Editions 1115 : la bonne nouvelle


En 2017 apparaissait un nouvel éditeur dans le monde de l'édition, que dis-je, une agence de voyages littéraires ! De quoi promettre aux lecteurs un dépaysement total. Une maison spécialisée dans le format court, pas la chose la plus vendeuse. Et pourtant.
Une petite structure avec à sa tête un inconnu dans l'édition mais qui va peu à peu faire l'objet d'un bouche à oreille très flatteur. Les raisons sont multiples mais un prix bas (dumping social ?), un objet livre au format 11x15 et un graphisme léché ont sûrement joué. Ajouté à cela des noms d'auteurs reconnus... Cinq ans plus tard, le succès est au rendez vous et le micro-éditeur va prendre un nouvel élan pour nous offrir de nouvelles destinations. Rien de mieux qu'un entretien pour découvrir ce "1115 2.0".
Editions 1115 : la bonne nouvelle, un entretien passionnant pour découvrir les coulisses de cet éditeur qui n'a pas fini de nous en mettre plein les yeux.





Le chien critique : Frédéric Dupuy, tu es la personne qui se cache derrière les éditions 1115. Tu es un éditeur isolé ou y a-t-il d’autres personnes qui bossent avec toi ? Peux-tu te présenter, nous donner ton parcours ?


Frédéric Dupuy : Ça tombe bien que tu commences par là. Car oui, à l'origine, il s'agit de mon projet, et pendant cinq ans, j'ai mené ma barque en solitaire. Du moins, sur le papier, puisqu'un projet éditorial est par nature un projet collectif qui réunit auteurs, graphistes, illustrateurs, photographes, comité de lecteurs, correcteurs et éditeurs. Jusqu'à peu, donc, j'ai piloté ce projet en solo. Par le biais d'une microentreprise. Et puis, en août, les choses ont changé. Courant 2019, lors d'une soirée littéraire dans Lyon, et par l’entremise de Davy Athuil des éditions Mü, j'ai fait la rencontre d'un jeune auteur en herbe, Thomas Fouchault, que j'ai eu la chance d'éditer avant tout le monde avec son excellente novella "Les fileurs de temps". Et dès l’abord, Thomas s’est montré très impliqué dans le travail éditorial ; il débordait d’énergie et d’idées, m’accompagnait dans les salons et les festivals, s’investissait de plus en plus, toujours avec ce bel enthousiasme et ce professionnalisme dont il a le secret. Alors c’est tout naturellement qu’en août de cette année, je lui ai proposé de passer à la vitesse supérieure en intégrant la structure 1115. Officiellement. Nous avons étudié la situation, fait des plans sur la comète, mis en regard nos attentes respectives, pour finalement décider de faire évoluer la microentreprise en une SAS à 50/50. Une longue période de paperasse et de mouvements financiers plus tard, nous avons donc la joie d’officialiser notre partenariat et la constitution de ce 1115 2.0 à compter du 15/12/2021.

Thomas Fouchault : C’est une nouvelle aventure qui commence !
Le saut dans l’édition s’est fait naturellement après quelques années à sillonner les salons avec Frédéric, à découvrir le milieu et échanger avec le public. Je reste également auteur, ainsi qu’un représentant élu au Conseil syndical de la Ligue des Auteurs Professionnels. Cette nouvelle casquette ne change rien à mes engagements ; mieux, elle les alimente avec une meilleure compréhension des mécanismes de l’industrie du livre. Et qui sait ? Peut-être pourrons-nous changer le monde du livre de l’intérieur ?

Nous prenons nos fonctions avec Frédéric en Président, et moi-même en tant que Directeur Général de la SAS 1115. Au-delà de la gestion classique, Frédéric apporte le grain de folie et le souci de la musique des textes ; moi, l’amour des intrigues bien construites (et de l’administratif, et du développement).

