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Ellipses

février 06, 2024

 

Audrey Pleynet, recueil auto-édité, 2019, 157 p., 1.50€ epub avec DRM

 

Audrey Pleynet s'est fait connaître il y a quelques années par une nouvelle Citoyen+ et ce recueil en autoédition. Aujourd'hui Le Bélial lui fait confiance en publiant sa novella Rossignol (Prix Utopiales 2023) et son nom circule de plus en plus dans des anthologies. J'avais aussi lu son premier roman Noosphère, que je n'avais pas aimé. Ce recueil avait malgré tout bonne presse, pour une somme plus que modique, quoi de mieux que de s'y plonger avant d'aller observer un rossignol.


Les reines de Cyanira
La reine est morte, vive la reine. Mais cette dernière n'a pas le don de ses aïeuls, ce qui pourrait coûter la vie à son peuple.
Deux manières de commencer un recueil, soit mettre la plus nulle en premier, pour doucement, mais sûrement happer le lecteur dans une progression hyperbolique. Soit commencer par la meilleure histoire et frapper le lecteur par tant de talent. Ayant été très mitigé sur ces reines, j'espère que c'est la première hypothèse qui est la bonne... Même si l'autrice arrive à créer des personnages crédibles, l'intrigue est bien trop convenue et le twist éculé (alors que je suis très bon public ou pour le dire autrement assez con).


Tu t'en souviendra ?
Dans un monde en déliquescence, une tueuse à gages poursuivie par un gang tombe sur une fillette, démunie.
C'est important les leçons de choses, même si apprendre à connaître le fonctionnement du monde est différent d'apprendre à y survivre. Et lorsque l'élève dépasse le maître que se passe-t-il ? Peu de pages, mais l'univers est bien présent, la tranche de vie réaliste. Reste cependant un manque d'émotions pour tout à fait m'emporter.


Les questions que l'on pose
En d'autres temps pas si lointains, les choses étaient assez simples : une dénonciation, la fréquentation d'un lieu de culte, un nom suffisait pour te signaler. Et l'on pouvait s'en arranger, falsifier, les portes de sortie existaient. Mais aujourd'hui dans la même situation, que se passerait-il ?
C'est la question que pose Audrey. Le texte nous met dans la peau d'une IA qui analyse des données. Au début, rien de franchement tendancieux, ce que tu aimes, ce que tu aimerais et ce que tu pourrais aimer. Du marketing 2.0. mais face à l'afflux de bases de données et leur interconnexion, les possibilités de poser des questions et d'avoir des réponses peuvent servir de multiples façons.
Brillant, un texte qui fait froid dans le dos. Brrr


Dolores
Une idée brillante est elle toujours une bonne idée ?
Le bien être des patients, une cause noble. Et l'idée de diminuer leur souffrance en la partageant. Une idée altruiste qui va vite démontrer ses faiblesses et servir les intérêts autres que ceux des malades.
Un très bon texte qui prend de l'ampleur au fil des pages. Peut être juste une seconde partie trop démonstrative, et un peu rapide qui jure avec la sensibilité des premières pages et un final moins réaliste. Mais Audrey parvient à explorer de nombreuses thématiques et conséquences de son idée, c'est déjà pas si mal.


Icône
Arsène est laid et capture la beauté de ce qui l'entoure. Il est photographe. Mais qu'est-ce que la beauté ?
Une fable sur la chirurgie esthétique et la question du beau. La chute est délicieuse.


Alchimistes du rêve
Lorsque le rêve enchante le présent.
Dans un monde, il est possible de façonner son environnement via le couple veilleur alchimiste. L'un rêve, l'autre guide. Un duo excelle, mais ce n'est pas au goût de tous. Tandis que le rêve enchante le présent, l'amour déplace les montagnes. Trop gnangnan comme concept pour moi, j'ai l'impression que l'autrice reste en surface sans aucune thématique spécifique.


Tu étais pourtant si fier de moi
Un manque d'originalité pour moi, dans cet univers post apo ou un "père" s'occupe de sa fille. Sur la thématique du monstre, j'ai déjà lu mieux, cela manque d'épaisseur et d'un twist moins convenu.


Citoyen +
Tous pareils !
C'est par cette nouvelle que j'ai fait la connaissance d'Audrey Pleynet. Qui démontre qu'un texte court peut contenir un univers entier. L'intrusion technologique dans la vie privée, c'est un sujet rebattu, mais l'autrice parvient à le prendre de travers et nous offrir un magnifique twist. Un bijou d'orfèvrerie littéraire.

 

Conclusion, Audrey Pleynet est talentueuse : elle excelle aussi bien dans le très très mauvais et le très très bon ! Certains auteurs nous agacent en n'écrivant que des pépites (qui a parlé de Robert Charles Wilson ?), Audrey nous démontre qu'elle est humaine, et cela fait énormément de bien à mon ego !!!

L'odyssée interstellaire

septembre 19, 2022

Documentaire de Vincent Amouroux et Alex Barry, 2019, 208 mn


L'odyssée interstellaire ou le fil d'Ariane de La méthode scientifique


Synopsis :


C’est l’histoire d’une épopée extraordinaire. Celle que l’homme fera probablement au cours du siècle prochain : un voyage entre les étoiles, vers de nouvelles planètes aux confins de l’univers. À ce jour, les astronomes ont découvert plus de 3000 exoplanètes. Et si certaines d’entre elles abritaient la vie ? A la NASA, à l’ESA, au CNES, la plus grande exploration de tous les temps a déjà commencé. Mais il faudra attendre plusieurs générations pour qu’elle devienne réalité. Documentaire scientifique d’anticipation L’odyssée interstellaire se propose de faire ce voyage dans le cosmos à la découverte de ces nouvelles planètes et de la vie qui pourrait s’y trouver.
Un voyage dans l’univers qui va également nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes et les origines de la vie sur Terre.

 

Mon ressenti :

Après 6 ans d'écoute de La méthode scientifique (désormais La science, CQFD), en particulier les émissions sur l'espace, tu es devenu un spécialiste. Mais quoi de mieux que de passer le test ultime en regardant cette série documentaire qui nous envoie vers Minerva, une exoplanète lointaine ?

