Les bras de Morphée

 

Yann Bécu, Les Éditions de l'Homme sans nom, 2019, 296 p., 6€ epub sans DRM

 

Une dystopie peut elle être drôle ?
Yann Bécu a son avis sur la question.


Présentation de l'éditeur :


Morpheus est un mystère.
Il laisse songeur, littéralement. On s’assoupit en un clin d’œil, on dort d’une traite, on se réveille comme une fleur. Rien de déplaisant en soi. C’est tout le reste qui nous tue.

Morpheus, c’est ce sommeil qui nous cueille sans prévenir, pour une durée qu’on ne choisit pas.

Morpheus, c’est le nom plutôt musical d’une belle saloperie. Il faut l’imaginer comme une berceuse, un requiem.

Voici un futur proche où l’on veille en moyenne quatre heures par jour. En amour, à l’école, au travail, la routine a forcément l’allure d’un sprint : faire vite, faire court, ne pas trop ramener sa fraise… Trois lois sacrées que Pascal Frimousse profane au quotidien.




Mon ressenti :


Un jour, l'humanité se prend un virus étrange sur la tronche qui endort de plus en plus l'humanité. Conséquence immédiate, un sacré boxon. Difficile de faire tourner la machine alors que la main d'oeuvre manque. Nous sommes quelques années après ce grand cataclysme, la République tchèque s'en sort un peu mieux que le reste du monde...
 
Les hypothèses allaient bon train : vengeance de Dame Nature, punition divine, fuite d’un laboratoire polonais, invasion des Atlantes, coup de pute des Slovaques, pour n’évoquer que les plus raisonnables.
 
L'auteur tire les conséquences sociétales d'un monde où tout part à vau l'eau et où il faut tenter de survivre par tous les moyens.
Encore un livre qui met le moral dans les chaussettes ? Que nenni, ici on se marre su désespoir. Humour potache, acide, noire, cynique, l'auteur nous sort le grand jeu. Sous la pochade surréaliste, quelques belles saillies sur les travers de notre temps et la connerie humaine.

Brassards, pétards rutilants et coups de sifflets, rires sonores des mômes qui sillonnent la foule en riant, tourniquets des matraques, toute cette agitation revêt un petit air jovial de kermesse fasciste

J'ai pris un énorme plaisir à lire ce roman qui m'a fait parfois penser à La Trilogie Trademark de Jean Baret. Seul souci, quelques semaines après ma lecture, l'intrigue a quasi disparu de ma mémoire, l'occasion de le relire ?

l’échafaud scolaire de Prague 4 est enfin réparé, un grand bravo aux élèves de la 6e techno du lycée Kepler et à leur professeur pour ce beau projet pédagogique ; dès jeudi les exécutions reprennent aux heures de récréation habituelles…


Le roman se termine par un petit glossaire, car oui, la connaissance, avec si peu de temps de réveil disponible, en a pris un sacré coup dans la gueule.
 
Dadaïstes : Folklore, Litt. Autre nom des chevaliers de la Table ronde, ordre légendaire au service du roi Arthur. Passent leur vie sur leur monture.
 
Hara-kiri : Médecine, Japon féodal. Césarienne pratiquée sur l’épouse d’un samurai au moyen d’un scalpel sacré (wakizashi). L’intervention chirurgicale doit permettre la mise au monde d’un guerrier (bushi) parfait. Variante : le seppuku (coutelas tantō ingurgité par la mère, le bébé samurai pratiquant l’incision libératrice in utero).
 
Rainbow Warrior : Années 1990. Navire porte-drapeau du mouvement homosexuel maori (voir All Blacks). Emblème : la licorne.
 
Théorie du genre : Années 2000, Théolog. Clame le caractère acquis de la sexualité des anges, et par-delà de tous les êtres vivants : « On ne naît pas ange, on le devient. » Théorie très largement invalidée par la preuve de l’existence des femmes (2040).
 
J'ai remarqué qu'un nouveau roman de l'auteur était sorti, L’effet coccinelle :
Quand la preuve indubitable de l’existence de Dieu est publiée sur Terre, l’exaltation du premier soir est de courte durée : « Dieu existe », d’accord, mais au fait… lequel ?
 

 — Donc, dès qu’on m’interroge, je me tais et je regarde de haut ?
Il hoche la tête :
— Ta taille rend pas la chose évidente, mais je te crois assez gymnaste pour réussir à regarder de haut depuis le bas. Tout en souplesse, Frimousse.


Drôle, vif, décapant selon Gromovar, Yuyine vous donne un ordre : "Lisez-le!"
Le maki préfère lui le réalisme au surréalisme.

 

8 commentaires:

  1. Vraiment trop surréaliste pour moi mais je comprends que cela puisse plaire...

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  2. Depuis longtemps dans ma PAL, l'éditeur me l'avait très bien vendu lors d'un salon en Belgique et je trouvais la couverture très sympa en plus du synopsis. Un peu peur que ça entre dans des références dont je n'ai pas connaissance mais ton avis positif semble confirmer que j'ai bien fait de me le procurer. Plus qu'à le lire ^^

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    1. On sent des clins d'oeil mais cela n’empêche pas l'immersion.

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  3. Bon, l'humour ça n'est jamais gagné, mais entre Gromovar, Yuyine et maintenant toi, ça commence à faire son chemin dans mon esprit.

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    1. Nous ne sommes pas dans Les annales du disque du monde, c'est pas trop barré.

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