Célestopol 1922

 

Emmanuel Chastellière, Les Éditions de l'Homme sans nom, 2021, 400 p., 10€ epub sans DRM

 

Emmanuel Chastellière était-il dans la lune en pondant ce recueil ?
Je n'ai aucun doute sur le sujet, vu que j'ai eu l'impression de me balader pour de vrai dans cette ville de Célestopol.


Présentation de l'éditeur :


Une année à la découverte des mirages et des merveilles de la cité sélène, joyau de l'âme slave arraché à la Terre, entre les mains d'un duc au destin défiantle cours du temps.
Une année où croiser dans ses rues Marie Curie, l'archiduc François-Ferdinand ou Howard Carter, mais aussi humbles ouvriers, voleur volubile ou automates au cœur de cuivre. Entre ruines lunaires à explorer, un championnat du monde d'échecs à préparer ou des complots à déjouer...
Les canaux ambrés de la ville n'ont pas fini de vous dévoiler ses secrets !


Mon ressenti :


Il y a deux ans, Célestopol premier du nom m'avait laissé un goût d'inachevé, mais il est toujours resté dans ma mémoire avec quelques flashs de cette cité lunaire. Alors, lorsque ce Célestopol 1922 a fait son apparition, je n'ai pu que l'acheter (au prix fort soit dit en passant, l'epub étant en promotion quelques jours après mon achat et l'auteur n'a pas voulu me rembourser la différence)



Comme dans tout recueil, les nouvelles composant Célestopol 1922 vous emmènera avec elles sur notre satellite, d'autres vous feront garder les pieds sur terre. Mais quoiqu'il en soit, j'ai vraiment apprécié me plonger dans les tranches de vie des différents personnages. L'auteur arrive à poser l'ambiance, à nous rendre réel cette cité imaginaire. J'ai beaucoup apprécié le fond de luttes sociales qui s'en dégage, luttes sur bien des aspects de notre société. Cerise sur le gâteau, ce fond ne vient pas prendre le pas sur le récit, mais l'accompagne en douceur. Les textes se répondent parfois entre eux, dessinant peu un peu un portait de Célestopol.
Seule question que je me pose : Faut-il avoir lu le premier recueil pour le lire ? Je n'ai pas d'avis trancher. Le premier vous fera part de la construction de cette cité, vous présentera quelques personnages fil rouge, mais je me dis que l'on peut très bien s'immerger dans ce 1922 et savourer les précisions plus tard. A vous de voir, mais il y a de grandes chances qu'après votre lecture d'un des livres, vous vous jetiez sur l'autre.

Célestopol 1922, voilà un titre qui donne le LA : une ville lunaire en 1922, ce que contredit fortement le premier texte, Toungouska, se situant sur la terre principalement en 1908 ! Mais à la décharge de l'auteur, cette mise en bouche arrive à dresser un background de belles manières.

Dans Mon Rossignol, un couple d'amis se retrouvent quelques années plus tard. L'une en bas de l'échelle sociale, l'autre comme député sur la pente descendante. Leurs idéaux vont-ils accorder leur violon ? Un texte qui explore les classes et luttes sociales en montrant comment se décident les acquis sociaux. Très bon texte au goût amer.

Sur la glace nous narre la volonté du Duc, le grand manitou de la ville, d'organiser une compétition de patinage avec le meilleur patineur de la Terre qui avait mis un terme à sa carrière. Une occasion d'approcher de plus près les fameux automates qui peuplent la cité. Toujours politique, ce texte montre que quiconque est toujours sous une férule et ce qu'il en coûte de s'écarter de la norme social.

Memento Mori conte l'histoire d'un père et ses deux filles dans le quartier riche. Il élève seul ses filles alors que sa condition sociale ne cesse de se dégrader, comme la maison qu'il ne veut quitter, car elle porte en elle les souvenirs de sa femme décédée. Tous les éléments sont réunis pour le drame. Un texte qui m'a moins emporté, un peu linéaire et sans enjeux qui m'intéresserait.

