte :

C’est un texte que j’ai commencé à écrire pour un antho du cafardcosmique.com, puis sa taille ne cessant de croître, je l’ai proposé à Bifrost qui l’a refusé. Ce n’était pas la première fois qu’Olivier Girard me refusait une nouvelle et ça ne sera pas la dernière, mais bon ça m’a quand même surpris, car je croyais avoir réussi mon coup. Sur ce texte, j’ai essayé de retrouver une densité dans la narration proche des nouvelles d’aventure de Poul Anderson, et comme je ne voulais pas faire un truc trop « vieille SF », j’ai mis du cul, de la violence et des mauvaises odeurs dedans. J’ai fait mon truc, quoi.

Ce n'est pas mon truc à moi...

 



 

Sept secondes pour devenir un aigle

avril 25, 2022

Thomas Day, Le Bélial, 2013, 352 p., 8€ epub sans DRM


La Terre se porterait-elle mieux sans l'Homme ?

 

Présentation de l'éditeur :

Une île du Pacifique à la fois tombeau de Magellan et unique territoire d'un arbre à papillons endémique...
Un homme au visage arraché par un tigre mais qui continue de protéger « la plus belle créature sur Terre », coûte que coûte...
Un Sioux oglala sur le chemin du terrorisme écologique...
Un trio de jeunes Japonais qui gagne sa vie en pillant la zone d'exclusion totale de Fukushima...
Des Aborigènes désœuvrés cherchant dans la réalité virtuelle un songe aussi puissant que le Temps du Rêve de leur mythologie...
Une Terre future, post-Singularité, inlassablement survolée par les drones de Dieu...


Mon ressenti :

C'est la première fois que je me lance dans un livre de Thomas Day. J'avais bien lu quelques nouvelles ici et là, publiées dans la revue Bifrost, mais jamais du 100% Day. Suite au numéro spécial sur l'auteur dans la même revue, l'envie d'en découvrir plus est nait, même si j'vais un peu peur : j'entendais ici et là que ses textes étaient souvent âpres, violents et remplis de stupre. Après lecture, il y a un peu de vrai, mais pas autant que je le craignais. Ai-je aimé ? OUI, j'ai même rempilé avec un autre recueil de l'auteur : This is not America. Le sujet qui se dégage est l'écologie au sens large. Publié en 2013, il est toujours d'une actualité brûlante. J'ai trouvé que Thomas Day sait très bien brosser un univers et des personnages crédibles en quelques lignes, il va droit à l'essentiel tout en donnant des détails ici ou là.

Première chose à l'ouverture du recueil, je ne vais pas pouvoir râler contre l'éditeur : un avant propos, une postface, une bibliographie et des illustrations ! Voilà qui met dans de bonnes conditions de lecture.


Mariposa
Un texte qui nous parle du voyage de Magellan, d'une île, Mariposa, et des arbres à papillon. Le rapport ? Et bien il faudra lire ce texte fantastique pour l'apprendre ! Même si je ne connais pas l'histoire de Magellan, cela ne m'a pas empêché d'apprécier la ballade temporelle sur plusieurs époques.


Sept secondes pour devenir un aigle nous emmène dans les pas d'un jeune indien dans une sorte de parcours initiatique. C'est beau, c'est violent (moralement), ça en dit plus que tout ce qui n'est pas écrit. Le titre est superbe. Alors pourquoi 7 secondes pour devenir un aigle ? La nouvelle est gratuite, tu cliques et tu lis.

Éthologie du tigre nous emmène au Cambodge dans les pas d'un amoureux des tigres. Un très bon texte, sauf pour l'histoire d'amour, autour du tourisme "vert". L'occasion en trois actes de prendre connaisse d'un mythe cambodgien.

Shikata ga nai nous parle de la zone contaminée de Fukushima où des paumés tentent de vivre en pillant ce qui peut l'être. Ca se lit rapidement et s'oublie aussi rapidement.