Frédéric Dupuy, en compagnie de Marge Mantel (à gauche) et Paladine Saint-Hilaire (à droite)
lors des salons Curnonsky à Angers 2018. source


Il existe une flanquée d’éditeurs dans l'imaginaire, pourquoi ouvrir encore une boîte ? Que pensez-vous apporter de plus qui n'existe pas déjà ? Quelle est votre politique éditoriale ?


Frédéric Dupuy : Certes, il existe une palanquée d’éditeurs plus ou moins spécialistes de l’Imaginaire, mais la majorité d’entre eux publie quasi exclusivement au grand format, alors que je rêvais de nouvelles, de novellas et de romans courts, si difficiles à trouver à l’unité, en dehors des anthologies ou des recueils. Et puis je rêvais d’auteurs francophones, bien vivants, de créateurs du moment, d’acteurs de l’Imaginaire ancrés dans notre quotidien et dans les problématiques qui agitent aujourd’hui notre monde. En résumé, lorsque j’ai créé la maison, je voulais du court et du francophone, alors je me suis lancé dans le court et le francophone, et dans le petit format à petit prix.

Thomas Fouchault : Nous observons également qu’avec la concurrence des séries, des réseaux sociaux et des mille occupations de la vie quotidienne, beaucoup de personnes n’ont plus le temps de lire. Les textes courts et percutants répondent aux besoins de lecteurs qui cherchent à s’évader une demi-heure avant d’éteindre la lumière, ou dans les transports en commun, ou durant la courte sieste du petit dernier…
Mais la maison grossit, et nos ouvrages aussi. Breaking news ! Nous préparons une collection grand format pour intégrer des textes qui nous ont convaincus malgré leur taille. Le petit format restera toutefois le vaisseau amiral de la maison.


Thomas Fouchault lors des Imaginales 2021. Source


Les éditions 1115 ont eu 5 ans au mois d’août ; quelles erreurs pensez-vous avoir commises au démarrage ? L'enthousiasme du début s'est-il estompé ?

Frédéric Dupuy : Ipso facto, on commet toujours des erreurs au démarrage d’une activité. Et tout au long de son activité, aussi. C’est en partie de cela que l’on apprend, de ses erreurs. L’important, c’est de faire, d’agir, d’aller au bout de ses idées, de ne jamais baisser les bras, et vingt fois, cent fois, mille fois s’il le faut, sur son métier remettre son ouvrage. Commencer et recommencer. Essayer, se tromper, rectifier le tir, avancer. Et à dire vrai, créer est en soi un exercice trop grisant pour jamais devenir lassant. Donc non, l’enthousiasme des débuts n’est pas retombé. Au contraire même, plus la maison grandit, plus elle bruisse de ce bouillonnement créatif si cher à mon cœur.

Thomas Fouchault : Peut-être que nous avons été trop discrets ? Nous allons y remédier.



Petite structure, vous avez commencé avec quelques beaux noms. Je vois tant d'éditeurs avec d'obscurs auteurs, comment fait-on ? Vos parents sont connus dans le milieu ?


Frédéric Dupuy : Non seulement mes parents (ces tranquilles retraités berrichons férus de jardinage et de voyages) ne connaissent personne dans le milieu, mais qui plus est, j’ai commencé cette activité en partant de zéro, sans aucun contact professionnel ni aucun auteur dans mon entourage. Seulement, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et d’aller frapper à toutes les portes, en expliquant mon projet et mes ambitions, le plus sincèrement du monde. Ensuite, tout n’a été que rencontres et feeling. À ce niveau, je dois avouer que j’ai eu de la chance. Beaucoup de chance. J’ai rapidement rencontré des auteurs incroyables, des personnes passionnantes et passionnées, et je crois qu’au-delà de nos affinités naturelles, c’est mon projet qui les a convaincus. Faire vivre leurs textes courts dans un petit format abordable et adapté, avec toujours cette idée du "Voyage Littéraire" en toile de fond, du dépaysement. Au bout d’un moment, ce sont même les auteurs qui sont venus à ma rencontre lors des salons ou des festivals pour me proposer leurs textes.

