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L'oiseau d'Amérique

janvier 17, 2019



Walter Tevis, 1980 (parution originale 1963), Folio SF, 400 p., 8€ papier



Seul l’oiseau moqueur chante à l’orée du bois


Foutus robots, ils étaient censés nous servir, pas asservir.
Mais l'ont-ils seulement fait ?

Présentation de l'éditeur :


Au XXVe siècle, l'humanité s'éteint doucement, abreuvée de tranquillisants prescrits en masse par les robots qu'elle a elle-même programmés à cette fin. Le monde repose désormais sur les épaules de Robert Spofforth, l'androïde le plus perfectionné jamais conçu, qui possède des facultés inouïes... sauf, à son grand regret, celle de se suicider. Mais l'humanité moribonde se fend d'un dernier sursaut. Paul Bentley, petit fonctionnaire sans importance, découvre dans les vestiges d'une bibliothèque l'émerveillement de la lecture, depuis longtemps bannie, dont il partagera les joies avec Mary Lou, la jolie rebelle qui refuse ce monde mécanisé. Un robot capable de souffrir, un couple qui redécouvre l'amour à travers les mots, est-ce là que réside l'ultime espoir de l'homme ?


Mon ressenti :


Walter Tevis, vous connaissez ? Non ? Mais si, il a écrit plusieurs romans adaptés au cinéma : L'Homme tombé du ciel avec David Bowie; L'Arnaqueur avec Paul Newman et La Couleur de l'argent de Martin Scorsese avec Paul Newman et Tom Cruise.

Et bien il a écrit aussi L'oiseau d'Amérique qui porte très mal son nom. Mockingbird en langue originale. L'oiseau moqueur :

Cet oiseau est le plus remarquable chanteur du monde des bois en Amérique. Il est aussi bon musicien que le rossignol de notre Europe, mais il possède en outre le don curieux de contrefaire le chant des autres oiseaux ; on dirait qu’il les imite en raillant leur allure, d’où lui est venu son nom. [...]Ce curieux habitant des bois aime la liberté : la captivité le tue ; il est très-rare qu’on ait pu l’élever en cage.wikisource

Cette petite définition vous permettra de mieux appréhendeer ce texte méconnu.

Drôle d'oiseau que ce Spofforth, un androide plus qu'humain en ce 25ème siècle. Il tente même de se suicider dès les premières lignes du roman. Alors si vous voulez savoir pourquoi un robot tente de mettre fin à ses jours...
Peut être est-ce du aux nouvelles valeurs inculquées à nos chers têtes blondes : "Sexe vite fait protège", "Dans le doute, n’y pense plus", "Être seul, c'est être bien" "Pas de questions, relax".

L'auteur donne lentement les indices de son univers en nous contant l'histoire de trois personnages dans ce monde étrange, suicidaire, individualiste et moribond.
Métaphore de notre société individualiste, la réflexion n'a pas perdu de son mordant malgré ses 50 ans d'âge. Cela est sûrement du à sa manière d'aborder le sujet, un récit intimiste, mélancolique, poétique et tout en douce ironie. La chute est le symbole, absurde, d'une société qui marche sur la tête.
Un roman qui continue à vous interroger, longtemps après sa lecture. Et qui vous explique pourquoi il faut continuer à lire. Ce roman m'a fait penser un peu dans son style et atmosphère à un roman d'Andreas Eschbach, Le Dernier de son espèce.


Parce qu'il faut bien dire un peu de mal, j'ai trouvé un peu longuet l'épisode servant prétexte à nous parler de la religion. Le propos est judicieux, mais un peu longuet.

Un grand merci à TmBm pour cette belle découverte.

Quelques citations :


Jésus-Christ était sans conteste ce qu’on appelait « un grand homme ». Et je ne suis pas certain d’aimer cette notion. Les « grands hommes » me mettent mal à l’aise. Et les « grands hommes » ont souvent mis l’humanité à feu et à sang.



C’est étrange. Je pense à présent qu’ils s’attendaient à quelque miracle en entendant dire tout haut les mots de la Bible, à la révélation de ce profond mystère : le message d’un livre impénétrable qu’ils avaient appris à révérer. Mais il n’y eut pas de miracle et ils perdirent bientôt tout intérêt véritable envers ce sujet. Je crois que pour comprendre les mots de la Bible, il fallait une attention et une dévotion qu’aucun d’eux, à l’exception peut-être du vieil Edgar, ne possédait. Ils s’étaient disposés à accepter sans se poser de questions la plus rigoureuse des piétés, le silence, les contraintes sexuelles, de même que quelques platitudes sur Jésus, Moïse et Noé, mais ils étaient incapables de faire l’effort nécessaire pour appréhender la réalité littéraire qui était la véritable source de leur religion.



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