Albert Robida
Domaine public
Roman
Le Vingtième Siècle
Albert Robida, 1883, Edition Georges Decaux, 300 p., Domaine public
Anticiper, c'est souvent se tromper et parfois...
Il y a cent trente cinq ans, Albert Robida inventait CNN, Skype et l'Hyperloop ! Et émancipait la femme.
Un roman d'anticipation satirique, caricaturant les travers de son époque, et imaginant un avenir possible de manière visionnaire. Le tout avec humour et second degré.
Trois jeunes femmes reviennent à Paris, leurs études terminées, après plusieurs années d'absence. Leur avenir est tout guidé, leur père étant à la tête d'une grande banque internationale . Seule la dernière, fille adoptive, ne sait pas encore à quelle carrière se vouer. L'occasion de découvrir Paris, la société, les différents métiers et les nouvelles technologies qui se sont déployés durant leur absence.
Côté technologie, Robida invente Skype via son téléphonoscope, on peut s'abonner à des flux d'informations ou alors regarder les chaines d'infos en temps réel, on peut voyager rapidement grâce au tube qui ressemble étrangement à l'hyperloop, et au quotidien, on utilise des aéronefs.... Et l'auteur nous offre même pour le final une "terraformation" continentale !
Côté culture, on peut utiliser le drive culturel : on déambule dans les galeries des musées via des trams, plus besoin de perdre son temps à déambuler dans les galeries. Avec ce vingtième siècle technologique, le temps manque pour se cultiver, heureusement, il y a les Classiques Concentrées, où comment lire une pièce de Shakespeare en 160 caractères. Ou même regarder une pièce de théâtre joué simultanément en trois langues.
Côté sociétal, la femme est émancipée, elle a le droit de vote, peut briguer les grandes carrières. Fini les prénoms féminins trop réducteur, place à Barbe et Barnabette, beaucoup plus sérieux. Plus besoin que bobonne passe des heures à la cuisine, désormais, on s'abonne à des plats préparés qui arrivent directement dans la cuisine.
Son univers futuriste est crédible, car loin d'être une simple énumération d'inventions, il en tire les conséquences possibles, comme les modifications architecturales dû à l’utilisation des aéronefs comme transport personnel.
Et ceci n'est qu'un bref aperçu de cette folle inventivité et ne déflore qu'une petite partie du roman. Il sera aussi question de vie politique, de guerre, de géopolitique...
Il y a cent trente cinq ans, Albert Robida inventait CNN, Skype et l'Hyperloop ! Et émancipait la femme.
Un roman d'anticipation satirique, caricaturant les travers de son époque, et imaginant un avenir possible de manière visionnaire. Le tout avec humour et second degré.
Trois jeunes femmes reviennent à Paris, leurs études terminées, après plusieurs années d'absence. Leur avenir est tout guidé, leur père étant à la tête d'une grande banque internationale . Seule la dernière, fille adoptive, ne sait pas encore à quelle carrière se vouer. L'occasion de découvrir Paris, la société, les différents métiers et les nouvelles technologies qui se sont déployés durant leur absence.
Côté technologie, Robida invente Skype via son téléphonoscope, on peut s'abonner à des flux d'informations ou alors regarder les chaines d'infos en temps réel, on peut voyager rapidement grâce au tube qui ressemble étrangement à l'hyperloop, et au quotidien, on utilise des aéronefs.... Et l'auteur nous offre même pour le final une "terraformation" continentale !
Côté culture, on peut utiliser le drive culturel : on déambule dans les galeries des musées via des trams, plus besoin de perdre son temps à déambuler dans les galeries. Avec ce vingtième siècle technologique, le temps manque pour se cultiver, heureusement, il y a les Classiques Concentrées, où comment lire une pièce de Shakespeare en 160 caractères. Ou même regarder une pièce de théâtre joué simultanément en trois langues.
Côté sociétal, la femme est émancipée, elle a le droit de vote, peut briguer les grandes carrières. Fini les prénoms féminins trop réducteur, place à Barbe et Barnabette, beaucoup plus sérieux. Plus besoin que bobonne passe des heures à la cuisine, désormais, on s'abonne à des plats préparés qui arrivent directement dans la cuisine.
Son univers futuriste est crédible, car loin d'être une simple énumération d'inventions, il en tire les conséquences possibles, comme les modifications architecturales dû à l’utilisation des aéronefs comme transport personnel.
Et ceci n'est qu'un bref aperçu de cette folle inventivité et ne déflore qu'une petite partie du roman. Il sera aussi question de vie politique, de guerre, de géopolitique...
Critique sociale, mais difficile de savoir où commence la satire, la critique ou le pamphlet. Et à certains moments, difficile de ne pas se demander si ce roman ne cache pas un côté conservateur, voir réac. Pour preuve l'épisode autour des prisons ouvertes et modernes, dont bien des sous entendus parsèment le récit sur la réelle réadaptation sociale des voleurs et des criminels. Ceci dit, la caricature fonctionne et fait sourire.
Le roman pèche cependant sur les personnages rapidement esquissés : un trait de caractère, une profession et basta ! En outre, chaque chapitre met en avant une thématique, une profession via la recherche de travail de la fille adoptive. Cela permet d'avoir une vue d'ensemble de cette société future, mais crée une répétition assez lourde dans l'ensemble et donne une impression de récit épistolaire.
