La guerre éternelle

Joe Haldeman, J'ai lu, 1976, 288 p., 8€ papier



Les dindons de la farce.

"A lire absolument" "bijoux de SF" "grand classique du genre" "S'il ne fallait retenir qu'un ouvrage du sous-genre "sf militaire", ce serait peut-être celui-ci" "Un excellent roman" "Magnifique" "un modèle du genre"
Voici quelques qualificatifs sur ce roman piochés sur le web.
Ajouter à cela les prix Hugo, Locus et Nebula...

Présentation de l'éditeur :

En 1997, la Terre entre pour la première fois en contact avec des extraterrestres, les Taurans. Cette rencontre marque le début d'une guerre sans merci. Les autorités terriennes décident d'envoyer un contingent d'élite, et mettent au point un programme d'entraînement d'une rudesse inhumaine, destiné à “ produire ” des soldats capables de tout subir.
William Mandella est l'un d'eux, et c'est sans crainte qu'il part au combat. Mais le voyage dans l'espace n'est pas sans inconvénients  : aux confins de l'univers, l'armée terrienne va franchir sans le savoir des portes de distorsion spatio-temporelle. Pour William, qui survit miraculeusement d'une mission à l'autre, cette guerre semble partie pour durer...

 

Mon ressenti :

L'édition que j'ai lu est celle de 1976.
Une édition plus récente de 2015 est disponible chez J'ai lu Nouveaux millénaires. Elle a bénéficié d'une nouvelle traduction et se base sur la version originale du roman qui avait été en parti réécrit du fait de l'éditeur américain lors de sa parution initiale.
A ce jour, il n'existe toujours pas de version électronique de disponible. Allez comprendre !

Lorsque j'ai chroniqué Le vieil homme et la guerre de Scalzi, certaines personnes disaient que ce n'était qu'un sous-la guerre éternelle. Ayant pris mon pied à sa lecture, je pensais stupidement que le livre d'Haldeman allait m'emmener direct au septième ciel. Dans le ciel, voir un peu plus haut, j'y suis allé, par contre j'attends toujours mon orgasme. Mais va savoir avec cette saloperie de temps relatif !

Considéré par certains comme un roman antimilitariste, il est plus à mon sens un pamphlet sur l'absurdité de la guerre, ses traumatismes et du rôle du politique. John Haldeman y dénonce l'utilisation des troufions comme chair à canon. Tout est bon pour que ces derniers ne se rebiffent pas : conditionnement psychologique, droit à une sexualité établie, usage de la technologie pour tuer sans voir...
L'auteur nous montre aussi que la guerre, c'est rarement combattre, c'est surtout s'entrainer et patienter. Et lorsque le combat arrive, la mort est souveraine.
Le roman se découpe en quatre parties qui suivent la montée hiérarchique de William Mandella permettant de comprendre le fonctionnement des différents corps.

Cette guerre se situant dans l'espace, à des années lumière, les temps s'écoulent  différemment sur les lieux de combat et le mère patrie. Le peu qui revienne sur terre sont en déphasage totale avec la société. qui ressemble à des monades urbaines à la sauce eugénique et sécuritaire. Une seule solution, re-signer pour un tour à travers les galaxies.

L'écriture est assez moderne pour un roman publié il y a quarante ans. Le style m'a un peu plus dérangé : écrit comme un rapport, il s'en dégage une certaine froideur. Difficile dès lors de s'attacher au personnage de William Mandella. Le seul quasiment à être un peu caractérisé, les autres n'étant que de simples figurants. Seuls les derniers chapitres ont relevé m'ont intérêt.

Pour moi qui suis un antimilitariste primaire et pour qui un militaire en moins, c'est une minute de soleil en plus, je n'y ai pas trouvé la remise en question que j'attendais.
Mais bon, je n'oublie pas que ce roman a été publié en 1976 et que si un militaire se questionne sur la stupidité de la guerre, tout n'est pas perdu.
En bref, et au risque d'en faire bondir plus d'un(e), j'ai préféré Le vieil homme et la guerre. 


C'est toujours une joie de regarder les "jolies" couvertures concoctées par les éditeurs au fil du temps.

1985 1996 2015 2016


Quelques citations :


On nous avait conditionnés à tuer tout ce qui bougerait une fois que le sergent-chef aurait déclenché la suggestion par quelques mots clés. Quand le mot a été levé et qu’ils sont revenus à eux, certains n’ont pu supporter le souvenir d’avoir commis cette boucherie.

