Le livre d'or de la science-fiction : Roger Zelazny

Roger Zelazny, Pocket, 1985, 384 p., épuisé


Ma notation selon l'échelle de Perceval :
Sur une échelle de 2 à 76, et là je préfère prendre large : de 2 à 71 c'est pas pour moi, de 72 à 75, c'est toujours pas pour moi, et seulement à 76 je prends mon pied en gueulant Yes !

Présentation de l'éditeur :

Né en 1937, Roger Zelazny, débuta en 1962 et devint d'emblée une des stars de la nouvelle science-fiction américaine : dès 1965, son roman le Maître des rêves, sorte d'adieu à ses études de psychologie, remportait le prix Nebula. Cultivant la poésie depuis l'enfance, il s'est imposé par ses dons de visionnaire et son exceptionnelle qualité de style. Un héros en quête de lui même se découvre immortel et doué de superpouvoirs : peut-il devenir dieu, créer des mondes à profusion, jouir à jamais d'une perfection grandiose ? Va-t-il hésiter au seuil de la toute-puissance qui abolit le désir, rencontrer la mort dans l'éternité, affronter des doubles maléfiques aussi forts que lui ? L'euphorie est une frêle pellicule à la surface de l'horreur, les dieux reculent et rêvent de redevenir de hommes. c'est le sujet de ses premiers romans. Puis son imagination a produit de purs joyaux comme l'Ile des morts, les Neuf Princes d'Ambre et le Maître des ombres.


Mon ressenti :

Six Hugo, trois Nebula, c'est peu dire que Roger Zelazny n'est pas un inconnu en science-fiction.  Pourtant, je ne connaissais guère ses textes, quand bien même ressortent régulièrement des rééditions, voir des inédits (Mnémos, Helios ou Le Bélial).

Marcel Thaon avait réunit en 1985 plusieurs de ses nouvelles, 25 au total en lui consacrant ce livre d'or de la science-fiction.
Le recueil s'ouvre sur un article de l'anthologiste, Roger Zelazny : entre Frankenstein et Pygmalion. Très érudit, très dense, la carrière de l'auteur n'aura plus de secret pour vous.

Qu'en est-il cependant du coeur du sujet, les textes de Zelazny ? Mon barème va de Excellent à Pas ma came. Seuls 4-5 nouvelles ont eu ma faveur. C'est surtout son style et écriture qui ne m'ont pas transporté. Par contre, j'ai été très étonné que l'auteur s'empare de la majorité des concepts SF s'en en avoir l'air, en les nommant autrement, comme la terraformation, le clonage, l'IA... Cela en fait des textes un peu atypiques pour le lecteur, la technologie n'y étant abordé que de biais, ou comme un personnage à part entière.

Au vue du nombre de textes, je ne vais pas revenir sur tous, me concentrant pour une fois sur ceux qui ont éveillé mon intéret.


Le temps d'un souffle, je m'attarde
Des machines intelligentes contrôlent la Terre alors que l'homme a disparu. Une des machines tente de comprendre ce qu'il était.
Une longue nouvelle qui voit s'opposer logique contre raison, rationalisme contre sensation. Un très beau texte sur des IA voulant devenir humaines pour combattre la "bêtise" mécanique .


Clefs pour Décembre
Jarry Dark, le féliforme est un humain (?) qui a subi une transformation physique et biologique pour vivre sur une planète. Lorsque celle-ci disparait, difficile de trouver une autre demeure accueillante.
Ce texte interroge comment construire une maison tout en respectant le lieu de son implantation. En d'autre termes, coloniser, terraformer doit il se faire au détriment de ce qui y vit ?
Terraformation et transhumanisme, un subtil point de vue, entre la morale individuelle et celle collective.
Ce texte est disponible dans l'édition Mnémos : L’Île des morts, intégrale, paru en 2016


Lumière lugubre

Quand les orages cessèrent, il avait des mers. Puis il déchaîna les feux intérieurs de la planète et, à la lueur des cataclysmes, il modela les masses des continents. Il fit différentes choses aux terres et aux mers, purgea l’atmosphère, éteignit les Krakatoas, apaisa les tremblements de terre. Puis il importa et muta des plantes et des animaux qui crurent et se reproduisirent à toute allure, leur laissa quelques années de répit, altéra de nouveau l’atmosphère, leur donna encore quelques années, altéra encore, et ainsi de suite – peut-être une douzaine de fois. Puis il se mit à trafiquer le climat.
Enfin, un jour, il débarqua avec quelques personnalités sur la surface de la planète, se débarrassa de son casque à oxygène, ouvrit un parapluie au-dessus de lui, respira une grande bouffée d’air et dit : « Cela est bon. Payez-moi », avant de se mettre à tousser.
Et ils virent que cela était bon, et cela fut ainsi, et le gouvernement fut heureux pour un temps. Sandow également.
Pourquoi tout le monde fut-il heureux, pour un temps ? Parce que Sandow leur avait concocté un sale fils de chienne de monde, ce que tous désiraient, pour des raisons différentes ; voilà pourquoi.
Pourquoi seulement pour un temps ? C’est là le hic, comme vous allez le voir plus loin.


