Yoss, Mnémos, 2010, 320 p., 10€ papier
Peut on être chanteur de Heavy Metal, porter de vrais bracelets à clous comme dans
les années 80, être ceinture noire de judo et de karaté, être licencié de biologie et écrire aussi de la SF ? Vaste question...
Présentation de l'éditeur :
Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d'éclater. Afin de sauver la Terre, des espèces extraterrestres en prennent possession, après avoir fait montre de leur force en annihilant l'Afrique. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l'équilibre écologique. Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme. Mais derrière l'image d'Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d'être idylliques.
Buca, la prostituée, Moy, l'artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n'aspirent qu'à une seule chose : fuir... partir... s'exiler... quitter la Terre... par tous les moyens !
Buca, la prostituée, Moy, l'artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n'aspirent qu'à une seule chose : fuir... partir... s'exiler... quitter la Terre... par tous les moyens !
Mon ressenti :
Ils sont là, et ils ne sont pas contents : l'homme étant incapable de prendre soin de sa planète, les xénoïdes décident de prendre les choses en main, un joli gant de velours dans une main de fer.
Et ils ne sont pas trop portés à la rigolade, pour preuve, dès qu'ils sont arrivés, ils ont envoyé en fumée le continent africain. Leur crédo : marchez droit. Leur maxime : qui vole un oeuf, vole un boeuf. A la première incartade, vous voilà condamner à une peine de reconditionnement corporel assez particulière : vous servez de corps pour une espèce faisant du tourisme sur Terre. Et certains aliens ne sont pas très soigneux avec leur moyen de locomotion. Plutôt que de vivre sous la menace et dans la pauvreté, certains n'ont qu'un désir, l'exil vers une autre planète, vers un ailleurs meilleur, enfin, peut être.. Mais cela reste l'espoir, le seul.
A travers une galerie de portraits via sept nouvelles, Planète à louer nous fait découvrir cette Terre colonisée, en faisant quelques détours sur une exoplanète. Comme le dit Yoss dans sa préface :
Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIe siècle est purement intentionnelle.
Et c'est peut être ce qui pêche le plus dans ce roman fix-up. Mais pas dans le sens où il interroge le présent via le futur, c'est ce que fait souvent la SF, mais son allégorie reste trop empreinte du réalisme de la situation cubaine, je n'avais d'autres choix de réfléchir au parallèle, me privant la possibilité d'y voir autre chose, de rendre le particulier généralité.
Car mis à part ce défaut, au quelle on pourrait à la limite aussi rajouter une écriture manquant de style, ses petites histoires de vie souvent assez cruelles, toutefois contrebalancé par des touches d'humour et une certaine ironie, ne manquent pas de relief. Notamment grâce aux personnages crédibles qu'il nous dépeint. En outre, l'auteur évite le manichéisme outrancier, montrant que l'ailleurs n'est pas synonyme de meilleur, et que partout nous pouvons trouver des individus en lutte, hors norme.
Car mis à part ce défaut, au quelle on pourrait à la limite aussi rajouter une écriture manquant de style, ses petites histoires de vie souvent assez cruelles, toutefois contrebalancé par des touches d'humour et une certaine ironie, ne manquent pas de relief. Notamment grâce aux personnages crédibles qu'il nous dépeint. En outre, l'auteur évite le manichéisme outrancier, montrant que l'ailleurs n'est pas synonyme de meilleur, et que partout nous pouvons trouver des individus en lutte, hors norme.
C'est tellement rare de nos jours de voir un auteur droit dans ses bottes, qui dit réellement pourquoi il a écrit son texte de manière politique et claire, en évitant le sempiternelle " Oh mais je ne voulais pas écrire sur tel ou tel sujet, c'est à mon corps défendant que l'on peut y voir telles ou telles choses" évitant ainsi de perdre quelques lecteurs au passage.