Place à l'Australie avec Tjukurpa où de jeunes aborigènes tentent de retrouver leur lieu de vie avant l'arrivée de l'homme blanc. Entre cyber réalité et réalisme glaçant.


Lumière Noire est la version longue d'une nouvelle publiée initialement dans Retour sur l'horizon. Une IA gouverne désormais un monde ravagée et nous suivons les pas de quelques rescapés. J'ai beaucoup aimé ce texte que j'ai trouvé quasi poétique même si nous sommes dans le cadre du post-apo.
 
La postface, Et la science-fiction entra elle aussi dans l'anthropocène, de Yannick Rumpala clôt de belle manière ce livre. Je ne peux que vous inviter à la lire, c'est gratuit ici. Et une postface citant mon Robert est toujours un bon texte !

 D'autres avis sur le fil dédié sur le forum du Bélial


L'équateur d'Einstein

mars 24, 2022

Liu Cixin, Actes Sud, 2022, 576 p., 19€ epub

 
Liu Cixin trace sa
ligne imaginaire

Présentation de l'éditeur :

Porte-étendard incontesté de la science-fiction chinoise, Liu Cixin apparaît dans ses textes courts comme un maître de la dramaturgie cosmique en même temps qu’un écrivain profondément humaniste. Qu’il mette en scène une inversion du temps, revisite de façon très vernienne le voyage au centre de la Terre, interroge les conséquences d’une miniaturisation des êtres humains ou imagine l'application météorologique de la théorie du chaos pour stopper les guerres, Liu Cixin ne cesse d’explorer et de distordre avec profondeur et inventivité les mystères les plus insondables de la science.
Dans cette édition complète de ses nouvelles qui comptera un second volume, l’auteur de la trilogie du Problème à trois corps démontre comment, dès ses premiers récits et en quelques pages seulement, il parvient à créer des mondes complexes et passionnants. Toujours empreintes d’une réflexion mélancolique — et souvent humoristique — sur le sens de la vie et l’avenir de la Terre, les nouvelles et novellas de Liu Cixin rappellent avec une posture parfois presque taoïste l’insignifiance des existences et des actions humaines dans le cours ordonné (ou chaotique ?) de l’Univers.

 

Mon ressenti :

Lorsque je vois le nom d'Actes Sud sur une couverture, mon premier réflexe est de ne pas lire la quatrième de couverture. Comme il s'agit ici d'un recueil de 17 textes, divulgacher serait presque impossible, une oeuvre d'art post-moderne, mais à l'impossible Actes Sud n'est tenue ! (spoil : vous pouvez le lire, YEAH)
Seconde chose, je sais que je vais raquer le prix fort : 19€ pour du numérique, ça fait mal au fondement, fut-il d'Einstein. Mais pour ce prix désormais, plus de DRM, on salue l'effort.

17 textes donc datant de... De quelles années au fait ? Alors il faut un peu fouiller pour trouver l'info, mais dans les mentions d'édition, on remarque un 1999-2022. Quel est la date du premier, du dernier ? Est ce un ordre chronologique ?
Comme en outre il s'agit du premier des recueils qui devraient sortir, la réponse pourrait être intéressante, mais la réponse ne se trouve pas dans ce recueil. Aucun paratexte non plus, bref, du grand format comme les lecteurs n'en veulent plus.

Edit du 25 mars 2022 : le traducteur Gwennaël Gaffric a eu la gentillesse via FB de me donner les dates pour chaque texte. Cela a du lui prendre une minute pour me coller l'info et une minute pour que je la colle moi même dans ce billet. Total : 2mn de boulot. Conclusion : je pense qu'Actes Sud auraient pu en faire autant !
Je parle rarement des traducteurs dans mes billets, car je ne vois, ni ne réalise pleinement leur travail derrière. Mais si je lis un texte et que l'écriture est fluide, belle, je sais qui il faut remercier.

