Traduction, Révision ou Trahison ?
Je me suis souvent posé la question de savoir ce qui se cachez derrière les termes de révision d’une traduction ou de nouvelle traduction.
Pour les traductions incomplètes, mal faites à l'époque, s'appuyant sur un texte tronqué, la question ne se pose pas. (Même si nous serons seulement dans une cinquantaine d'années ce que que pensent nos enfants de ces traductions désormais plus fidèle que l'original...)
Mais qu'en est-il des textes anciens dont une nouvelle traduction nous est proposée alors que l'ancienne semblait fidèle et satisfaire la grande majorité des lecteurs ? Pourquoi retraduire ?
A chaque nouvelle traduction ou révision, la rhétorique est la même : respect de l'oeuvre original. Mais moi j'ai des doutes.
A chaque nouvelle traduction ou révision, la rhétorique est la même : respect de l'oeuvre original. Mais moi j'ai des doutes.
L'actualité nous offre quelques exemples bienvenus.
La nouvelle traduction de 1984 et les débats qu'elle soulève est un
exemple parfait de mon interrogation. Au-delà de changement de terme
(novlangue devient néoparler) qui sont toutes plus ou moins justifié,
plus ou moins conforme à la lettre..., le point qui m'interpelle est le passage du passé au
présent. J'entends, à droite et à gauche, que cela rend le texte plus
moderne, plus incisif, qu'il rend justice à l'oeuvre original. Voir même, c'est ce que que voulait Orwell ! Mais
Orwell est mort, difficile de lui demander son avis et dès lors très
facile d'interpréter sa pensée...
L’écriture d’Orwell est nerveuse, son style dépouillé, incisif. Ses verbes d’action tiennent en une syllabe. Son vocabulaire peut être cru. Pour transmettre cette violence, de même que le côté ascétique de sa prose, j’ai pris le parti de renoncer au passé simple. En anglais, le prétérit exprime toute forme de récit – familier, oral, épique. C’est un temps qui n’est ni soutenu ni relâché, et toujours très spontané, contrairement au passé simple. Au bout d’une trentaine de pages, il m’est apparu que seul le présent de narration pouvait traduire cette urgence.Josée Kamoun, traductrice, interview donnée au Monde des livres, 06 juin 2018
Exemple inverse avec la nouvelle traduction de Nous d'Evgueni Zamiatine.
Dans la revue Bifrost n.87, Bruno Para écrit :
Écrit sous forme d’un journal intime, le roman fut d’abord traduit en français en 1929 par B. Cauvet-Duhamel (a priori d’après l’édition anglaise), lequel avait utilisé la narration au passé. Actes Sud publie en 2017 une nouvelle traduction, signée Hélène Henry, qui s’appuie sur le texte original et le remet donc au présent, changeant légèrement le titre au passage. Le livre y gagne en puissance, en fièvre révolutionnaire, mais y perd en lisibilité. Curieusement, pour une traduction de 2017, le style fait très daté. On ne saurait remettre en question les efforts de la traductrice (on espère juste que ça n’est pas elle qui a eu cette idée saugrenue d’abreuver son texte de tirets cadratins insupportables), mais, à titre personnel, j’ai commencé le texte dans son édition 2017 avant de le terminer dans son édition de 1929… La traduction de Cauvet-Duhamel étant toujours disponible dans la collection « L’Imaginaire » de Gallimard, sous le titre Nous autres, donc, à vous de voir si vous privilégierez fidélité ou lisibilité (la formule idéale étant sans doute de mélanger les deux).
Ici, la lettre de l'auteur semble avoir été respecté, mais rend le texte illisible.