Mais avant d'envoyer un vaisseau sur cette planète, encore faut-il la trouver, et surtout celle qui offrira le plus de potentialités pour abriter la vie. Et c'est ici que La méthode scientifique joue à plein : comment détecter des exoplanètes ? De Mayor à Guy Forget, les intervenants francophones sont présents. Zone d'habitabilité, composition chimique de la planète, le Chili et ses étoiles, observation du ciel grâce au James Webb télescope, le satellite Tess. Tout t'a déjà été expliqué dans cette formidable émission. Ici, en plus, les images magnifiques, de synthèse ou de la Terre et de sa biosphère, on écarquille les yeux et on s'en prend plein la vue.

Minerva, une planète imaginaire située à 4.5 années lumières de notre Terre, comme Proxima B. Y envoyer un rover demande la construction d'un vaisseau gigantesque, mais comment faire décoller ce mastodonte, comment le construire ? Avec la propulsion chimique actuelle, il devrait avoir une quantité de carburant équivalent à la masse de l'univers, bref, difficilement imaginable...
Place donc à d’autres moyens comme le plasma, on en a parlé dans notre émission adorée. Mais c'est un  moteur qui a besoin d'électricité qui pourrait provenir de la fusion, sujet déjà abordé dans...
Autre problème, à ces distances, impossible de commander le vaisseau depuis la Terre. Et donc une bonne Intelligence Artificielle est indispensable. Reste à construire le vaisseau sous les bons conseils de notre bon professeur Roland Lehoucq .


Après avoir trouvé la planète et envoyé le vaisseau, place à la recherche de la vie. Mais c'est quoi la Vie ? Jean Sébastien Steyer, qui a participé à quelle émission d'après vous, et qui fait aussi partie des poulains de la collection Parallaxe de la maison d'édition Le bélial comme le prof Lehoucq. Et comment la détecter si elle n'est pas constituée d'éléments chimiques connus ? Comment la vie apparaît ? L'occasion de reparler de Rosetta et Philae.



Le dernier épisode revient à notre période actuelle avec le programme SETI chargé d'écouter l'univers pour découvrir des signaux aliens. Et aussi avec la recherche exoplanètes avec une atmosphère ayant des biomarqueurs. Et si la vie est découverte, quelle forme aurait elle ? Jean Sébastien Steyer nous explique comment les formes pourraient être en fonction des conditions planétaires sur terre et dans la mer. Et si la vie est découverte, à quel stade se situerait-elle ? En devenir ou en extinction ? L'équation de Drake permet de répondre à combien de civilisation serait possible dans notre galaxie. Avec cette dernière lettre, le L qui mesure la durée de vie d'une civilisation. Quelle est celle de la terre avec le dérèglement climatique ? Cette odyssée spéculative sera-t-elle possible ?



Un film documentaire prenant, toujours en lien et à mettre en parallèle avec les projections futuristes de notre réalité actuelle. Et in fine, comprendre que cette exploration n'est là que pour permettre de connaître les mécanismes qui ont permis à la Terre de voir naitre la vie. C'est ce croisement entre spéculations et notre histoire qui est particulièrement intéressants, et qui comme dans la SF se sert de l'imaginaire pour interroger notre présent. Au final, beaucoup de questions qui restent sans réponses, mais permettent de se projeter loin dans l'univers des possibles. Une série documentaire pour tous les fans de science et de science-fiction.
Et mon Robert avait raison lorsqu'il disait que si la rencontre du troisième type a lieu, elle serait sûrement une rencontre entre robots.



Le mot de la fin revient à Jacques Arnould : 

Explorer, découvrir, coloniser, tout ça appartient à l'espèce humaine dans son essence.
Mais tout cela ne peut avoir un sens que si on y introduit l'imaginaire.
L'imaginaire, être capable de s'imaginer ailleurs dans l'espace et dans le temps.
Sans imaginaire, pas de sciences.
Sans imaginaire, pas d'actions humaines.
Et sans imaginaire, pas de futur.
Nous serons maîtres de notre futur si aujourd'hui nous sommes des êtres d'imagination.

Dans la même veine, avec quelques collaborateurs dont ce billet a parlé, sort le 20 octobre chez Le Bélial

La Vie alien : Manuel pour construire un monde extraterrestre
de Roland Lehoucq, J. Sébastien Steyer, Laurent Genefort, Willy Ley, Hal Clément

La question de la vie extraterrestre est l’une des plus abstraites et fondamentales qui soit. Abstraite, faute d’exemple d’une telle vie. Fondamentale, car touchant à notre place au sein du cosmos, au décentrement ultime que représenterait l’existence avérée d’autres êtres vivants. Ainsi, dans un étroit dialogue entre science et science-fiction, penser des aliens crédibles et les mondes qu’ils peuplent se révèle une entreprise exaltante qui tient autant de l’acte démiurgique que du bricolage.
Chacun dans son domaine de spécialité, l’astrophysicien Roland Lehoucq, le paléontologue Jean-Sébastien Steyer et l’écrivain Laurent Genefort proposent ici un véritable manuel de création d’univers, de la formation d’un système stellaire et de ses exoplanètes aux conditions nécessaires à la vie, sans oublier l’apparence de celle-ci, son évolution et ses interactions environnementales. Imaginer la vie ailleurs, autrement, c’est revisiter celle que nous connaissons, questionner ses moteurs et s’interroger sur son caractère exceptionnel…

 

Summer Star Wars – Obi-Wan Kenobi



Voyager : L'intégrale

février 20, 2022

 

Stéphane Desienne, 2019, Les éditions du 38, 911 p., 10€ epub sans DRM

 

Le The Expanse français !


Présentation de l'éditeur :

Mars 2179. L’ancienne capitaine de vaisseau, Vilma Bates, est interrogée par le Bureau des Investigations Intersolaires à propos d’une ancienne mission au commandement du Lewis&Clark, un éclaireur commercial. Lors de cette mission, elle et son équipage avaient pour objectif de retrouver les deux sondes Voyager, envoyées dans l’espace en 1977, bien avant le Reboot qui effaça toutes les données numériques terrestres. Malheureusement, le succès de leur tâche est entravé par de nombreux problèmes qui vont créer des tensions dans le vaisseau. Les vidéodisques portés par les sondes ont disparu. Qui les a enlevés ? Et pour quelle raison ? Ces interrogations les pousseront à avancer plus loin dans l’univers.

 

Mon ressenti :

Au 21ème siècle, un immense bug efface la quasi totalité des supports informatiques, laissant le monde en partie sans mémoire. Des données existent encore, parcellaires, comme l'histoire des sondes Voyager, qui réapparaissent dans notre espace proche. Un équipage est chargé de les récupérer mais cela ne semble pas s'être très bien passé.

