La tour de Babylone


Ted Chiang, 2006, Folio SF, 416 p., 8€ papier

 

Recueil de huit nouvelles multi primées (Nebula, Hugo, ...) d’un auteur à la plume rare.

Recueil que je qualifierai de Hard SF, mais sortant des sentiers battus. Pas d’IA, de singularité, de voyage supra-lumique, Ted Chiang nous invite au fil des textes dans les mathématiques, la linguistique, les sciences humaines et sociales. C’est de haut niveau, amenant à la réflexion.
Mais cela reste très théorique, pour exemple : "L’existence d’appareils basés sur la science métahumaine a engendré l’herméneutique orientée objet. On a d’abord tenté de décompiler ces appareils dans le but non de fabriquer des produits concurrents mais de saisir les principes physiques de leur fonctionnement. Technique la plus répandue, l’analyse cristallographique des nanodispositifs nous offre souvent des aperçus sur les processus de mécanosynthèse."
Tout n'est pas de cet acabit, bien que la majorité des textes restent techniques, à part les nouvelles "La Tour de Babylone", "Comprends" (qui m'a fait penser à Des fleurs pour Algernon) et dans une moindre mesure "Aimer ce que l'on voit" (ma préféré).

Il manque un côté « sense of wonder » dans ces nouvelles, un style assez froid qui a fait que j’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser aux personnages et aux histoires
Certaines nouvelles sont empreintes de religiosité, et ce n’est pas mon sujet de prédilection.

Bref, l’auteur a du bagout, c’est bien écrit, mais je n’ai pas réussi à entrer dans les récits..
Mais si vous vous intéressez aux sujets précités et ne recherchez pas le divertissement, ce recueil pourra vous plaire. 

Petit plus, le recueil se termine sur des notes de l'auteur, replaçant les nouvelles dans leur contexte de réalisation et leur but. Cela m'a grandement aidé.

Un film, Premier contact, va sortir à la fin de l’année, tiré de la nouvelle L'Histoire de ta vie : le trailer


On a conditionné les filles à croire que leur valeur est liée à leur apparence. Ce qu’elles accomplissent est amplifié si elles sont jolies et minimisé si elles ont un physique ingrat. Plus grave encore, on a persuadé certaines d’entre elles que la beauté suffit pour réussir dans la vie et que développer son intellect est par conséquent superflu. Je souhaitais protéger Tamera contre ce genre d’influences.

Dans Principia Mathematica, Bertrand Russell et Alfred Whitehead ont tenté de fournir des assises rigoureuses aux mathématiques en utilisant comme base la logique formelle. Ils ont débuté avec ce qu’ils considéraient être des axiomes, dont ils se sont servis pour établir des théorèmes à la complexité croissante. Arrivés page 362, ils ont démontré suffisamment de choses pour pouvoir avancer que « 1 + 1 = 2 ».

Comme bien d’autres avant elle, elle avait toujours considéré que les mathématiques ne puisaient pas leur signification dans l’univers, mais imposaient un sens à ce dernier. Les entités physiques n’étaient pas plus ou moins grandes l’une que l’autre, ni semblables ni dissemblables ; elles existaient, tout simplement. Bien qu’indépendantes, les mathématiques leur apportaient virtuellement une signification sémantique en établissant des catégories et des rapports. Elles ne décrivaient aucune qualité intrinsèque, elles se contentaient de fournir une interprétation.


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