J'avais eu la même mésaventure avec le roman Demain les chiens de Simak :
J'ai eu beaucoup de mal avec la nouvelle traduction qui a ralenti grandement ma lecture de ce roman et de mon immersion dans ce futur canin. Au delà d'une musicalité que j'ai trouvé absente, j'ai souvent du revenir en arrière pour comprendre ce qui était écrit. Certains paragraphes m'ont semblé pour tout dire confus. En cours de route, j'ai préféré me rabattre sur l'ancienne traduction
J'ai relu récemment Mysterium de Robert Charles Wilson. Dans son édition J'ai lu en 1995, il y est question de "lecteur optique" qui devient "scanner" dans l'édition Denoël de 2008. Scanner est certes beaucoup plus parlant que "lecteur optique" surtout pour les jeunots, mais si c'est le terme employé par Wilson, pourquoi le remplacer et moderniser le texte ? Pourquoi ne pas mettre une note de bas de page ? Et si c'était l'un
des buts ? Éviter les notes de bas de pages dont nombre de lecteurs se
plaignent (surtout les lecteurs de Latium !). Trop vieillot les notes de bas de pages, trop cher ? Le temps des éditions commentées et annotées resituant le contexte a vécu...
Pour moi, un texte est le fruit de son époque, qui en dit long sur le contexte de parution, son auteur, ses partis pris. Moderniser le texte, c'est faire l'impasse sur tout cela. Et puis, réviser, retraduire permet peut être aussi de lisser, de rendre
plus présentable, plus consensuel. Nègre ne connote pas très bien aujourd'hui, on
enlève le sexisme de certains passages, comme la clope des affiches et
des photos. Bref on "révisionne", on affaiblit la pensée critique. Tout ça c'est du passé, n'en parlons plus. Cela permet d'élargir vers un lectorat plus jeune. En outre, les informations sur une révision ou une nouvelle traduction est bien souvent caché, de même que la date de parution originale si celle ci n'est pas assez actuelle. Le lecteur veut de la nouveauté, ou les éditeurs veulent faire passer du vieux pour du nouveau ?
Ou ne serait ce qu'une question de droits ? Un livre tombe dans le domaine public en règle général 70 ans après la mort de son auteur. Mais dans la cas des livres en langue étrangère, la traduction est considérée comme une oeuvre dérivée, et le livre attendra 70 ans après le décès de son traducteur pour être libre de droit. Proposer une nouvelle traduction permet donc de continuer d'engranger de l'argent, la première traduction même libre de droit ayant été "calomnié", qui voudrait la lire ?
Ou ne serait ce qu'une question de droits ? Un livre tombe dans le domaine public en règle général 70 ans après la mort de son auteur. Mais dans la cas des livres en langue étrangère, la traduction est considérée comme une oeuvre dérivée, et le livre attendra 70 ans après le décès de son traducteur pour être libre de droit. Proposer une nouvelle traduction permet donc de continuer d'engranger de l'argent, la première traduction même libre de droit ayant été "calomnié", qui voudrait la lire ?
Et Verne dans tout ça ? Et Robida ? Et Rosny aîné ? Ne faudrait-il pas les réécrire pour leur rendre leur beauté, pour enrichir leurs textes, les rendre plus modernes ? Pourquoi ne pas remplacer les aéronefs par des avions, les vélocipèdes par des VTT à assistance électrique, les carrioles par des voitures autonomes ? Car tout cela est bien vieillot, daté, ça sent la naphtaline. Pas très vendeur. Et puis, en tant qu'auteurs SF, anticipant le futur, n'est-il pas nécessaire, indispensable de leur rendre leur modernité, de rendre justice à leur talents de visionnaires ?
Dans ce cas, tout le monde crierait à l'hérésie...
Dans ce cas, tout le monde crierait à l'hérésie...