Le récit alterne entre deux périodes, celui de la récupération et le débriefing de la capitaine. Une mise en place qui permet de rapidement rentrer dans l'histoire. Remplis de clins d'oeil à la science fiction, les pages se tournent sans soucis. Ayant acheté l'intégrale pour moins de trois euros (10€ normalement), vive les promos numériques, c'est la meilleure chose que j'ai pu faire car le premier tome s'arrête juste au moment où une découverte se déroule. J'ai enfilé les trois volumes à la suite. C'est un hommage aux classiques qui nous ont émerveillé plus jeunes. On s'en prend plein les mirettes, il y a la rencontre du troisème type, des big dumb object, des arches stellaires...


Seul hic pour moi, c'est très space opera, qui n'est pas mon genre de prédilection lorsqu'il s’attarde trop dans les combats spatiaux. Et c'est un peu le cas ici. Je regrette que l'auteur est préféré cette optique, alors qu'il avait en main tous les éléments pour nous offrir un feu d'artifice avec ses sphères de Dyson, des aliens à foison.

Mon regret est compensé toutefois par un éclectisme dans les personnages haut en couleur. La gente féminine est bien mise en avant. Afin de faire des sauts dans l'espace, l'auteur nous pond des singes modifiés, des Chimps, permettant de calculer rapidement les trajectoires. En outre, les relations interespèces, les discriminations sont bien rendus. 

Au final, nous avons notre The Expanse français, un divertissement qui joue entre stratégie politique, combats spatiaux et altérité. Tout l'attirail de la science fiction qu'il contient nous place devant une boite de friandises, difficile de s'arrêter dès lors.

 

Un page-turner efficace et divertissant selon Le Maki (tome 1)

L'oeil du Lémurien a toujours peur, dans les histoires en plusieurs tomes, que la suite ne me déçoive. Et là, j’ai dévoré les tomes deux Confins et trois Andromède.

Post Tenebras est de plus en plus persuadé que Stéphane pourrait écrire une oeuvre à l’ “Hypérion” (tome2 - tome 3)


Génocides

novembre 25, 2021

 

Thomas Michael Disch, Mnémos, 2019 (VO : 1965), 256 p., 6€ epub sasns DRM

 

L'Homme a t-il besoin des extraterrestres pour s’autodétruire ?

Présentation de l'éditeur :

Des arbres titanesques, à la croissance très rapide ont mystérieusement envahi la Terre. Ils colonisent le monde, assèchent mers et lacs, totalement indifférents au destin d’une civilisation humaine en train de disparaître dans ce cataclysme vert.
Dans le nord du Minnesota, Anderson, un agriculteur vieillissant, une bible dans une main et une arme à feu dans l’autre, tente désespérément de faire survivre la population d’une petite ville. Mais Jeremiah Orville, un citadin rescapé prêt à se venger et à défendre chèrement sa peau, devient un danger pour le groupe. Arriveront-ils à dépasser leurs différends pour vaincre l’ennemi ?

Mon ressenti :

Demain (en fait hier du fait de la vieillerie) une apocalypse a lieu sur la terre : une plante déposée par des aliens étouffe toute la flore, ce qui a des répercussions dramatiques sur la faune, humains compris.
On suit un groupe tenu de main de fer par un fanatique religieux.
Étude de mœurs dans le style de Malevil, doublée d'un voyage au centre de la Terre, ici les racines de la plante, l'élément science fictif n'est présent que pour faire un focus sur l'humanité ou plutôt sur ces réactionnaires bigots.

Même si j'ai lu cela assez rapidement, je ne suis jamais pleinement entré dans le récit. Ce groupe d'hommes est assez éloigné de la réalité d'aujourd'hui, surtout vue de France.
Sur la fin, cela devient un peu trop démonstratif et les notes religieuses m'ont fait légèrement fait chié.
J'aurais préféré en savoir plus sur cette plante invasive, mais cela reste malheureusement très évasif.
Pour un texte des années 60 l'écriture est plutôt moderne (la traduction est celle d'époque). 

J'avais acheté ce bouquin après avoir lu des avis qui en disaient qu'il était désespérant, ce que je n'ai pas remarqué (je dois avoir un level supérieur), lucide je dirais plutôt sur l'Homme. Pour l'anecdote, Thomas Michael Disch est celui qui est à l'initiative du prix Philip k Dick. Il mettra fin à ses jours en se tirant une balle dans le crâne. (Joyeuses fêtes)

Les bras de Morphée

septembre 20, 2021

 

Yann Bécu, Les Éditions de l'Homme sans nom, 2019, 296 p., 6€ epub sans DRM

 

Une dystopie peut elle être drôle ?
Yann Bécu a son avis sur la question.


Présentation de l'éditeur :


Morpheus est un mystère.
Il laisse songeur, littéralement. On s’assoupit en un clin d’œil, on dort d’une traite, on se réveille comme une fleur. Rien de déplaisant en soi. C’est tout le reste qui nous tue.

Morpheus, c’est ce sommeil qui nous cueille sans prévenir, pour une durée qu’on ne choisit pas.

Morpheus, c’est le nom plutôt musical d’une belle saloperie. Il faut l’imaginer comme une berceuse, un requiem.

Voici un futur proche où l’on veille en moyenne quatre heures par jour. En amour, à l’école, au travail, la routine a forcément l’allure d’un sprint : faire vite, faire court, ne pas trop ramener sa fraise… Trois lois sacrées que Pascal Frimousse profane au quotidien.




Mon ressenti :


Un jour, l'humanité se prend un virus étrange sur la tronche qui endort de plus en plus l'humanité. Conséquence immédiate, un sacré boxon. Difficile de faire tourner la machine alors que la main d'oeuvre manque. Nous sommes quelques années après ce grand cataclysme, la République tchèque s'en sort un peu mieux que le reste du monde...
 
Les hypothèses allaient bon train : vengeance de Dame Nature, punition divine, fuite d’un laboratoire polonais, invasion des Atlantes, coup de pute des Slovaques, pour n’évoquer que les plus raisonnables.
 
L'auteur tire les conséquences sociétales d'un monde où tout part à vau l'eau et où il faut tenter de survivre par tous les moyens.
Encore un livre qui met le moral dans les chaussettes ? Que nenni, ici on se marre su désespoir. Humour potache, acide, noire, cynique, l'auteur nous sort le grand jeu. Sous la pochade surréaliste, quelques belles saillies sur les travers de notre temps et la connerie humaine.

