De la terre à la lune

Jules Verne, Hetzel, 1865, 254 p., domaine public

 

Une lecture à la fois barbante et distrayante pour cette oeuvre de hard SF avant l’heure.

Présentation de l'éditeur (J'ai lu) :


A la fin de la guerre fédérale des états-Unis, les fanatiques artilleurs du Gun-Club de Baltimore sont bien désoeuvrés. Un beau jour, le président, Impey Barbicane, leur fait une proposition qui, le premier moment de stupeur passé, est accueillie avec un enthousiasme délirant. Il s'agit de se mettre en communication avec la Lune en lui envoyant un boulet, un énorme projectile qui serait lancé par un gigantesque canon !

Mon ressenti :

Attention au présentation des éditeurs, aux critiques présentent sur le web, une bonne part est un résumé complet du livre.

J'allais lire Anti-glace de Stephen Baxter, mais dans sa présentation, le Bélial indique "un hommage fervent à deux chefs-d’œuvre du genre : Les Premiers hommes dans la Lune d’H. G. Wells, et De la Terre à la Lune de Jules Verne." Commençons donc par la terre.


Jules Verne, très peu lu, voir pas du tout, je connais surtout via les adaptations cinématographiques.
Dans mon esprit, De la terre à la lune nous raconte une fière expédition française vers la lune. Après lecture, même si je n'ai pas tout à fait tort, il faut bien reconnaitre que je n'ai pas raison. Heureusement que je n'ai pas étalé ma connaissance des textes des pères fondateurs de la SF sur les réseaux sociaux !

L'intrigue débute aux États-Unis par un chapitre plein d'ironie (ou d'idées reçues ?) sur ces yankees à la gâchette facile. Barbicane, grand manitou d'un NRA (National Rifle Association) avant l'heure et ses compagnons se désolent de la fin de la guerre de sécession qui met un frein au progrès technique de cette merveilleuse industrie de l’armement. Son idée pour éviter la sclérose et le récession : envoyer un boulet sur la lune. Ni une, ni deux, voici les américains tous unis derrière cette flamboyante illustration du Do it yourself.
L’occasion pour Verne de nous expliquer, en long, en large, à l'aide de très nombreux détails la technologie de la construction du canon, du boulet et de la poudre. Et de nous instruire par la suite des différentes théories autour de la lune. Et de nous décrire les différentes topographies entre le Texas et La Floride.

A l'inverse d'un Wells pour qui le merveilleux scientifique est affaire surtout de merveilleux, Verne prône lui le scientifique et sa vulgarisation. deux approches assez antagonistes. Nous sommes en plein essai scientifique, et je commence sérieusement à m'ennuyer. Lu 150 ans après sa première publication, la science a tout de même fait quelques progrès, et comme Jules Verne le fait dire par un de ses personnages "mais la science, en marchant, écrase même les chefs-d’œuvre !" A mettre à son crédit, l'auteur fonde la base de lancement du boulet en Floride, l'histoire lui donnera raison.

Vers le milieu du texte, Verne a du se prendre un savon, noir, par le propriétaire du journal qui publie en feuilleton ce texte "Et, t'as pas fini tes conneries d'alliage de métaux et de topographie ? T'as vu les chiffres de vente ? J'te laisse un chapitre pour changer la voilure sinon j'embauche Wells !"
Enfin le rythme s'accélère, le récit reprend ses droits. L'arrivée du français Michel Ardan permet des affrontements humoristiques bienvenues. Et le plaisir de lecture reprend ses droits.
Un dénouement inattendu et au final l'envie de lire la suite Autour de la lune par curiosité.

Désormais, je pourrai dire j'ai lu du Jules Verne et bof.



Quelques citations :


Mais je ne suis ni théologien, ni chimiste, ni naturaliste, ni physicien. Aussi, dans ma parfaite ignorance des grandes lois qui régissent l’univers, je me borne à répondre : je ne sais pas si les mondes sont habités, et, comme je ne le sais pas, je vais y voir !

Monsieur, reprit Michel, toute plaisanterie à part, j’ai une profonde estime pour les savants qui savent, mais un profond dédain pour les savants qui ne savent pas.

Mes chers auditeurs, reprit-il, à en croire certains esprits bornés – c’est le qualificatif qui leur convient –, l’humanité serait renfermée dans un cercle de Popilius qu’elle ne saurait franchir, et condamnée à végéter sur ce globe sans jamais pouvoir s’élancer dans les espaces planétaires ! Il n’en est rien ! On va aller à la Lune, on ira aux planètes, on ira aux étoiles, comme on va aujourd’hui de Liverpool à New York, facilement, rapidement, sûrement, et l’océan atmosphérique sera bientôt traversé comme les océans de la Lune ! La distance n’est qu’un mot relatif, et finira par être ramenée à zéro.

Savez-vous ce que je pense de ce monde qui commence à l’astre radieux et finit à Neptune ? Voulez-vous connaître ma théorie ? Elle est bien simple ! Pour moi, le monde solaire est un corps solide, homogène ; les planètes qui le composent se pressent, se touchent, adhèrent, et l’espace existant entre elles n’est que l’espace qui sépare les molécules du métal le plus compacte, argent ou fer, or ou platine ! J’ai donc le droit d’affirmer, et je répète avec une conviction qui vous pénétrera tous : « La distance est un vain mot, la distance n’existe pas !

Enfin il y a encore mille observations de ce genre sur les vertiges, les fièvres malignes, les somnambulismes, tendant à prouver que l’astre des nuits a une mystérieuse influence sur les maladies terrestres.
– Mais comment ? pourquoi ? demanda Barbicane.– Pourquoi ? répondit Ardan. Ma foi, je te ferai la même réponse qu’Arago répétait dix-neuf siècles après Plutarque : « C’est peut-être parce que ça n’est pas vrai ! »

Les femmes sont intrépides quand elles n’ont pas peur de tout.


 

4 commentaires:

  1. Ce Verne-là n'est sans doute pas son meilleur, et je partage ton point de vue quant au rythme bancal. Je l'ai bien aimé pour son côté un peu précurseur en terme de "hard-sf", et le récit assez intéressant.
    Je penche pour de l'ironie en début de roman.

    Cependant, il manque la touche passion que Verne peut insuffler à ces histoires. Non, pas le meilleur, une curiosité, un bon moyen de faire de l'archéologie SF, et globalement l'étude "balistique".

    Joyeux Noël

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    1. Je vais aller me plaindre auprès de Baxter pour m'avoir fait commencer par du "mauvais" Verne.
      Je retenterai un autre bouquin dans quelques temps.

      Bonnes fêtes

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  2. « De la Terre à la Lune » est un chouette petit roman d’anticipation avec des mots et des réflexions bien choisis qui font mouche et ne manqueront pas de faire parfois sourire. Pour mon plus grand plaisir, voici encore un de ces voyages extraordinaires, une de ces aventures épiques, comme Jules Verne savait si bien les conter.

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    1. Je ne suis pas, loin s'en faut, un fan de Jules, mais ne connaissant peu sa bibliographie, peut-être un jour trouverai chaussure à mon pied.

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