Une histoire des abeilles




Maja Lunde, Presses de la cité, 2017, 400p., 16€ epub avec DRM

Il existe plein de moyens pour que apocalypse survienne : les zombies, l'accident nucléaire, le changement climatique, les virus, un astéroïde facétieux ou quelques exaltés.
Maja Lunde ajoute une cause supplémentaire : l'abeille. Et aussi surprenant que cela puisse paraitre, c'est beaucoup plus réaliste.


Présentation de l'éditeur : 


Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l’apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d’une exploitation menacée par l’inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d’un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d’un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l’humanité.

Mon ressenti :


2007, un nouvel acronyme apparait : le CCC : Colony Collapse Disorder, soit le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.
Avec un sujet pareil, les erreurs sont souvent soit de sombrer dans le pompeux essai didactique, soit dans le message apologique. Maja Lunde parvient à rester dans le roman tout en délivrant son message de manière douce qui pourrait être : ne pas scier pas la branche sur laquelle on est assis.

Trois époques, trois continents, des débuts de l'apiculture moderne à un futur possible, sans abeilles.
Chaque époque est représentative : celle du 19ème siècle nous montre les origines de l'apiculture domestique à travers le destin d'un chercheur idéaliste et dépressif. Sur la période actuelle, l'auteur s'attarde sur la vie d'un apiculteur pris dans la tourmente de l'effondrement. Et l''anticipation s'attache au destin d'une travailleuse pollinisatrice.
La force de ce roman est de s'être attaché aux personnages à travers leurs familles, leurs quotidiens et leur travail. Chacun doit son labeur à ces butineuses et espère transmettre à ses héritiers un travail dont il sera fier. Tous sont liés au destin de ces petites bestioles, pour le meilleur et le pire.

Ma connaissance des abeilles se limitait à :
- ça pique;
- et ça embête le monde lors des barbecues.
Désormais, j'en connais un peu plus sur ces insectes et j'en sais surtout plus sur les conséquences de leur disparition. Car au-delà de leur rôle dans la pollinisation, l'auteur nous montre l'impact de cette absence dans la vie de tous les jours. Et tout cela sans, trop, vous filer le bourdon ! J'ai aimé son analyse pleine de mesures des causes, probables et multiples, de la disparition des abeilles.

Cependant, dans le second tiers du roman, les rebondissements dans la vie de nos protagonistes sont un peu trop gros, le réalisme s'éloigne. Et l'époque future est la moins réussie à mon avis dans sa vraisemblance anticipatrice.
Quelques petits défauts pardonnable pour un premier roman adulte de Maja Lunde, une scénariste et auteure de littérature enfantine norvégienne. Nul doute que l'on entendra parler d'elle à l'avenir.

Yogo pense que c'est un roman à mettre d'urgence entre toutes les mains. Au vue du prix et des DRM, pas sûr que son appel soit entendu, dommage.
Pour le lutin apiculteur, dont la critique m'avait donné envie de lire ce roman, le récit a sonné juste à ses yeux, et même l’a sonné tout court.


4 commentaires:

  1. Je suis ravie de ta critique. Il était clair que mon avis était un peu partial, mais je vois que je ne suis qu'un peu plus enthousiaste que toi!
    C'est vrai qu'elle y va fort avec le côté anticipation, surtout dans l'attitude des autorité par rapport à la famille d'un enfant. C'est un poil trop "complotiste". En revanche, tout à fait plausible quant à la disparition des abeilles. La Chine est déjà obligée de faire appel à des pollinisateurs humains....

    Je vois que toi aussi, tu n'as pas pu échapper à la blague du bourdon! ;-)

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  2. La blague du bourdon était incontournable, je n'ai pu résister à son appel.

    Pour la Chine, je ne savais pas que c'était déjà d'actualité, c'est une situation désespérante. Mais d'un autre côté, cela montre que l'anticipation n'est pas le point fort de l'auteure !
    Il manque donc peut être une postface pour expliquer aux ignares les emprunts à la réalité des situations romanesques.

    Merci pourcette découverte.

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  3. C'est avant tout un livre qui permet de prendre conscience que nous sommes dépendants de tous ces insectes et qu'en les détruisant on se détruit ! C'est une "belle" fable écologique qui s'adresse au plus grand nombre. Donc les aficionados des post-apo seront forcément déçus mais ce n'est pas le sujet du roman. ;-)

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    1. Je suis pleinement d'accord avec toi, c'est juste la partie anticipation qui me semblait peu réaliste par rapport à l'ensemble. Juste un bémol !

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