Les fils du vent

Robert Charles Wilson, Folio SF, 2005 (parution originale 1989), 318 p., 8€ papier


"Le temps des miracles n'est pas révolu"

"Nous sommes ce que nous rêvons"

Présentation de l'éditeur : 

 

États-Unis, fin des années 1950. Karen, Tim et leur sœur Laura possèdent le don de voyager entre les mondes. Mais dans leur famille on n'en parle pas, ou alors au prix d'une raclée. Et on déménage. Tous les ans, une nouvelle ville. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette fuite ? Qui est ce menaçant homme en gris qui les retrouve à chaque escale et semble partager leur étrange pouvoir ?
     Canada, de nos jours. La vie ordinaire que Karen s'est efforcée de mener depuis quarante ans vole en éclats le jour où son mari la quitte et où son fils de quinze ans, Michael, se révèle capable d'utiliser le talent maudit. En quête de réponses, elle se rend avec lui à Los Angeles pour retrouver sa sœur, hippie sur le retour qui a choisi de vivre dans une Californie parallèle. C'est le point de départ d'une épopée fantastique qui les emmènera à travers plusieurs dimensions d'un bout à l'autre du continent nord-américain.
     Mais il faut faire vite : l'homme en gris a toujours une longueur d'avance.

 

Mon ressenti :

 

Et vous, qu'avez vous fait de vos idéaux, de vos révoltes ? Avez vous su affronter vos peurs pour vivre pleinement ?
Un roman foisonnant, brassant plusieurs thématiques : monde parallèle, dystopie, utopie, idéaux, identité et histoire familiale.
Une fratrie, deux sœurs et un frère. Un père à la main lourde. Une séparation. 20 ans plus tard, une des sœurs a ouvert les yeux et accepte son identité. Une autre continue de se voiler la face. Et le dernier a pris la poudre d'escampette. Quand la réalité est trop rude, la peur trop présente, il reste peu échappatoire. Certains utiliseront leurs mains, d'autres refoulerons leurs actes et leurs souvenirs et les derniers accepteront. Variation autour de la normalité et l'identité.
Les mondes parallèles sont vu ici comme une possibilité de monde meilleur (ce n'est pas un hasard si le nom d'Aldous Huxley est cité), celui de nos rêves quand nous étions gosses, de nos regrets du haut de nos vies d'adultes. Toujours cet angle d'approche différente chez l'auteur. Changer le monde est possible nous dit Wilson, tout est question de volonté, de courage pour affronter ses peurs.

Ce n'était pas comme s'ils se retrouvaient dans un pays étranger. Tout le monde parlait la même langue que lui, tout le monde roulait à droite. Pourtant, c'était un pays étranger. Le concept lui était familier pour l'avoir lu dans des romans de science-fiction : un "monde parallèle".

Nous suivons donc cette famille poursuivie par l'énigmatique homme en gris. Des interludes apportent des éclaircissements sur cet homme et donne un point de vue différent sur le récit. Si souvent la religion est taxé d'obscurantisme, ici Robert Charles Wilson nous montre que la science aussi traine ses casseroles. L'auteur brouille les pistes, s'amuse à nous perdre dans les différents mondes. D'où ce récit est-il le monde ? Le notre ? On navigue entre dystopie et utopie. Les frontières de la réalité se distordent. Un monde où la magie est très scientifique et reprend son sens premier, ce que l'on ne peut comprendre rationnellement avec les connaissances dont nous disposons.

Ce récit familial à la recherche de ses origines, les secrets de famille qu'il faut affronter pour avancer, l'auteur le lie avec la grande histoire, celle de ces fils du vent, Gypsies dans le titre original, l'autre nom des tsiganes, des gens du voyage, des manouches et des persécutions dont ils ont été, dont ils sont victimes.

C'est difficile parce que rien n'a changé, dit Laura en déroulant un drap sur le lit. Tout le monde a évolué mais rien n'est différent. On dit qu'on ne peut jamais retourner chez soi, mais le plus effrayant c'est qu'on peut le faire - on recommence trop facilement les anciennes erreurs.

La fin m'a cependant surpris négativement, l'auteur ayant fait le choix magique qui jure avec le reste du roman. La partie thriller est aussi moins travaillée, le fil de l'histoire étant somme toute assez simple.
Il s'agit d'une relecture quelques 15-20 ans plus tard, le roman ne m'avait pas marqué à l'époque, n'y voyant que la partie thriller sans y déceler toutes les nuances et niveaux de lecture. Cette nouvelle lecture m'a fait prendre la pleine mesure du talent wilsonien, jonglant parmi toutes ses thématiques avec aisance et brio.

Si vous hésitez encore à le lire, allez voir par là, eux aussi ont l'apprécié : Naufragés volontaires, Nevertwhere


  




2 commentaires:

  1. Ben, je ne connaissais même pas ce titre!!!
    Ntre perception écolue vraiment avec les années.
    Au fait, il y a une de tes idoles qui passe bientôt dans la région, un chansonnier ;-)

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    1. RRRooohhhh, ne pas connaître sur le bout des doigts la bibliographie de Robert !
      Mes idoles en chanson sont toutes mortes, alors méfie toi, il doit s'agir d'un zombie !

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