Passons sur ces frivolités, et voyons ce que cet équateur nous offre à part ce titre intriguant.
En SF, c'est le réalisme qui prévaut je pense aujourd'hui, fini les textes des années folles où on faisait feu de tout bois, ou seul l'imagination était la limite.
Liu Cixin n'est, je pense, pas de cet avis car de nombreux textes prennent pour cadre l'irréalisme mais avec un traitement réaliste. Parfois cela fonctionne à merveille, activant le sense of wonder, la pilule euphorisante des lecteurs de SF. Parfois, la suspension de crédulité demande plus d'effort ou tombe carrément en panne.

Qu'est ce que j'en ai pensé ? Pas le vertige que j'attendais. Pourquoi ? En partie pour ce que je disais deux lignes plus haut, mais aussi pour autre chose que je n'arrive pas à mettre la main dessus. L'auteur a un traitement différent de bien des sujets et une façon particulière de créer son univers. Donc cela a été pour moi une lecture autre à celle que je m'attendais. Comme c'est de la SF, l'autre, c'est très bien aussi.

J'en parlais il y a quelques jours sur Twitter et Le maki me résumait ce qu'était pour lui Liu Cixin :

De la SF chinoise vertigineuse qui pousse (trop) loin
L'amour des sciences, de l'exploration et des découvertes.
Un mélange de modernisme et de traditions.
Le respect des "petites gens"

Et il a parfaitement raison.
Lune complétait par un

Liu Cixin est taré et très humain, et beaucoup trop misogyne.
J'aime son écriture et le vertige qu'elle me procure malgré tous ses défauts.

que je partage aussi.

Petit tour d'horizon des différents textes

Le chant de la baleine (1999)
Une nouvelle courte qui m'a fait penser au merveilleux scientifique et aussi à Vernes. Plaisant. Un trafiquant de drogue cherche un moyen de faire passer sa drogue malgré la surveillance technologique.

Aux confins du microscopique (1999) reste dans la même veine où une expérience est menée pour savoir si la matière a une fin ou non. Macro et micro vont ils s'unifier ?

L'effondrement (1999)
Fini l'expansion de l'univers, elle a fait son temps. Place à son effondrement. Mais ça ressemble à quoi un effondrement de l'univers ?
Une fois lu ce texte, la compréhension ne peut se faire à cause de cet effondrement...

Avec ses yeux (1999)
Un texte initialement publié dans la revue Bifrost, voilà ce que j'en pensais à l'époque : "Le proche espace est désormais colonisé, des gens y travaillent mais faire les allers retour domicile travail s'avère encore compliqué. Une nouvelle technologie permet de voir et ressentir les pérégrinations à travers des yeux d'humains consentants sur terre. Nous suivons le voyage de deux personnes. Un hommage à un célèbre roman... A déconseiller aux claustrophobes. Une ode aussi à la nature, à la technologie, l'espace étant assez froid. Ne me laissera pas un souvenir impérissable."
Cette seconde lecture m'a donné plus de sensations que la première.

Le feu de la Terre (2000)
Un jeune ingénieur débordant d'innovation tente d'améliorer le sort des mineurs de charbon. Une méthode révolutionnaire qui va chambouler la vie des habitants.
L'innovation est faite d'erreur, de non écoute des anciens, de risques et aussi de rapidité. Une histoire affreuse, un drame évitable qui m'a emmené avec lui. Dommage que les personnages manquent cruellement d'épaisseur.

Terre errante (2000)
Paru en novella en 2020, j'ai été assez étonné de la retrouver ici mais comme c'est un recueil des nouvelles complètes...
Pas ma came : https://lechiencritique.blogspot.com/2020/06/terre-errante.html

L'instituteur du village (2001)
Dans un coin paumé et reculé de Chine se nichent quelques villageois tirés du siècle dernier. Un vieil instituteur tente contre et vents marrées d'éduquer.
Dans un coin paumé de notre voie lactée, une guerre incommensurable se fait entre le clan Carbone et le clan Silice.
Deux univers très éloigné qui vont bien entendu se rejoindre. J'ai beaucoup aimé la partie sur le village, l'auteur décrivant merveilleusement bien l'isolement, la pauvreté et la rudesse.

