La dernière machine

Jean-Marc De Vos, Autoédition, 2022, 211 p., 5€ epub avec DRM


Parfois, on ne sait pas pourquoi, on a envie de lire un livre avec une couverture moche.
Dans ces cas là, ma destination de prédilection est toujours de me tourner vers mon tenancier préféré Jean-Marc De Vos qui adore faire saigner les yeux de ses lecteurs...

Pitch de l'éditeur : 

14 nouvelles de Science-Fiction, Anticipation, Fantastique, 14 pépites qui renouent avec une SF « plaisir », ambiance Pulp – Old School garantie.
Un recueil où l’auteur ratisse large : tous les lieux imaginables et inimaginables, toutes les époques, toutes les situations. Et puis, il y a toujours une machine.



Mon ressenti :

Dans son intro, l'auteur dit qu'il ne faut pas chercher le sous texte, juste apprécier les histoires. Voyons donc ce que cela donne :

Peur de rien !
Il enfonce le clou ici avec cette mise en bouche, écrite comme une boutade. Et ça marche ! Le pitch ? Un premier contact alien dont il faut trouver un volontaire pour vivre seul durant 20 ans.

Hadès
L'humanité est comme la peste, difficile de s'en débarrasser. On peut voir cela comme de la persévérance, ou de la connerie, ce que semble nous dire l'auteur qui nous conte un futur dans 300 millions d'années où les humains pensent avoir retrouvé le berceau de l'humanité, notre bon vieux caillou. Des humains retrouvent le berceau de l'humanité, la terre. Entre mythe des origines et théorie Gaïa, une nouvelle dont la chute permet à l'auteur de dire son amour de l'humanité. Léger et drôle, un plaisir évident que de lire ce texte.

Ceux d'en bas
Voilà un texte qui rappelle la SF avant qu'elle ne s'appelait ainsi. On suit un maître et son élève dans une ambiance étrange et des sismologues.
Comme jadis, pas de réel intrigue, juste des tranches de vie qui vont se rencontrer. Manque d'originalité ici, j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu ce genre de trucs. L'auteur dit avoir rédigé ce texte avant d'avoir lu la nouvelle de Clarke, les feux intérieurs, que je n'ai pas lu...

Bubble City

Des êtres sont découverts dans la haute atmosphère de Jupiter, mais gardent jalousement leur secrets. Un ingénieur va tenter de comprendre leurs mécanismes.
Un texte old school (l'aventure, plus que la véracité scientifique), peut être un peu trop rapide, mais dont le final laisse l'infini des possibles se réaliser.

Hiver sur Martingale
Une planète avec plein de ressources à disposition, le paradis pour une entreprise minière. Mais l'exploitation va mal tourner, la flore ayant une croissance infernale. Toujours dans la même veine, le twist final est splendide

La mère de toutes les peurs
Tel est pris qui croyait prendre
Un scientifique est banni de sa communauté suite à une expérience ratée : bilan des dizaines de morts. Il tente sa dernière chance pour se faire réintégrer dans le sérail auprès d'un collègue. Sur fond d'IA et de peur primordiale, une nouvelle rafraîchissante.

La dernière machine de Reich
Inspiré d'un personnage réel, Wilhelm Reich, un des assistants de Freud qui travaillait sur l'orgasme et mourut en prison...
On suit une équipe de scientifiques spécialisés dans la radioactivité qui doit intervenir suite à la découverte d'un objet étrange radioactif dans le trou du cul du monde.
Une nouvelle malaisante du fait de la réalité et de la réécriture de l'auteur sur un pan de l'histoire. Glaçant.

Exhibition
Une histoire inspirée d'un article de presse où Google avait arrêté d'appliquer des filtres par défaut lors de la prise de selfie à cause de troubles sur la santé mentale. Ce que ne font pas fait ses concurrents.
Marrant, car j'ai remarqué que mon smartphone mettait un filtre lors de la prise de selfie, ce que je trouve dérangeant...
Que se passerait il si tout le monde était retouché ? L'auteur nous invite 100 ans dans le futur où le filtre est la norme, le réel la déviance. Dommage que le final soit banal car le monde décrit est très intéressant et questionnant sur notre besoin de modifier nos apparences. Cela reste un très bon texte.

Haptophobique Transgression
Une sorte de blague potache et grivoise autour d'une phobie. Sans intérêt

George, Notre Sauveur
Une nouvelle pour un concours dont l'une des conditions était de commencer le texte par "lorsque Georges rentra chez lui, ce jour là comme tous les jours, rien ne le préparait à ce qu'il vit en franchissant la porte du salon."
Et l'auteur de nous dire que ce fameux salon n'était plus là, remplacé par le néant. Encore du style old school, à base de voyage dans le temps. Distrayant.

Droit dans le mur
Ici, un homme entend des voix dans son mur. Il semblerait que ce soit des aliens. Une pochade dont la morale pourrait être de ne pas prendre ses vessies pour des lanternes.

La dernière séance
Un informaticien a une idée de génie : et si on inventait une IA capable de produire des films et des séries.
Ecrit avant la vague actuelle de l'IA générative, De Vos nous conte une histoire pleine de Pulp avec une fin des plus réjouissantes que je n'avais pas vu venir.

Bibliotheca Apostolica Vaticana
Un cul bénit scientifique est convoqué chez la plus haute instance, le pape, pour une mission capitale.
Relecture des évangiles à la mode De Vos, qui allie science et religion, pour nous emmener dans un grand bang.

Les Murides
En 2019 paraissait L.ambassadeur, le premier roman de l'auteur. Et sans cette nouvelle, son histoire serait sûrement différente. Comme son récit uchronique qui nous conte un peuple alien dont la planète va disparaitre et tente de trouver un moyen de survivre.
Seul bémol à ce texte, c'est qu'il dévoile le twist du roman. Et que je suis plutôt d'avis que vous remettiez la lecture de cette nouvelle à plus tard désormais que vous êtes arrivés à ma dernière critique de ce recueil. Vous savez donc que l'auteur est un bon conteur, dépensez donc quelques euros pour son premier roman (c'est de l'auto édition, ça coûte moins cher qu'un café sur l'autoroute), appréciez et acheter d'autres livres de l'auteur et enfin, lisez les Murides !

Au final, l'auteur ne nous trompe pas sur la marchandise, une lecture plaisante qui passe le temps. Seul mensonge, j'ai trouvé quelquefois du sous-texte, mais c'est la cerise sur le gâteau. En outre, j'ai bien apprécié que l'auteur ajoute un peu de paratexte avant chaque nouvelle.
Ma plus grosse déception est de ne pas avoir pu me payer un autoédité avec une critique assassine, mais ma probité intellectuelle m'oblige à avouer passer de très bon moment à lire ce Jean Marc De Vos (et sa créativité à pondre des couvertures moches pousse même au respect !)

1 commentaire:

  1. Merci de tes encouragements pour la couverture, grâce à toi je sais que je conserve le cap de l'excellence! C'est précieux. :-)

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