Le long cosmos

 

Terry Pratchett, Stephen Baxter, L'atalante, 2017, 432 p., 10€ sans DRM

 

Une ode à l'Imaginaire

Présentation de l'éditeur :

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Les mots pleuvaient du ciel dans toute la Longue Terre, partout où il y avait des oreilles pour entendre, des yeux pour voir et des esprits pour comprendre.

Cinquante-cinq ans après le Jour du Passage, l’Invitation résonne auprès de tous les êtres conscients. Mais qui en est à l’origine ? Faut-il y répondre ? Et comment ?
Comment ? Ceux qui se nomment les Suivants déchiffrent sous le message extraterrestre les plans d’une machine à l’échelle d’un continent ; l’élaborer demandera la contribution de tous les peuples de la Longue Terre.
Nos vieux amis, eux, ont d’autres soucis en tête. Josué Valienté, plus solitaire que jamais, s’égare dans les Hauts Mégas, où l’aventure tourne au désastre. Nelson Azikiwe se met en quête d’un petit-fils qu’il n’a jamais connu. Maggie Kauffman conduit une mission de sauvetage à deux cents millions de mondes de la Primeterre. Quant à Lobsang l’omniscient, il s’est retiré dans un monastère de l’Himalaya. Et pourtant…

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Mon ressenti :

Résumé très succinct à destination de ceux qui ont loupé les épisodes précédents :
En ce jour du passage, l'humanité prend conscience de l'existence de nombreuse terres parallèles que l'on peut visiter grâce à une patate (!) ou à son talent (tome 1). S'ensuit la découverte d'une faune ayant suivi un chemin de l'évolution différent, notamment les trolls, une sorte de Yéti un peu brusque certes, mais corvéable à merci (tome 2). La Primeterre, notre terre originelle, fait cependant face à l'éruption d'un gigantesque volcan provoquant un afflux de réfugiés dans les terres parallèles (tome 3). Catastrophe bien minime face à l'apparition de "monstres extraterrestres dévoreurs de planètes" (tome 4)

Josué est désormais vieux, mais a encore besoin de solitude avec pour seule compagnie sa canne ! Il décide de partir à l'aventure se ressourcer. Mais peut-on rester jeune dans sa tête tout en étant vieux dans son corps ? Et l'accident se produit et il se retrouve alité après s'être fait "renverser par un éléphanteau avec un masque de stormtrooper tout droit issu de La Guerre des étoiles". L'occasion de prendre le temps de découvrir la vie de ces énigmatiques trolls : les relations sociales, l'éducation des petits, la chasse. Cependant, j'aurais aimé plus de développement sur ces êtres ayant pris un chemin différent dans l'arbre de l’évolution. Nous apprenons bien deux trois choses, mais cela est vite survolée.

Lobsang s'en est retiré quand à lui dans son Tibet parallèle et virtuel, une nouvelle vie tranquille bientôt perturber par cette invitation qui vient du cosmos. En effet, certains individus perçoivent un message venu d'outre espace dans l'ensemble des longues terres. Quel est cette technologie permettant de communiquer instantanément dans les mondes parallèles? De qui provient ce message ? Sont-ils bienveillants ? Les suivants, toujours aussi hautain, s’allient avec les hommes pour répondre à ces différentes questions.
Nous retrouvons aussi ces iles vivantes, les Transbordeurs, en la personne de Deuxième personne du singulier. Des êtres étranges vivant en symbiose avec quelques humains et animaux. Mais du jour au lendemain, ces êtres passent dans les mondes parallèles. Est ce une conséquence de l'invitation?

Les références à des oeuvres, surtout filmiques, sont pléthores. On passe de Contact à Space cow boys et Star trek, Avatar, 2001 l'odyssée de l'espace ou à la littérature de l'époque du merveilleux scientifique. Stephan Baxter s'éloigne d'une science réaliste pour nous emmener dans l'imaginaire : des univers multiples avec des mondes étranges, tel celui ci avec ces arbres incommensurables qui demandent trois jours d'escalade pour atteindre le sommet, dont la vie dépend de l'électrolyse et dont des missiles en bois assurent sa survie ; une expédition dans l'espace temps en compagnie d'humains, d'humain 2.0, de deux gamins, d'un vieillard, d'un troll et d'un androïde !; des crocodiles arboricoles; ...

Malgré une première moitié que j'ai trouvé longuette, la suite des aventures se dévore sans peine. Au lieu d'une explication rationnelle sur les raisons de cette longue terre, les auteurs lancent un long cri d'amour à tous les lecteurs de l'imaginaire, au concept de suspension consentie de l'incrédulité et à la puissance de se projeter dans un ailleurs imagé. On ne saurait rêvé meilleure conclusion à cette saga.

Seul regret, les couvertures, originales ou françaises, ne rendent pas justice au texte, sauf peut être celle de la dernière édition anglaise.