— Cela fait partie du Système universel de Sécurité médicale. Tout le monde reçoit, pour son soixante-dixième anniversaire, une classification. Elle est automatiquement fournie par Genève.
— Et cette classification s’effectué comment ? Qu’est-ce qu’elle signifie ?
Mais l’affreuse vérité crevait les yeux.
— Comment vous dire… elle précise le degré d’importance de la personne et les traitements qui lui sont permis. Pour la classe trois, ce sont les mêmes que pour tout le monde ; la classe deux a droit aux mêmes soins, moins certaines médications destinées à prolonger la durée de la vie…
— Et la classe zéro n’a droit à aucun soin ?
— C’est cela même, monsieur Mandella.
Et, dans son sourire, il n’y avait pas la moindre lueur de pitié ou de compréhension.

Foster était très bien. C’était une grande folle, mais il avait une tolérance bienveillante pour l’hétérosexualité.


4 commentaires:

  1. LOL!
    La Guerre éternelle! C'est un roman que j'avais beaucoup aimé. Je partage entièrement ton avis quant à la dénonciation de la guerre plutôt qu'un pamphlet anti-militariste. D'ailleurs, la guerre est un constat d'échec de tout un monde "politique", Von Clauzewitz déclarait que "la guerre n'est rien d'autre que la continuation de la politique par d'autres moyens". Je crois qu'au-delà des militaires se sont les factions pro-conflits qu'il faut haïr, et les politiques qui mènent à cet échec.
    Pour moi, c'est tout cela "La Guerre Eternelle".

    Tu m'as quand même beaucoup fait rire avec ta citation sur les militaires, et je puis t'assurer que la plupart des militaires sont très conscients de la stupidité des conflits!

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  2. Je me doutais que certaines phrases allaient te faire réagir…

    "La guerre n'est rien d'autre que la continuation de la politique par d'autres moyens"
    On ne peut dire mieux.

    Ayant côtoyé quelques militaires, je sais qu’ils sont pour certains « conscients de la stupidité des conflits », mais aucun n’a su me dire pourquoi ils s’engageaient pour participer à cette mascarade ? A moins que ce soit moi qui n’ai pas su écouter, ce qui est possible. Je peux être aussi borné qu’un militaire !

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  3. Lol, à croire que tu souhaitais me voir réagir.

    Oui, pas mal comme analyse de la part de Von Clauzewitz, c'est dans son traité "De la Guerre". Etude obligatoire à St Cyr.

    Je ne sais pas qui, quelle Armée, quel grade tu as côtoyé. Mais la réponse au pourquoi est partagée par un très grand nombre. Il y a à la fois les raisons d'ordre moral : défendre la Nation, notre pays (il faut voir comment les bureaux de recrutement ont été engorgé après le 13 novembre), l'envie de servir une cause plus importante, des raisons plus "romanesques" comme explorer le monde, voyager, vivre des expériences uniques et pour les valeurs véhiculées qui sont l'abnégation, la camaraderie, l'honneur, l'entre-aide - et parfois des raisons purement matérielles (ascenseur social, faire carrière). Généralement, c'est tout cela à la fois, pour moi ce fut le cas.
    Et, je ne connais pas tant de militaires bornés, cela était vrai, il y a quelques années, mais avec les nouvelles générations, c'est devenu assez cliché. Même si les anciens étaient assez pénibles et très rigides. ;-)

    Les armées ne sont qu'un outil.

    Pour en revenir au livre, ce sont l'ensemble de ces nuances que j'ai apprécié, les idées véhiculées sur l'absurdité de la guerre où finalement Mandella, ses supérieurs et tous ses camarades ne sont que des outils mais également des victimes d'un manque de discernement.

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  4. Disons que je voulais provoquer un peu les militaires, mais sans méchanceté.
    Les gens qui signent devraient réfléchir à cette notion d'engagement, car au-delà des raisons personnelles, les enjeux sont réels. Mais cela vaut aussi pour d'autres boulots. Cela éviterait bien des déconvenues.

    Au niveau du plaisir de lecture, le livre m'a un peu déçu. Par contre, il est vrai que les idées développées permettent questionnement et débat.
    C'est aussi ça un bon roman.

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