Aliette de Bodard
Angle mort
Bruce Riley
DRM free
Jean-Marc Agrati
Martin L. Shoemaker
Raphael Carter
Revue
Angle mort n.12
Angle mort, Automne 2016, 126 p., 3€ epub sans DRM
La recherche d'une nouvelle ligne éditoriale est toujours d'actualité, mais s'affine, même si je n'en ai pas compris le principe.
Présentation :
Futurs spéculatifs, présents alternatifs, Angle
Mort propose de la science-fiction contemporaine courte (nouvelle), mais
efficace. Angle Mort 12 est le numéro de la revue le plus complet
jamais publié, avec en plus des 4 nouvelles inédites qu'il propose (de
Aliette de Bodard, Raphael Carter, Martin L. Shoemaker & Jean-Marc
Agrati), un article d'histoire des sciences de Peter Galison qui revient
sur les rapports science/science-fiction, une interview avec Joëlle
Bitton à propos du design spéculatif dans laquelle elle présente
certains prototypes, l'interview avec l'artiste de couverture Bruce
Riley et d'autres surprises pour vous aider à comprendre l'intérêt et la
richesse de la science-fiction aujourd'hui.
On commence par l'interview de Bruce Riley versé dans l'art psychédélique et les réprésentations organiques abstraites. Cela finit de manière assez abrupte : qui a mené l'interview, quand ? Mais je note la tentative d'illustrer le propos à l'aide de vignettes qui gagneraient à être un peu plus grande.
Puis un article de Peter Galison qui arrive comme un cheveu sur la soupe alors que l'éditorial laisse à penser que ce texte viendrait après les nouvelles. Texte autour des scénarios concoctés par les grandes firmes multinationales ou les États à fin de prospection. Ou de l'utilité de la science fiction !
L’Ange au coeur de la pluie, d'Aliette de Bodard "est un texte sur la déchirure que provoque une migration forcée par la guerre, le deuil à faire d’une vie passée, les souvenirs qui nous accompagnent où que nous allions, les insupportables petites différences qui s’incarnent jusque dans les objets les plus banals du quotidien : la couleur des choses, l’odeur des rues, et cette pluie serrée…"
Je n'ai pas retrouvé pleinement cette intention dans ce texte qui ne m'a guerre convaincu.
L’Agénésie congénitale de l’idéation du genre par K.N. Sirsi et Sandra Botkin, de Raphael Carter. Une sorte de fiction scientifique-documentaire-enquête sur des individus ayant des troubles de reconnaissance du "sexe". Bien aimé ce voyage dans l'enquête scientifique.
Cependant, j'ai trouvé plus qu'étrange d'insérer ce texte dans la revue : "Malheureusement, Raphael Carter n’a plus donné aucun signe de vie depuis l’écriture de ces deux textes et, malgré nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à le joindre. Si l’auteur ou le présent détenteur des droits sur le texte souhaite nous contacter, nous serons heureux de lui répondre."
Donc si je lis entre les lignes, cette nouvelle a été publié sans accord. Pas très pro voir antagoniste avec l'image de recherche que la revue veut développer.
Aujourd’hui je suis Paul, de Martin L. Shoemaker. Un robot anthropomorphe doté d'une intelligence artificielle personnalisé est chargé de s'occuper d'une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Un très bon texte, très humain, sur les relations familiales. De très bonnes trouvailles aussi.
Pour ne rien gâcher au plaisir, l'auteur travaille sur une suite sous forme de roman. J'espère qu'il écrit vite.
L'équation du wagon, de Jean-Marc Agrati. Une nouvelle expérimentale qui m'a laissé très perplexe.
Mon ressenti :
Une nouvelle politique éditoriale que j'ai cru comprendre au début pour à la fin être dans le flou complet. Ce que j'en comprends : beaucoup de blabla pour pas grand chose ou quand des chercheurs se donnent un genre ! Je ne voies pas de nouveauté dans le concept. Vous pouvez vous faire une idée en fin de billet et n'hésitez pas à éclairer ma lanterne. Le site Albédo a ouvert le "débat" iciOn commence par l'interview de Bruce Riley versé dans l'art psychédélique et les réprésentations organiques abstraites. Cela finit de manière assez abrupte : qui a mené l'interview, quand ? Mais je note la tentative d'illustrer le propos à l'aide de vignettes qui gagneraient à être un peu plus grande.
Puis un article de Peter Galison qui arrive comme un cheveu sur la soupe alors que l'éditorial laisse à penser que ce texte viendrait après les nouvelles. Texte autour des scénarios concoctés par les grandes firmes multinationales ou les États à fin de prospection. Ou de l'utilité de la science fiction !
L’Ange au coeur de la pluie, d'Aliette de Bodard "est un texte sur la déchirure que provoque une migration forcée par la guerre, le deuil à faire d’une vie passée, les souvenirs qui nous accompagnent où que nous allions, les insupportables petites différences qui s’incarnent jusque dans les objets les plus banals du quotidien : la couleur des choses, l’odeur des rues, et cette pluie serrée…"
Je n'ai pas retrouvé pleinement cette intention dans ce texte qui ne m'a guerre convaincu.
L’Agénésie congénitale de l’idéation du genre par K.N. Sirsi et Sandra Botkin, de Raphael Carter. Une sorte de fiction scientifique-documentaire-enquête sur des individus ayant des troubles de reconnaissance du "sexe". Bien aimé ce voyage dans l'enquête scientifique.
