Table ronde fiction : l’Appel de l’Imaginaire

France culture, La méthode scientifique, 2017, 1h, podcast

 

Une petite heure en compagnie du directeur des éditions ActuSF, du directeur des éditions du Bélial et de Catherine Dufour, romancière autour de l'édition imaginaire et de cet appel, mais pas que. Une émission instructive, intéressante et quelques touches d'humour, notamment grâce à la rafraichissante Catherine Dufour.

Présentation de l'émission : 

Pourquoi les acteurs de l'Imaginaire ont-ils décidé de se mobiliser autour d'une pétition visant à promouvoir le genre ? Pourquoi le défendre aujourd'hui ?
« Tous les matins, nous nous réveillons avec une actualité qui aurait pu être une nouvelle de science-fiction il y a 30 ans. » Ce constat, c’est celui du directeur éditorial de Mnemos, l’une des maisons d’édition à l’origine de l’Appel de l’Imaginaire, qui le dresse. Et de fait, la science-fiction est plus populaire que jamais : cinéma, série, jeux vidéos, littérature jeune adulte, jamais le public n’aura été aussi avide de science-fiction qu’aujourd’hui. Et pourtant, l’édition dite « de l’imaginaire » est à la peine. Les ventes de livre ne suivent pas cet engouement populaire, et des titres qui relèvent pourtant de la SF sont récupérés par les collections dites « blanches » au détriment des éditeurs spécialisés. Il y a urgence à sauver les anticipateurs.
Que résonne l’Appel de l’Imaginaire, c’est l’ambition qui est la nôtre aujourd'hui.
Et pour faire résonner puissamment cet appel nous avons le plaisir d’accueillir aujourd’hui Jérôme Vincent, directeur des éditions ActuSF, et qui est à l’origine de cet Appel de l’Imaginaire lancé fin mars au Salon Livre Paris ; Catherine Dufour, romancière, double lauréate du Grand Prix de l’Imaginaire qui est la consécration suprême de ces littératures en France, l’équivalent du prix Hugo et Olivier Girard, co-fondateur des éditions du Bélial, signataire de l’appel.

Mon ressenti :




Appel à la mobilisation des acteurs de l'imaginaire
En savoir un peu plus sur cet appel sur Actualitté. et sur Le point
A mettre en relation avec l’éditorial de Olivier Girard dans le Bifrost n.86. Vous pouvez le télécharger ici ou directement
Des compléments - points de vue supplémentaires, notamment celui de Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d'encre (ex-directeur depuis le 01 mai), dans le sujet Bifrost spécial Matheson sur le forum du Bélial, et un peu ici.
Et une longue interview de Stéphane Marsan, directeur des éditions Bragelonne sur Actualitté 


Alors, c'est quoi ce grand raout, cet appel à la révolte. On en a gros ?

Tout est partie de l'impulsion de huit maisons d'éditions indépendantes (L'Atalante, Actu SF, Au diable Vauvert, Le Bélial', Mnémos, La Volte, Les Moutons Electriques et les éditions Critic),.
Difficile de voir qu'il manque certains acteurs, et pas des plus petits. Où sont Lunes d'encre, Bragelonne ? Donc faire des Etats généraux pour promouvoir au mieux les lectures de l'imaginaire, je suis plutôt pour, mais si cela ne concerne que les indépendants, j'ai bien peur que cela fasse plouf.
Après, ce n'est que le début, si les gros y voient leur intérêt, ils vont vite répondre à cet appel.
Alors rapidement, il s'agit de préparer des États généraux qui auront lieu en novembre durant les Utopiales de Nantes. D'ici là, il faut recenser l'existant : chiffres précis du secteur, les recensions dans la presse (de quel type d'imaginaire, dans la littérature générale ? Toujours les mêmes auteurs dont on parle ?) et faire des propositions pour novembre 2017.

Et moi en tant que lecteur ?
Promouvoir les littératures de l'imaginaire ne peut être qu'un plus pour nous lecteurs : plus de visibilité = plus de ventes = plus d'éditeurs ou de livres sur nos thématiques.
En tant que lecteur-blogueur faisant à mon niveau la promotion de la SF, cela ne peut que mon convenir.
Baignant dans cet univers, je n'ai pas l'impression que l'imaginaire est si mauvaise presse, du moins pas plus qu'avant, voir peut être plus. Mon sentiment est que c'est la lecture qui pose problème, pas les genres. Lire et participer dans les réseaux sociaux pendant des heures prend du temps ne posent pas de problèmes aux jeunes, mais la majorité, je pense, ont du mal à s'immerger dans une oeuvre qui leur prendra une dizaine d'heures de lecture, alors que son adaptation cinématographique ne demandera que deux heures de disponibilité tout en gardant la possibilité d'en discuter directement avec son smartphone !
C'est une question complexe qui prendra du temps, rien ne peut se régler d'un coup de baguette magique. Et si l'Etat n'est pas intéressée par la question ? Car au niveau de la formation des libraires, des éditeurs, de la chaîne du livre, si des changements doivent se faire, je pense que les pouvoirs publics doivent avoir leur mot à dire ?
Pour le moment, la balle est dans le camp des éditeurs, à espérer qu'ils n’oublient pas d'intégrer un paramètre important dans leurs chaines du livres : le lecteur. Car n'oublions pas que certains préfèrent voir gonfler leur chiffres d'affaires plutôt que de combler le lectorat, même si ce n'est qu'une minorité et des cas particuliers, voir mon coup de gueule ici, j'en avais gros aussi !
Et concernant les dénigreurs de nos genres, et bien, il y en a toujours eu. Et nous mêmes ne sommes pas les derniers à dénigrer certains sous genre tel la bit lit romance ou autres. Pensons à balayer aussi devant nos portes.
En même temps, dans le dernier Bifrost, Erwann Perchoc qui travaille au Bélial nous dit, dans sa critique sur la nouvelle collection fantasy Bad Wolf chez ActuSF que tous les indicateurs prédisent un retour en force de la SF en librairie !