Brassards, pétards rutilants et coups de sifflets, rires sonores des mômes qui sillonnent la foule en riant, tourniquets des matraques, toute cette agitation revêt un petit air jovial de kermesse fasciste

J'ai pris un énorme plaisir à lire ce roman qui m'a fait parfois penser à La Trilogie Trademark de Jean Baret. Seul souci, quelques semaines après ma lecture, l'intrigue a quasi disparu de ma mémoire, l'occasion de le relire ?

l’échafaud scolaire de Prague 4 est enfin réparé, un grand bravo aux élèves de la 6e techno du lycée Kepler et à leur professeur pour ce beau projet pédagogique ; dès jeudi les exécutions reprennent aux heures de récréation habituelles…


Le roman se termine par un petit glossaire, car oui, la connaissance, avec si peu de temps de réveil disponible, en a pris un sacré coup dans la gueule.
 
Dadaïstes : Folklore, Litt. Autre nom des chevaliers de la Table ronde, ordre légendaire au service du roi Arthur. Passent leur vie sur leur monture.
 
Hara-kiri : Médecine, Japon féodal. Césarienne pratiquée sur l’épouse d’un samurai au moyen d’un scalpel sacré (wakizashi). L’intervention chirurgicale doit permettre la mise au monde d’un guerrier (bushi) parfait. Variante : le seppuku (coutelas tantō ingurgité par la mère, le bébé samurai pratiquant l’incision libératrice in utero).
 
Rainbow Warrior : Années 1990. Navire porte-drapeau du mouvement homosexuel maori (voir All Blacks). Emblème : la licorne.
 
Théorie du genre : Années 2000, Théolog. Clame le caractère acquis de la sexualité des anges, et par-delà de tous les êtres vivants : « On ne naît pas ange, on le devient. » Théorie très largement invalidée par la preuve de l’existence des femmes (2040).
 
J'ai remarqué qu'un nouveau roman de l'auteur était sorti, L’effet coccinelle :
Quand la preuve indubitable de l’existence de Dieu est publiée sur Terre, l’exaltation du premier soir est de courte durée : « Dieu existe », d’accord, mais au fait… lequel ?
 

 — Donc, dès qu’on m’interroge, je me tais et je regarde de haut ?
Il hoche la tête :
— Ta taille rend pas la chose évidente, mais je te crois assez gymnaste pour réussir à regarder de haut depuis le bas. Tout en souplesse, Frimousse.


Drôle, vif, décapant selon Gromovar, Yuyine vous donne un ordre : "Lisez-le!"
Le maki préfère lui le réalisme au surréalisme.

 

Replis

septembre 01, 2021

 

Emmanuel Quentin, Mnémos, 2021 (Mü éditions, 2019), 264 p., 6€ epub sans DRM



Un jeune homme reçoit la plus belle des propositions, avoir une relation fusionnelle avec son père, et refuse... Pourquoi ?

Présentation de l'éditeur :

Dans une France ravagée par le changement climatique et la Grande Guerre des Frontières qui s’en est suivie, l’État contrôle tout et abreuve la population de fake news. Daniel Sagnes est l’un de ces monteurs/menteurs, simple rouage de la grande machinerie du mensonge institutionnalisé. Et à ce titre, il sait que l’Assimilation, qui permet de transférer aux enfants la conscience d'un de leurs parents en fin de vie, présentée comme seul espoir de survie dans ce monde de centres, est une supercherie. Alors quand vient le moment d’accueillir en lui la conscience d’un père honni, il n’a d’autre alternative que la fuite.


Mon ressenti : 


Second roman de l'auteur que je lis sans savoir de quoi il retourne, bonne idée ou pas ?
Ai-je tenté un repli après quelques lignes ?

Daniel Sagnes est monteur vidéo travaillant pour l'État. Son rôle est de faire de la propagande en faisant dire aux images ce qu'elles ne sont pas. C'est le monsieur Photoshop de la vidéo. Comme le personnage de 1984, nous sommes aussi en pleine dystopie dans quelques dizaines d'années. Un monde apocalyptique après une hécatombe végétale ayant eu des effets dévastateurs sur la vie. La science a tout de même fait une percée significative : la possibilité de transfert de la conscience dans la tête de sa progéniture.

Encore un roman sur des lendemains qui déchantent comme je les aime, plein de cynisme et de misanthropie. On rigole, jaune, noir et je me suis bien marré avec les répliques du personnage principal.
Emmanuel Quentin nous parle du mensonge, des fake news vidéos auxquels nous aurons de plus en plus dans quelques années. C'est un véritable page turner, un thriller efficace lu en deux jours. Encore un auteur qui fait baisser cruellement ma productivité au boulot... Un auteur à éviter si tu travailles dans une centrale nucléaire...
Un bémol cependant, la fin est un peu trop rapide, j'aurai aimé rester un peu plus dans ce monde. Mais bon, si on veut du rabe, c'est que le plat est bon.

Ne me reste que Dormeurs à lire de l'auteur, mais comme il n'a pas fait d'effort pour choisir un éditeur avec format numérique, moi je vais aller dormir afin de récupérer les heures de sommeil que l'auteur m'a volé.

Ce roman existe aussi en poche chez Pocket


L’Interdépendance : L’Effondrement de l’empire

mai 17, 2021

John Scalzi, L'atalante, 2019, 336 p., 10€ epub sans DRM


Traité économique de spécialisation à la sauce scalzienne


Présentation de l'éditeur : 

L’Interdépendance : un empire de quarante-huit systèmes stellaires presque tous inhospitaliers, où l’humanité s’est implantée et dont la survie repose sur une étroite collaboration.
L’Interdépendance : un millénaire de règne des grandes familles marchandes, dont la première occupe le trône de l’emperox.
L’Interdépendance : le réseau des courants du Flux, seul moyen de voyager plus vite que la lumière, unique lien des mondes de l’empire entre eux.
Le Flux est éternel mais il n’est pas statique. S’il se déplaçait, réduisant les colonies à l’isolement, l’humanité serait au bord du gouffre.
Un jeune scientifique, une commandante de vaisseau spatial et la toute nouvelle emperox devront affronter la catastrophe annoncée.


Mon ressenti :

Scalzi est un auteur que j'apprécie particulièrement, du divertissement avec toujours un sous texte intelligent. J'ai attendu la fin de la série pour m'y plonger et enchaîner les romans de ce cycle. Mais au final, je n'ai guère envie de continuer l'aventure.