Cependant, j'ai trouvé plus qu'étrange d'insérer ce texte dans la revue : "Malheureusement, Raphael Carter n’a plus donné aucun signe de vie depuis l’écriture de ces deux textes et, malgré nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à le joindre. Si l’auteur ou le présent détenteur des droits sur le texte souhaite nous contacter, nous serons heureux de lui répondre."
Donc si je lis entre les lignes, cette nouvelle a été publié sans accord. Pas très pro voir antagoniste avec l'image de recherche que la revue veut développer.
Aujourd’hui je suis Paul, de Martin L. Shoemaker. Un robot anthropomorphe doté d'une intelligence artificielle personnalisé est chargé de s'occuper d'une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Un très bon texte, très humain, sur les relations familiales. De très bonnes trouvailles aussi.
Pour ne rien gâcher au plaisir, l'auteur travaille sur une suite sous forme de roman. J'espère qu'il écrit vite.
L'équation du wagon, de Jean-Marc Agrati. Une nouvelle expérimentale qui m'a laissé très perplexe.
Comme toujours avec Angle mort, chaque nouvelle se clôt par une interview de l'auteur. Interview plus centré sur l'univers des textes présentés.
Suit un entretien avec Joëlle Bitton Qui nous parle de design spéculatif et d'interaction données-art. C'est conceptuel mais intéressant.
La revue se termine par deux interviews (Léo Henry et Iuvan) tirés de la revue jumelle Blind spot. Sans les nouvelles, les entretiens, assez courts, perdent de leur intérêt.
Reste à espérer pour les prochains numéros une mise en page améliorée car j'ai eu un peu de mal à me repérer.
Comme habituellement, les nouvelles sont mises en ligne gratuitement (sans les interviews), vous pouvez les retrouvez sur cette page.
Revue disponible uniquement en numérique.
Quelques citations :
Une épreuve de réalité est une situation au cours de laquelle le statut de tous les êtres qui y prennent part (qu’il s’agisse d’individus ou de groupes d’individus, de collectifs comme des classes sociales ou des États, d’êtres non-humains tels des objets matériels, des objets techniques, des animaux, des microbes, des particules, des ondes, ou encore des étoiles ou des planètes, etc.) est en cours de redéfinition. L’exemple que donne Luc Boltanski et Laurent Thévenot dans leur ouvrage De la justification – devenu maintenant un classique de la sociologie française – est celui d’une usine dans laquelle un poste de travail est moins productif que les autres. Dans ce type de situation, les directeurs de l’usine vont mener une enquête afin de déterminer où se situe la source du problème. S’agit-il de l’ouvrier à ce poste qui n’est pas aussi performant qu’il devrait l’être ? S’agit-il de la machine sur laquelle il travaille qui ne fonctionne pas correctement ? Auquel cas il faudrait interroger l’employé qui s’occupe de la maintenance de la machine pour savoir s’il a bien fait son travail, mais également le fournisseur pour être sûr que le matériel était de bonne facture. Cette situation est une épreuve au sens où le statut des différents acteurs qui y prennent part (l’ouvrier en poste, l’employé de maintenance, la machine elle-même, le fournisseur de la machine) est en redéfinition. Peut-être que l’un de ces acteurs (qu’il soit humain ou non-humain) n’était pas à la « hauteur » de son statut. En outre, il s’agit d’une épreuve de réalité puisque ce qui est en jeu est la réalité des compétences de chacun de ces acteurs ; elle peut être soit renforcée, soit remise en cause. Une épreuve comporte donc un problème initial – qu’il s’agisse d’un trouble privé ou d’un problème public – et une enquête en vue de le résoudre. De ce point de vue, ce même concept peut être mobilisé pour analyser des situations qui prennent place dans des contextes extrêmement différents : des controverses scientifiques, des affaires politiques, des problèmes publics, des faits religieux, etc. Le travail des sociologues qui utilisent ce concept réside donc principalement dans la description des méthodes d’enquêtes et des étapes que suivent les différents acteurs d’une épreuve pour résoudre un problème et revenir à une situation de relative stabilité.Editorial
Nous sommes convaincus que les récits de science-fiction, de par les techniques d’écriture qui les composent et la manière dont ils abordent certains thèmes, ont cette capacité de questionner et de mettre en jeu la réalité du monde qui nous entoure – ou du moins une réalité de ce monde. Les récits de science-fiction, en nous offrant une fenêtre sur d’autres mondes – des futurs spéculatifs ou des présents alternatifs –, en plaçant leurs personnages dans des situations de doute, en créant des êtres au statut parfois instable, étranges ou familiers, nous poussent à reconsidérer, à repenser la réalité qui est la nôtre. ils nous offrent des points de vue inédits sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour agir, et notamment sur lesquels s’appuient effectivement des scientifiques et des artistes contemporains pour travailler.
Editorial
Effectivement, je vois que nous avons eu le même ressenti sur l'intégralité de la revue. J'ai adoré "je suis Paul".
RépondreSupprimerIl y a du très bon et des choses un peu trop "conceptualisées" pour ma pomme.
Merci de m'avoir citée, je ne comptais pas ouvrir un débat tant que cela, je me posais juste une question... ;-)
En fait, je n'ai pas lu ce numéro, j'ai juste paraphrasé ton billet !
Supprimer"Je suis Paul". Rien à ajouter, splendide.
J'ai mis les guillemets à débat. Et comme j'ai des millions de visites par jour, autant faire profiter de ma popularité les petits blogs.
Pas encore lu ce numéro, mais ça ne saurait tarder.
RépondreSupprimerIl semble être plus "clivant" que les précédents en tout cas...
L'éditorial donne du grain à moudre. Et les nouvelles un peu en deça que le numéro 11 pour ma part mais Aujourd’hui je suis Paul est une pépite.
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