La Machine à explorer l'espace

Christopher Priest, Folio SF, 1976, 448 p., 9€ papier


Le jeune Edward Turnbull, représentant de commerce débutant, fait par hasard la connaissance de la douce Amelia Fitzgibbon. Celle-ci se révèle être l'assistante de Sir William Reynolds, inventeur aussi génial que versatile. Ainsi, à peine celui-ci a-t-il commencé à travailler sur un appareil volant plus lourd que l'air qu'il abandonne ce projet pour un autre encore plus fou : construire une machine à explorer le temps. Devant l'incrédulité d'Edward, Amelia lui propose d'essayer cette merveille. Mais rien ne va se passer comme prévu et les deux jeunes gens vont se retrouver propulsés dans une aventure interplanétaire hors du commun.

Ce roman était mon dernier « inédit » de l'oeuvre de Christopher Priest.

Difficile de lâcher le livre dès les premières pages lues. L'intrigue se met facilement en place. le style évoque celui des années 1900, avec ses clichés. La construction des personnages est fidèle à l'époque pour ce genre de livre : un peu candide et maladroit, ne s'étonnant pas beaucoup devant l'invraisemblable des situations. Se retrouver sur Mars et pouvoir respirer presque tranquillement, la rencontre avec les martiens se passent comme dans les romans sur la découverte des indigènes et de leurs moeurs (fort logiquement dissolus !). Christopher Priest se joue aussi des clichés, ce n'est pas la femme qui est éplorée et esclave des conventions, mais l'homme.
C'est encore un roman sur la science et l'éthique, d'ailleurs un chapitre est intitulé Science et conscience. La science ne doit pas avancer sans véritables questions éthiques, ou alors le monde en sera son jouet.
Nous y retrouvons aussi une critique de l'oppression, et de la facilité de passer d'opprimé à oppresseur, de victimes à bourreau.

Beaucoup de personnes s'étonne de cette oeuvre dans l'univers priestien, voici son explication dans une interview paru dans L'été de l'infini
« Je n'avais pas l'intention d'écrire un faux roman de Wells […] mais il me semblait intéressant d'écrire un roman de Wells de la manière dont j'avais écrit le Monde inverti. C'est-à-dire de forger ma propre fiction à travers un Wells « de fiction » recréé. […] de tous mes romans, La Machine à explorer l'espace est sans doute celui avec lequel la critique a été la plus dure, parce que beaucoup de gens l'ont pris pour un pastiche ou une parodie de Wells. Tu as parlé d'hommage, ce qui est plus proche de la vérité. Certains lecteurs se sont plaints qu'il n'était pas « wellsien » du tout, en quoi ils avaient à mon avis entièrement raison. Je l'ai toujours considéré comme « priestien ». C'était un de mes romans, pas un roman de Wells. C'était un de mes romans passé au crible de ma perception de Wells. Seulement il ne s'agissait pas du « vrai » H. G. Wells ! le personnage qui porte son nom et qui apparaît à la fin du livre n'est pas censé être Wells, l'auteur, mais le narrateur non identifié de la Machine à explorer le temps et de la Guerre des mondes. […] Il me semblait donc concevable qu'il s'appelle Wells, lui aussi. »

C'est avant tout un roman distrayant, à part dans la bibliographie de l'auteur sauf dans la dernière partie.
J'y ai découvert un humour priestien que je ne connaissais pas « Après l'exécution du quatrième martien, Amélia proposa que nous nous reposions en mangeant nos sandwichs. »
Humour british !

Cependant, il y a quelques lenteurs. Étonnamment, celles-ci se situent dans la partie où Christopher Priest relie La machine à explorer le temps et La guerre des mondes. Cette partie est inventée par l'auteur sans se baser sur un écrit de H.G. Wells. J'avais l'impression que l'auteur s'appliquait à refaire du Wells, et en à oublié son style.

Un roman singulier, moins difficile d'accès que d'autres de ses romans, que je conseille aux fans de H. G. Wells ou de SF vintage. Les adeptes de Christopher Priest y découvriront une re(ré)création de l'auteur. 


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