L'interdépendance, c'est diverses colonies spatiales reliées entre elles par un flux quasi magique. On ne sait pas trop c'est quoi mais il est là et c'est bien pratique pour commercer en mode libre échange. Chaque planète est spécialisée dans une matière première. Si l'une se casse la gueule, c'est la chute des dominos.
Scalzi tisse sa toile politique et commercial sur fond de terrorisme, toujours avec humour, humour parfois plus subtil que dans d'autres textes de l'auteur.
Par contre j'ai eu énormément de mal à rentrer dans l'histoire.. j'ai abandonné deux fois avant de parvenir à le lire. Une fois les bases posées, c'est un bon page turner, ça se lit tout seul, mais la fin a renoué avec une légère indifférence de ma part. 
Au final, j'ai trouvé le fond intéressant (Économie, la guerre et sa rentabilité, les réfugiés...), mais l'intrigue est trop caricaturale, trop simpliste, trop tirée par les cheveux. 

Assez étrange, mais j'y ai vu aussi une allégorie climatique. Le flux étant le symbole des courants marins, comme le Gulf Stream, et de leurs dérèglements via le réchauffement climatique. Et comme s'emparer du problème poserait plus de problèmes politiques et surtout économiques, on préfère la politique de l'autruche....


Pour aller plus loin, je te conseille d'écouter le podcast que C'est plus que de la SF a consacré à l'auteur, même si il parle d'un autre de ses cycles : Le Vieil Homme et la Guerre - Mikael Cabon & Philippe Spiteri


Havensele : Cité blanche

décembre 17, 2020


Charlotte Bona, RroyzZ éditions, 2019, 5€ epub sans DRM


Cité veille, Cité veille, Cité veille.
Et moi je m'endors...

Présentation de l'éditeur :

Mon Maître des émissaires, désespérément amoureux de ma nouvelle enfant, Mathilde cloîtrée dans sa folie.
Je veille.
Son cousin et bras droit Alexian exposé à la tentation, mettant en jeu leur entente. Le Potentiel Jonas en proie aux doutes, qui me rejette.
Je veille.
Les états s’affrontent en guerres larvées. Une rébellion éclate en Asie centrale et menace la paix entre la Russie et la Chine. Un homme de l’ombre avance ses pions dans un monde de plus en plus déliquescent.
Je veille.
Mes enfants ont eu fort à faire pour retarder l’échéance fatale et peut-être vous sauver, vous, les humains. Mais, le compte à rebours infernal s’est enclenché. Son tic tac résonne en vous, en nous… Ne vous leurrez pas.
En 2022, je demeure votre unique espoir.


Mon ressenti :

Le tome 1 nous ayant laissé sur notre faim, avec la découverte de cette Cité qui semble beaucoup plus sombre que le visage qu'elle offre, nous retrouvons nos protagonistes avec plein d'interrogation :  Mathilde va t'elle en vouloir à Thomas ? Vivront ils heureux et auront-ils des enfants blonds ? Quelle est la finalité de cette entité extraterrestre ? Bon j'avoue, seule la dernière interrogation m'intéressait. Quand aux autres, nous dirons que j'en ai eu pour mon argent...

Après la lecture en demi teinte de Cité noire, ce tome central devait répondre à la question : lirais je la suite ? L'irruption d'un nouvel élément dans la partie amoureuse m'a scié les jambes, nous passons d'une relation duelle à une partie à trois (en tout bien tout honneur). Une femme, deux amoureux, qui va t'elle choisir ?
Pire le sujet principal, un monde eugéniste, est à peine esquissé ici, l'autrice préférant multiplier les intrigues et actions. Résultat, cela n'avance guerre. Mathilde et Thomas m'ont semblé de moins en moins crédibles, les péripéties prenant le dessus sur la psychologie des personnages qui en devient binaire.

La mort nous attend. Mais ce qui fait de nous de véritables êtres humains est la manière dont nous parcourons ce chemin. Nous pouvons garder les yeux rivés sur la route ou notre nombril ou bien nous soucier des autres et réaliser de belles choses. Vos sociétés ont perdu le sens du dévouement et de l’altruisme. Malgré tout, certains individus à leur échelle améliorent le monde. Ils mourront, comme chacun d’entre nous, mais ce qu’ils auront accompli perdurera.

En fait Charlotte Bona me fait l'effet d'une Connie Willis. Trop long, trop bavard, trop sentimental. L'intrigue n'avance pas et moi je m'emmerde de plus en plus. J'ai donc fini en diagonale ce tome mais le coeur n'y était plus. Seule la fin, avec une action plus présente, m'a tenu en haleine.

Juste pas une trilogie pour moi, mais je ne doute pas que cela peut plaire à un autre type de public.
Reste donc une déception, car le fond, une utopie eugéniste, me plaisait beaucoup.

Une Heure-Lumière - Hors-série 2019

octobre 05, 2020

Olivier Girard, Ian R. MacLeod, Le Bélial, 2019, 112 p., presque gratuit


Une fois n'est pas coutume ?
On dirait bien que si, car pour la deuxième année consécutive, j'ai pu lire le HS UHL (hors série de la collection Une heure lumière du Bélial !) avec un an de retard, alors que le troisième a déjà pointé le bout de son noyau.

Présentation de l'éditeur :


Une Heure-Lumière, c'est la distance que parcourt un photon dans le vide en 3600 secondes, soit plus d'un milliard de kilomètres… C'est aussi le nom d'une collection réunissant vingt-deux titres à ce jour, un espace éditorial inédit, unique, tant par le fond que par la forme, qui ambitionne de faire voyager vite et loin le lecteur. C'est enfin l'une des plus belles réussites de ces dernières années dans le champ hyper balisé des littératures de genre, ici fêtée avec ce hors-série 2019, le deuxième du genre, qui propose une longue novelette inédite du britannique Ian R. MacLeod, auteur dans cette même collection du très remarqué Poumon vert…
Une heure-lumière… avec les étoiles pour horizon !

Mon ressenti :

Après un éditorial d'Olivier Girard sur les "craqueurs" - dont j'ai cru qu'il allait chanter les louanges des lecteurs, mais c'est plutôt de celles et ceux qui sont à l'origine du succès de cette collection (on le mesure surtout en voyant le nombre sans cesse grandissant de collections qui fleurissent chez la concurrence) dont il se fera l'écho - nous avons le droit à une nouvelle de Ian R. MacLeod, Isabel des feuilles mortes. Texte qui se déroule dans le même univers que Poumon vert.