Traduire, retraduire ou réviser une traduction, ces trois étapes de l’affrontement avec un texte “étranger” sont au cœur de la réflexion du directeur de collection. S’agissant de Jack London et de la publication de son œuvre dans une édition claire, fiable et révisée (Phébus-Libretto), le problème s’est posé de la révision des traductions de Louis Postif. Celles-ci datant de l’entre-deux-guerres, il a fallu corriger tout ce qui, en sus des erreurs, était daté, anachronique ou trop connoté. Il a aussi fallu se poser la question des limites d’une révision, certaines œuvres appelant une retraduction. Dès lors, c’est toute la question du sens, de la dénotation et des connotations, qui est en jeu, question récurrente qui hante le traducteur, ce “traître” indispensable, éternel voyageur des “auberges du lointain”.https://palimpsestes.revues.org/1577
Bref, j'ai beaucoup d'interrogations sur ce sujet assez complexe, mais pas de réponses, juste des hypothèses.
Certains pourraient me dire de lire en version originale. Oui, mais cela ne fait pas avancer le schmilblick.
Donc si certains se sont posés ces questions, et peuvent m'apporter un éclairage...
EDIT :
Outre les commentaires ci dessous, les personnes intéressées par ce (vaste) débat peuvent aller lire deux fils de discussions ouverts sur le forum du Bélial et le forum de Planète SF
Certains pourraient me dire de lire en version originale. Oui, mais cela ne fait pas avancer le schmilblick.
Donc si certains se sont posés ces questions, et peuvent m'apporter un éclairage...
EDIT :
Outre les commentaires ci dessous, les personnes intéressées par ce (vaste) débat peuvent aller lire deux fils de discussions ouverts sur le forum du Bélial et le forum de Planète SF
J'ai lu ton papier et je ne sais pas si j'ai de quoi t'éclairer. Je vais parler des exemples que je connais : ceux dont je suis responsable (ou coupable, donc).
RépondreSupprimerBien sûr, je regrette que tu n'aies pas aimé ma traduction de Demain les chiens. Il se peut que, paralysé par la révérence que m'inspirent l'auteur et le livre, je me sois planté. Je viens d'en parcourir des passages et je ne vois pas ce que tu relèves, mais je suis encore beaucoup trop près du texte pour le lire avec un vrai recul -- le boulot n'a que cinq ans.
Sur Mysterium, je ne sais plus si c'est moi qui ai opéré la modification "lecteur optique" --> "scanner", ou Gilles Dumay, ou un correcteur anonyme chez Denoël lors de la réédition, mais en tout cas je la valide. Oui, à l'époque, Wilson écrivait "optical reader", mais c'était il y a près de trente ans, et si le terme était le bon à l'époque, la langue de l'informatique a évolué à tel point que "lecteur optique" signifie désormais tout autre chose. Dans le contexte, je préfère que le lecteur (humain) passe là-dessus sans remarquer le problème, ni devoir lire une note de bas de page.
Concernant ta traduction, je pencherai plus pour une rencontre entre moi et le texte qui ne s'est pas faite. J'ai souvent lu tes traductions, et elles ne m'ont jamais posé problème.
SupprimerConcernant Mysterium, je comprends qu'une flopée de notes de bas de pages sur des termes mineurs peut agacer les lecteurs, surtout sur des détails qui n'ont rien à voir avec l'intrigue général. Mais je trouve que le lecteur y perd pour se remettre dans le contexte de l'époque. Lecteur optique est incompréhensible, mais permet de se rendre compte du chemin parcouru...
Pour finir, un exemple de comparaison que j'ai posté il y a un mois sur ma page Facebook, concernant Cristal qui songe.
RépondreSupprimerVO : "They caught the kid doing something disgusting out under the bleachers at the high-school stadium, and he was sent home from the grammar school across the street. He was eight years old then. He’d been doing it for years.
In a way it was a pity. He was a nice kid, a nice-looking kid too, though not particularly outstanding. There were other kids, and teachers, who liked him a little bit, and some who disliked him a little bit; but everyone jumped on him when it got around. His name was Horty—Horton, that is—Bluett. Naturally he caught blazes when he got home."
