Dominique Lémuri
Entretien
Sous la lumière de Dominique Lémuri
Dominique Lémuri lit, tout le temps, depuis toujours. Si tu ne me crois pas, regarde les quelques photos de ses bibliothèques. Et ce qu'elle aime par dessus tout, la SF. Tellement fort qu'elle a voulu apporter sa pierre à l'édifice, à travers quelques nouvelles et un roman à paraitre. Elle fait aussi partie de l'équipe des Aventuriales de Ménétrol.
Comment la science-fiction lui est-elle venue ? En écrire a t-il changé sa façon de lire ? Comment a t-elle trouvé un éditeur ?...
Elle te dit tout, en long, en large et en travers. Oui, c'est une grande bavarde, mais ne ferions nous pas la même chose en parlant de notre passion ?
Sous la lumière de Dominique Lémuri te dévoile tout, même la photo de sa chambre !
Elle te dit tout, en long, en large et en travers. Oui, c'est une grande bavarde, mais ne ferions nous pas la même chose en parlant de notre passion ?
Sous la lumière de Dominique Lémuri te dévoile tout, même la photo de sa chambre !
Peux tu te présenter, nous dire comment la lecture est venue à toi ?
Je suis née en 64 dans une famille de lecteurs : ma mère adorait les polars, mon frère ainé était fan d’Anatole le Braz et de toute la littérature fantastique du XIXème, et avec mon autre frère ils collectionnaient les BD (trop long de tout lister, mais beaucoup de SF, c’était la grande époque de Druillet, de Metal Hurlant… Yoko Tsuno était mon héroïne préférée…). Donc j’ai grandi dans un environnement très porteur dans ce domaine (pas hyper classique, en revanche. Quand les profs nous donnaient Zola à lire, je posais mes lectures SF ou fantastique pour faire ce qu’on me demandait).
J’ai eu aussi la chance d’avoir une bibliothèque de collège riche en SF : Asimov, Bradbury, j’ai lu tout ça grâce à notre bibliothécaire qui nous préparait une table spéciale que j’écumais avec mes copines. Peu de fantasy, en revanche, c’est vrai. Pas sûre que dans les années 70 on employait déjà ce terme. J’ai lu Rider Haggard dans la mythique collection NEO sans savoir vraiment où classer le cycle de She, alors qu’aujourd’hui, je le classerais en fantasy sans hésitation.
Autrement, côté état civil, un mari, trois garçons, une carrière entre comptabilité et informatique (oui, rien à voir avec la SFFF, mais rien de rien de rien) et des tas de passions dans la culture et l’artistique.
Est ce que ta manière de lire est différente depuis que tu écris ? Et en quoi ?
Oui, je suis beaucoup plus difficile. En fait, c’est peut-être l’âge qui avance et qui me rend plus exigeante. Déjà, j’ai lu tous les jours depuis que j’ai appris à l’école (il y a environ 50 ans, gasp !), donc forcément je me suis retrouvée avec de vrais chefs d’œuvre au milieu de tous ces bouquins, ce qui me rend un peu blasée, je le crains. Et le fait d’écrire a accentué le syndrome parce que j’ai appris à observer et à commenter les textes en cours d’écriture par la bêta-lecture. (j’en parle à la question suivante)
Après, paradoxalement (je n’ai pas peur des paradoxes), j’ai aussi une certaine indulgence par rapport à un premier roman, par exemple. Pour y être passée, je sais la difficulté d’arriver déjà simplement à un niveau d’écriture publiable, alors d’ici à accoucher d’un chef d’œuvre… je pense qu’une plume a besoin de se construire, et que ça ne se fait pas en un seul bouquin (sauf génie inside)
Tu es aussi une béta lectrice, tu peux nous dire en quoi cela consiste et si cela influence tes lectures ?
J’ai appris à bêta-lire sur le forum CoCyclics, où les apprentis auteurs s’échangent les textes pour les commenter. Le principe est de faire un retour sur le fond et sur la forme où on pointe, avec bienveillance, ce qui a gêné dans le texte : cohérence des personnages, construction de l’histoire, grammaire, orthographe, typographie, registre de langue, rythme, variété du vocabulaire, chasse aux répétitions (de mots, de structure…) etc. tout y passe. Personnellement, j’ai autant voire plus appris en écriture en bêta-lisant les textes des autres qu’en recevant des bêta-lecture sur mes textes.
Du coup, oui, la bêta-lecture fait partie des phénomènes qui m’ont rendue difficile en matière de lecture. Si je commence à voir un défaut dans un roman ou une nouvelle, puis un autre, c’est parti, j’ai envie de prendre un crayon pour souligner ce qui cloche à mon avis. C’est une malédiction : jamais en repos, je ne suis.
Lorsque j’ai fait mon appel à candidature sur Facebook, tu t’es porté volontaire, envie de pub ?
Est-il courant de finir par avoir envie d’écrire quand on aime lire ? Je crois que oui, en tout cas c’est ce que dit le sondage IFOP de 2013 relayé par Bibliobs : 17 % des Français ont écrit un jour un manuscrit !
Donc, comment se croisent mon goût pour la lecture et celui pour l’écriture ? Il m’est arrivé, après des lectures particulièrement réjouissantes (Joe Abercrombie, récemment, par exemple, ou Peter F. Hamilton) de me dire « Mais pourquoi écrire ? Jamais tu n’arriveras à la cheville de cet auteur ». Et puis, je repense à Neil Gaiman et à ses encouragements aux auteurs, que nos voix comptent et méritent d’exister, et je me rassure sur ma légitimité.
Une histoire en devenir peut avoir un côté obsessionnel, taper à la porte jusqu’à ce qu’on s’occupe d’elle, trouver parfois un écho dans un roman que l’on lit. Je suis toujours inquiète, toujours, à l’idée qu’un de mes romans ou qu’une de mes nouvelles ressemblent trop à une œuvre déjà écrite par quelqu’un d’autre, que j’aurais lue, intégrée, digérée, oubliée, et paf ! ressortie de ma tête comme si c’était complètement de moi. J’essaie de me soigner en me souvenant de mes conversations avec des auteurs beaucoup plus décontractés que moi sur ces questions, qui m’ont dit « les idées circulent, c’est normal qu’on retrouve des thèmes communs chez des auteurs d’une époque ». Donc lecture, écriture, tout est lié, nom de Zeus ! (et cinéma, séries, etc).