Il nous conte l'histoire d'une laveuse de carreaux qui, à force de dur labeur, finit par grimper les échelons et devenir gardienne de phare et qui - à cause d'un moucheron collé sur un des réflecteurs - va connaitre l'opprobre. Mais les légendes étant ce qu'elles sont, son histoire est un peu enjolivé par le talent de l'auteur.

Un monde féminin aux saveurs orientales, où la religion est reine. J'ai beaucoup aimé le fond, critique de la religion, place de la femme, homosexualité, beaucoup moins la forme, très poétique. Cependant, j'ai su apprécier sa manière de rétablir la vérité sur le côté fabuleux du conte, et de nous enchanter en montrant les changements induits par la faute de l'héroïne, le tout en se montrant cruel.

En 2018, nous avions le droit à une interview, pas cette fois, le livre se referme sur le catalogue Une Heure Lumière et laisse entrevoir les futures parutions, et surtout non parution covidienne (même un an après, je suis toujours d'actualité !) :


Pour plus d'infos sur les titres à paraître et sur la collection, une seule direction, le blog Aux pays des cave trolls

Comme l'année dernière, je lègue ce hors série au maki, autre lecteur numérique malheureux, qui en fera ce qu'il veut.
Un énorme merci à Nevertwhere qui m'a donné son double, comme elle te donne son double avis sur le HS 2018 et 2019

Pour les autres avis, le forum du Bélial est ton ami



For all mankind - Saison 1

septembre 17, 2020

Série de Ronald D. Moore, Matt Wolpert et Ben Nedivi, 2019, 10 épisodes d'1h



Pour l'humanité entière ? Vraiment ?

Synopsis :


Imaginez un monde dans lequel la course à l'espace n'aurait jamais pris fin. Le programme spatial de la NASA est resté au coeur de la culture américaine et au plus proche des espoirs et des rêves de tout un chacun. Les astronautes de la NASA, véritables héros et rock-stars de leur époque, doivent gérer la pression qui pèsent sur leurs épaules, tout en gérant la vie de leurs familles.


Mon ressenti :


Cela commence fort dès les premières images où on voit un astronaute poser le pied sur la lune. Mais lorsqu'il relève sa visière et se met à parler, stupéfaction ! Une intrique posée de manière éblouissante.
Le reste va dérouler les conséquences de ce point de divergence.

Voilà une uchronie légère autour de la conquête spatiale. Mais pas besoin de connaître l'histoire pour bien être immergé dans cette aventure où personnages réels et fictifs s'entremêlent.
Une série qui nous emmène dans l'espace et sur la lune pour mieux nous amener sur le plancher des vaches avec ses problèmes bien terre à terre.



Conquête spatiale, progrès scientifique, et au final, progrès social. Mais que cache véritablement ce dernier progrès ? Est ce une volonté d'évolution des moeurs, d'ouverture d'esprit ? Ou tout cela n'est que calcul politique ?
Sans forceps, la série nous parle de l'égalité homme/femme, des minorités ethniques ou encore d'homosexualité. Nous sommes dans les années 60/70, la société évolue parfois à son corps défendant, comme le montre l'interview des astronautes qui se concentre sur les capacités féminines alors qu'il n'aurait jamais osé remettre en cause celles des hommes.
L'excellent titre, qui fait référence à la phrase célèbre de Neil Amstrong "That's one small step for [a] man, one giant leap for mankind", résume fort bien le questionnement qui irrigue toute cette première saison.

Tout régime politique comporte sa part d'ombre
Et tout système bureaucratique est corrompu.

Ce sont les années bon temps où l'on pouvait fumer partout, même à l'hôpital, l'alcool fort coule à flot. La bande son reflète l'époque en rythme. Les moeurs sont bien montrés, à travers par exemple la place de la femme et de l'homme dans l'éducation parentale ou cette guerre froide qui fait naitre des suspicions envers les personnes au comportement hors normes sociales. Enfin, tous ne sont pas ennemis de la même façon, comme certains scientifiques nazis...



Une série où l'on s’envoie en l'air de manière spectaculaire, un peu trop d'ailleurs dans les derniers épisodes ou les catastrophes s'enchainent et le réalisme part en torche. On flotte entre Histoire et destin individuel.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas regardé aussi rapidement toute une saison, et désormais, j'attends la suite avec impatience.

Un incontournable pour Mme RSF Blog
Une excellente série, si ce n'est plus pour Mr 233°C

Infiniment - Volontaires ! - Jack in the box - La Machine différente

août 13, 2020


Des ondes lumineuses, des dents plombés, une boite mystère et un automate, voilà des couvertures qui changent des lieux communs de l'imaginaire. Comme le contenu qui apporte souvent une approche différente des concepts science-fictif.






Infiniment - Louise Roullier, 2019, 32 p., 1€


Présentation de l'éditeur :

Infiniment est à la fois un récit court et une très grande histoire, celle d’un enfant né d’une éprouvette pour traverser les âges, celle du premier immortel. Une expérience qui va rapidement montrer ses limites, au détriment d’un enfant qui, lui, n’en a aucune.

Mon ressenti :

Ah, la quête de l'immortalité, une douce utopie... Mais qui devient réalité dans ce monde futur.
Un sujet classique traité de manière originale, je n'avais jamais lu une approche comme celle ci.
L'écriture et le style se rapprochent plus de la littérature blanche, mais nous sommes bien en terre SF avec la science et l'émerveillement face à l'infini. Même si j'aurais préféré un peu plus d'explications sur la particularité, je me suis laissé emporter par le récit, le mythe. Que demander de plus ?

Le maki en a eu le vertige..., et Feyd a goûté à l’infinie solitude cosmique

Volontaires ! - Bruno Pochesci, 2020, 32 p., 1€

Présentation de l'éditeur :

Destination : une planète lointaine, aux antipodes galactiques de notre système solaire. Un équipage trié sur le volet, au départ d'une station en orbite autour de Jupiter. Tout le monde est prêt à partir. À moins bien sûr qu'on ait omis d'exposer aux futurs explorateurs les réels tenants et aboutissants de leur voyage.

