Bifrost n.90. Dossier Edmond Hamilton : le roi des étoiles


Bifrost, Le Bélial, 2018, 192 p., 6€ epub sans DRM

 


Le « sense of wonder » est quelque chose qui se ressent et qui vous transporte à l’intérieur. Comme tel, il se situe très au-delà de la compréhension des critiques qui appréhendent la science-fiction uniquement de manière intellectuelle…
Francis Valéry

 


A conseiller aux fans de pulps, car plus qu'un dossier sur Edmond Hamilton, ce bifrost (notons au passage que le correcteur orthographique de blogger propose Rosbif pour Bifrost !) va vous offrir un vrai tour d'horizon sur l'histoire de la SF américaine de 1930 à 1960, à travers ses pulps, ses comics et les auteurs de l'époque.


Interstyles

Le Berceau de la création de Edmond Hamilton
La maison du Capitaine Futur (plus connu sous nos latitudes sous le sobriquet de Capitaine Flam) et sa bande est cambriolée durant leur absence. Plus que de savoir qui est le voleur, il s'agira d'apprendre ce qu'il est venu volé.
Il s'agit de l’ultime aventure du capitaine Futur. Mourra t-il dans d'affreuses souffrances ? Convolera t-il avec Joan Randall ? Grag finira t-il à la ferraille et Simon Wright dans un cabinet de curiosité ? Otho adoptera t-il une ultime forme ?
Un ton assez mélancolique pour cette nouvelle qui, au final, ne m'a pas transporté.

Les Torches de Michael Rheyss
La dernière "lettre" de papi à son petit fils, ou comment revisiter l'histoire de la SF. Michael Rheyss signe ici une nouvelle complotiste de manière virtuose. Le grand secret des auteurs de SF nous est enfin dévoilé. Brillant, référencé, et bien à propos du dossier.
Si j'ai bien compris la présentation cryptique du texte, Michael Rheyss est un pseudo d'Ugo Bellagamba, auteur de SF et professeur de droit.
Comment c'est là-haut ? de Edmond Hamilton
De la SF crépusculaire, rien que ça. Les nouvelles ne sont pas ma tasse de thé, mais celle-ci m'a cloué sur mon canapé.
Un astronaute fait le tour des popottes à son retour sur Terre avant de rentrer sagement chez lui.
Pour tout ceux qui ont des étoiles dans les yeux face aux navigateurs de l'infini, la désillusion va vous happer. Une finesse dans le traitement psychologique des personnages couplée au mur de la réalité économique, médiatique et politique.
Plus rien ne sera comme avant.

Quand on prit Market Street, j’aperçus une énorme banderole en travers de la rue : Harmonville souhaite la bienvenue à son astronaute.
L’astronaute, c’était moi. Les journaux nous appelaient ainsi. Ça convenait pour les gros titres. Tout le monde leur avait emboîté le pas. On avait voyagé entassés dans une cellule de prison volante, voilà tout – et on était des « astronautes », à présent.

Ballades sur l’arc

Suit le fameux Cahier critique sur l'actualité du genre SF. Afin de pouvoir prévoir ses futurs achats. Indispensable pour ne pas jeter de l'argent par les fenêtres. Le nombre de pages de la revue n'étant pas illimité, quelques critiques en ligne ici
J'y ai noté C’est le cœur qui lâche en dernier de Margaret Atwood, peut être Le cinquième principe de Vittorio Catani
Le focus collection Les Orpailleurs me donnent bien envie, mais pas d'édition électronique et un prix abusif pour des textes tombés dans le domaine public. Après quelques recherches, L’Énigme de Givreuse, de J.-H. Rosny aîné est dispo en audio ici  et la nouvelle qui l'accompagne est présente sur le site, excellent, consacré à l'auteur;
Un chalet dans les airs, d’Albert Robida est présent sur Gallica gratuitement !
Tandis que La Grande Panne, de Théo Varlet est en téléchargement audio ici et en epub ici.

Déjà lu et chroniqué par mes soins : Celui qui dénombrait les hommes que je vous conseille aussi, Artémis, dont je suis beaucoup plus réservé, L’or du diable d'Andreas Eschbach, Nouvelles de la mère patrie de Dmitry Glukhovsky, ainsi que Maja Lunde est son Histoire des abeilles.

Le coin des revues (et fanzines), par Thomas Day qui a aimé deux numéros de revues (sur 8). Un exploit au final salué par une petite passe d'armes entre gentilshommes.

Paroles... d'illustrateur : Rêve d’androïde : Melchior Ascaride.

Mes couvertures, c’est un peu comme des Lego : plein de pièces disparates que j’assemble, démembre et reconstruis autrement

Si vous aimez les couvertures des Moutons électriques, vous connaissez le lascar. L'interview revient sur sa manière de travailler, ses envies, ses craintes. Bref, encore un article de "Paroles de" qui éclaire les coulisses de nos livres.


Au travers du prisme : Edmond Hamilton : le roi des étoiles


Je ne suis pas de ceux qui aiment le space opera, je n'ai pas baigné dans les pulps, mais j'ai prix mon pied à la lecture de ce numéro, notant même quelques textes d'Hamilton qui pourraient me plaire : Ville sous globe, Requiem.
Un dossier critique dans le bon sens du terme, ne faisant pas l'impasse sur les défauts des textes de l'auteur, mais éclairant les différentes facettes d'une oeuvre prolixe et quantitative, à défaut d'être pleinement qualitative.
Histoires d'hommes, par Francis Valéry ouvre le dossier. Bien qu'un peu trop énumératif, mais pouvait-il en être différemment : 200 nouvelles, 50 romans, des scénarios de BD à foison. Cet article est intéressant pour tous ceux pour qui voudrait découvrir la SF américaine des années 1930-60. Les pulps n'auront plus de secrets pour vous, vous ferez des liens avec les grands auteurs de l'époque.