Donc, cette interview m’intéressait pour jouer sur ces différents plans.
Dans la chambre de Dominique |
Pourquoi lis tu ? Il existe pleins d’activités moins barbantes et en plus, cela prend souvent moins de temps.
La lecture est un plaisir et un besoin, que ce soit sur liseuse ou papier, voire sur téléphone dans une file d’attente. Je ne me souviens pas avoir eu de panne de lecture ni une journée sans lire.
Te faut-il ta dose quotidienne de lecture ? Quel est ton rythme de lecture ?
Oui, tous les soirs, au moins, mais pas forcément très longtemps. Tout dépend de mes occupations de la journée. Si je veux m’offrir une récompense, je me prends une heure de lecture dans la journée, quand je suis bien réveillée. (et ça se transforme souvent en bien plus, je ne lis pas très vite). J’arrive à lire environ 40 à 50 romans par an (que j’arrive à finir, ça ne comprend pas ce que je commence et abandonne), plus les nouvelles à l’unité et les bandes dessinées.
Es tu une lectrice d’un seul genre ou préfères tu piocher selon tes envies ?
C’est très variable, j’ai eu des périodes polar, romans historiques, classiques, j’aime bien piocher au hasard dans une bibliothèque. Je suis très curieuse du contenu d’un livre inconnu. Maintenant je lis quand même majoritairement de la SFFF, et surtout francophone d’ailleurs.
Paradoxalement (encore !) je viens de lancer sur mon blog un petit projet de lecture : lire autour du monde (LADM), où je vais explorer la planète en lisant des romans d’auteurs du monde entier, et pas forcément en SFFF. La section est maigrichonne pour le moment, mais j’y travaille.
Faut-il lire de la science-fiction pour en écrire ?
Oui, cela me parait indispensable. Mais c’est vrai pour tous les genres littéraires. La romance a ses codes, le fantastique les siens, etc. Même si j’aime en lire, j’aurais du mal à écrire un roman policier, par exemple.
Fais tu attention à l’éditeur, à la collection ?
Oui, je commence à avoir mes préférés, alors qu’avant d’écrire je suivais d’abord un auteur ou une autrice. Je m’intéresse au « paysage SFFF », aux livres qui sortent. Cela m’aide à me demander si j’aimerais figurer dans telle ou telle collection avec un de mes bouquins.
Lectrice de SFFF, t’as t-on déjà jeté l'opprobre par rapport à tes goûts littéraires ? Le regard sur ces littératures te dérange t-il ou assumes tu le fait d’en lire et d’en écrire ?
J’ai eu des professeurs de français qui regardaient mes goûts littéraires avec scepticisme, d’autres qui les encourageaient (du moment que je lisais…). Côté copains, ça dépend. J’ai connu plein de rôlistes durant mes études, mes deux meilleures copines sont passées à la SF avec (grâce à ? me souviens plus) moi, j’ai « converti » d’autres personnes… mais autrement, je passe pour une dingue pas dangereuse auprès de pas mal de gens dès que je parle de mes goûts littéraires, soyons lucides. A ce stade de ma vie, je m’en fiche complètement.
Que penses tu de l’effervescence des blogs (et autre supports) littéraires ?
J’aime bien bloguer, même si je suis loin d’avoir un gros lectorat. J’ai toujours plus ou moins tenu mon journal « papier » donc c’est un peu le même principe, en moins intimiste. Et puis, je trouve que c’est une activité littéraire en soi.
De plus en plus d’auteurs tiennent un blog, publient une newsletter, etc. Ce sont des outils de communication qui permettent de garder la main sur son image, c’est important. Comme lectrice de blogs, j’ai quelques abonnements, auprès d’amis ou amies auteurs que je suis particulièrement, mais pas tellement. Là aussi, je pioche quand l’envie m’en prend, bien que je n’aie pas le temps de tout lire. J’aime bien les critiques de livres, principalement pour décider ou pas d’acheter certains titres.
Autrement j’ai des copines qui publient sur Wattpad, je ne m’y vois pas. J’écris lentement, et j’ai besoin de garder la main sur ce que j’écris, pour pouvoir jeter quand c’est nécessaire sans me dire « ah zut, j’ai publié ce morceau la semaine dernière, alors que ça ne colle pas avec la suite ». Je pense aussi que c’est un réseau plutôt orienté jeunesse ou jeune adulte, ce qui n’est pas, pour le moment, un public que je vise.
Que recherches tu dans un livre ? une bonne histoire, un style, le fait d’être bousculé dans tes convictions, pour creuser un sujet, une réflexion…
Tout dépend du livre. Si j’ouvre un roman de tel ou tel auteur, l’expérience de lecture sera différente. Je n’enchaine pas les space opera, ou les livres exigeants sur le plan de la langue, ou les romans young adult, ou les essais historiques, je jongle entre mes envies de lecture et j’alterne pour ne pas émousser ce qui me parait essentiel en lecture : le plaisir.
Et dans le même genre, je peux passer d’un texte prenant, bouleversant à un texte plus léger, pour relâcher la pression et encore plus apprécier l’un et l’autre texte, chacun dans sa spécificité.
Enfin, la lecture, ça sert à faire réfléchir, à apprendre des choses, des mots, des situations, etc. C’est pour ça que je n’arrive pas à m’en passer, parce que ça nourrit le cerveau.
Et dans tes écrits, transmets tu la même chose ?
Je suis sûrement la plus mal placée pour le dire. Disons que j’ai des textes plus profonds que d’autres, plus personnels. Ma seule ambition d’une façon générale est de procurer un moment de détente agréable aux lecteurs, et de l’émotion aussi.
La représentation des femmes, des minorités est un sujet de plus en plus prégnant. Fais tu attention à ces aspects lors du choix de tes lectures ? Lors de l’écriture de tes textes ?