VF1 : "L’enfant s’était fait surprendre dans un coin du stade scolaire, alors qu’il se livrait à un acte répugnant ; on l’avait renvoyé chez lui en l’expulsant ignominieusement de l’école. A cette époque, il avait huit ans ; cela faisait plusieurs années déjà qu’il pratiquait ce vice.
En un sens, c’était dommage. Il était gentil ce gosse ; il était même plutôt beau, quoiqu’il n’eût rien d’extraordinaire. Il y avait d’autres enfants, et même certains professeurs, auxquels il était plutôt sympathique, mais il y en avait aussi qui ne l’aimaient guère. En tout cas, lorsque son forfait fut connu, tout le monde se ligua contre lui. Il s’appelait Horty (ou plus exactement Horton) ; Horty Bluett. Il devait bien s’attendre à se faire recevoir plutôt fraîchement en rentrant chez lui."
VF2 (revue) : "On avait surpris le garçon à commettre un acte répugnant sous les gradins du stade de l’école et on l’avait renvoyé chez lui. Âgé de huit ans, il faisait ça depuis déjà plusieurs années.
Dans un sens, c’était dommage. Il était gentil, ce gosse, et mignon, quoique sans rien d’extraordinaire. D’autres enfants et certains professeurs le trouvaient plutôt sympathique, mais il y en avait aussi qui ne l’aimaient guère. Une fois la nouvelle connue, tout le monde se ligua contre lui. Il s’appelait Horton – Horty – Bluett. Bien entendu, il en prit pour son grade en rentrant chez lui."
Je commentais :
Même en rétablissant des phrases et des paragraphes manquants dans la traduction, le bouquin a maigri de 15-20% à force de sabrer dans les circonlocutions/les explications/le "bon français" du traducteur d'origine. Une autre époque.
Ça devient long, pardon. J'ajouterai simplement que ces questionnements, on les a, nous aussi. Tout est perfectible, y compris dans ce qu'on rend. Le dialogue avec l'éditeur compte beaucoup. J'ai refusé au moins une fois d'intervenir sur une vieille traduction que je trouvais excellente et elle a été reprise telle quelle. J'ai réécrit des boulots d'amis proches qui avaient, je l'ai découvert, des points aveugles -- Alain Dorémieux, s'il voyait des passages scientifiques un peu ardus ou longs en anglais, comme ça ne l'intéressait, en traduisant il les... oubliait systématiquement. ;)
Bref, il n'y a pas de règles et on fait ce qu'on peut.
Bien que mon anglais soit assez faible, il me semble que ta traduction soit plus fidèle au texte original, tout en étant "actuel". La première version en "bon français" alourdit l'ensemble.
SupprimerDans ce cas, cela prouve que certaine révision ou nouvelle traduction est nécessaire pour rendre la limpidité au texte.
(Cristal qui songe était dans mes désirs de lecture, je sais désormais quelle édition choisir)
Merci pour ton commentaire très instructif. Je pense que c'est dans ses espaces qu'on se rend compte du travail invisible derrière un livre. Et qu'on peut relativiser nos avis lancés parfois au lance pierre.
Ce que je regrette, c'est que l'éditeur ne prend pas toujours la peine d'expliquer sa démarche en quelques pages dans le livre... Mais l'encre coûte chère...
Ce qui est amusant avec "novlangue", c'est qu'au moment de parler de la nouvelle traduction, le terme a surtout été employé (du moins dans les commentaires, articles, ou entretiens que j'ai lus) au féminin : "la novlangue". Alors que dans le roman d'Orwell (en français) ; novlangue est au masculin. Et là, je trouve géniale l'idée d'Amélie Audiberti de faire de ce qui, culturellement en français est féminin, un masculin (vu le contexte de 1984/Big Brother). Bien plus fort que le néoparler. Sans parler (sic) du fait que "novlangue" (même s'il est souvent employé à tort au féminin) est passé dans le langage courant. Mais bref ...