Thomas Fouchault : Le format court séduit les lecteurs, mais aussi les auteurs ! Difficile de faire rentrer des novellas dans les catalogues des grosses maisons d’édition. Et puis, il ne faut pas sous-estimer la puissance du bouche-à-oreille entre les auteurs : quand le travail se passe bien avec un éditeur, ça finit par se savoir.

Festival ImaJnere 2021
Arnauld Pontier, Emmanuel Quentin, Paladine Saint-Hilaire et Thomas Fouchault source


 Vous publiez ce que l’on appelle de la Science Fiction Fantasy Fantastique, mais sérieusement, la #SFFF, ce n’est pas de la littérature !

Frédéric Dupuy : Une chose est sûre, ça, ce n’est pas une question.

Thomas Fouchault : C’est plus que de la littérature ? Ça a beau sonner comme le sifflement d’un cobra asthmatique, nous souhaitons donner des lettres de noblesse à la SFFF avec des textes de qualité qui font voyager vite et loin.



J’ai beau regarder la liste des auteurs publiés, je n’y trouve pas d’auteurs anglo-saxons. Vous n’avez pas envie que votre maison d’édition fonctionne ? On entend régulièrement les éditeurs dire, à leur corps défendant, qu’il n’y a pas de relève d’auteurs francophones. Partagez-vous ce constat ?


Frédéric Dupuy : Sorry, I don’t understand your question. I don’t speak french.

Thomas Fouchault : Qu’ils se dénoncent ! Pour notre part, nous découvrons avec chaque nouvelle publication des auteurs de talent, vivants, qui ne cessent de nous faire rêver. Nous souhaitons partager ces rencontres avec le grand public pour qu’il y ait autre chose que des best sellers ou des bouquins d’auteurs morts depuis plus de 70 ans dans les étagères. Comme nous cherchons à créer la proximité entre les auteurs et les lecteurs, le rachat de droits étrangers n’est pas une priorité pour le moment.



18 auteurs, 8 autrices, la parité est - presque - respectée. Hasard ou volonté ?
(Liste des auteurs publiés)

Frédéric Dupuy : Ou peut-être qu’en y mettant un peu de bonne volonté, ce n’est pas si difficile de donner autant la parole aux femmes qu’aux hommes. Smiley clin d’oeil.

Thomas Fouchault : Les vieilles SF et fantasy de boomers ont fait leur temps. Nous cherchons une pluralité de voix qui rendra la littérature plus riche. Et que voulez-vous, nos autrices ont du talent !

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De mon expérience avec les petits éditeurs, les couvertures sont souvent très moches, hideuses ou repoussantes, souvent les trois réunis. Ce n’est pas le cas chez vous. Une belle charte graphique, de suite reconnaissable. Vous pouvez nous en toucher un mot ?

Frédéric Dupuy : Goût. Ça fait un mot. Mais j’aurais pu aussi dire : œil. Ou encore : simplicité. Seulement ça fait trois mots. Donc je vais m’en tenir à : Goût. Plus sérieusement, j’ai toujours eu un rapport très particulier à l’image puisque, dans mon parcours scolaire, j’ai fait cinq ans d’arts plastiques et six ans d’Histoire de l’Art. Sans parler de ma mère, grande lectrice s’il en est, qui peint depuis mon plus jeune âge. À la maison, j’ai grandi dans les odeurs de livre et de térébenthine, entre l’atelier et la bibliothèque. Du reste, si je n’avais pas d’auteurs parmi mes connaissances jusqu’à la création de la maison d’édition, j’ai toujours eu des amis artistes, qu’ils soient peintres ou photographes. Victor Yale, le créateur des couvertures de la maison, est l’un d’eux.