Lors du choix de mes lectures, non, ce n’est pas un critère a priori mais je remarque (et ça m’agace autant que ça m’agaçait adolescente) si les personnages féminins sont des potiches. Au XXIème siècle, je n’ai plus de patience pour ça, donc en général j’arrête de lire dans ce cas, mais c’est quand même de plus en plus rare. En revanche, je boycotte les couvertures racoleuses avec filles ou garçons à poil, on n’est plus dans les années 70 et ça ne donne pas une image sérieuse ou classe du contenu…
Concernant les minorités, là aussi, je suis sensibilisée à la question, j’aime quand tous les personnages ne sont pas blancs, hétéros, etc, pour refléter la diversité du monde. Ce qu’il y a de bien avec la SFFF, c’est que justement on peut imaginer des mondes imaginaires très divers à tous points de vue.
Coté écriture, je m’efforce au fil de mon apprentissage de l’écriture de développer cet aspect. C’est difficile parce qu’il ne suffit pas de décréter que tel personnage n’est pas blanc, ou est homosexuel pour que cette dimension trouve sa place de façon organique dans le récit. Dans ce monde imaginaire, est-ce que le racisme tel que nous le connaissons existe ? Est-il naturellement admis d’être homosexuel ou est-ce une situation entrainant de l’ostracisme ? Toutes ces questions en engendrent d’autres qui participent à la logique interne du monde imaginé. En tout cas, c’est intéressant comme toute construction de personnage, pour un écrivain. Si je devais n’écrire que des histoires sur des femmes blanches de 56 ans… je crois que j’arrêterais.
Doit on séparer l’auteur de son oeuvre ?
Disons que si on ne le fait pas, on jette aux orties beaucoup d’œuvres. Personnellement je ne fais pas une étude préalable de moralité sur tous les auteurs que je lis pour vérifier qu’ils n’ont jamais dérapé dans aucun domaine. Du reste, je n’ai pas la prétention d’être parfaite moi-même.
Je mets juste un gros bémol à cette position : les cas extrêmes comme celui de l’auteur qui publiait allégrement ses exploits pédophiles assumés, chez de grands éditeurs, et que je ne veux pas nommer tellement l’histoire m’écœure. Là non, je ne lirai jamais ce genre de bouse, même s’il ne me restait que ça à lire avant de claquer.
Que fais tu de tes livres une fois lu ?
Je les stocke chez moi, c’est une malédiction. J’enquiquine les gens que j’aime pour qu’ils lisent ceux que j’ai aimés. Je mets dans un carton ceux que je n’ai pas aimés pour les donner à des associations caritatives qui les revendent. Je ne veux pas savoir sur qui ça tombe in fine. Je vais être obligée de trier après avoir accumulé durant des décennies comme un écureuil.
La moyenne d’un roman grand format tourne autour de 20 euros. Trouves tu ce prix correct, inconvenant ?
C’est cher, c’est sûr. Heureusement qu’il existe des bibliothèques, des poches et des éditions numériques (enfin, celles à prix raisonnable : quand un ebook coute plus cher qu’un poche, c’est un peu se ficher du monde, non ?).
Sur ce prix, tu toucheras environ entre 1€ et 2€ (ne parlons même pas du numérique). Je trouve cette blague très drôle, et toi ?
Vu mon rythme d’écriture, heureusement que je ne compte pas sur ça pour acheter mes graines de tomates. Il fut une époque où un auteur vivait de la vente de ses livres, un musicien de celle de ses disques, c’était le cas quand j’étais ado et que je rêvais de devenir écrivain. Heureusement que mes parents m’ont poussée dans une voie, certes pas la plus drôle, mais qui m’a permis de payer les factures. Je leur en ai voulu très longtemps, aujourd’hui plus du tout.
Cependant, je tiens à préciser que mon éditeur m’a proposé un contrat tout à fait correct par rapport à ce qui se fait dans le métier, je n’ai pas à me plaindre d’Armada.
Autrice de quelques nouvelles, et d’un roman à paraître chez Armada, Sous le soleil d’Helios, les premiers écrits sont souvent ceux d’une plume qui demande à s’améliorer pour le dire poliment. Autant que j’attende quelques années avant de te lire non ?
Bah, tu fais comme tu veux. Je ne suis pas du genre à enquiquiner les gens pour qu’ils lisent mes textes. (le titre c’est « Sous la lumière d’Hélios », by the way 😊 ) Tu as sûrement raison d’attendre, mon meilleur texte sera celui que je suis en train d’écrire en ce moment.
Peux tu nous dire quel a été ton parcours pour trouver un éditeur ?
OMG. J’ai fait le speed dating des Imaginales en 2016, ce qui m’a obligée à me donner des coups de pied au fondement pour terminer un tome un convenable, en écrire le synopsis et apprendre à le pitcher (donc passer du stade « wanna be autrice » à « j’y crois, j’y suis, je sais vendre mon boulot »). J’ai eu quelques contacts à l’issue du SD et envoyé mon manuscrit à une première liste d’éditeurs. Eu quelques « non » brefs et rapides, d’autres « non » encourageants, et puis il y a eu des mois d’attente, avec des échanges en mode « votre roman a passé un premier tri » puis « j’ai bien aimé mais il me faut d’autres avis » … d’un gros éditeur. Pendant ce temps, j’écrivais le tome deux. Quand j’en ai eu marre d’attendre, j’ai envoyé à une deuxième vague de maisons d’édition et j’ai eu 3 oui en dix jours. Va comprendre. J’ai choisi Armada, dont je connaissais le patron Jérôme Baud et appréciais les romans et leurs belles couvertures. Je pense que c’est très important de se projeter mentalement dans une collection et se dire « ce serait génial d’être publié là ».
Donc trouver un éditeur, ce n’est pas juste avoir un manuscrit intéressant, c’est tomber au bon moment avec la bonne maison, et avoir une qualité majeure : la patience.
La lecture est un plaisir et un besoin, que ce soit sur liseuse ou papier, voire sur téléphone dans une file d’attente. Je ne me souviens pas avoir eu de panne de lecture ni une journée sans lire.