Cette discussion permet d'avoir différents point de vue sur la question et des infos sur le monde de l'édition.


En bref :
Le crowfunfing, bouée de secours des maisons d'édition ?
L'occasion de revenir sur le crowfunding qui a été récemment utilisé par ActuSF et Le Bélial autour de projets sur Lovecraft. Tous sont d'accord pour dire que le financement participatif est à réserver et à limiter à des livres qui ne pourraient pas être édité sans cela.  Sous peine de voir les librairies devenir une espèce en voie de disparition.

Les éditeurs, découvreurs de talents ?
Via la question des manuscrits reçus par ces deux maisons.
Pour le bélial, environ 450-600 par an (romans , nouvelles,...) pour 4 manuscrits publiés en 20 ans !
Pour ActuSF, environ 400 manuscrits reçus, dont 1 ou 2 publiés par an.

Difficile d'être un auteur de SF alors que le futur est déjà arrivé ? Pour Catherine Dufour, oui et nous épargne une dissertation de deux heures.

Le retour du space opéra avec Latium ? Selon nos deux directeurs, non, il n'y a pas de mouvement de fond, mais plutôt une bonne diversité des genres et thématiques abordés.

Damasio enfermé par son éditeur ? Je vous laisse acheter le nouveau détective pour avoir la réponse.

En conclusion, nos trois invités nous conseillent au sein de leurs nouveautés
Olivier Girard : Le Temps de Palanquine, de Thierry Di Rollo (il me fait de l'oeil ce roman), ainsi qu'un nouveau roman de Ken Liu à paraitre
Jérome Vincent : Crime, alien et châtiment, de Laurent Genefort, Pierre Bordage et Laurent Whale à paraitre en poche. Roman qui doit se dérouler dans le même univers que Jennifer a disparu d'après le pitch. (mise à jour : il s'agit d'un recueil de trois textes, dont celui de Gennefort)
Unanimité autour de Latium
Catherine Dufour est en mode réflexion, rien à paraitre, mais vous conseille chaudement son recueil L'accroissement mathématique du plaisir et LoveStar de "Il faut une patate chaude dans la bouche pour prononcer son nom". (Chroniqué par mes soins de blogueur débutant ici)

Aller, pour finir, quelques indiscrétions :
Faire des sciences avec Star wars. Réédition (revue,corrigée et augmenée ?) du livre dans 4 mois (pour les fauchés, dépêchez vous de récupérer gratuitement l'ancienne édition), et lancement d'une nouvelle collection Science et SF au Bélial...
Un nouvel éditeur dans nos genres fera son apparition en mai : Editions Lynks (Présentation éditeur : Des plumes talentueuses, profondément humaines. Des récits captivants et engagés, à destination des adolescents et des jeunes adultes. Des histoires qui nous lient. Aux autres. Au monde. Aux rêves. Aux possibles.)
Et Ada Palmer bientôt au catalogue du Bélial.

A écouter ici et en téléchargement jusqu'au 28 avril 2018

6 commentaires:

  1. article très intéressant!je pense que je prendrai le temps de l'écouter après cet avis si complet.
    Merci!

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    1. Une très bonne émission, avec un présentateur qui aime la SF on dirait, il a participé aux crowfunding ActuSF et Le Bélial.
      Et il arrive en ayant bien préparé ces questions. Assez rare en ces temps.

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  2. C'était une bonne émission et c'est bien que ce domaine bénéficie d'un peu de résonance ! Il faut soutenir et partager ! Bel article :)

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  3. Alors, pour ne pas oublier le lecteur et tous les autres acteurs (auteurs, profs, bibliothécaires, libraires etc), des groupes de travail (réflexion/action) vont être mis en place. Et tous ceux qui se sentent concernés de près ou de loin, qui ont quelque chose à dire ou envie de travailler sur le diagnostic (passer d'un ressenti à des faits, réfléchir et agir en fonction des ces faits) peuvent donc participer (pour le coup il suffit de contacter Jérôme Vincent par exemple, il recense tous les volontaires). ça ne restera pas dans les mains de quelques éditeurs... si tout le monde s'y met :)

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    1. Merci pour les précisions. Je pense qu'il est nécessaire de mettre tout le monde autour de la table car les ressentis sont très divers selon le groupe auquel on appartient.
      En plus de ce que tu ajoutes, il y aura aussi un "Mois de l'imaginaire" dans les librairies en octobre.

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