Le Micro-âge (2001)
Sur une arche destinée à trouver un monde habitable, le silence se fait avec la Terre. Devenu seul face à ce calme de leur terre natale, le dernier survivant va tenter de comprendre ce qui s'est passé.
On comprend l'histoire peu à peu, pour nous amener vers un sujet plus guère traité en SF. Une sorte de fable qui se conclut néanmoins trop rapidement

Fibres (2001)
Un aviateur se prend la quatrième dimension dans la gueule. Incompréhension des protagonistes qui se demandent se qu'ils font là. Ils se rendent compte que leurs réalités volent en éclats. Pourquoi ?
Une petite ballade dans les univers parallèles qui manquent toujours de développement.

Le destin (2001)
Des touristes spatiaux sauvent le monde en détournant un astéroïde qui allait s'écraser sur terre. Leur acte héroïque va avoir des conséquences bien fâcheuses.
Petite navigation dans l'espace temps, une petite friandise fort agréable

Brouillage de toute la bande de fréquences (2001)
La guerre fait rage entre les forces de l'OTAN et la Russie. Cette dernière ploie sous le feu des occidentaux, les brouillages électromagnétiques étant le point faible de l'armée Russe. On suit les pas d'un haut gradé et de son fils qui ne sont pas sur la même longueur d'onde en ce qui concerne la guerre.
Un texte plus long qui permet à l'auteur de prendre le temps de construire son intrigue et de nous prendre avec lui dans cette relation père fils.
En ces temps d'actualité guerrière, cette longue nouvelle prend une ampleur aigre douce.

Le messager (2001)
Un vieux scientifique amateur de violon est hanté par le désespoir. Un soir, il remarque un jeune homme l'écoutant jouer...
Jusqu'ici, on ne peut dire que les fins à chute soient la spécialité de l'auteur. Vous dire donc comme je l'ai apprécié, d'autant avec la nostalgie qui s'en dégage et le dernier message livré.

Le battement d'ailes d'un papillon (2002)
L'auteur prend la maxime au premier degré, et nous en donne une autre plus chinoise.
La guerre en Yougoslavie, l'OTAN bombarde mais un scientifique a un atout dans sa manche, le battement d'aile d'un papillon.
Foutu guerre, foutus politicards, il ne restera rien, sauf cette nouvelle douce amère.

Le soleil de chine
(2002)
Exode urbain d'un paysan qui va découvrir le monde.
Un texte qui part du milieu rural pour nous emmener loin. A la gloire des gens de peu, qui n'ont que leurs mains pour vivre. Mais aussi une autre caractéristique.
Très bon texte

La mer des rêves (2002)
Une compétition de sculpture sur glace à laquelle va s'inviter un alien.
Nombreux sont les auteurs à aborder art et SF. Et souvent je m'ennuie. Un de plus à ajouter à la liste

L'ère des anges (2002)
Le conseil de la sécurité se voit adjoindre un nouveau grand conseil, celui de la bioéthique. Et justement une session s'ouvre à cause d'un pays africain crevant sous la famine.
Lorsque l'on a plus rien à perdre, nous avons tout à gagner. Un texte qui met le merveilleux au goût du jour et démontre que l'éthique suit la science mais ne l'a précéde pas. Ou quand l'intérêt prime sur d'autres considérations morales.

L'équateur d'Einstein
(2002) clôt admirablement le recueil, mais je vous en dirais rien !

 
La grande interrogation de Lorhkan : l’absence totale de marquages chronologiques permettant de les situer, comment est-ce possible ?? Le Nocher des livres regardent différemment le monde qui l’entoure désormais. Liu n'est pas le fils caché de Damasio nous dit Gromovar. Le troll a eu 17 fois le vertige tandis que Soleil vert propose à Cixin d’ôter les doigts de la couture de son pantalon.

 

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