Alain Damasio: poétique et politique de la science fiction

France culture, La méthode scientifique, 2016, 1h, podcast

 

Une heure en compagnie du "philosophe raté" Alain Damasio, ça vous tente ?

Présentation de l'émission :


Dans La Zone du Dehors, il dépeint une dystopie politique, une société cloisonnée, une démocratie totalitaire ou tous les citoyens se contrôlent mutuellement. Dans La Horde du Contrevent, le « Dune » français selon la critique, il nous plonge dans un univers poétique balayé par les vents. Il se définit lui-même comme un philosophe raté, et produit une science-fiction inclassable, unique, teintée d’accents révolutionnaires. L’occasion rêvée de faire un état des lieux politique et poétique de la science-fiction.
C’est avec un plaisir non dissimulé que La Méthode scientifique accueille Alain Damasio, dernier grand témoin de l’année 2016 pour cette dernière semaine de l’année.
Il travaille en ce moment, il nous dira d’ailleurs où il en est depuis plusieurs années sur son projet de nouveau roman « Les Furtifs » dont le 2ème chapitre a été publié début octobre dans les Inrocks. Les Furtifs, voici le résumé qu’il en fait : c’est une société de « contrôle horizontal, où tout le monde contrôle tout le monde via les réseaux sociaux. Dans ce monde-là, le seul mode de résistance possible est la furtivité, où comment trouver des « blind spots », des endroits où l’on n’est pas géolocalisés, où la traçabilité est impossible. »

Mon ressenti :

Pour les plus pressés de lire le prochain roman de l'auteur, du réel-fantastique, il y travaille actuellement dessus (depuis 2010) et il a finalisé le chapitre 3 ! Reste à savoir le nombre de chapitres envisagés...

L'occasion de nous parler des nouvelles technologies et des IA personnalisées, notamment les chatbots qui nous seconderons dans la vie de tous les jours. Cela aura pour effet de modifier les rapports hommes machines, notamment à travers l'affectivité et de pervertir les relations humaines. Et de faire le parallèle avec l'animisme.
Cette problématique m'a fait penser à la novella Kappa16 et la nouvelle Aujourd’hui je suis Paul (à lire ici) que je viens de lire.

Alain Damasio nous parle aussi de l'engagement politique dans la science fiction, ainsi que des auteurs d'extrême droite aux Etats-Unis :
"Ce qui est toujours surprenant pour moi. C'est l'un des genres les plus libres, les plus libérés et les plus ouverts qui soient, cela me parait toujours difficile de ramener ça sur des enjeux identitaires ou historiques. Et au contraire je trouve qu'on est dans le vaste, dans l'ouvert et que ça parait tellement naturel que les auteurs de SF aient un tropisme à gauche."

Une science fiction d'inspiration philosophique, sociologique et psychologique forte. Ses sources d'inspirations principales sont à rechercher du côté de la philosophie, notamment le philosophe Gilles Deleuze et le philosophe et psychanalyste Félix Guattari.
Sa préférence est pour une écriture autour d'un concept, tel que le mouvement pour La horde du contrevent.


Un tropisme à gauche, une ouverture à la philosophie de Deleuze et de Foucault, entre autres, qui permet d'interroger la société, le contrôle et la surveillance (La zone du dehors), la technologie et le data-contrôle.
Une science-fiction "révolutionnaire" ?


La dernière partie s'attarde plus sur l'écriture, la poétique, les néologismes, la sémantique, la phonétique



Une interview riche, qui pourrait faire peur du fait des références philosophiques, mais tout cela reste très accessible et permet de découvrir la pensée de l'auteur et de son goût pour une science-fiction molle (sciences humaines et sociales).
Tout ce que j'aime et l'envie de me replonger dans La zone du dehors.

Disponible ici jusque décembre 2017 :
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/alain-damasio-poetique-et-politique-de-la-science-fiction

Malgré les outils de prospectives et les cabinets de futurologie des grands entreprises,

malgré l'omniprésence du discours voulant que demain soit pareil à aujourd'hui, à hier, ou ne soit tout simplement pas,
nous restons convaincus que nos avenirs - communs et individuels - nous appartiennent,
et que nous avons le pouvoir de les imaginer, de jouer avec, de les expérimenter et les construire à notre guise.

Nous sommes un collectif d'auteurs de science-fiction.
Nous rêvons nos textes comme des endroits où se rencontrer, où penser et commencer à désincarcérer le futur.


Présentation du collectif Zanzibar

4 commentaires:

  1. Mon rêve serait d'avoir une SF dénuée de tropisme quelque soit le penchant, une sorte de pureté intellectuelle parfaite. Ainsi, si la tentation politique du lecteur est trop prégnante, il est en mesure de se faire son propre cheminement. Je trouve que la SF est trop soumise à l'idéologie et jusqu'à présent je suis 100% de l'avis d'un philosophe célèbre :" il n'y a point de vérité, que des points de vue."

    Alors, non je ne partage pas son point de vue comme quoi la sf doit avoir un tropisme à gauche. Ni à droite. J'admire les auteurs qui parviennent à penser un concept, une idée suivant différents points de vue. La SF devrait ressembler à cela, un peu comme Heinlein et son grand écart entre Starship Troopers et En Terre étrangère.

    Rêveuse? oui!

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  2. Moi qui suis plutôt d'un rouge très sombre qui tire vers le noir, cela ne me dérange pas outre mesure.
    Mais je suis aussi d'accord avec toi. Nous jugeons les livres, auteurs par rapport à la politique, alors que c'est le politique qui devrait prendre le dessus.
    Dire que la solidarité est un concept de gauche et l'individualisme de droite est un non sens. Au pire, cela appauvrit les idées, idéaux, et ne laisse que le choix d'un manichéisme primaire comme les médias nous habituent depuis trop longtemps.
    Donc d'accord avec ta citation de Nietzsche.
    Qui était de droite ! Ou de gauche ?

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  3. LOL, j'avais déjà compris ton côté sombre. Tu auras remarqué que j'aime beaucoup Nietzsche. Je partage ton point de vue d'une société que l'on cherche trop à contraster. Je n'écoute plus les médias depuis un grand bout de temps maintenant.
    Pour ta question, je ne sais pas, quelle importance après tout.

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    1. C'était pas une question, mais une petite note d'humour qui a tombé à l'eau

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