Thomas Fouchault : Et encore, il ne vous dit pas à quels dispositifs et contorsions il s’est adonné pour saisir la bonne prise pour la couverture. Le côté petit livre-objet attire l’œil, on voit même une relation affective s’établir entre ces petits ouvrages colorés et des lecteurs (pour Noël, oubliez chats et chiens : adoptez une novella 1115 !).
Enfin, laissez-moi vous faire une petite confidence : prenez un de nos livres et tournez-le en format paysage. Que voyez-vous avec ce code-barres étrange sur le côté ? Un billet d’avion ou de train ! Notre promesse tient dans la charte graphique : nos livres vous feront voyager.


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J’ai cru entendre que le format et la mise en page étaient assez atypiques, j’ai des problèmes d’audition ou est-ce vrai ?


Frédéric Dupuy : Si tu poses cette question, c’est que tu n’as jamais tenu un livre 1115 au format papier entre les mains. Je te conseille donc de prendre rendez-vous au plus tôt chez un audioprothésiste ou un ORL. Avant que la lecture sur liseuse ne te rende définitivement sourd à toute considération papetière.

Thomas Fouchault : Au-delà du format 11x15, les exemplaires papier intègrent un travail de mise en page qui n’apparaît pas dans les versions numériques. Selon les ouvrages, vous trouverez de fausses coupures de presse, des cartes postales, des images satellites de Mars, des calligrammes… de quoi enrichir l’expérience de lecture. Ici aussi, la forme dialogue avec le fond.


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Argyll est une nouvelle maison d'édition qui se propose d'être plus responsable. A contrario, cela signifie qu'ailleurs ce n'est pas la même chanson. Voyons point par point comment cela se passe chez toi :



“La relation éditeur·ices / auteur·ices est souvent vue comme problématique,
car elle est source de déséquilibre et de coercition”

“le contrat propose à l’auteur·ice de cocher ce qu’iel souhaite et
ne souhaite pas parmi les propositions qui sont faites dans les divers articles [du contrat]”

“Nous n’utiliserons pas, non plus, d’à-valoir qui implique bien trop souvent une notion de dette envers l’éditeur·ice. Dans l’éventualité que l’auteur·ice ne vend pas assez, il ne « doit rien », n’a rien à « rembourser », il n’est pas placé en position de faiblesse. “

“une rémunération deux fois l’an. Ce n’est, souvent pas le cas dans le domaine de l’édition, qui rend les comptes une fois par an seulement. Un système souvent perçu comme difficile, car il ne permet pas à l’auteur·ice d’avoir des revenus régulièrement. “

“L’éditeur communique la liste des services de presse pendant la période de lancement, et communique les chiffres de mise en place.”

Frédéric Dupuy : Xavier et Simon sont des amis, je refuse donc de dire du mal de leur excellent travail. Si ce n’est que nous partageons toutes leurs valeurs. Nous travaillons main dans la main avec les auteurs, du contrat jusqu’à l’exploitation, en passant par le travail éditorial et la mise en place du livre. Nous ne donnons pas dans les contrats léonins et, côté pécuniaire, nous versons autant d’avances que possible tout au long de l’année, au minimum deux fois par an, parfois trois ou quatre fois. Nous émettons les redditions en temps et en heure, et réglons toujours les sommes dues rubis sur l’ongle. C’est notre mode de fonctionnement depuis le début de la maison, et ça n’est pas prêt de changer.

Thomas Fouchault : Je confirme ! Durant ma relation d’auteur avec 1115, je n’ai pas retrouvé les travers des grosses maisons d’édition décriées sur les réseaux. Maintenant que je suis passé de l’autre côté du miroir, je vais m’assurer qu’on intègre les meilleures pratiques dans nos contrats et notre mode de fonctionnement, en nous appuyant notamment sur les recommandations de la Ligue des Auteurs Professionnels. L’auteur est à la base de la chaîne du livre, il faut qu’il soit bien rémunéré et qu’il sache ce qu’on fait de ses écrits. Auteurs et éditeurs sont partenaires, il faut que leur relation soit aussi équilibrée et transparente que possible. Mais à chacun son rôle : à l’auteur d’écrire des textes, à l’éditeur de les exploiter.