RépondreSupprimerD'une manière plus générale je suis plutôt pour garder la saveur "ancienne" d'un texte ancien. cela dit pas mal de traduction doivent être refaite, notamment et surtout à cause des coupes. Je suis pour ma part lecteur de polars, et les traductions des Séries Noires sont je crois un cas d'école dans ce domaine : version abrégées, argots inexistants en V.O, etc. (Cela dit, est contre toute attente, ces versions, mal traduites pour le dire vite, et coupées, ont quand même marqué tout un lectorat. C'est fort)
Cela dit, si je veux vraiment lire un texte dans son jus (autrement dit une traduction contemporaine de sa publication en V.O) je peux me tourner vers les anciennes versions française (ou le cas échéant, la V.O).
Pour connaitre quelques traducteurs, et avoir parlé de leur travail, une activité qui m'intéresse beaucoup (je pense d'ailleurs qu'un traducteur devrait être considéré comme co-auteur, et c'est notamment pour ça que sur mon blog ils apparaissent dans le titre de mes critiques, avec le nom de l'auteur proprement dit) ; donc les notes en bas de page sont souvent vécues comme un échec.
Et pourtant, moi j'adore ça, j'aime qu'on m'explique pourquoi ce jeu de mots ne fonctionne pas (par exemple), et bizarrement ces notes de bas de page ne me font jamais sortir de ma lecture.
Bon tout ça ne nous rendra ni l’Alsace ni la Lorraine .....
Je n'avais pas remarqué le genre dans le livre de Orwell. lorsque j'emploie le terme de novlangue, je le mets d'office au féminin. L'avenir nous dira si le néoparler passe dans le langage courant, mais j'ai un gros doute.
SupprimerJe te rejoins sur la nécessité de refaire les traductions pour les romans tronqués. Sur le fait d'avoir trouvé leur public, peut être la raison est que le traducteur de l'époque adapté l'oeuvre au lectorat ciblé, en adaptant au mieux pour que cela rentre dans les goûts du public de l'époque.
J'avais remarqué la lisibilité que tu accordes au traducteur, et tu as parfaitement raison. Lorsque c'est bien fait, la traduction est un véritable travail d'orfèvre, injustement récompensé, tant au niveau de la reconnaissance, que du salaire...
"les notes en bas de page sont souvent vécues comme un échec."
C'est marrant cette façon de voir, mais tellement juste.
Je lis pour ma part les notes de bas de page après que la scène soit passée pour éviter de sortir de la lecture, mais elles apportent un vrai plus.
Tout ça ne nous rendra ni l’Alsace ni la Lorraine, c'est sûr, mais vos commentaires me permettent de mieux comprendre. Et au vue des stats de cette page, j'ai l'impression que c'est un sujet qui intéresse de nombreuses personnes.
Salut amigo, c'est artemus dada, je suis en déplacement sans mes codes d'identification d'où l'anonymat bref ; je viens de repenser à un truc au sujet de la traduction, ce qui te fera, peut-être, un "os à ronger" (sic).
SupprimerOr donc, j'avais suivi le "journal de bord" de Claro lors de sa traduction de "Jerusalem" d'Alan Moore (roman hautement recommandable soit-dit en passant). Ce roman très travaillé au niveau du style et du langage a donné lieu à de jolis tours de force au niveau de la traduction. Si cela t'intéresse on trouve les billets dudit Claro à cette adresse : http://alanmoore-jerusalem.fr/index.php/category/claroblog/
Sinon, concernant la traduction et encore une fois Moore, le premier chapitre de son précédent roman "La Voix du feu", est lui aussi un tour de force. Si tu n'a pas encore lu cet ouvrage, je ne peut que le recommander.
Il a été traduit par l'ami Patrick Marcel, quelqu'un qui ne s'épargne pas pour rendre le meilleur boulot possible.
Hasta la vista !!!
Merci pour les infos, je vais aller voir cela.
SupprimerJe note La voix du feu, qui à l'air moins "aride" que Jerusalem.
