Sur Mars : Récit de voyage en terre rouge


Arnauld Pontier, Editions 1115, 2019, 128 p., 1.50€ epub sans DRM



La hard science poétique, tu connais ?

Présentation de l'éditeur :


Et soudain, c’est l’écrasement. Une pression quatre fois supérieure à la gravité terrestre, qui nous plaque sur la couchette. Je crois mourir. Que mes yeux sortent de mes orbites. Que mon cœur va exploser dans ma poitrine. Et puis, au bout de deux minutes trente, un arrêt brutal, à l’inverse, nous propulse en avant, fait décoller nos épaules, malgré les sangles qui nous attachent. Avec l’arrachement de la coiffe de protection, la lumière nous envahit alors dans un bruit sourd : l’éjection de notre tour de sauvetage.
Tout va bien. Tout se déroule comme prévu. Nous avons survécu au lancement. Le baril de poudre sur lequel nous étions assis n’a pas explosé. Il a rempli sa mission : nous sommes libérés de l’attraction terrestre.

Mon ressenti :

Lorsque l'on évoque l'exploration spatiale, il y a quelques passages obligés pour les astronautes et institutions officiels: la communication, à travers les rapports officiels, les directs formatés ainsi que les anecdotes un peu forcées. Mais du réel vécu de l'astronaute, rien, nada.

Arnauld Pontier, lui, est un astronaute sympathique, il nous livre, au delà de la langue de bois et des passages obligés, son voyage sur Mars. De son enfance, de la transmission paternelle, de ses impressions sur le voyage dans l'espace et de son ressenti sur la mission sur Mars. Qu'est ce que la conquête spatiale ? Pourquoi vouloir à tout prix coloniser ?
Il partage aussi ce que lui remémore ses premiers pas, les images qui lui viennent de ses lectures passées sur cette planète, des représentions littéraires, audiovisuelles à la réalité du terrain.
Pas de réel début, pas de fin, juste un récit de voyage, un carnet intime rouge, légèrement mélancolique sur le devenir de Mars : finira t'elle comme la Terre, surpeuplée, essoufflée ? 

Une vision intime des premiers pas sur Mars, loin de tout spectaculaire, un voyage unique, sans possibilité d'y revenir plus tard. Un texte légèrement uchronique, un science-based poétique, qui m'a fait un peu penser au Voyage de Baxter de l'autre côté du miroir. Je regrette juste le fait que l'auteur emploie certains termes peu usités, tel ce apophtegme cassant le rythme du récit pour le bon mot littéraire.

L'éditeur a fait le choix de ne pas insérer la bibliographie et filmographie dans le livre, et renvoie à sa lecture en ligne. Mesquin ? Pour vous consoler, les missions martiennes y sont indiquées. Mais bon, à 1.50€, on ne va pas chipoter sur le manque d'annexes !
Plus dérangeant à mon sens, l'éditeur n'indique pas clairement sur son site qu'il s'agit d'une réédition d'un texte paru initialement en 2009, et revu pour l'occasion. Pour trouver l'info, il faut aller se promener sur la page dédiée à l'auteur et lire attentivement sa biblio.

Lutin88 s'est régalée, le maki a goûté à un vrai plaisir de lecture, et FeydRautha aurait souhaité que le voyage fût plus long.


Quelques citations :


Je songe au Matin après le déluge, une toile de Turner, de 1843 :
elle est censée représenter un ciel.
Alors qu’elle représente, à l’évidence, Mars.
Aucun historien de l’art ne l’a deviné.
Mars ronde. Rouillée. Avec sa sombre vallée tourmentée.




Je ne sais pas si je vais le planter, leur drapeau. Si nous méritons cela. Un étendard. Contre nous de la tyrannie. Ne suis-je pas plutôt ici pour constater la faillite à venir : la Terre sera peut-être un jour comme ce monde, par notre faute plus vite que la Nature ne l’avait prévu. Que viens-je donc pavoiser ? Nos regrets ou notre espoir ?

8 commentaires:

  1. Comment ça tu n'utilises pas "apophtegme" tous les jours ?! Tu es au bord de l'impéritie ! J'espère que tu feras acte de résipiscence.

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    1. Hé Hé.
      Ce n'est pas moi qui manque de culture, ce sont les autres qui en trop.

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  2. Tu as apprécié le voyage... c'est le principal !
    J'avis regardé la définition d'apophtegme et j'avais oublié donc j'y suis retourné.

    Ton challenge, l’insérer dans une de tes prochaines chroniques. ;-)

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  3. 'apophtegme ne m'a tant marquée car j'ai déjà oublié ce que c'était!!!
    Heureuse que le voyage t'ait plu.

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  4. Mais moi aussi j'ai oublié ce que cela signifié !
    Un bon récit qui change du tout venant, atypique

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  5. Le thème a l'air vraiment pas mal, mais pourquoi en novella ? Ça me tente moyen ça du coup.

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    1. Au vue du récit, je trouve que c'est la bonne longueur. Sur la longueur de roman, le format journal, introspectif, n'aurait pas fonctionné à mon avis.
      Je ne suis pas très fan de la forme courte, mais parfois le texte s'y prête agréablement bien. Comme ici.

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