Pour se différencier et apporter un plus au lecteur, pourquoi ne pas offrir un entretien avec l'auteur du texte, ou d’autres contenus additionnels ? Je crois que c’était le cas dans La Machine différente de Jean-Laurent Del Socorro.

Frédéric Dupuy : Nous avons déjà proposé un tas de focus et d’interviews des auteurs de la maison via le journal de bord de notre site internet, et nous en proposerons encore à l’avenir, pas d’inquiétude.

Thomas Fouchault : Et qui sait ? Peut-être fournirons-nous plus d’exclusivités, de making-of, d’échanges en live avec nos lecteurs sur les réseaux !



De suite les éditions 1115 ont sorti leurs livres aux formats papier et numérique, initiative que je salue en tant que lecteur numérique. Cependant, il existe un décalage entre la sortie papier et la sortie numérique, pourquoi ? Le lecteur numérique est-il un lecteur de second choix ?

Frédéric Dupuy : C’est le livre numérique qui est un choix secondaire. Les lecteurs, eux, sont toujours notre priorité.

Thomas Fouchault : Et il faut bien donner envie aux lecteurs numériques de nous lire après avoir flashé sur les couvertures ! Ce décalage permet de soutenir plus longtemps nos campagnes de promotion des nouveaux ouvrages sur les réseaux sociaux. Tout le monde s’y retrouve : l’auteur, l’éditeur, et le lecteur papier qui peut narguer ses camarades numériques durant quelques semaines.



Entre 1 et 4€ l’ePub (2 et 9 euros en papier) selon la pagination. En tant que lecteur, je trouve ces prix justes, mais comment faire marcher la boutique dans ces conditions ?

Frédéric Dupuy : En voyant les ventes en numérique comme du bonus, et non comme une ressource indispensable au maintien de l’activité. Néanmoins, notre politique tarifaire risque d’évoluer dans les mois à venir. Les prix que j’avais fixés au début de l’activité entendaient une rentabilité minimum, voire quasiment nulle dans certains cas. Tout était pensé à l’échelle de la microentreprise et de ses coûts réduits. Or, si nous voulons continuer à faire évoluer la maison, en intégrant par exemple les circuits de la distribution/diffusion, nous allons devoir réévaluer nos tarifs (sans doute en 2022) pour dégager la marge nécessaire à la pérennité de l’activité. Constat bassement matériel, mais non moins réel.

Thomas Fouchault : L’entrée dans la distribution/diffusion va bouleverser notre modèle économique. La prise de risque sera plus importante, et si l’on ajoute un convive très gourmand autour de la table, il faudra augmenter la taille du gâteau. Toutefois, la hausse des tarifs bénéficiera également aux auteurs.



À part quelques éditeurs, Le Bélial ou Albin Michel Imaginaire et en traînant ses guêtres sur le forum du Bélial, on a parfois quelques chiffres de ventes. Le monde de l'édition étant ce qu'il est, je suppose que vous connaissez à peu près le tirage des uns et des autres, pourquoi le cacher ? Pouvez-vous nous donner vos chiffres ?

Thomas Fouchault : Et faire pâlir Hachette d’envie ? Notre volume des ventes s’accroît d’année en année depuis le lancement de la maison, et nous nous attendons à un bon coup d’accélérateur avec l’évolution de la structure.