J'ai Nous de Zamiatine mais je ne connais pas l'ancienne traduction ; j'en parlerai sur mon blog dès que je l'aurai lu !
RépondreSupprimerJe suivrai donc ton avis de près, ce titre m'intrique, mais j'ai peur d'un côté ardu.
SupprimerHello! :)
RépondreSupprimerVaste débat. Je suis moi-même traductrice (mais pas "littéraire" - je travaille sur des choses très terre à terre comme des brochures pour vendre des montres) et je suis assez perplexe face à ce mouvement. Les retraductions font parler de la traduction depuis quelques années et les mots "nouvelle traduction" sont même un argument marketing. C'est positif pour une profession relativement discrète. Mais je me demande si c'est toujours bien justifié. Le dernier numéro de Translittérature, la revue de l'Association des traducteurs littéraires de France, contenait une comparaison de quatre traductions française de Jane Eyre de Charlotte Brontë. Les plus récentes ne m'ont pas semblé les plus justes et je me suis vraiment demandée pourquoi il avait été décidé de retraduire Jane Eyre pendant les années 2000 alors qu'il y avait avait déjà trois traductions étalées sur le XIXe et le XXe.
En revanche, ça semble justifié, et même bienvenue, pour les traductions qui avaient une déontologie ou une mentalité douteuse à l'époque, genre les éditions tronquées ou censurées ou les modifications arbitraires (je n'ai pas d'exemple en tête mais je suis sure que ça peut se trouver ^^).
PS: Étant consciente du travail énorme des mes confrères et consœurs de l'édition, je lis autant que je le peux en VO, histoire de lire l'écrivain et non son traducteur. =D
SupprimerMerci pour ton commentaire. Je vois que le sujet est toujours d’actualité même chez les professionnels, et pas prêt d'être résolu.
SupprimerJe sous entendais dans mon billet une approche financière et marketing de ces nouvelles traductions, tu ne fais que renforcer mon ressenti.
Comme je suis très faible en anglais (et les autres langues) et que je lis surtout pour le plaisir d'une bonne histoire, je n'ai pas l'envie de tenter la lecture VO. Mais comme je le regrette. J'ai parfois plus l'impression qu'il s'agit plus d'adaptation que de traduction. Mais ce sont les deux faces du même travail.
Au vue de mes expériences avec les brochures de produits ( ou les mode d'emplois), je pensais que les traducteurs automatiques avaient remplacé l'humain. Heureux d'apprendre qu'il y a encore de vrais traducteurs.
Ha tout dépend du produit :D Les montres auxquelles je pense valent très cher alors le client investit dans sa communication, traduction comprise. Mais la traduction automatique est une réalité, soit pour les choses très bon marché auxquelles aucun soin n'est apporté, soit pour du milieu de gamme - et là c'est le traducteur qui "relit" après pour en faire quelque chose de compréhensible. On a même baptisé ce travail, c'est de la "post-édition". C'est à vomir. :D
SupprimerEt oui la traduction – surtout littéraire – est un vrai travail d'adaptation. Il faut se remuer les méninges pour trouver le truc qui véhicule le message en "sonnant" naturellement. Tout un programme. :)
La post édition, cela me rappelle une émission où il parlait des robots. Comme certains gestes sont difficiles pour eux (du moins sans trop dépenser dans leur conception), les entreprises délèguent ce travail aux humains... Bref, le travail varié et gratifiant est fait par les robots, le travail pénible par les humains. On nous avait pourtant dit que la technologie était là pour seconder l'être humain !
SupprimerC'est un vaste sujet la retraduction. En ce moment je suis dans Les douze vents du monde de Ursula Le Guin, et je me rends compte que j'apprécie mieux certains textes que quand je les avais lus dans Le livre d'or de la SF sur Ursula Le Guin. Après comme ça date de quelques années, c'est peut-être une question de maturité, j'ai pas encore pris le temps de jouer au jeu des comparaisons.