Alors que Francis Sandow a façonné Lugubre pour en faire une planète prison assorti de planète test pour tout un tas de matériel, le narrateur, un prisonnier, tente de de faire une découverte qui pourrait racheter ce qu'il a commis jadis.
Un texte non dénué d'humour et de suspense, et alors que l'on se demande depuis le début la cause de cette découverte, la chute vient redistribuer les cartes.

Francis Sandow fera d'autres apparition dont L'île des morts
Ce texte est disponible dans l'édition Mnémos : L’Île des morts, intégrale, paru en 2016




Lorhkan a beaucoup plus apprécié le voyage.
Vous pouvez aussi retrouver l'avis d'Apophis sur quelques nouvelles qui ont été incluses dans le recueil de L'île des morts, paru chez Mnémos

Récapitulatif

Quelques citations :


La politique d’hier ne vaut pas le papier qu’on a gâché à disserter sur ses promesses, ses menaces.
Une plage au bout du chemin

Déserts, champs de glace et jungles, orages perpétuels, températures extrêmes et vents mauvais – vous rencontriez diverses combinaisons de tout cela, où que vous alliez sur Lugubre, et c’est la raison de son nom. Il n’y avait pas un havre de repos, pas un endroit qui fût agréable.
Pourquoi la Terre avait-elle payé Sandow pour créer cet enfer ?
Eh bien, les criminels doivent être réhabilités, aidés. Mais la chose a toujours eu, en outre, une teneur punitive. La thérapie d’un criminel comporte toujours une certaine dose d’expérience désagréable, pour l’enfoncer – je suppose – dans la peau aussi bien que dans la psyché.
Lugubre était une planète-prison.

14 commentaires:

  1. J'adore la référence à Perceval ;)

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    1. Cela faisait longtemps que je voulais utilisé ce barème. C'est enfin fait.

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  2. (merci pour le lien)

    Je plussoie, utiliser l'échelle de Perceval est un coup de génie :)

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  3. Tu auras au moins eu le plaisir d'avoir entre les mains une couverture de la plus belle collection de couvertures de l'histoire de l'imaginaire, c'est déjà ça.
    De mon côté je le tenterai quand même à l'occasion, parce que les "livres d'or de la SF" ont une bonne réputation de qualité (avant que tu ne t'y attaques, certes =P).

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    1. C'était mon premier livre d'or (tenir un blog, ça paye et permet de s'offrir des livres en feuille d'or !).
      C'est surtout avec l'auteur que j'ai du mal, pas avec la collection. Mais un jour, je pense que je tenterai L'île des morts.

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  4. C'est une collecton que je souhaiterais explorer pour le panel qu'elle offre. Hélas, le temps manque. Mais, un jour peut-être, sur tout que contrairement à toi, je n'ai aucun mal avec cet auteur.

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    1. Tu devrais donc apprécier le voyage.
      J'ai le Le Guin aussi à lire.

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  5. Comme Lutin, un collection dont j'ai pas mal entendu parler, mais difficile de mettre la main dessus. En tout cas, pour Zelazny, j'ai acquis les 9 princes d'Ambre, tu crois que c'est une saga qui a bien vieilli ?

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    1. Pas lu les princes d'ambre, mais au vue des rééditions successives, je pense que l'âge doit bien lui aller au teint.

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  6. Je pense que je le lirais s'il croise ma route, j'aime beaucoup faire de l'archéologie avec cette collection. Mais j'essaye de ne pas les accumuler et j'ai déjà celui de Priest qui m'attend...

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    1. Il faudrait aussi que je lise le livre d'or consacré à Priest et à Le Guin.

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    2. Tu peux faire l'impasse sur le Ursula K. Le Guin et investir direct dans le recueil du Bélial Aux douze vents du monde, c'est la même chose en plus complet (et sans la préface de Gérard Klein, à toi de voir si tu peux vivre sans)

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    3. Ah oui, c'est vrai, j'avais zappé. Et concernant la préface de Klein, je pense que je pourrais vivre sans.

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