Dans Une nuit à l'opéra Romanova, le plus célèbre des tours de magie est en vente aux enchères, rameutant les magiciens de la terre. Célèbre, car il contient une malédiction : chaque magicien l'ayant eu entre les mains est mort avant de montrer son tour. On continue d'explorer les us et coutumes de Celestopol et aussi d'en apprendre plus sur certains personnages récurrents. Un bon texte, mais je suis toujours émerveillé devant un tour de magie.

Le Correcteur de fortune, un être ayant le don de chance quitte la terre pour Célestopol. Mais la chance semble tourner... Même si la chute se devine assez vite, on passe un bon moment à se demander si la chance va nous sourire ou si l'auteur va nous rouler dans la farine.

Katarzyna : Un bar interlope, une femme, une cuite et une relation non consentie. Pas la soirée idéale. .. nous allons découvrir l'histoire de cette femme. Un texte d'ambiance, plus SF que les précédents qui va nous emmener sur des chemins priestiens.

Place au féminisme dans Le revers de la médaille, l'histoire d'une femme passionnée de livres et de liberté qui va faire la rencontre d'une personne qui va faire changer sa vie. Avant de faire la révolution, que faut il faire pour préparer les mentalités ? Un texte un peu trop rapide pour être tout à fait crédible. Quelques dizaines de pages n'auraient pas été de trop pour cerner la psychologie des personnages et rendre cela réaliste.

Un visage dans la cendre : Un voleur de bas étages accepte une mission de la dernière chance pour avoir un peu de thune : retrouver le chat d'une bande de gosses de rues. Une escapade fantastique dans des entrailles de Celestopol que j'ai beaucoup apprécié

La malédiction du pharaon m'a laissé un peu de marbre, avec son histoire mettant en scène un certain Howard Carter, un archéologue sur le déclin se voit offrir une offre irrésistible.

Un vétéran de guerre, une fabriquante de masque en porcelaine et une maison close, les protagonistes de Paint Pastel Princess. Lui tente d'oublier son passé traumatique, elle d'oublier sa laideur en créant de la beauté, et la maison utilise les automates pour assouvir le plaisir de riches. Je n'ai pas été trop étonné par le dénouement trop convenu, mais l'histoire offre quelques belles péripéties et se focalisent sur l'esclavage des automates.

La fille de l'hiver : Une sauvageonne erre dans les rues de Célestopol et semblerait être dotée de pouvoirs surnaturels. Un ton plus dramatique pour ce récit fantastique et SF qui met enfin en avant le personnage qui ne cesse d'hanter ce recueil, le fameux Duc.

Danser avec le chaos clôt ce recueil, une lovecrafterie qui ne m'a pas emballé. 

15 commentaires:

  1. Aucun goût d'inachevé cette fois donc ? J'en déduis que tu as trouvé ça plus flamboyant (pour te citer) ?

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    1. Oui, j'ai bien apprécié l'immersion, mais Célestopol n'avait jamais arrête de me trotter dans la tête.

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  2. J'avais vraiment bien aimé "Célestopol". Je pourrais me laisser tenter par celui-ci également.

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  3. Merci pour ce retour !
    Juste une petite précision : Toungouska, la nouvelle, se passe bien en 1922 ! C'est l'évènement de départ qui lui a eu lieu en 1908. :)

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    1. Il vous en prie.
      Pour la première nouvelle, je suis d'accord, mais tu chipotes, cela démarre bien en 1908. ;p

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  4. Bon moment de lecture. On se laisse vraiment porter par ces histoires,les chapitres,tout s’enchaîne parfaitement. Le style est fluide,sans phrases à rallonges et les personnages convainquants et moi j’ai été convaincu.Si j’ai bien suivi,il y a un Celestopol n*1.

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    1. Bonjour !

      Merci beaucoup !
      Il y a un premier volume, oui, à retrouver en poche chez Libretto, mais on peut lire les deux dans l'ordre qu'on veut. :)

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  5. Super. Merci.
    Et en plus Libretto c’est vraiment chouette.

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    1. Oui, c'est une belle maison !

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    2. Emmanuel a bien fait de te répondre, je suis un peu lent sur le coup.
      Si tu as aimé 1922, le premier devrait te plaire.

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  6. Chouette! Ça m'intéresse depuis le début, parce que russisant... Un jour!

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