Afterparty

Daryl Gregory, Le bélial, 2016, 416 p., 10€ sans DRM  

 

Et si votre ami imaginaire était une divinité ?
Bienvenu dans un monde où tout à chacun peut imprimer la drogue de son choix grâce à une imprimante nouvelle génération.
Un voyage parmi des inadaptés sociaux à la recherche d un équilibre précaire dans une société schizophrénique.
Un fix littéraire qui ne m'a pas fait prendre mon trip.

Présentation de l'éditeur :

Vous en voulez ? Vous en aurez ! Plus dingues les unes que les autres ! Car la smart drug revolution est en marche… Muni d’une imprimante chemjet et d’une connexion internet, n’importe quel petit malin en première année de chimie peut désormais synthétiser sa propre drogue et la produire à l’infini. Le résultat ne se fait guère attendre : il pleut des buvards chargés sur le monde ! Jusqu’à ce qu’apparaisse le Numineux, molécule qui décuple le sentiment du divin, enracine une foi inébranlable chez son consommateur tout en provoquant crises mystiques et hallucinations extrêmes — un produit aux mains d’une nouvelle église qui en fait son sacrement, répand sa bombe neurochimique à travers tout Toronto et pourrait bien lâcher sur le monde des légions de fanatiques… à moins que Lyda Rose, qui a contribué à l’élaboration du Numineux au sein de sa propre start-up, ne réagisse et ne se mette en quête des secrets de L’Église du Dieu Hologrammatique… Rien moins qu’un chemin de croix, en somme, dont la première des stations consistera à s’échapper de l’asile psychiatrique dans lequel elle est enfermée…

 

Mon ressenti :


Le titre Afterparty est un très bon résumé de ce roman : deux fils narratifs. L’un sur cette mystérieuse fête où le Numineux (pour les ignares comme moi, voir ici) a été testé. L’autre, quelques années plus tard, où cette smart drug semble refaire surface.
Il sera question bien entendu de drogues, d'addiction et de religieux, mais ce ne sont pas les sujets principaux du roman. Daryl Gregory nous parle surtout de l'après traumatisme. Quelles conséquences cette fameuse fête a eu sur les participants ? La plus résistante-résiliente est la narratrice Lyda Rose, mais ne serait ce que faux semblant ? GIED.

Si comme moi vous achetez ce livre en pensant lire une charge contre la religion, vous en serez pour votre argent. La religion est une drogue (l'opium du peule) n'est ici pas le propos. La couverture originale reflète plus le contenu à mon sens, même si la française est très réussie.
Ne lisez pas non plus ce livre pour le world bulding anticipatif, il n'est qu'esquissé.
Mais si vous avez aimé la psychothérapie de Nous allons tous très bien, merci Afterparty devrait vous convenir.

Un thriller techno-toxico-psycho-religieux saupoudré de série B. Un mélange des genres qui aurait gagné à mon sens à moins se disperser, des ruptures de rythme parsemant au final le récit.
A moins que je n'ai rien compris à l'histoire, chose somme toute possible !


Après avoir lu L'éducation de Stony Mayhall et Nous allons tous très bien, merci, le style Daryl Gregory n'est décidément pas mon trip, même si je comprends que cela plait, car l'écriture est plaisante et le traitement des sujets originaux.

Un concours a lieu sur le site Just a word pour tenter de gagner 3 exemplaires papiers du livre.
Valable jusqu'au 28 octobre 2016

Quelques citations :

« Qu’est-ce qui se passera si ça se répand ? La planète est déjà pleine de fanatiques. Le Numineux pourrait transformer des millions de gens en vrais croyants, chacun sûr à cent pour cent qu’on lui a personnellement remis les putains de tables de la loi. »
Ollie me fixait. « Désolée, ai-je dit. Je parle trop ?
– Ce discours, tu l’as répété.
– Hein ? Non. Enfin, j’y ai beaucoup réfléchi. Mais tu comprends, pas vrai ?
– Sûr. En fait, tu veux sauver le monde.
– Présenté comme ça, ça a l’air débile. »

L’Ontario regorgeait de smoke shacks, des cabanes pour l’essentiel situées sur les terres des Premières Nations fourguant des cigarettes de contrebande en provenance des US. Des manufactures illégales, elles aussi localisées dans des réserves amérindiennes, mais de l’autre côté de la frontière, crachaient chaque année des millions de cigarettes bon marché, non taxées, génériques. Comment leur en vouloir ? On avait pris leurs terres aux indiens, ils nous donnaient le cancer. Bien sûr, on leur avait également offert l’alcoolisme, la pauvreté et le diabète de type II, si bien qu’au final on ne s’en sortait tout de même pas trop mal.

– Et du coup, cette religion inventée…
– Je n’ai pas dit “inventée”. J’ai dit “nouvelle”. “Religion inventée” est un pléonasme. »

À la mort de Mikala, sa famille s’était opposée à ce que j’hérite de ses biens. Pourquoi laisser la fortune de leur fille à la connasse blanche dont elle aurait divorcé de toute manière ? (D’accord, ses parents ne m’avaient jamais traitée de connasse blanche en ma présence, mais j’aimais l’idée qu’ils m’appelaient ainsi entre eux, parce que le racisme inversé est le genre de racisme que les gens comme moi préfèrent, et parce que « connasse blanche » sonne beaucoup mieux que « connasse » tout court, ce dernier terme signifiant qu’ils me détestaient uniquement parce que j’étais moi.)

Si Dieu a créé l’univers, Il devrait au moins être détectable. Même s’Il est un dieu déiste qui s’est contenté de mettre l’horloge en route puis de quitter la scène pour ne plus jamais interférer, on devrait être à même de déceler Ses empreintes digitales sur le Big Bang. Mais non, même pas là. 


– S’il te plaît, ne remets pas les amputés sur la table, a soufflé le Dr Gloria.
– Ah, les amputés ! ai-je dit. Pourquoi est-ce que Dieu les déteste autant ? Il adore guérir le cancer, d’accord, mais si jamais tu n’es qu’un vétéran unijambiste, pas de bol ; tu peux prier tout ce que tu veux, ça ne repousse pas. Comment est-ce que les gens arrivent encore à croire à ces conneries ?

Sitôt qu’on a franchi la frontière du Nouveau-Mexique, il a mis la voiture sur pilote automatique et a lâché le volant, heureux d’enfin entrer dans un état qui autorisait les voitures autonomes – la preuve que renoncer à son libre arbitre est tout aussi agréable que de l’exercer.


 

2 commentaires:

  1. Ah, je ne regrette pas de l'avoir acheté. Nous allons tous très bien ne m'avez pas trop inspirée, cependant.

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    1. J'ai hâte de lire ta critique afin de voir les points qui me sont passés un peu au dessus de la tête.

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