Te faut-il ta dose quotidienne de lecture ? Quel est ton rythme de lecture ?
Oui, tous les soirs, au moins, mais pas forcément très longtemps. Tout dépend de mes occupations de la journée. Si je veux m’offrir une récompense, je me prends une heure de lecture dans la journée, quand je suis bien réveillée. (et ça se transforme souvent en bien plus, je ne lis pas très vite). J’arrive à lire environ 40 à 50 romans par an (que j’arrive à finir, ça ne comprend pas ce que je commence et abandonne), plus les nouvelles à l’unité et les bandes dessinées.
Es tu une lectrice d’un seul genre ou préfères tu piocher selon tes envies ?
C’est très variable, j’ai eu des périodes polar, romans historiques, classiques, j’aime bien piocher au hasard dans une bibliothèque. Je suis très curieuse du contenu d’un livre inconnu. Maintenant je lis quand même majoritairement de la SFFF, et surtout francophone d’ailleurs.
Paradoxalement (encore !) je viens de lancer sur mon blog un petit projet de lecture : lire autour du monde (LADM), où je vais explorer la planète en lisant des romans d’auteurs du monde entier, et pas forcément en SFFF. La section est maigrichonne pour le moment, mais j’y travaille.
Faut-il lire de la science-fiction pour en écrire ?
Oui, cela me parait indispensable. Mais c’est vrai pour tous les genres littéraires. La romance a ses codes, le fantastique les siens, etc. Même si j’aime en lire, j’aurais du mal à écrire un roman policier, par exemple.
Fais tu attention à l’éditeur, à la collection ?
Oui, je commence à avoir mes préférés, alors qu’avant d’écrire je suivais d’abord un auteur ou une autrice. Je m’intéresse au « paysage SFFF », aux livres qui sortent. Cela m’aide à me demander si j’aimerais figurer dans telle ou telle collection avec un de mes bouquins.
Lectrice de SFFF, t’as t-on déjà jeté l'opprobre par rapport à tes goûts littéraires ? Le regard sur ces littératures te dérange t-il ou assumes tu le fait d’en lire et d’en écrire ?
J’ai eu des professeurs de français qui regardaient mes goûts littéraires avec scepticisme, d’autres qui les encourageaient (du moment que je lisais…). Côté copains, ça dépend. J’ai connu plein de rôlistes durant mes études, mes deux meilleures copines sont passées à la SF avec (grâce à ? me souviens plus) moi, j’ai « converti » d’autres personnes… mais autrement, je passe pour une dingue pas dangereuse auprès de pas mal de gens dès que je parle de mes goûts littéraires, soyons lucides. A ce stade de ma vie, je m’en fiche complètement.
Que penses tu de l’effervescence des blogs (et autre supports) littéraires ?
J’aime bien bloguer, même si je suis loin d’avoir un gros lectorat. J’ai toujours plus ou moins tenu mon journal « papier » donc c’est un peu le même principe, en moins intimiste. Et puis, je trouve que c’est une activité littéraire en soi.
De plus en plus d’auteurs tiennent un blog, publient une newsletter, etc. Ce sont des outils de communication qui permettent de garder la main sur son image, c’est important. Comme lectrice de blogs, j’ai quelques abonnements, auprès d’amis ou amies auteurs que je suis particulièrement, mais pas tellement. Là aussi, je pioche quand l’envie m’en prend, bien que je n’aie pas le temps de tout lire. J’aime bien les critiques de livres, principalement pour décider ou pas d’acheter certains titres.
Autrement j’ai des copines qui publient sur Wattpad, je ne m’y vois pas. J’écris lentement, et j’ai besoin de garder la main sur ce que j’écris, pour pouvoir jeter quand c’est nécessaire sans me dire « ah zut, j’ai publié ce morceau la semaine dernière, alors que ça ne colle pas avec la suite ». Je pense aussi que c’est un réseau plutôt orienté jeunesse ou jeune adulte, ce qui n’est pas, pour le moment, un public que je vise.
Que recherches tu dans un livre ? une bonne histoire, un style, le fait d’être bousculé dans tes convictions, pour creuser un sujet, une réflexion…
Tout dépend du livre. Si j’ouvre un roman de tel ou tel auteur, l’expérience de lecture sera différente. Je n’enchaine pas les space opera, ou les livres exigeants sur le plan de la langue, ou les romans young adult, ou les essais historiques, je jongle entre mes envies de lecture et j’alterne pour ne pas émousser ce qui me parait essentiel en lecture : le plaisir.
Et dans le même genre, je peux passer d’un texte prenant, bouleversant à un texte plus léger, pour relâcher la pression et encore plus apprécier l’un et l’autre texte, chacun dans sa spécificité.
Enfin, la lecture, ça sert à faire réfléchir, à apprendre des choses, des mots, des situations, etc. C’est pour ça que je n’arrive pas à m’en passer, parce que ça nourrit le cerveau.
Et dans tes écrits, transmets tu la même chose ?
Je suis sûrement la plus mal placée pour le dire. Disons que j’ai des textes plus profonds que d’autres, plus personnels. Ma seule ambition d’une façon générale est de procurer un moment de détente agréable aux lecteurs, et de l’émotion aussi.
La représentation des femmes, des minorités est un sujet de plus en plus prégnant. Fais tu attention à ces aspects lors du choix de tes lectures ? Lors de l’écriture de tes textes ?
Lors du choix de mes lectures, non, ce n’est pas un critère a priori mais je remarque (et ça m’agace autant que ça m’agaçait adolescente) si les personnages féminins sont des potiches. Au XXIème siècle, je n’ai plus de patience pour ça, donc en général j’arrête de lire dans ce cas, mais c’est quand même de plus en plus rare. En revanche, je boycotte les couvertures racoleuses avec filles ou garçons à poil, on n’est plus dans les années 70 et ça ne donne pas une image sérieuse ou classe du contenu…
Concernant les minorités, là aussi, je suis sensibilisée à la question, j’aime quand tous les personnages ne sont pas blancs, hétéros, etc, pour refléter la diversité du monde. Ce qu’il y a de bien avec la SFFF, c’est que justement on peut imaginer des mondes imaginaires très divers à tous points de vue.