RépondreSupprimerCeci dit je peux quand même apporter un contre-exemple à tes interrogations : la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux. Je vois souvent qu'elle se fait démolir sur le choix des noms (du coup je me sens obligée d'aller la défendre à chaque fois xD), mais il y a un vrai travail de retraduction (et non de révision) pour coller au texte d'origine et respecter les consignes de l'auteur. Pour le coup y'a une vraie valeur ajoutée et ce n'est pas une question d'actualisation.
Mais c'est toujours compliqué ces questions, je me rappelle avoir fait une analyse comparée de traductions de Shakespeare au lycée et personnellement je préférais la plus mauvaise (qui ne respectait pas le rythme du texte d'origine) donc bon xD.
Merci pour tes contre exemples. C'est vrai que c'est difficile de juger du travail (surtout quand on est nul en langue étrangère) de traduction.
SupprimerMais grâce à vous, je commence à y voir un peu plus clair dans ces retraductions. En gros deux écoles : une marketing, l'autre littéraire. Tout dépend de l'éditeur, et de ce qu'il met sur la table pour la traduction.
J'ai envie de me remettre à Le Guin, j'avais son Livre d'or, je vais réfléchir à deux fois avant de choisir l'édition que je lirais.
Tu peux commencer avec son Livre d'or, y'a de très beaux textes dedans et je ne pense pas que les différences soient énormes entre les deux versions. Et si ça te plait tu investis dans l'édition du Bélial' pour avoir la bibliographie à jour et les commentaires de l'auteure ^^
SupprimerSi j'investis, je lis l'édition du Bélial, et les quelques textes qui ne sont pas dans le recueil Livre d'or
Supprimer"Et Verne dans tout ça ? Et Robida ? Et Rosny aîné ? Ne faudrait-il pas les réécrire pour leur rendre leur beauté, pour enrichir leurs textes, les rendre plus modernes ?" disais-tu.
RépondreSupprimerPour ceux-là je ne sais pas, mais John Scalzi a écrit un reboot (selon ses propres mots) d'un ancien roman de SF : https://artemusdada.blogspot.com/2018/07/la-controverse-de-zara-xxiii-john.html
Mais peut-être l'as-tu déjà lu ?
En tout cas, c'est pile poil dans le sens de ton billet.
Pas tout à fait ce que j'avais dans l'esprit car je crois que la trame de La controverse et Little Fuzzy sont différentes.
SupprimerScalzi est un des auteurs que je suis, j'ai avalé, apprécié et chroniqué son dernier roman dès qu'il est sorti.
Excellent sujet! Les avis seront assez disparates, c'est certain.
RépondreSupprimerPour moi, il s'agit d'une histoire d'époque. Je penche vers ton point de vue. Certains textes ont un vécu, une histoire et un contexte. Au delà d'une traduction "rajeunie", je préfèrerais que ces romans/récits soient éventuellement revus pour corriger quelques oublis ( paragraphe scientifiques omis, coquilles, contre sens,...) mais en gardant le parfum d'alors, tout en étant accompagné d'une préface.
J'adore par exemple, les présentations des nouvelles proposées pas Le Bélial.
Pour les notes en bas de page, elles ne sont gânantes que lorsqu'elles sont utilisées comme effet de style. Ensuite, je partage l'avis de PPD, quand il y a une réelle évolution dans des textes relativement contemporains, autant ajuster un ou deux termes. Cela ne dénature pas le texte.
Enfin, mes deux sous pour le schimblicblic
Nous avons le même ressenti, vive le parfum d'alors !
SupprimerAh et les préfaces (et postface et note de traduction), un sujet à lui tout seul, je ne comprends pas que la majorité des éditeurs fassent le travail minimum, surtout pour les grands formats.
En plus, cela permettrait de mettre en avant le travail éditorial, et dans le cas présent, le travail du traducteur.