Mon ressenti :

Émotions censurées
J'en ai plein le container
Je m'accroche aux cendriers
M'arrange pas les maxillaires
Section rythmique, section de combat
Effets secondaires
C'est quelles séquelles
C'est tout ce qui me reste de caractère

Et des effets secondaires, il va en avoir pour ces volontaires chargés de coloniser de lointaines exoplanètes, grâce à la technologie du "bond" qui permet des déplacements instantanés.
Une nouvelle légère mais dont le twist, que je n'avais pas vu venir, nous montre très bien ce que signifie le terme d'engagement. A la relecture, on constate tous les indices que l'auteur nous avait pourtant laissé.
Quand au pourquoi des dents plombés de la couverture, il vous rappelleront bien des souvenirs...

Un maki guère enthousiaste


Jack in the box - Gwen Geddes, 2020, 32 p., 1€

Présentation de l'éditeur :

Direction : la petite ville de Perfection, dans le désert du Nevada. Ambiance : chaleur écrasante, virevoltants et routes désertes. Un drugstore abandonné au milieu de nulle part, et miraculeusement remis à neuf du jour au lendemain. Dans l'étrange boutique, une étrange boîte à vendre. Et dans la boîte...

Mon ressenti :

Boulot de merde pour vie de merde : devoir chaque jour vendre des assurances vie dans le trou du cul du monde afin de subvenir aux besoins de sa petite famille. Le tout au quatre coins d'un état américain et donc sans pouvoir profiter de ses gosses voici donc la triste histoire de Gary qui va prendre une dimension fantastique.
Sur un sujet très actuel, l'autrice nous montre ce qui se cache dans la boîte crânienne de Gary. Agréable à lire, mais les indices semés ici et là laissent présager trop rapidement la chute.

Une agréable lecture pour le maki


La Machine différente - Jean-Laurent Del Socorro, 2020, 32 p., 1€


Présentation de l'éditeur :

Destination : L'atelier d'Ada Lovelace et de Charles Babbage, à Londres, première moitié du XIXe siècle. Une machine vient de voir le jour. Une machine que Charles veut aussitôt débrancher. Ada s'y oppose. Cette machine est unique en son genre. Mais en quoi est-elle si différente ? Et quel sort peut attendre une machine si spéciale, à l'ère du romantisme et de la révolution industrielle ?

Mon ressenti :

Charles, Ada et Ana. Ana, Ada et Charles. Un vaudeville ? Non, ou alors à la sauce steampunk poétique et avec une machine différente dans le rôle de la maitresse !
Sur la thématique de l'éveil de la conscience et de la place des femmes, ce texte est assez banal. C'est surtout par la mise en scène de Ada Lovelace et de Charles Babbage, deux scientifiques ayant réellement existé qu'il tire son originalité. Malheureusement, je n'ai pas réussi à entrer dans cet univers trop peu développé à mon goût.
A noter, une préface de Karine Gobled, Mme RSF Blog, qui nous donne quelques éclairages historiques et bibliographiques. J'ai beaucoup aimé trouvé ce genre de paratexte, dont j'espère retrouver dans les prochaines publications de l'éditeur.

L’intérêt du maki a été éveillé

Et si vous voulez en apprendre plus sur Ada Lovelace gratuitement, il ne vous reste plus qu'à écouter La méthode scientifique qui lui est consacré : Ada Lovelace, la grande ordinatrice, du 26 septembre 2019


Inquiétudes

juillet 27, 2020

Jacques Timmermans, Jacques Timmermans éditions, 2019, 254 p., 3€ epub avec DRM


Les auto-édités belges sont-ils aussi mauvais que les auto-édités français ?

Présentation de l'auteur :

« Soudain l’obscurité, un homme ne retrouve plus sa chambre. Cet autre défie le hasard, et l’adversaire se montre plutôt coriace. Pourquoi diable le petit Dhjorn n’aime-t-il plus les beignets aux Laemurs ? Et tandis que l’enquête progresse dans l’entreprise, le mystère s’épaissit autour du remède de la maladie d’Alzheimer. Ici, un monde symétrique au temps, où l’on se souviendrait autant de notre futur que du passé. Oh ! Sommes-nous à ce point seuls dans l’Univers ? »
Au fil des intrigues de ces six nouvelles, à la frontière parfois ténue entre fantastique et science-fiction, nos héros, victimes bien malgré eux, tentent désespérément de se défaire de leur pesante inquiétude. Jusqu’à nous la transmettre bien au-delà du récit !
Oseriez-vous les rejoindre ?


Mon ressenti :


Encore un satané auto-édité en manque de reconnaissance qui m'a demandé de lire sa prose. Mais très gentiment, avec un zeste de personnalisation du mail. Assez donc pour me pousser à aller voir à droite et à gauche les avis. Et je tombe celui de Southeast Jones, mon conseiller de lecture favori, qui disait qu'il avait adoré deux des nouvelles. Et comme je lis peu de fantastique, je me suis laissé à dire oui. Les avis sont tous dithyrambiques (sauf un), ce qui me fait tout de même tiquer. Un conseil les auto-édités, des avis nuancés donnent plus confiance que des louanges.

Inquiétudes donc, un recueil de six nouvelles. Et avec un titre pareil, je m'attends donc à être un peu inquiété et passer quelques nuits agitées. Est ce le cas ?
Malheureusement non.
Par contre, même si je n'ai pas été conquis par l'ensemble, je concède que l'auteur sait écrire. Il lui manque à mon sens un peu de bagout pour construire une intrigue qui se tienne mieux, mais rien rien qui ne soit rédhibitoire totalement, mais rien de transcendant non plus.


Le crime parfait
La première nouvelle nous met dans les pas d'un serial killer dont le motif est le hasard. Sa dernière victime va cependant lui donner du fil à retordre et le faire vaciller sur ses certitudes.
Bien écrit, de manière simple et agréable, je me suis cru dans un épisode de la quatrième dimension. Il m'a manqué cependant un peu de concisions et d'inquiétudes pour me transporter complètement. Le ton badin de l'ensemble y est aussi sûrement pour quelque chose, ne laissant guère de place à l'étrangeté.

Déjà vu ça quelque part
Sur une planète, un habitant de milieu rural doit déménager sur la base principale de la planète. Il trouve l'appartement de ses rêves pour sa petite famille construit sur les bases d'une ancienne civilisation alien aujourd'hui disparue. Et...
L'auteur arrive à poser une ambiance un peu old shool, celle où les protagonistes ne sont que peu surpris par les événements surprenants, mais il échoue à me faire croire aux personnages. En outre, tout cela est un poil long et la fin ne parvient pas à surprendre.