Et puis un chanteur de Heavy Metal, portant de vrais bracelets à clous comme dans les années 80, ceinture noire de judo et de karaté, licencié de biologie qui écrit aussi de la SF, il faudrait être fou pour passer à côté !
Plus déplaisant, ce roman vient de faire l'objet d'une réédition en 2018 dans la collection Hélios Essentiels, sans pour autant que soit réalisé une version numérique. Reste la version illégale pour tous ceux qui voudraient le lire via une liseuse...
La blogosphère ne tarit pas d'éloges : un excellent recueil selon Xapur, un chef-d’œuvre d'après Baroona, une pépite pour Lhisbei , À découvrir absolument conclue Zina
Récapitulatif |
Quelques citations :
Pour certains sociologues, le meilleur indicateur du degré de civilisation d’une culture est la distance à laquelle elle est capable d’éloigner ses propres excréments.
Pour certains écologistes, le meilleur indicateur du degré de civilisation d’une culture est le recyclage qu’elle est capable d’appliquer à ses propres excréments.
Pour certains individus, le meilleur indicateur du degré de civilisation d’une culture est la capacité à tirer profit des excréments qu’elle produit.
[à propos du tigre de Sibérie] Un magnifique animal, qui n’a quasiment pas d’ennemi naturel. Et qui a été le roi indiscuté de la taïga… jusqu’à l’apparition de l’homme.
J'y ai justement repensé il y a quelques jours, quand Trump a annulé un accord portant sur la signature de joueurs cubains en MLB (ligue de baseball étatsunienne)...
RépondreSupprimerOn n'a pas vu une telle unanimité blogosphérique depuis la dernière élection russe. Lisez "Planète à louer" !
(tu l'as donc relu ?)
Je l'avais lu à l'époque de sa sortie et les avis qui sont ressortis à l'occasion de la réédition m'ont donné envie de m'y replonger. Et comme l'auteur rentrait dans une case du challenge de l'imaginaire...
SupprimerPour ma part, je suis un peu moins louangieux, peut être le recul dû à une seconde lecture. C'est surtout la première nouvelle et celle sur la performance artistique qui m'avait marqué
Tu as le chic pour nous parler de roman que je ne connais pas du tout ^^
RépondreSupprimerSuperbe intro d'ailleurs ;)
Et véridique de plus.
SupprimerC'est étonnant que tu n'en as pas entendu parlé, il a eu bonne presse et des avis ont refleuri pour la réédition.
En tout cas, si tu veux tester la SF cubaine, c'est cet auteur
Celui-là est complètement passé hors de mon radar... ou alors j'ai déjà trop de livres à lire ^^
SupprimerCa arrive
SupprimerLa comparaison avec Cuba ne m'avait pas gênée pendant la lecture,mais bon mon niveau en géopolitique n'est pas génial non plus ^/
RépondreSupprimerJe ne suis pas très bon non plus en géopolitique, peut être est ce dû à la seconde lecture peut être un peu plus attentive
Supprimeren fait, ce qui me gêne dans cette chronique c'est que je parviens pas à déterminer si mon ami canin à aimer le récit ou l'approche de l'auteur. ET j'avoue que je reste dès lors sur mon quant à moi. ;-)
RépondreSupprimerJ'ai aimé que l'auteur dit clairement que cela est de la SF politique, moins que ce récit était une allégorie de Cuba, ce quia bridé mon imaginaire.
SupprimerMais cela se lit très bien, mais je ne suis pas sûre que tu y trouverais ton compte
J'adore la photo du mec ! Mais j'ai peur que ce ne soit pas suffisant… Je passe…
RépondreSupprimerEt puis ce bracelet, pas comme les jeunots qui n'ont que deux rangées de clous, lui en a 6 + un bracelet de force. Et cette tignasse domptée par le bandana, un must !
SupprimerIntéressant, je l'avais en wish list à une époque... il y reviendra peut-être un jour ^^
RépondreSupprimerIl y a aussi un recueil un peu plus récent chez Helios : Interférences
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