Coté écriture, je m’efforce au fil de mon apprentissage de l’écriture de développer cet aspect. C’est difficile parce qu’il ne suffit pas de décréter que tel personnage n’est pas blanc, ou est homosexuel pour que cette dimension trouve sa place de façon organique dans le récit. Dans ce monde imaginaire, est-ce que le racisme tel que nous le connaissons existe ? Est-il naturellement admis d’être homosexuel ou est-ce une situation entrainant de l’ostracisme ? Toutes ces questions en engendrent d’autres qui participent à la logique interne du monde imaginé. En tout cas, c’est intéressant comme toute construction de personnage, pour un écrivain. Si je devais n’écrire que des histoires sur des femmes blanches de 56 ans… je crois que j’arrêterais.
Doit on séparer l’auteur de son oeuvre ?
Disons que si on ne le fait pas, on jette aux orties beaucoup d’œuvres. Personnellement je ne fais pas une étude préalable de moralité sur tous les auteurs que je lis pour vérifier qu’ils n’ont jamais dérapé dans aucun domaine. Du reste, je n’ai pas la prétention d’être parfaite moi-même.
Je mets juste un gros bémol à cette position : les cas extrêmes comme celui de l’auteur qui publiait allégrement ses exploits pédophiles assumés, chez de grands éditeurs, et que je ne veux pas nommer tellement l’histoire m’écœure. Là non, je ne lirai jamais ce genre de bouse, même s’il ne me restait que ça à lire avant de claquer.
Que fais tu de tes livres une fois lu ?
Je les stocke chez moi, c’est une malédiction. J’enquiquine les gens que j’aime pour qu’ils lisent ceux que j’ai aimés. Je mets dans un carton ceux que je n’ai pas aimés pour les donner à des associations caritatives qui les revendent. Je ne veux pas savoir sur qui ça tombe in fine. Je vais être obligée de trier après avoir accumulé durant des décennies comme un écureuil.
La moyenne d’un roman grand format tourne autour de 20 euros. Trouves tu ce prix correct, inconvenant ?
C’est cher, c’est sûr. Heureusement qu’il existe des bibliothèques, des poches et des éditions numériques (enfin, celles à prix raisonnable : quand un ebook coute plus cher qu’un poche, c’est un peu se ficher du monde, non ?).
Sur ce prix, tu toucheras environ entre 1€ et 2€ (ne parlons même pas du numérique). Je trouve cette blague très drôle, et toi ?
Vu mon rythme d’écriture, heureusement que je ne compte pas sur ça pour acheter mes graines de tomates. Il fut une époque où un auteur vivait de la vente de ses livres, un musicien de celle de ses disques, c’était le cas quand j’étais ado et que je rêvais de devenir écrivain. Heureusement que mes parents m’ont poussée dans une voie, certes pas la plus drôle, mais qui m’a permis de payer les factures. Je leur en ai voulu très longtemps, aujourd’hui plus du tout.
Cependant, je tiens à préciser que mon éditeur m’a proposé un contrat tout à fait correct par rapport à ce qui se fait dans le métier, je n’ai pas à me plaindre d’Armada.
Autrice de quelques nouvelles, et d’un roman à paraître chez Armada, Sous le soleil d’Helios, les premiers écrits sont souvent ceux d’une plume qui demande à s’améliorer pour le dire poliment. Autant que j’attende quelques années avant de te lire non ?
Bah, tu fais comme tu veux. Je ne suis pas du genre à enquiquiner les gens pour qu’ils lisent mes textes. (le titre c’est « Sous la lumière d’Hélios », by the way 😊 ) Tu as sûrement raison d’attendre, mon meilleur texte sera celui que je suis en train d’écrire en ce moment.
Peux tu nous dire quel a été ton parcours pour trouver un éditeur ?
OMG. J’ai fait le speed dating des Imaginales en 2016, ce qui m’a obligée à me donner des coups de pied au fondement pour terminer un tome un convenable, en écrire le synopsis et apprendre à le pitcher (donc passer du stade « wanna be autrice » à « j’y crois, j’y suis, je sais vendre mon boulot »). J’ai eu quelques contacts à l’issue du SD et envoyé mon manuscrit à une première liste d’éditeurs. Eu quelques « non » brefs et rapides, d’autres « non » encourageants, et puis il y a eu des mois d’attente, avec des échanges en mode « votre roman a passé un premier tri » puis « j’ai bien aimé mais il me faut d’autres avis » … d’un gros éditeur. Pendant ce temps, j’écrivais le tome deux. Quand j’en ai eu marre d’attendre, j’ai envoyé à une deuxième vague de maisons d’édition et j’ai eu 3 oui en dix jours. Va comprendre. J’ai choisi Armada, dont je connaissais le patron Jérôme Baud et appréciais les romans et leurs belles couvertures. Je pense que c’est très important de se projeter mentalement dans une collection et se dire « ce serait génial d’être publié là ».
Donc trouver un éditeur, ce n’est pas juste avoir un manuscrit intéressant, c’est tomber au bon moment avec la bonne maison, et avoir une qualité majeure : la patience.
Sur Book-station tu présentes ce livre de cette manière “un planet opera plein d’aliens, d’héroïnes anti-potiches, de héros pas parfaits et de rebondissements”, bref, le pitch de nombre de romans. En quoi penses tu te différencier ?
Déjà, il faut que j’aille modifier cette présentation, tu as raison, c’est nul. (note du chien : c'est fait)
Voilà la quatrième officielle, c’est mieux, non ?
2420. Eltanis, planète synchrone en orbite autour de Gliese 581, à vingt années-lumière de la Terre. Une colonie humaine de quelques milliers d’âmes s’y est établie et accueille un nouveau contingent de pionniers. Parmi eux, Clara MacQueen, une jeune télépathe au lourd secret, qui devra se battre pour survivre.