L'extraterrestre
Lors d'un repas de famille, un enfant de 6 ans se voit poser LA question : qu'est ce que tu veux faire plus tard ? Sa réponse surprend tout le monde : Extra terrestre.
Sous ses airs humoristiques, ce texte cache des questionnements assez fondamentales : Sommes nous seul dans l'univers ? Si les aliens existent, viendraient ils en paix ? Pourquoi mangeons nous notre prochain ?
Une galerie de personnages drôles et cocasses mais qui sonnent justes. Et l'auteur de nous offrir un texte à plusieurs chutes bien troussées.

Il y eut un soir, il y eut un matin
Après une fête de Noël, le propriétaire des lieux tentent de retrouver son lit.
Passé à côté de ce texte dont la mystique sous-jacente ne m'a guère plu.

Enquête en R&D

Un chercheur dans un labo pharmaceutique voit son patron lui tomber dessus à cause de sa dernière étude sur un possible traitement contre la maladie d’Alzheimer.
L'occasion de nous balader dans cette industrie et ses manières de faire. On sent que l'auteur connaît de quoi il cause, ou qu'il s'est bien documenté. Sous prétexte de l'enquête pour trouver l'erreur dans le protocole, c'est tous les différents départements que nous visitons : chimiste, animalerie.
J'ai bien apprécié l'ensemble, seul la chute m'a désarçonné, voir déplu dans ce qu'elle sous entend de la Science.

Bon anniversaire
Alors que le twist final, même si peu original, est bien amené, l'intrigue est un peu trop brouillonne. J'ai eu cette impression de voir le fameux show dont tell. Vraiment dommage car cela aurait pu être un très bon texte de space opera.


Lu dans le cadre d'un service de presse



Chiens de guerre

juin 15, 2020

Adrian Tchaikovsky, Denoël Lunes d'encre, 2019, 320 p., 14€ Epub avec DRM


Lorsque ton chien s'oublie sur ton roman de SF militaire, est-ce dû au fait que c'est un vilain chien,
ou sait-il que les militaires, c'est le Mal ?

Présentation de l'éditeur :


Je m’appelle Rex. Je suis un bon chien.
Rex est un bon chien. C’est un biomorphe, un animal génétiquement modifié, armé de fusils-mitrailleurs de très gros calibre et doté d’une voix synthétique créée pour instiller la peur. Avec Dragon, Miel et Abeilles, son escouade d’assaut multiforme, il intervient sur des zones de combat où les humains ne peuvent se risquer.
Rex est un bon chien. Il obéit aux ordres du Maître, qui lui désigne les ennemis. Et des ennemis, il y en a beaucoup. Mais qui sont-ils réellement? Se pourrait-il que le Maître outrepasse ses droits? Et si le Maître n’était plus là?
Rex est un bon chien. Mais c’est surtout une arme de guerre hautement mortelle. Que se passerait-il s’il venait à se libérer de sa laisse ?


Mon ressenti :

Vilain chien, bon chien ?
Est ce son instinct, son éducation ?
On s'en fout, cela reste de la faute du chien, et pas de son maître.

Rex est un bon chien, joueur comme il se doit. Quand son maître lance la balle, il va la chercher. En fait non, c'est lui la balle. Et son jeu favori, c'est jouer à la guerre, la sale guerre. 
Comme tout bon chien, il est dans une meute. Mais Rex est un chien cyborg entouré d'animaux ayant subi le même sort. Des bêtes effroyables et effrayantes mis entre les mains des puissants pour pacifier des régions soumises à turbulences. Force décuplée, armement dernier cri et intelligence développée, et qui n'ont rien à faire des lois d'Asimov. Mais lorsque la machine s'enraye, et que l'éclat de conscience s'éveille....

Plus longtemps nous attendrons sans aboyer, plus ils s’approcheront de nos cages pour nous insulter et nous provoquer. Ils recommenceront sans arrêt. Et si nous tentons une seule fois de les mordre, ils diront que nous sommes des animaux.


Comment aborder de manière "plaisante" des sujets complexes  ? Voilà un très bon exemple.
Sur la thématique de la singularité, ce roman aborde les sujets de l'éveil de la conscience, du libre arbitre et in fine, de la cohabitation entre espèce. Le tout de manière ludique, en s’amusant à la guéguerre. Au delà de l'aspect militaire, l'auteur n'hésite pas à aller au-delà du terrain pour nous entrainer dans les conséquences de cet éveil.
Que ce soit dans le pourquoi remplacer par des animaux les militaires, la délégation du sale boulot à des officines pas très nettes, cela reste crédible. Juste une extrapolation de notre présent. Et si les animaux étaient plus humains que les Hommes ?

Il est bien plus facile d’accuser un vilain chien que de confesser un crime. Dès le début, c’était un avantage proposé par le projet de développement des biomorphes militaires. On a donné à Rex un aspect effrayant afin de rendre sa culpabilité plus vraisemblable.

Ceux qui aiment le Bing Bang boum auront leur quota, ceux qui préfèrent la réflexion seront conquis et ceux qui aiment les deux seront joie. Le point fort du roman est de nous mettre dans la tête de cette meute enragée, avec différents points de vue.
Même si quelques facilités parsèment ça et là le récit, l'ensemble est de haute tenue.
Enfant soldat, esclavage,  racisme, de nombreuses lectures peuvent en être faite, le tout avec fluidité et en véritable page turner. Une réussite.


Les avis des blogmorphes :

Je m'appelle Aelinel, je suis une bonne chienne

Je m'appelle Apophis, je suis un bon chien

Je m'appelle Artemus Dada, je suis un vilain chien

Je m'appele Elhyandra, je suis une bonne chienne

Je m'appelle FeydRautha, je suis un bon chien 

Je m'appelle Les chroniques du chroniqueur, je suis un bon chien

Je m'appelle Lorhkan, je suis un bon chien

Je m'appelle Ombre Bones, je suis une vilaine chienne

Je m'appelle Shaya, je suis une bonne chienne

Je m'appelle Xapur, je suis un bon chien


Au vue des autres couvertures, l'édition française s'en sort très honorablement.
Bon chien Lunes d'encre.

 
 
 
 
 édition anglaise
  édition lettone  édition tchèque   édition russe


Et enfin, je peux mettre dans un billet la chanson qui a donné le nom de mon blog




Fourni par Blogger.