Quelques citations : 

Josué avait déjà entendu rire un troll. C’était un bruit auquel on ne s’habituait jamais.

« Quelle cause défendent ces manifestants ?
— Tout ce que vous voudrez, on l’a ! Les inconditionnels des soucoupes volantes. Les théoriciens du complot persuadés que le signal des étoiles annonce le grand retour des communistes.
— Ou de Hitler, ajouta Sheridan, hilare. Le vieil Adolf est un bon candidat, lui aussi.
— Le contraire m’aurait déçue.
— Les catholiques qui s’interrogent sur l’état de grâce des êtres galactiques à l’origine du message. Les islamistes qui craignent que le Penseur ne soit blasphématoire : serions-nous en train de créer une image de Dieu ? À l’autre bout du spectre, on a aussi des adeptes de sectes chrétiennes selon qui il faut précisément construire cette machine parce qu’elle détruira le monde et précipitera l’avènement du Christ. Faites votre choix.

Savez-vous à quoi on reconnaît un philosophe ? Au nombre de mots qu’il emploie pour se plaindre de toilettes bouchées.

Peut-être la coopération et la cohabitation entre plusieurs espèces étaient-elles la norme dans la Longue Terre, voire pour toute vie terrestre. Malgré la brièveté de son premier séjour sur l’île, Nelson avait eu le temps d’observer différentes variétés de dauphins qui nageaient ensemble. Pendant le Voyage de 2030, Valienté et Lobsang avaient même fait état de leur découverte, à quelque neuf cents passages du monde de référence, d’un groupe disparate d’hominidés issus de diverses évolutions parallèles, qui vivaient côte à côte dans la joie et la bonne humeur. À une époque, de telles scènes devaient se jouer en Primeterre également, mais, au cours de sa peu glorieuse carrière, Homo sapiens avait eu à cœur d’éliminer tous ses cousins les plus proches en s’arrêtant au chimpanzé. Isolés, les hommes avaient fini par juger inévitables la concurrence cruelle, voire l’extermination des rivaux.

Il éprouvait l’habituel choc culturel, voire physique, qui l’assaillait chaque fois qu’il retournait sur la Terre d’origine, le berceau de l’humanité. Il était stupéfiant de constater à quel point l’on avait modelé, taillé et réagencé le paysage, même par comparaison avec les Basses Terres de plus en plus colonisées, même dans ces faubourgs périphériques de ce qui n’avait jamais été qu’une petite ville. Il avait sous les yeux le résultat de cette habitude millénaire que l’homme avait prise de façonner la planète, d’éventrer la terre et de construire, construire, pour démolir ou bombarder ensuite, puis reconstruire.

— Quant à ces cratères, ils n’existaient pas dans la réalité voisine.
— Ils ne sont donc pas dus à des impacts de météorites comme sur notre Lune. Les habitants de ce monde se seront fait exploser.
— Il s’agissait d’une espèce plus stupide encore que l’humanité, alors, trancha Lobsang. Je vais le noter dans notre journal de bord. Remarquable découverte.
 

8 commentaires:

  1. Voilà tu as fait le tour de la série. TU vas lire quoi maintenant, un Robert Charles Wilson. lol
    Merci pour ce retour qui ne m'inspire toujours pas ;-)

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    1. Bingo, j'ai lu Julian !
      Grace à moi, tu sais que ce cycle n'est pas pour toi, je t'aurais servi à quelque-chose au moins

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  2. Oh! J'adore ta conclusion. Rien que pour ce long cri d'amour, cet appel à l'imaginaire, je veux le lire.

    Tu l'as parfaitement choisit pour être en corrélation avec le mois de l'imaginaire. En attendant, je vois que je m'étais "égarée" en éliminant le Sir Pratchett de mes auteurs pour son disque monde. Merci à toi! :-)

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    1. Il y a beaucoup plus de Baxter que de Pratchett, surtout pour ce dernier tome !
      Le timing était parfait pour ce mois de l'imaginaire, mais je ne me doutais pas que cela aller se terminer de cette manière, même si quelques pistes étaient données dans le tome 4.
      Cela fait du bien un peu de merveilleux dans ce monde de brutes.

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    2. J'adore qu'il y ait régulièrement une touche merveilleuse.
      Je le trouve bon Baxter en duo. Pour l'instant ces textes en solo ne m'avaient pas satisfaite, mais j'ai lu L'oeil du temps que j'ai aimé, et cette série semble avoir de quoi m'enthousiasmer!

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  3. Aventure, planet opéra et le fzit de reprendre quelques items de la fantasy en mode SF fonctionnent bien.
    Baxter a besoin de quelqu'un qui le guide.
    J'aimerai un bifrost de cet auteur.

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    1. Il est plutôt orienté sur les Xeelees mais en fait il y a déjà un bifrost sur Stephen Baxter. C'est le numéro 70.

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    2. Voilà ce que c'est d'ecrire avant de vérifier. ..
      Merci pour l'info

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