Quels mystères ce monde recèle-t-il sous son crépuscule permanent ? Quelles étranges formes de vie, dangereuses et envahissantes, croiseront la route de Clara ?
Et surtout, qu’est le Vood ?
Pour le découvrir, embarquez pour Eltanis !
Je dis souvent que j’ai écrit le livre que j’aurais aimé lire à 14 ou 15 ans, quand la SF était encore une littérature d’hommes pour les hommes. Par ailleurs, il s’agit de SF pas hard science : si vous aimez Stephen Baxter, il y a de fortes chances pour que vous n’aimiez pas mon livre. (je le sais, j’ai déjà eu un retour assassin d’un fan de Baxter qui a lu le livre en avant-première, donc autant éviter les déceptions) Des lecteurs de fantasy l’ont aimé, je pense que c’est un roman facile à aborder si on n’est pas un spécialiste de la SF. Côté style, je ne fais pas d’effet de manche, j’ai opté pour une écriture efficace et sobre car c’est un roman d’aventure avant toute chose.
Fin 2017, tu annonces sur ton blog la signature d’un contrat chez Armada pour un diptyque. Nous sommes en 2020, Sous le
Alors, mon éditeur a voulu tout sortir en un seul tome, donc c’est l’équivalent de deux romans en même temps, un beau bébé de 450 pages grand format, avec illustrations intérieures, qu’il a fallu du temps pour terminer et peaufiner. Et puis, les corrections éditoriales chez Armada, c’est de l’approfondi.
Moi j’aime les one shot, ce roman peut-il se lire de manière indépendante ?
Yep, comme expliqué juste avant ! C’est devenu un tome unique. J’écrirai peut-être d’autres histoires dans le même univers si l’envie m’en prend mais ce n’est pas au programme pour le moment.
La couverture de ton roman fait très mystique avec ses têtes flottantes, il y a aussi un cercueil volant, et des algues noires pour l’enfer. Les athées peuvent le lire ?
Je n’arrive pas à lire cette question sans rigoler… Alors, il n’y a rien de religieux du tout dans mon bouquin. D’ailleurs, à y réfléchir, c’est parce que j’ai voulu éviter le sujet. Trop sensible, il est.
(le cercueil volant, c’est un vaisseau spatial bien mastoc qui doit voyager pendant plusieurs siècles : alors on oublie les chromes et les silhouettes profilées et on pense aux vaisseaux de la BD de la Guerre Éternelle 😉 )
Pour débuter un roman, j’imagine qu’il faut une idée, mais comment la complète tu ? Lis tu des essais, des romans sur les thématiques que tu souhaites aborder ?
J’ai lu des bouquins sur l’espace, les astronautes, sur l’apparition de la vie et ses formes bizarres, sur Gliese 581 et ce qu’on en sait aujourd’hui. J’ai interrogé des scientifiques mais c’est très compliqué de leur prendre un peu de temps, ils ont autre chose à faire qu’accompagner les délires d’une autrice inconnue. J’ai cherché des infos sur plein de choses sans me perdre non plus dans la documentation : c’est le danger quand on est curieuse comme moi, on peut passer son temps à lire et à passer d’un site à l’autre sans écrire une ligne. Il y a un moment où il faut mettre les mains dans le cambouis et écrire.
Quant aux romans sur les mêmes thématiques : j’ai évité de trop en lire pour ne pas piquer des idées aux autres inconsciemment. Cela m’est déjà arrivé et c’est rageant.
Tu es trésorière des Aventuriales, un salon littéraire rapporte de l’argent ou en perd ?
Le mouvement #PayeTonAuteur a t-il eu des conséquences sur ce festival ?
Les Aventuriales ont une trésorerie saine grâce à une gestion en mode « bon père de famille ». On a un peu de sous de côté pour faire face aux éventuels coups durs, comme par exemple acheter du matériel afin d’assurer la sécurité sanitaire en période de Covid… Comme on ne fait pas payer les entrées, que nos stands et notre buvette sont peu chers, nous serions déficitaires sans les subventions et aides que nous recevons.
Oui, #PayeTonAuteur nous a influencés : il y a plusieurs autrices parmi l’organisation (dont moi) qui se sentent solidaires de la question. En conséquence, nous avons décidé l’an dernier de partager le bénéfice du salon entre tous les auteurs invités. Cette année, nous pourrons rémunérer leur présence au festival au tarif officiel grâce à un financement de la Sofia et de la DRAC que nous remercions. C’est une démarche que nous espérons pérenniser au fil des éditions.
En quoi ce salon se différencie des autres salons ?
La truffade de En Attendant Louise, le super restaurant de Ménétrol, je suppose ! Plus sérieusement, l’ambiance est conviviale (cela revient régulièrement dans les retours que nous recevons), il y a un mélange d’animations et de salon du livre. Il est vraiment tout public, les visiteurs viennent en famille car les enfants y trouvent aussi leur compte. Et puis, je ne sais pas, peut-être que l’équipe s’entend suffisamment bien pour que, malgré les imprévus, tout roule dans la bonne humeur. C’est un salon à taille humaine, avec le grain de folie qui nous a fait inviter une troupe d’animation du Rocky Horror Picture Show l’an dernier, ou organiser une soirée de projection spéciale Nanars cette année. Si tu viens, tu verras par toi-même !
Les livres en compétition pour le prix Aventuriales sont pour la grande majorité d’auteurs quasi inconnus et publiés par de petits éditeurs. Une volonté ou vous n’avez trouvé personne pour participer ?
C’est une volonté claire d’en faire le prix des romans des petites maisons d’édition qui n’ont pas de diffuseur, donc qui ne se trouvent pas spontanément sur la table des libraires. Il faut les commander en librairie ou à l’éditeur pour se les procurer (ou les acheter en salon). Parfois, on tombe sur de très bons romans qui n’ont pas la visibilité qu’ils méritent et c’est parce que nous sommes des lecteurs frustrés de ne pas voir leurs poulains récompensés dans les prix littéraires que nous avons créé celui-là.
Nous avons aussi souhaité en faire un prix de lecteurs. Nous sélectionnons les livres mais ce sont les usagers de médiathèques participantes qui votent.
