La longue Mars

Terry Pratchett, Stephen Baxter, L'atalante, 2015, 416 p., 10€ sans DRM 

 

La longue terre III. Après un premier tome divertissant, le second m'avait laissé de marbre. Ce tome renoue avec le divertissement spectaculaire, l'exploration de Mars, et la réflexion. De la très bonne SF populaire.


Présentation de l'éditeur :

 

La Primeterre est dévastée. L’éruption du Yellowstone a noyé les États-Unis sous la cendre et rendu inhabitable une grande partie de la planète. Des flots de réfugiés se massent dans les Terres parallèles adjacentes, bientôt surpeuplées. Il faut s’adapter pour survivre.
Dans ce contexte post-apocalyptique, l’énigmatique Lobsang décèle l’émergence dans l’humanité de jeunes surdoués à l’intelligence incomparable. Est-ce une chance ou une menace ? Il invite Josué Valienté, lui-même marginal dans son enfance, à enquêter auprès de la jeunesse atypique de Belle-Escale. Une jeunesse à laquelle Maggie Kauffman, commandant du dirigeable Armstrong II, aura affaire dans les circonstances les plus calamiteuses…
De son côté, Sally Linsay reçoit un message de son père, avec qui elle n’a plus de contact depuis le Jour du Passage. Le génial inventeur nourrit le projet de se rendre sur Mars afin d’en explorer les profondeurs parallèles, convaincu d’y faire une fabuleuse découverte. Laquelle ? Et surtout à quel prix ? 

Mon ressenti :

 

Nous retrouvons les personnages croisés dans les tomes précédents, juste après l'éruption d'un volcan sur les terres étasuniennes de la Prime Terre : Le commandant de twain Maggie Kauffman, défenseuse acharnée des droits des trolls, fidèlement accompagnée de son chat androïde; Josué à la recherche d'une sorte d’Homo superior, et de Sally Linsay, l'aventurière intrépide. Trois fils narratifs qui pourraient se résumé par Est-ce ainsi que les hommes vivent ?



Sous des attraits divertissants et quelques notes d'humour, nos quatre mains nous démontrent que littérature populaire n'est pas synonymes que de légereté, mais aussi de réflexions. Et quand divertissement et réflexion sont en osmose, le lecteur en redemande.
Côté divertissement et spectacle, c'est le personnage de Sally Linsay qui s'y colle. L'occasion de faire un petit tour dans l'espace et d'en découvrir un peu plus sur les mondes parallèles de Mars. Ici pas d’anthropomorphisme, les différentes Mars ont une faune et flore en cohérence avec l’habitabilité présumé de sa biosphère. Un petit côté rétro, légèrement suranné baigne ce récit avec des clins d'oeil à d'autres œuvres.


Les deux autres fils narratifs, nous envoient dans un voyage lointain à travers la longue terre, ainsi qu'à la recherche du chainon suivant de l'humanité. Ici les récits s'entrecroisent et se rejoignent. Les deux auteurs nous plongent dans une une réflexion sur l’homme, son intelligence et son évolution. Et nous emportent dans des contrées qui font froids dans le dos et renvoient à notre histoire. Il y sera question d'une célèbre controverse, de race supérieure, d'impérialisme, de colonialisme et de bien autres choses encore. Les plus savants gouteront aux références, les incultes se cultiveront, le tout sans lourdeur et toujours avec une pointe de légèreté.



Le titre du roman est légèrement trompeur, la longue Mars n'occupant que le tiers du récit. J'avais surtout peur de la répétition en ouvrant le bouquin : on refait la même chose que le premier tome sur Mars et c'est plié. Tel n'est pas le cas ici. J'y ai trouvé quelques petites longueurs par ci par là, mais rien de rédhibitoire. Pour ma part, c'est le meilleur roman du cycle, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu pour apprécier ce texte.