Cinquante ans d'émerveillement, par Leigh Brackett
Il s'agit de la traduction d'une préface à un recueil de nouvelles écrit pas Leigh Brackett, Mme Hamilton pour les intimes. Un peu redondant avec le premier article, et le ton est trop hagiographique à mon goût.
Ainsi voulions-nous vous proposer la traduction de son exceptionnel article autobiographique, « Fifty Years of Heroes : a Career Retrospective », auquel Laurent Queyssi fait plus loin abondamment référence. Hélas, faute de place, il nous fallut abandonner cette idée.

Dommage, je pense que cela aurait été plus instructif. Conseil tardif : il aurait fallu épargner la lecture des revues à Thomas Day, cela aurait été bon pour sa santé mentale et ses yeux et cela aurait fait gagner quelques pages pour glisser, peut-être cet interview...

Capitaine Futur : ad astra ! par Philippe Boulier
Du fond de la nuit, Philippe Boulier a parcouru cent mille millions d'années pour nous parler de celui qui n'est pas de notre galaxie. Impossible pour les 40-50 ans de ne pas avoir la musique d'un certain générique en lisant cet article instructif pour le profane.



Le sense of wonder avec une cape : Edmond Hamilton, scénariste de bande dessinée, par Laurent Queyssi
Hamilton n'a pas écrit que des conneries, il en a dessiné aussi !

Une paraphrase de Desproges, sans animosité contre l'auteur pour introduire cet article qui revient sur un Hamilton scénariste de comics. On ne connait pas l'étendu du travail de l'auteur dans ce genre car les scénaristes étaient peu crédité à l'époque. A son actif, quelques épisodes de grands noms comme celui d'une chauve souris ou d'un sieur qui a peur de la Kryptonite. Rien que ça.

Le dossier se termine par un guide de lecture et une bibliographie impressionnante, mais dont les amateurs devront essentiellement se tourner vers l'occase ou la lecture en VO.

Lorsque j'ai vu un dossier Hamilton, je me suis fait deux remarques : C'est qui Hamilton ? Et encore un numéro publicitaire ! L'avant dernier Bifrost était consacré à Nancy Kress dont Le Bélial venait de sortir un recueil, et maintenant un dossier Capitaine Flam dont le même éditeur publie les aventures... Ce numéro est tout de même beaucoup plus probant et complet : les nouvelles font écho au dossier, dossier que je vous conseille de lire avant d'attaquer les nouvelles.
A la question C'est qui Hamilton, je ne peux y répondre, les articles s'attardant sur l'oeuvre plutôt que sur l'homme, ce qui pourrait frustrer, mais qui ne m'a pour ma part pas dérangé.


Scientifiction


The Thing, la chose d'un autre monde, par J.-Sébastien Steyer, Roland Lehoucq & François Moutou
Ces trois là nous expliquent pourquoi La chose nous fait peur et revient sur la véracité scientifique de quelques scènes. Pour ceux qui ont le porte monnaie troué, je vous renvoie vers mon billet sur La chose, billet beaucoup moins instructif et intéressant que celui des trois compères, mais gratuit !



Bifrost, la première revue novlangue dans sa version numérique. Des tirets en veux tu en voilà, des mots accouplés à d'autres, un chapitrage et découpage étonnant. Il faudra envoyer en SP l'epub du prochain numéro à Thomas Day pour son Coin des revues, ça va dépoter.
Une nouvelle version est parue depuis, espérons qu'elle corrige les nombreux bugs.
Je crois avoir lu sur le forum du Bélial qu'il reprenait la fabrication numérique de la revue pour éviter entre autres ces erreurs, le bilan est loin d'être positif, j'ai même l'impression d'une aggravation du problème. Il serait temps de s'atteler à bras le corps à la version numérique, la version papier étant exempt en majorité de ces défauts.


Lorkhan a un ressenti assez similaire sur ce numéro, et y voit même un grand cru
Si Albedo doit vous conseiller une chose, c'est de secouer ce numéro pulpé !


 

4 commentaires:

  1. En effet, nos ressentis sont très similaires, sur la nouvelle de Michael Rheyss, idéalement placée dans ce numéro, sur "Comment C'est là haut ?" magnifique et terrible à la fois et qui montre qu'on peut écrire du pulp et être un grand écrivain, sur le dossier Hamilton de manière générale, l'exemple même de ce que doit être un dossier complet consacré à un écrivain, sur la légère redite entre l'article de Valéry et la préface de Brackett, etc...

    Un excellent numéro, peut-être le meilleur Bifrost que j'ai lu (mais j'avoue ne pas en avoir lus beaucoup...).

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    1. Je ne peux que plussoyer à ton commentaire.
      Un très bon cru, l'équipe du Bélial a fait du bon boulot. Et peut être dans un prochain livre, en annexes, l'interview du sieur...

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  2. LOL! tu m'as fait bien rire une fois encore.
    je crois que pour les revues, c'est devenu un jeu. Nous nous attendons tous à un dézingage en règle et puis basta! Perso, je n'en tiens pas compte et me fait ma propre opinion quand je les lis.

    Je vois que toi aussi tu as été touché par Comment s'est là-haut? Une ptrés "belle" nouvelle.
    Le numéro m'a suprise car, il y en a quelques uns qui sont plutôt bof quand on s'attaque à un auteur d'un autre temps. je pense à Jean Ray, dont le numéro ne m'avait pas franchement transporté...Bonne pioche ici.

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    1. Il n'y a qu'une revue qui vaille pour Thomas Day, deviner laquelle ?

      Une très bonne pioche ce numéro avec le joyau Comment c'est là-haut ? et un dossier bien construit et instructif.

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