Les résultats du prix 2020 seront proclamés aux Aventuriales. C’est un peu tôt pour tirer un bilan d’autant que le confinement a fermé les bibliothèques durant des mois, ce qui a empêché la circulation des romans. Néanmoins, nous avons assez de votes pour désigner un roman lauréat.
C’était un gros projet, un peu compliqué à mettre en place la première année, mais c’est parti : nous sommes en train de sélectionner les romans pour le prix 2021.
Un détail important : aucun des romans écrits par un des membres des Aventuriales ou de leurs proches ne peut entrer dans la sélection, question d’éthique.
Partages tu tes lectures ? A travers un club de lecture ou autres ?
Peux tu nous dire ce que cela t’apporte ?
Je fais partie du forum CoCyclics et nous avons un fil d’échange autour de nos piles à lire. C’est très intéressant parce que nous sommes tous des auteurs de SFFF et lecteurs dans ces genres et nous pouvons vraiment nous conseiller et discuter.
J’ai rejoint il y a quelques mois l’équipage formidable du Galion des Etoiles, où je poste des avis, parfois des fiches de lecture. Je suis impressionnée par la richesse de ce site, Koyolite Tseila a fait un boulot remarquable dessus. Et je participe tous les ans au printemps de l’imaginaire francophone, un challenge de lecture qui se déroule sur trois mois, ainsi qu’au challenge « autrices de SFFF ».
Je ne participerais pas à un club de lecture autre parce que, autant je me sens capable de lire et d’apprécier à peu près tout ce qui sort, du polar à la littérature générale, en passant par la romance, etc., autant je pense que la réciproque n’est pas vraie. Je connais des lecteurs pas familiers du tout avec la science-fiction ou à la fantasy et qui sont complètement réticents à en lire. J’ai déjà tenté le coup lors de cafés littéraires auprès de personnes qui lisaient beaucoup. Je me souviens des regards navrés qu’on me lançait quand je parlais de ma dernière lecture SFFF. Jamais compris pourquoi. Ça me scie.
Ton entourage te lit-il ? Et que pense t il de tes talents d’écrivain, enfin pas les faux jetons, les autres ?
Mon mari m’a fait un jour un retour si sévère sur l’embryon de début de commencement de mon roman que j’ai arrêté d’écrire pendant 6 ans. Depuis, il a appris à me dire les choses plus diplomatiquement, à ne pas relever que les défauts, et surtout j’ai appris à accepter la critique. La bêta-lecture est une très bonne école pour ça. Ma belle-mère adore tout ce que j’écris. Mon fils ainé aime bien, les deux autres m’encouragent mais ne me lisent pas. Ils lisent d’autres trucs, des mangas, des livres de jeu de rôle, et des rapports de la Fondation SCP, un site incroyable d’écriture collaborative en ligne. Du moment qu’ils lisent, ça me va. Me lire n’est pas obligatoire, pour personne, et surtout pas mon entourage.
Si un jour je lis ton roman et que j’en fais un retour assassin, comment penses tu réagir ? As tu déjà subi ce genre de retour ?
Cela ne fait jamais plaisir de se faire étriller, mais quand on publie un livre, c’est pour être lu. On ne peut pas plaire à tout le monde, c’est normal.
Si tu n’aimes pas mon bouquin, bah, je m’en remettrai. Je suis capable d’écouter la critique si elle est argumentée, elle peut même aider à progresser. Tant qu’il n’y a pas d’attaque personnelle, c’est le jeu.
J’ai déjà eu un retour pas très agréable sur ma deuxième nouvelle publiée. Avec le recul, je pense qu’elle n’était en effet pas très bonne. Globalement, les nouvelles en anthologie sont peu lues, et surtout rarement chroniquées, donc j’ai un nombre ridicule de retours sur mon travail mais jusqu’à présent la tendance est plutôt positive.
Tu as un site web (L’oeil du lémurien), bravo, je pense que c’est indispensable pour un auteur aujourd’hui. Par contre, quel bordel, difficile de s’y retrouver, j’ai eu du mal à trouver une info sur ton premier roman. Une explication ?
Non, aïe aïe aïe. Entre les Aventuriales, mes vacances, mes autres écrits…la quatrième de couverture définitive ne date que de quelques semaines, et j’ai un article quasi près à publier sur le roman mais j’attendais la sortie ou presque pour le faire. Il est largement temps de pallier ce manque ! (note du chien : c'est fait) Autrement, on trouve une fiche complète sur le livre sur le site d’Armada.
Quels sont les livres qui t’ont le plus marqué et pourquoi ? Te souviens tu de l'éditeur et de la collection ?
Dune, de Frank Herbert, suivi du Messie et des Enfants, chez Pocket avec la couverture de Siudmak qui est toujours aussi fabuleuse.
A la poursuite des Slans, de Van Vogt, édition jeunesse, je dirais les deux Coqs d’or.(nan, c’était Mille Soleils chez Gallimard, un cadeau des mes frangins qui m’avaient bien captée 😊 ).
Après, je pourrais lister 1984, Le meilleur des mondes, les classiques, quoi. J’ai lu tout ça en poche parce qu’il m’en fallait beaucoup pour étancher ma soif et que les grands formats coutaient trop cher et prenaient trop de place.
Aussi, la géniale anthologie du fantastique de Roger Caillois, aussi un cadeau de mes frères. Je crois que ma tendresse pour l’art de la nouvelle vient de là, et d’Asimov aussi. Et Dracula de Bram Stoker chez Marabout, lu à 12 ou 13 ans pendant que ma mère cousait sur la terrasse en écoutant le Tour de France à la radio.
Et un jour arriva la collection Néo et tout mon argent de poche y passa.
Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour chez Mnemos de mémoire : une claque.
La horde du contrevent d’Alain Damasio à la Volte : pour la narration et la construction du monde.
