Voyage

Stephen Baxter, J'ai lu, 1999, 516 p., 9€ papier
Stephen Baxter, J'ai lu, 1999, 347 p., 7€ papier


Mieux qu'un long discours : j'ai dévoré ces 800 pages bien tassées en trois jours, rognant sur mon temps de sommeil afin de lire toujours quelques lignes supplémentaires.

Présentation de l'éditeur :


1969 : Neil Armstrong fait, au nom de l'humanité, un premier pas sur la lune. C'est l'apogée du programme spatial américain, un grand moment de l'histoire contemporaine. Mais quand Kennedy survit à sa tentative d'assassinat, tout bascule. Sous l'aiguillon de son adversaire politique, Nixon va pousser la NASA à atteindre un nouvel objectif encore plus spectaculaire : la conquête de Mars.
Natalie York est géologue, passionnée par la planète rouge au point d'y consacrer sa vie. Ralph Gershon, un pilote, rêve d'aller dans les étoiles. Pour être de ce voyage, ils seront prêts à tout sacrifier. Et c'est bien ce qu'on exigera d'eux...

Mon ressenti :


Une claque monumentale.

Je ne suis pas un fanatique des voyages dans l'espace, ni même un amateur. J'ai comme tout le monde une curiosité pour les 2-3 gugusses qui s'envoient en l'air de temps en temps. Mais là.
J’étais dans la salle des commandes lors de la débâcle. Je pilotais la fusée quand tout s'est mis à aller à vau-l’eau. J'étais cet ingénieur chargé de construire ce putain de Mem pour Mars. J'ai suffoqué dans l'atmosphère de Vénus. J'étais cet astronaute qui s'effondre en apprenant qu'il ne volera plus jamais.
Bref, j'ai vécu quasi chaque ligne racontant ce long périple, de l'idée utopique de départ à sa réalisation.

Nous suivons le vol vers la planète Mars en compagnie de trois astronautes. Ce récit est entrecoupé par celui plus dense de la période 1969 - 1980 qui a permis ce lancement. Pluralité de personnages, de points de vue, l'auteur y ajoute des éléments politiques, techniques et sociétales rendant crédible sa légère uchronie. Loin d'être une simple apologie des vols habités, sa critique y est tout aussi rendue : la Nasa a sa cohorte de casserole au cul, une technocratie froide, les politiques tentant de redorer leur images et devenir ainsi un futile personnage historique, les enjeux économiques.

Cela aurait pu être indigeste, mais l'auteur parvient à rendre le tout romanesque et crédible.
Il y a bien quelques défauts : un début difficile à se mettre en place, certaines longueurs techniques, un jargon parfois un peu trop présent, des états d'âmes malvenus, le personnage de Nathalie York un peu froid. Des broutilles face à cette fresque étrangement très terre à terre.

En conclusion, je continuerai à explorer cette trilogie de la Nasa via Titan et Poussière de lune


Pas de version numérique légale ! Et attention, J'ai lu a voulu s'en mettre plein les poches en découpant artificiellement ce roman en deux tomes, pensez à acheter ou emprunter les deux en même temps.


Quelques citations :


La question du journaliste, quoique facétieuse, témoignait d’une grande finesse. La NASA était très avancée au plan technologique, mais totalement inapte à veiller aux besoins des êtres humains qu’elle logeait dans ses machines de rêve étincelantes descendant en ligne droite de l’imagination de von Braun. Elle n’était même pas capable de reconnaître que ces besoins existaient.

Mike avait raison, d’une certaine manière. Il avait énoncé une vérité à laquelle beaucoup, au sein de la NASA, croyaient fermement. Si seulement l’opinion publique nous laissait tranquilles, nous pourrions avancer bien plus vite.
Moins de sécurité signifiait des coûts plus faibles et un programme plus rapide.

Tout en contemplant l’épave, il sentait sur son visage la chaleur irradiée par le cœur comme s’il s’agissait d’un minuscule soleil captif. Il consulta l’affichage du dosimètre de radiations. Trente mille rôntgens par heure se déversaient du cœur en une grêle invisible de rayonnements gamma et neutronique. Trente mille. Incroyable. La limite de sécurité, d’après le manuel, était d’un millième de rôntgen par jour !
— On est gâtés, dit-il. Personne, dans l’histoire de l’humanité, ne s’est jamais trouvé aussi près d’une réaction nucléaire. Même les Japonais, à Hiroshima, ont été tués par la chaleur et l’onde de choc plutôt que par les radiations.
— Encore un record à l’actif du programme spatial US, gloussa Jones. Alléluia !

Les constellations proprement dites avaient le même aspect que dans le ciel terrestre. Cela lui rappelait à quel point les distances qu’ils venaient de parcourir étaient infimes à l’échelle de l’univers.

10 commentaires:

  1. Houla! Tu m'intrigues énormément là. Serait-ce enfin le Baxter qui me conviendra ?... ta critique si enthousiaste m’interpelle, c'est une des première fois ou je te sens autant emballé (sur un pitch qui m’intéresse particulièrement).
    Maintenant que j'ai passé en revue tous les m'int... Je l'ajoute à mon programme tout en déplorant l'absence de version numérique. Tu fais bien de signaler la nécessité de l'achat des 2 tomes à la fois. Je viens de vivre cette mésaventure , la deuxième partie fait défaut...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vas y mon lutin, fonce, c'est le meilleur Baxter !!

      Titan et Poussière de lune sont moins bon mais reste très agréable.

      Supprimer
    2. @lutin82 ; j'espère que tu seras aussi enthousiaste que Yogo et moi après lecture.
      Certains éditeurs préfèrent faire du fric plutôt que de faire leur métier.

      @yogo : merci de m'avoir conseillé ce roman, j'ai atteint le septième ciel !

      Supprimer
  2. Pas sûr que je trouve le temps de me mettre à lire quelque chose d'aussi "hard-science", mais c'est intrigant, et ça permet de rêver à une conquête spatiale qui aboutit vraiment à quelque chose dont tout le monde rêve sans jamais le voir arriver...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas si hard-SF que cela, et si tu accroches au récit, ça passe comme une lettre à la poste.

      Supprimer
  3. Je note dans mes envies.

    Cest jouissif lorsque l'on se tape autant de pages en si peu de temps.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est assez rare de lire LE livre, mais quand ça arrive, quel pied.

      Supprimer
  4. Ce livre me tente particulièrement ! Il va rejoindre la liste :) Grande amatrice de SF, j'aime beaucoup ton blog! Bonne continuation.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bien j'espère que tu apprécieras autant que moi ce voyage vers Mars.
      Merci pour les compliments, on se dit toijours que le blog est personnel mais on est toujours heureux que certains y trouvent leur bonheur.

      Supprimer

Fourni par Blogger.