Quelques citations :


« Surtout, commandant, n’oubliez pas l’essentiel, commença-t-il en sirotant un doigt d’Auld Lang Syne, son single malt préféré : nous pensions bien faire.
- “Nous pensions bien faire.” Mon Dieu… je me demande combien d’horreurs cette phrase aura servi à justifier…

Hum… Lesquels chicanent sur des détails insignifiants tels que les droits constitutionnels de ces enfants, j’imagine. Des citoyens américains raflés et emprisonnés sans un semblant de procès. Il y a aussi quelques étrangers dans le tas, je suppose ? »
Elle haussa un sourcil. « J’aurai grand plaisir à discuter de ces questions avec vous, Nelson, mais je vous soupçonne de tirer des conclusions hâtives. Nous ne pouvions pas rester les bras croisés. N’oubliez pas que je suis officier de marine. La raison d’être de ce complexe est d’assurer la sécurité nationale.
- Ils ne me donnent pas l’impression de la menacer terriblement.
- C’est entre autres ce que nous cherchons justement à établir. Ils ne posent dans l’ensemble aucun problème de discipline ni de comportement. La plupart se sont d’ailleurs très vite adaptés à leurs conditions d’incarcération. En effet, beaucoup ont déjà fait l’expérience de foyers, de familles d’accueil et même d’établissements pénitentiaires pour mineurs ou pour adultes. Aux mains de l’assistance depuis longtemps, ils sont habitués à vivre enfermés. Cela en dit long sur la capacité de notre société à les prendre en charge, n’est-ce pas ? De toute façon, s’ils font des leurs, ils quittent immédiatement ce secteur du complexe.
- Pour aller où ? Dans un quartier disciplinaire ? Dans un site de thérapie spéciale. »

Au début du voyage, le spectacle se révéla fantastique. Vue du dehors, la Lune de brique était un assemblage globuleux entouré de lumières scintillantes et d’activité bouillonnante. Quand le réacteur à fusion de Galilée démarra, il regarda cet immense complexe trépidant s’éloigner comme si on l’avait lâché au fond d’un puits. C’était spectaculaire, oui, mais l’un des plus grands regrets de Frank serait toujours, contrairement aux astronautes de l’époque héroïque de la NASA, de n’avoir jamais vu la Terre de l’espace. Toute l’astuce était là, bien sûr. Dans la Brèche, on n’avait plus besoin de s’arracher à la gravité terrestre pour atteindre le cosmos puisqu’il n’y avait justement pas de Terre. Revers de la médaille, le départ manquait un peu de cachet.

Imaginez, disait-il. L’humanité a marché sur la Lune. N’allez pas me dire que ce n’était pas remarquable. Après tout, quelle autre espèce a réussi à quitter la planète ? Et pourtant qu’a fait Homo sapiens ? Il est revenu sur Terre ! Avec quelques boîtes de cailloux et la conviction faraude d’avoir maîtrisé l’Univers…

« Voyez-vous, commandant, je m’inquiète pour le moral des troupes. On dira ce qu’on voudra sur le capitaine Cutler, mais il est des gens, à bord de ce bâtiment et du Cernan, qui étaient là, il y a cinq ans, quand il a pété un câble à Walhalla. Il a demandé la permission d’ouvrir le feu sur une foule de civils ! Vous vous rappelez ? »
Elle s’en souvenait, bien entendu. « C’était l’expression d’un sens du devoir patriotique un peu trop exacerbé, c’est vrai. »

4 commentaires:

  1. Une série qui ne m'attire pas du tout... et je trouve très courageux de se faire un tome 3 quand le tome 2 te laisse de marbre !

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    1. L'idée de la longue terre m'avait plu. A force de lire les critiques positives sur La longue Mars...
      Et puis j'avais envie d'une petite friandise avant mon long voyage vers Mars que tu m'avais conseillé.

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  2. Je ne suis pas tentée par cette série. Sans doute en raison du tome 2 quui t'a laissée de marbre, mais aussi parce que je ne suis pas plus intéressée que cela par Pratchett en sf.

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    1. Je pense que ce tome 3 pourrait te plaire par certains côtés. Et il n'est pas absolument nécessaire d'avoir lu les autres tomes.

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