Ah si ! Pierre Bottero, les trois trilogies de la Quête d’Ewilan, Ellana et les Mondes d’Ewilan, lus chez Rageot avec mon fils cadet puis rachetés pour moi en grand format relié toile. Cet auteur est un modèle pour moi de fluidité narrative et d’intelligence du propos. On parlait de diversité : Salim est un merveilleux personnage et quelles héroïnes !! Bottero m’a rendu l’envie d’écrire et je n’ai jamais eu l’occasion de le rencontrer pour lui dire mon admiration.
As tu des auteurs dont tu lis tout ce qui sort ? Qu’est ce qui te plaît chez ces auteurs ?
Aurélie Wellenstein : je pense avoir tout ce qu’elle a sorti, et je n’ai pas tout à fait tout lu, mais j’y travaille. J’aime la sincérité de ses romans, leur côté sans concession, et leurs univers barrés (exemple : la Mort du temps, ou Mers Mortes). Sa plume est très poétique, aussi.
Autrement, le prix Aventuriales et ma curiosité m’empêchent de me cantonner aux œuvres d’un nombre limité d’auteurs. Il y a beaucoup d’auteurs et d’autrices dont je n’ai lu qu’un seul livre.
Je te laisse clore cet entretien sur les sujets qui te tiennent à cœur
Nan, mais je suis assez bavarde comme ça, hein. Merci beaucoup pour cette interview aux questions très pertinentes !
Concours :
Après tout ce blabla, tu as peut-être envie de découvrir son roman à paraitre. Et quoi de mieux de le recevoir directement dans ta boite aux lettres, gratuitement, et avec une petite dédicace en bonus ?Pour cela, c'est simple, il suffit de répondre à une question : que lire à la plage ?
Indice : mieux vaut avoir un oeil de lémurien pour le savoir.
(Indice 2 pour les QI de moins de 90 grâce au commentaire de Papa Ours : le site de l'autrice s'intitule L'oeil du Lémurien)
Je suis quelqu'un d’extrêmement corruptible, les tentatives de bakchich en remerciant son éditeur pour sa gentillesse et Dominique Lémuri pour son talent seront bien entendu les bienvenus et auront nettement plus de chances de gagner, même avec une réponse fausse !
Tu as jusqu'au vendredi 18 septembre à 23h59mn59s pour répondre.
Envoie de la réponse et de la corruption sur mon mail : lechiencritique@gmail.com
Et si tu es paresseux, ou que tu n'as jamais de chance, alors je te dis juste que si tu précommandes la version papier sur le site d'Armada, tu recevras en plus la version ebook, une dédicace.
Si tu es pas content car tu lis en numérique et tu ne peux pas participer, l'ebook est à 6€, alors tu arrêtes de chialer et tu sors ton e-carte bleu
Concours terminé : La réponse était Xavier Otzi ou Frédéric Czilinder.
Sur le site de Domique Lémuri, il y avait deux billets A lire à la plage, (ici et ici) la fonction recherche vous donnait la bonne réponse.
C'est Papa Ours qui remporte le lot, une personne extrêmement chanceuse !
Site internet : https://dominiquelemuri.com/
Facebook : https://www.facebook.com/dominique.lemuri/
noosfere : https://www.noosfere.org/livres/auteur.asp?NumAuteur=2147193820
Une autre interview
https://gwengeddes.wixsite.com/monsite/post/interview-de-dominique-l%C3%A9muri-dimension-rock
et à 10mn30 : https://www.youtube.com/watch?v=9ZEWEDh6OZ8&t=631s
(interview par l’équipe d’Imagina’livres)
Avec cheveux longs et lunettes noires |
Avec moins de cheveux, lunettes rouges et à la mode covid |
Réponses au teasing sur Facebook :
Vendredi : Dominique Lavenant
Rapport à son prénom
Samedi :
Allusion à son site, l'oeil du lémurien
Ouah ! Quelle belle interview. Les questions sont rondement bien menées, et les réponses, très intéressantes. Un plaisir que de découvrir encore davantage cette auteure passionnée et passionnante qu'est Dominique Lémuri. Je me réjouis de lire un de ses ouvrages de SF.
RépondreSupprimerFaut tenter le concours, ce n'est pas très difficile comme question.
SupprimerJ'ai dû louper quelque chose ou alors j'ai pas assez de neurones pour répondre à la question. J'ai tenté quand même. Monsieur le chien me dira si je suis dans la course à la victoire :)
SupprimerTu aurais dû tenter la corruption...
SupprimerT'as des parts dans les Aventuriales de Ménétrol ?
RépondreSupprimerIntéressant, comme toujours - je ne me renouvelle pas, je sais. Fun fact : j'ai déjà lu un texte de Dominique Lémuri, et je l'avais même apprécié.
Même pas, c'est pas dans mon coin.
SupprimerMais quel suspense, quel est ce texte que tu as lu et apprécié ?
"En Adon je puise mes forces", une nouvelle chez feues les Éditions Walrus.
SupprimerBravo, tu nous allèches et après douche froide, plus édité !
SupprimerCoucou, "Adon"a été republié chez AOC numéro 32 en 2014, des fois que tu sois abonné. 🙂
RépondreSupprimerNon, mais monsieur Baroona est quelqu'un de très gentil...
SupprimerSuper intéressant, une fois de plus.
RépondreSupprimerMerci, une fois de plus.
SupprimerBon à priori j'ai gagné. Mais me demander pas la réponse, je n'en ai foutrement pas la moindre idée ><
RépondreSupprimerMerci pour le concours !
Tu as eu de la chance sur ce coup...
SupprimerLa réponse était Xavier Otzi ou Frédéric Czilinder.
Sur le site de Domique Lémuri, il y avait deux billets A lire à la plage, la fonction recherche donnait la bonne réponse.
Il me semblait avoir recherché en ce sens. La honte...
SupprimerLa prochaine fois tu as raison, ce sera corruption à base de mots doux.
La corruption, le chemin le plus sûr pour finir champion.
SupprimerAlors c’était quoi la réponse ? J’avais pensé à Dracula,comme Dominique en parlait dans son blog..’sous le parasol”..
RépondreSupprimerOh, tordue comme explication, ça se tient, mais tordue.
SupprimerLa réponse juste sur mon commentaire au dessus.