DRM free
Jim Dodge
Roman
Service de presse
Super 8
Stone junction : une grande oeuvrette alchimique
Jim Dodge, Super 8 éditions, 2017 (parution originale 1990), 720 p., 16€ epub sans DRM
Quand le dernier capitaliste aura été étranglé
Avec les tripes du dernier bureaucrate,
Des cerisiers fleuriront dans nos esprits.
C'est quoi la vie ? Jim Dodge vous donne sa réponse. Distrayant, plaisant et profondément humain.
Présentation de l'éditeur :
La magie, c'est la vie !
Depuis sa naissance, Daniel Pearse jouit de la protection et des services de l'AMO (Association des magiciens et outlaws), géniale et libertaire société secrète. Sous le parrainage du Grand Volta, ancien magicien aujourd'hui à la tête de l'organisation, le désormais jeune homme va être initié à mille savoir hors normes, de la méditation à la pêche à la mouche, du poker à l'art de la métamorphose, en passant par le crochetage express et l'invisibilité pure et simple. Mais dans quel but ? Celui de l'aider à retrouver (et à faire payer) l'assassin de sa mère... ou celui de dérober un mystérieux - et monstrueux - diamant détenu par le gouvernement, rien moins, peut-être, que la légendaire pierre philosophale ?
À ces deux missions inextricablement liées s'ajoute en creux, la quête primordiale de Daniel : celle qui lui permettra de découvrir qui il est vraiment. Et peu importent les moyens qu'il lui faudra employer pour l'accomplir.
Depuis sa naissance, Daniel Pearse jouit de la protection et des services de l'AMO (Association des magiciens et outlaws), géniale et libertaire société secrète. Sous le parrainage du Grand Volta, ancien magicien aujourd'hui à la tête de l'organisation, le désormais jeune homme va être initié à mille savoir hors normes, de la méditation à la pêche à la mouche, du poker à l'art de la métamorphose, en passant par le crochetage express et l'invisibilité pure et simple. Mais dans quel but ? Celui de l'aider à retrouver (et à faire payer) l'assassin de sa mère... ou celui de dérober un mystérieux - et monstrueux - diamant détenu par le gouvernement, rien moins, peut-être, que la légendaire pierre philosophale ?
À ces deux missions inextricablement liées s'ajoute en creux, la quête primordiale de Daniel : celle qui lui permettra de découvrir qui il est vraiment. Et peu importent les moyens qu'il lui faudra employer pour l'accomplir.
Mon ressenti :
Daniel Pearse a reçu une éducation libertaire, que ce soit par sa mère ou ses différents précepteurs : pas d'école mais un travail dans une
imprimerie de faux papiers; découverte de la nature avec un Will Bill
dont la seule pédagogie se limite à une question par jour, et réponses ésotériques; un autre précepteur qui adore deux choses antagonistes : les armes et les drogues; un crocheteur de serrure s'exprimant essentiellement par des citations; ... Une pédagogie pour le moins étrange, mais "qui pourra dire quelle est la leçon, tant qu’elle ne sera pas apprise ?"
Tous ces différents hurluberlus ont en commun une organisation : l'AMO, dont le sens de l'acronyme s'est perdu ou reflète les aspirations des uns des autres. Une chose est sûre :
Indépendamment des dérives concernant son nom, l’AMO est une société secrète – enfin, davantage de l’ordre du secret de polichinelle, en fait. En gros, l’AMO est une alliance historique de criminels, d’inadaptés, d’anarchistes, de chamans, de mystiques de la terre, de romanichels, de magiciens, de scientifiques fêlés, de rêveurs et autres individus sociologiquement marginaux.
Stone Junction, c'est l'histoire de Daniel, bercé par la contre culture américaine. Au vue de la fameuse brochette de personnages, on aurait pu croire à un récit où la surenchère était la seule raison d'être, le fameux Sex, Drugs, And Rock 'n Roll mais il n'en est rien. Jim Dodge parvient à garder un équilibre juste entre délire et raison, contre-culture, alchimie et ésotérisme. Une approche à la lisière de différents genres : quête initiatique, roman noir et fantastique.
L'auteur ne se prend pas au sérieux, son texte est truffé de pointes d'humour, parfois de loufoquerie. Son but n'est pas tant un discours thétorique sur la contre culture, mais de nous conter une quête identitaire dans un monde où la vitesse fait que l'on oublie qui l'on est. Cependant, pas de c'était mieux avant (sans toute cette paperasse, cette surveillance généralisée, cette éducation imposée), juste une vision d'un mode de vie alternatif, où le mot valeur a encore du sens, où la magie est réaliste.
