5/5
Actes sud
Øystein Stene
Zombie Nostalgie
Øystein Stene, Actes sud, 2015, 302 p., 17€ epub avec DRM
Le narrateur Johannes van der Linden nous conte l'histoire et sa vie en Labofnia.
Pays étrange, perdu dans le pacifique, inconnu du monde entier, qui fait environ 2km2 de superficie.
Ses habitants, les Labofniens, surgissent adulte dans ce pays. Pas d'enfants, de jeunes ou de vieillards Les nouveaux arrivants se réveillent sans souvenirs, sans émotions, sans aucunes sensations. Leur corps leur semble distant, leur peau est blafarde et couverte de taches verdâtres et bleuâtres. Ils se déplacent difficilement, les deux bras en avant pour ne pas tomber, s'expriment par grognements.
Certains se rappellent certaines choses, que ne rien ressentir n'est pas naturel, que si on est mort, on a du être vivant, une sorte d'instinct, inné, d'une autre vie, d'une autre réalité.
« Si seulement il avait su à quel point j'aurais aimé comprendre ce qu'il éprouvait ! À quel point j'aurais aimé ressentir ce qu'il ressentait ! »
Le narrateur est Johannes van der Linden, numéro d'identité nationale 2202198917. Il nous conte son arrivée et sa vie sur cette île perdue, son travail d'archiviste qui lui a permis d'en connaitre beaucoup sur cette île.
Le roman alterne entre chapitre sur l'histoire secrète du pays et celle de son narrateur.
Ici, pas de sang, pas de mangeurs de chair fraiche, pas d'apocalypse. Tout est introspection.
Comment se réapproprier son corps, ses émotions, son passé, comment se sentir vivant ?
Ce livre de Øystein Stene est une fable politique, sur la traite des esclaves, la shoah, l'immigré, l'Autre, que nous reléguons dans des territoires invisibles.
Certains épisodes font clairement allusion à la shoah.
« À cette occasion, une cérémonie grandiose serait organisée dans le nouveau palais des sports et des congrès qui sortait de terre à Green South. Tous les Labofniens y seraient réunis, […]
Auparavant, nous aurons constitué un fichier de l'ensemble de la population. […]
Des studios de photographe seront installés un peu partout dans la ville. Tous les habitants recevraient une convocation pour s'y rendre. On les photographierait de face et de profil pour compléter le fichier. »
D'autres épisodes font allusion à l'esclavage et sa traite, à La controverse de Valladolid : les indiens ont-ils une âme ?
D'autres à la colonisation et à l'utilisation des habitants des pays occupés comme chair à canon.
Certaines phrases relatives à l'administration m'ont déplu, y voyant une critique binaire de ces fainéants de fonctionnaires de nos sociétés, même si je pense que l'idée de l'auteur était de faire allusion à l'aveuglement de certains fonctionnaires et leurs dévouements un peu trop zélés durant les périodes sombres de notre histoire.
Une légère baisse de régime en troisième partie, mais rien de bien grave pour apprécier ce texte.
Une note humoristique sur la mode médiatique et littéraire des zombies à la fin de ce roman que je vous laisse découvrir.
Sombre, documenté, réaliste (malheureusement), stylé : à vos libraires.
Au milieu de l’Océan Atlantique se cache une petite île dont les services de renseignement américains et européens ont gardé l’existence secrète depuis la Première Guerre mondiale. En janvier 1989, un homme se réveille nu dans un hangar sur l’île. Sa peau est grisâtre, son corps froid, ses membres lourds et engourdis. Il ne sait ni où il se trouve, ni comment il a atterri là. Fait encore plus troublant : il n’a aucune idée de qui il est…
Le narrateur Johannes van der Linden nous conte l'histoire et sa vie en Labofnia.
Pays étrange, perdu dans le pacifique, inconnu du monde entier, qui fait environ 2km2 de superficie.
Ses habitants, les Labofniens, surgissent adulte dans ce pays. Pas d'enfants, de jeunes ou de vieillards Les nouveaux arrivants se réveillent sans souvenirs, sans émotions, sans aucunes sensations. Leur corps leur semble distant, leur peau est blafarde et couverte de taches verdâtres et bleuâtres. Ils se déplacent difficilement, les deux bras en avant pour ne pas tomber, s'expriment par grognements.
Certains se rappellent certaines choses, que ne rien ressentir n'est pas naturel, que si on est mort, on a du être vivant, une sorte d'instinct, inné, d'une autre vie, d'une autre réalité.
« Si seulement il avait su à quel point j'aurais aimé comprendre ce qu'il éprouvait ! À quel point j'aurais aimé ressentir ce qu'il ressentait ! »
Le narrateur est Johannes van der Linden, numéro d'identité nationale 2202198917. Il nous conte son arrivée et sa vie sur cette île perdue, son travail d'archiviste qui lui a permis d'en connaitre beaucoup sur cette île.
Le roman alterne entre chapitre sur l'histoire secrète du pays et celle de son narrateur.
Ici, pas de sang, pas de mangeurs de chair fraiche, pas d'apocalypse. Tout est introspection.
Comment se réapproprier son corps, ses émotions, son passé, comment se sentir vivant ?
Ce livre de Øystein Stene est une fable politique, sur la traite des esclaves, la shoah, l'immigré, l'Autre, que nous reléguons dans des territoires invisibles.
Certains épisodes font clairement allusion à la shoah.
« À cette occasion, une cérémonie grandiose serait organisée dans le nouveau palais des sports et des congrès qui sortait de terre à Green South. Tous les Labofniens y seraient réunis, […]
Auparavant, nous aurons constitué un fichier de l'ensemble de la population. […]
Des studios de photographe seront installés un peu partout dans la ville. Tous les habitants recevraient une convocation pour s'y rendre. On les photographierait de face et de profil pour compléter le fichier. »
D'autres épisodes font allusion à l'esclavage et sa traite, à La controverse de Valladolid : les indiens ont-ils une âme ?
D'autres à la colonisation et à l'utilisation des habitants des pays occupés comme chair à canon.
Certaines phrases relatives à l'administration m'ont déplu, y voyant une critique binaire de ces fainéants de fonctionnaires de nos sociétés, même si je pense que l'idée de l'auteur était de faire allusion à l'aveuglement de certains fonctionnaires et leurs dévouements un peu trop zélés durant les périodes sombres de notre histoire.
Une légère baisse de régime en troisième partie, mais rien de bien grave pour apprécier ce texte.
Une note humoristique sur la mode médiatique et littéraire des zombies à la fin de ce roman que je vous laisse découvrir.
Sombre, documenté, réaliste (malheureusement), stylé : à vos libraires.
Ah! Oui!
RépondreSupprimerIl me tente beaucoup ce roman de zombies. :-)
Un roman qui sort des sentiers battus et qui invite à la réflexion.
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