Autre grief, l'auteur parle de la bourgeoisie, celle de la haute, mais ne s'attarde pas sur une vision futuriste des classe laborieuses. Premier tome d'une trilogie, suivront La Guerre au XXe siècle et La Vie électrique, peut-être y trouverais-je un autre regard ?
Le Vingtième Siècle vaut pour son imagination et inventivité assez visionnaire, et satisfera tous les férus d'anticipation, si l'odeur de naphtaline ne les dérange pas néanmoins.
En outre, Albert Robida a illustré lui-même son roman.
Vous pouvez le télécharger ici, le lire en ligne avec les illustrations (toutes les reproductions viennent de cette édition), et même l'écouter.
Quelques citations :
- Enfin, ma chère Hélène, jurisprudence à part, vous voici bachelière ès lettres et ès sciences !
- Oh ! Vous savez qu'il n'est pas bien lourd, le bachot ès lettres. Pour faciliter et abréger les études littéraires, on a inventé les cours de littératures concentrées... Cela ne fatigue pas beaucoup le cerveau... Les vieux classiques sont maintenant condensés en trois pages...
- Excellent ! Ces vieux classiques, ces scélérats grecs et latins ont donné tant de mal à la pauvre jeunesse d'autrefois !
- L'opération qu'on leur a fait subir les a rendus inoffensifs, tout à fait inoffensifs : chaque auteur a été résumé en un quatrain mnémotechnique qui s'avale sans douleur et se retient sans effort... Voulez-vous la traduction concentrée de l'Iliade avec la notice sur l'auteur ?
La voici :
HOMÈRE, auteur grec. Genre : poésie épique. Signe particulier : aveugle.
Sous les murs d'Ilion, dix ans passés, hélas !
Les Grecs ont combattu, conduits par Ménélas,
Ulysse, Agamemnon et le fils de Pelée.
Hector, fils de Priam, périt dans la mêlée.
Cela rappelle un sultan des nuages... |
- En résumé, n'est-ce pas, vous n'êtes bonne à rien !
- J'en ai peur, gémit la pauvre Hélène.
- Bon, ce point nettement établi, la route à suivre est toute tracée…
- Vraiment ? dit Hélène.
- Sans doute ! vous allez prendre la carrière politique…
- Mais…
- Puisque vous ne montrez pas d'aptitudes particulières, puisque vous ne vous sentez pas de dispositions pour autre chose ! Après tout, la carrière politique est une carrière comme une autre et même la plus commode ! c'est la plus belle conquête de 89, mon enfant !... Avant la grande Révolution, on n'avait pas cette ressource, et quand on manquait d'aptitude pour un art, une science ou un métier quelconque, dame, on restait forcément Gros-Jean comme devant !… Maintenant, cette bonne politique est là, qui tend les bras à ceux qui ne pourraient réussir dans une autre carrière…
Et ça rentre même dans le cadre du challenge
Challenge S4F3 |
Oh bon sang, j'ai de cet auteur en numérique, il faudrait que je lise !
RépondreSupprimerC'est la première fois que je me frotte à l'auteur, je ne sais pas ce qu'il en est de ces autres textes, mais celui ci me donne envie d'en découvrir plus aussi
SupprimerEt puis les illustrations, l'imagination, c'est énorme ! Il faut absolument que je retrouve ma liseuse (dans un carton pas déballé ?)
SupprimerSur liseuse, c'est pas terrible les illustrations. Je te conseille plutôt de lire sur tablette ce roman, avec le lien fournit en fin de billet.
SupprimerOn voit bien que l'anticipation a ses limites : l'émancipation des femmes quoi, quelle blague, jamais de la vie !
RépondreSupprimerDommage que je n'ai quasiment aucune chance de le trouver en papier, ça aurait été amusant d'y jeter un oeil même si les allusions reac auraient pu m'énerver...
Je ne te permet pas de blaguer sur la condition féminine, c’est grâce à elle que j'ai des tee shirts propres et repassés, que je peux mettre les pieds sous la table en rentrant du boulot et me la couler douce le reste du temps. Vive les bobonnes !
SupprimerUne édition papier existe pour la modique somme de 25€. Pour ce prix modique, tu auras le droit à des photocopies de mauvaise qualité reliées au format livre. Voir l'extrait sur cette page : https://www.hachettebnf.fr/le-xixe-siecle-texte-et-dessins-9782013072366
Un joli travail éditorial !!!
Je fonce passer commande, surtout qu'outre la qualité de la reproduction, cette phrase m'a convaincu :
Supprimer« Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces œuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu. »
Magnifique, je crois que je vais me laisser tenter aussi.
SupprimerEt après, il y aura des mauvaises langues qui diront q'on laisse partir notre patrimoine à vau l'eau
je le mets de côté malgré les personnages pas terribles, car je suis vraiment curieuse de voir comment le futur était pensé à cetet époque, et surtput quand c'est crédible comme tu le soulignes.
RépondreSupprimerDe plus, c'est gratuit, alors pourquoi se priver! :-)
C'est dépaysant et plaisant. Et il y a plein d'autres choses dont je n'ai pas parler pour laisser la surprise.
SupprimerEt à ce pris là, faut pas se priver, tu as bien raison.