Malgré ses 700 pages, le style de l'auteur nous fait tourner les pages à vitesse grand V, j'ai pris beaucoup de plaisirs à rencontrer les différents protagonistes, tous bien brossés et originaux dont la pédagogie et les modes de vie remplissent les deux tiers du livre. Le dernier tiers, que j'ai moins apprécié, est un peu plus ésotérique, mais reste compréhensible, et clos ce récit de vie de manière assez pessimiste (réaliste ?)
Au
delà du prix de mon point de vue trop cher malgré le
nombre de pages, je m'interroge sur le fait de rééditer ce livre en
grand format, il est facile de le trouver d'occasion pour pas cher. D'autant que la traduction est la même.
Cela m'a tout de même permis de découvrir ce texte dans une version électronique, version qui ne comprenait pas la préface de Thomas Pinchon ! Suite à mon questionnement auprès de l'éditeur voici sa réponse "Les droits de la préface ne sont pas cédés pour les versions numériques." Je pense qu'il aurait été judicieux de modifier la couverture en conséquence et de l'indiquer clairement dans la présentation du livre. Un procédé que je goûte très peu !
Livre chroniqué dans le cadre d'un service de presse.
Quelques citations :
Hors-la-loi, rectifia Smiling Jack. Pas des criminels : des hors-la-loi. Mon ami Volta dit qu’il y a une différence de taille. Les hors-la-loi ne font le mal que lorsqu’ils estiment agir pour le bien ; alors que les criminels, eux, ne se sentent bien que lorsqu’ils font le mal.
La connaissance et les technologies émergent toujours avant notre capacité à en saisir les conséquences. Accélérateurs linéaires, réacteurs à neutrons – que font-ils si ce n’est tout accélérer au-delà de l’entendement, tout en accumulant des matériaux mortellement dangereux, de toutes sortes et dans des quantités dépassant largement les critères de la nature ? C’est la folie de la cupidité et du pouvoir, comme l’accumulation d’or, et tant de pouvoir entre les mains de si peu de gens pourrit le cœur. Il faut que nous mettions le holà et réfléchissions sérieusement aux conséquences découlant de la possession de tant d’énergie, et à ce que signifierait un tel déferlement. J’ai dit que la rançon serait le démantèlement de toutes les infrastructures nucléaires, mais en fait ce n’est pas ça. La rançon, c’est le temps. Le temps de considérer les choses, d’évaluer, de juger. Le temps est le cœur de la tragédie.
Un échec est habituellement imputable à deux facteurs : la conception ou l’exécution. M’est avis que les deux te font défaut.
– Vous prenez beaucoup de drogues ?
Mott vida sa tasse, s’essuya la moustache sur sa manche en peau de daim et répondit :
– Ouaip. Toi ?
– J’en ai goûté un peu à Berkeley
– T’as pris quoi ? T’as laissé tomber ?
– Pas vraiment. Les choses ont changé, c’est tout.
– Tu vois, commença lentement Mott, c’est exactementpour ça que j’en prends. Les drogues changent jamais, alors que toi oui, donc comme ça tu as toujours un repère pour prendre la mesure des changements – un peu comme le rocher dans la rivière qui t’indique le niveau de l’eau.
– Je ne suis pas certain de bien saisir, dit Daniel en avalant une gorgée de la boisson à la texture résineuse.
– Tu peux voir ça sous cet angle, Dan, expliqua patiemment Mott : comment peux-tu savoir que tu changes si tu as pas un référent qui, lui, ne change pas ?
– Supposons que tout change en même temps ? objecta Daniel.
– Alors, tu aurais besoin des dopes juste pour suivre le mouvement.
– Ou de quelque chose, dit Daniel, qui avait du mal à suivre la discussion.
– En plus, conclut Mott, j’aime quand les couleurs se mélangent.
Ce n’est pas parce que tout est différent que quoi que ce soit a changé.
Ce que je n’arrive pas à décider, c’est si tu devrais te mettre à genoux et remercier ton patron qui t’oblige à faire le fou, ou bien entortiller ces oreilles de lièvre et lui dire de se les fourrer dans le cul. Quitte à faire le fou, autant apprécier. Si tu trouves ça humiliant, démissionne. Les patrons de ce monde ne peuvent rien te faire que tu ne puisses les empêcher de faire. Nous nous méritons tous nous-mêmes.
Ah! oui, le coup de la préface est un peu cavalier tout de même. Surtout que le prix du livre numérique reste assez élevé.
RépondreSupprimerJ'avoue que pour l'instant, je reste assez partagée, je ne connais pas du tout le roman, mais j'ai bien envie d'en connaître davanatge!
Oui, les editeurs m'etonnent de plus en plus. Après vérification , on trouve la version précédente avec la preface sur les sites pirates... De quoi vous pousser au vice.
RépondreSupprimerComme tu lis parfois des autres genres que la SFF, il pourrait te plaire.