Frédéric Dupuy : Pour ma part, si j’avais voulu communiquer des chiffres, je serais devenu expert-comptable, ou commissaire aux comptes. J’aurais aussi pu présenter le loto, car « La loterie est plus qu’un simple passe-temps, Peter... C’est la main de Dieu descendue des cieux pour choisir un humain unique et lui octroyer un montant d’argent ou un billet gratuit. Je ne suis pas prêt à vivre dans un monde sans loterie, Peter. Je ne suis pas prêt à retirer au peuple le droit de rêver ! Car que sommes-nous sans loterie, Peter ?... Des animaux ! Des animaux !! » Marc Labrèche, alias Brett Montgomery, à propos du Super méga ultra bingo bongo loto dans Le cœur a ses raisons, saison 1, épisode 3.



Faut-il aimer le texte pour le publier ? Ou, dit autrement, choisissez-vous l'affect ou le rendement possible ?


Frédéric Dupuy : Remplace les mots « le texte » par « une personne » et « le publier » par « l’épouser » et tu auras ta réponse. Nota bene : Non, je ne cautionne pas les mariages arrangés.

Thomas Fouchault : Sans coup de cœur, il est plus ardu de défendre un livre. L’affect est une condition première, ensuite, il faut qu’il soit cohérent avec notre ligne éditoriale. En tant qu’éditeur indépendant, nous avons la chance de pouvoir tester des produits et d’avoir un contact direct avec notre public. Si un texte atypique nous plaît et qu’on se sent capables de le vendre, pourquoi pas ?



Je n'ai jamais vu un de vos livres en librairie, ça se vend comme des petits pains ou vous n’y êtes pas présents ? Comment fait-on pour être sur les étals des libraires ?


Thomas Fouchault : De l’XP et beaucoup de SP ! Nous sommes auto-diffusés et encore très mal connus des libraires. Le renforcement du lien avec les prescripteurs de lecture sera notre chantier le plus important à court terme. L’entrée dans le circuit de distribution-diffusion nous donnera beaucoup plus de visibilité à moyen terme.

Frédéric Dupuy : Personnellement, je crois que, en l’état actuel des choses, la meilleure solution pour être sur les étals des libraires, c’est de rentrer dans la boutique, de retirer poliment son manteau et de s’allonger sur les tables. Encore faut-il que le libraire soit d’accord.



2022 arrive à grands pas, quels voyages littéraires allez-vous nous proposer ?

Frédéric Dupuy : Là encore, nous te donnons la primeur de l’information. Le 14 janvier prochain, nous allons publier notre premier recueil de micronouvelles. Cent micronouvelles, pour être exact. Cent perles de causticité, de poésie et de jeux de langue. Nous avons décidé de l’appeler « Cent gouttes d’acide ». Tu pourras remercier Frédéric Gaillard et sa plume aiguisée pour ce coup de maître dont nous ne sommes pas peu fiers.

Thomas Fouchault : Nous allons ensuite accueillir deux nouveaux auteurs dans la maison, Silène Edgar et Gauthier Guillemin, qui nous ont soumis deux nouvelles fabuleuses. Au printemps, nous sortirons la prochaine novella d’Arnauld Pontier, « Merlin », qui après « Sur Mars » et « Dehors, les hommes tombent », nous offrira un nouveau voyage de toute beauté. Enfin, nous allons rééditer « Dans l’ombre des miroirs » de Marge Nantel en grand format, et offrir ainsi un écrin à la hauteur de ce bijou (prix Aventuriales 2019) d’ici au festival des Imaginales. Dans la foulée, nous sortirons la suite inédite de ce grand roman de fantasy : « La cité sous les Cimes ».

Pour ce qui est du second semestre, nous y travaillons !

Cent gouttes d’acide de Frédéric Gaillard - Facebook de l'auteur


Je vous laisse clore cet entretien…

Frédéric Dupuy : Merci à toi pour cet échange, et pour l’intérêt que tu portes à notre travail. J’espère que l’on pourra remettre ça à l’occasion. Ou te rencontrer, un jour, en chair et en os, lors d’un salon, d’un festival, ou à n’importe quelle occasion. Qui sait ? Un jour, peut-être, mettre un visage sur ce pseudonyme canin. D’ici là, je te souhaite les plus fabuleux des voyages littéraires. Promis, nous y travaillons d’arrache-pied.

Thomas Fouchault : Poil au nez. Ou à la truffe, pour les chiens concernés !


Le chien critique : un immense merci à vous.





https://www.editions1115.com/

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https://twitter.com/Editions1115


Mes avis sur quelques uns de leurs textes



Réponses au teasing que j'ai fait sur les réseaux sociaux


Jour 1 : Evangile Matthieu 11 15, en lien avec la dénomination de l'éditeur



Jour 2 : Clin d'oeil à l'agence de voyage littéraire


Jour 3 : le résultat de la multiplication de 11x15





24 commentaires:

  1. Les indices étaient complètement fumés. :)

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  2. Très chouette entretien, je veux dire entrechien ; en tout cas merci & joyeux Noël !

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  3. C’est très intéressant comme souvent.On connaît un peu mieux cette maison d’Édition. Je n’ai lu que Une fin en soie de Sylvie Arnoux,un court roman qui est un petit bijou.
    J’ai vu qu’il n’était plus disponible.Peut être une réédition?
    Merci pour cette interview très pertinente.

    Un libraire.

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    1. Il vous en prie.
      Pour Sylvie Arnoux, c'est une bonne nouvelle qu'il soit épuisé. Mais peut être qu'une meilleure nouvelle serait une réimpression. A suivre

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  4. Excellente maison, c'est vrai. Je réalise que je n'en ai également jamais lu que des éditions numériques...

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  5. Merci à vous tous.

    J'aime beaucoup cette maison d'édition avec de nombreux textes superbes, étonnant. De vrais voyages littéraires.

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  6. Interview très classe.Merci à toi.
    Et longue vie aux Éditions 1115.

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    1. Ils ont passé le plus dur je pense, reste à se faire mieux connaitre.

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  7. Mais... c'est qu'il est pas mal du tout cet entretien ! Et je confirme : 1115 est une excellente maison. D'ailleurs, je lis tout ce qu'elle édite (euh, non, je ne suis pas payé par Frédéric pour le dire... Et oui, je confirme, il paie ses auteurs "rubis sur l'ongle". Et ce n'est pas toujours le cas dans l'édition...) ��

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  8. Monsieur le Chien fait des intros à la manière de "La Méthode Scientifique", on en est là.
    Toujours aussi intéressant, merci à vous. Faut vraiment que je réserve mon premier billet en 2022.

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    1. C'est La méthode qui a piqué ma façon de faire voyons. (mais monsieur connait ses classiques).
      Il faut vraiment voyager avec eux.

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  9. Et je rajouterai que ce blog est très agréable à consulter.Je ne sais si vous êtes un pro de la photo mais elles sont toujours d’une visibilité et d’une qualité remarquables.

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    1. Merci.
      Je ne m'y connais pas en photo, mais je tente de choisir toujours les plus belles, en faisant attention à la taille.

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  10. Génial! Super entretien. Merci. Comme quoi on peut vivre dans l'édition en étant droit dans ses bottes et nfaisant de la qualité. C'est dommage qu'ils ne fassent pas de traductions, je bosserais bien pour eux. ^^

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    1. Il faut que tu proposes tes services pour vendre leur bonne littérature à l'étranger

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    2. Mais je ne traduis qu'en français 😭😭

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    3. En espérant que l'éditeur choisisse des livres en français approximatif pour que tu puisses les traduire en vrai français !

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    4. Bonne idée! J'espère qu'ils lisent les commentaires de leur interview 😆

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  11. merci pour cet entretien que je n'ai découvert que maintenant ,j'ai découvert cette maison d'édition en 2019 avec l'achat de livres de lionel Davoust,A Pontier et N Le breton .J'aime ces petits livres aux belles couvertures .les nouvelles sont bonnes ou excellentes ,un vrai plaisir.

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