Domaine public
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Edwin Abbott Abbott
Roman
Flatland : Fantaisie en plusieurs dimensions
Edwin A. Abbott, 1884, 192 p., Domaine public
Pourquoi un carré est supérieur à une ligne, mais inférieur à un polygone ?
Pourquoi un triangle isocèle est plus respectable qu'un triangle classique mais moins respecté qu'un triangle équilatéral ?
Et pourquoi la ligne est elle une figure inférieure ?
Et si le pape est un cercle, qu'en est-il de la sphère ?
Dans un monde fait de figures géométriques, Edwin A. Abott nous amuse, brocarde les normes sociales, et tente de nous ôter nos œillères.
Pourquoi un triangle isocèle est plus respectable qu'un triangle classique mais moins respecté qu'un triangle équilatéral ?
Et pourquoi la ligne est elle une figure inférieure ?
Et si le pape est un cercle, qu'en est-il de la sphère ?
Dans un monde fait de figures géométriques, Edwin A. Abott nous amuse, brocarde les normes sociales, et tente de nous ôter nos œillères.
Présentation de l'éditeur :
En haut, en bas... Voilà deux expressions qui n'ont pas cours à Flatland. A les employer, on risque de perdre la tête, au propre comme au figuré. Car si les habitants de cet univers qui ne connaît que deux dimensions n'ont pas à craindre que le ciel leur tombe sur la tête, ils détestent les illuminés et les faux prophètes qui prêchent l'évangile de la troisième dimension. Pourtant, le narrateur de cette étrange aventure, un très raisonnable Carré, est certain d'avoir été visité par une Sphère, chose impossible pour ses concitoyens qui ne peuvent y voir qu'un Cercle... Mais ne riez pas de leur aveuglement. Comment réagisse-vous quand on vous parle de la Quatrième dimension ?
Mon ressenti :
Il y a quelques temps, je vous demandez si vous connaissiez un roman où l'homme n'était pas présent. Je n'ai pas croulé sous les références, mais un livre avait l'air de coller à ma demande, proposé par Lune.
Flatland est un monde, un pays, où il n’existe que deux dimensions : longueur et largeur. Les habitants se résument à des traits ou des figures géométriques. Plus vous avez d'angles, plus vous êtes élevé dans la hiérarchie sociale. Les femmes sont donc tout en bas des castes, elles se résument à des lignes. Les membres les plus éminents sont les cercles, les prêtres, en fait des polygones aux multiples côtés.
Leur monde comprend aussi ses déviants, les figures irrégulières : les lignes non droites ou les figures aux côtés non égaux. Ces figures perverses sont soient détruites, soient voués à l'esclavage. Reste aussi la lie de la société, ceux qui prônent l'existence d'une troisième dimension !
La proto SF, ce que j'en ai lu, est souvent une allégorie du présent, permettant une critique du système. Ici la condition féminine, la société de castes, la théocratie, les discriminations et l'ordre établi de cette société victorienne sont vus à à l'aune d'un possible progrès. Même si l'histoire est ancrée dans son époque, bien des éléments font encore réfléchir le lecteur. La condition féminine n'en finit pas de lutter, les discussions sur
l'écriture inclusive, la féminisation des termes n'arrêtent pas de
soulever d'intenses polémiques. La société de castes est de l'histoire
ancienne, mais un fils d'ouvrier a toujours de très grandes chances de
finir comme ses parents. Les politique de lutte contre les
discriminations n'en finissent plus de discriminer....
Ne se suffisant pas à brocarder son époque, Edwin A. Abbott va plus loin
en nous interrogeant sur nos croyances, nos certitudes, nos dogmes. Si
un monde à trois dimensions est possible, qu'en est-il d'une quatrième ? A une époque, la terre était plate, le soleil tournait
autour de la terre. Quelles certitudes d'aujourd'hui nous paraitrons
illusoires dans quelques centaines d'années ? Les scientifiques qui lancent les théories sur les univers multiples font bien rigoler leur collègues. Et l'auteur de nous démontrer par l’absurde l’ouverture d'esprit à d'autres réalités. Bien joué.
Fable philosophique et allégorie, Flatland est aussi une dystopie totalitaire, les individus asservis dans le carcan de la pensée conformiste et des normes sociales. Très original, profondément autre, un livre à lire pour sortir de notre anthropomorphisme, de nos convictions, de nos préjugés. Des thématiques universelles avec un traitement intemporel et cynique.
Un moyen métrage en a été fait en 2007, Flatland : The movie, et il a été aussi adapté par Ladd Ehlinger Jr.en film la même année. Pour plus de détails sur ces adaptations, le blog du Bélial vous a concocté un article qui parle même des suites données au livres http://blog.belial.fr/post/2016/11/17/Flatland-1
Nebal est un con, mais il a trouvé dans ce roman une œuvre extraordinaire, à nulle autre pareille. Comme quoi, on peut être con et apprécié les bonnes choses !
Même ressenti chez Lorhkan, qui vous parlera en outre de la très belle édition de 2012 qu'en a faite Zones Sensibles.
Alys a aussi succombé au charme du roman
Vous pouvez vous procurer ce livre gratuitement en version électronique : http://fr.feedbooks.com/book/1796/flatland
Challenge S4F3 |
Quelques citations :
Les pouvoirs de la Mode sont également de notre côté. J’ai signalé que, dans certains États parmi les moins civilisés, il était interdit aux Femmes de se montrer dans un lieu public sans agiter de droite à gauche leur extrémité postérieure. C’est là, depuis des temps immémoriaux, une pratique universelle chez toutes les Dames ayant les moindres prétentions à la bonne éducation. On tient pour déshonorant qu’un État soit contraint de faire respecter par la Loi ce qui devrait être, et qui est chez toute dame de qualité, un instinct naturel. L’ondulation rythmique et, oserai-je dire, bien modulée qu’impriment à leur partie postérieure nos dames de rang Circulaire est enviée et imitée par l’épouse d’un vulgaire Équilatéral, qui doit borner ses aspirations à une oscillation monotone, semblable à celle d’un pendule ; ce balancement régulier de l’Équilatérale n’est pas moins admiré et copié par l’épouse de l’Isocèle ambitieux et progressiste, race chez qui aucune espèce de « mouvement postérieur » ne compte encore parmi les nécessités de la vie. Donc, dans toutes les familles qui occupent un certain rang dans la société, le « mouvement postérieur » est une institution aussi ancienne que le temps lui-même
Il me vient à l’esprit un autre danger, quoique je ne puisse pas lui trouver aussi facilement un remède ; ce péril a trait, lui aussi, à nos relations avec les Femmes. Il y a environ trois cents ans, un Cercle Suprême décréta que les Femmes, étant dépourvues de Raison mais riches en Émotions, il ne fallait plus les traiter en êtres rationnels ni leur donner une éducation mentale quelconque. Le résultat fut qu’on ne leur apprit plus à lire et qu’on ne leur inculqua même plus assez d’Arithmétique pour leur permettre de compter les angles de leur mari ou de leurs enfants ; et, par voie de conséquence, leurs facultés intellectuelles déclinèrent sensiblement d’une génération à l’autre. Ce système qui refuse l’éducation aux femmes, ou quiétisme, est encore en vigueur.
Je crains que cette politique, en dépit des intentions excellentes qui ont présidé à son choix, n’ait fini par porter préjudice au Sexe Mâle.
Car de ce fait, et dans l’état actuel des choses, nous devons, nous les Mâles, mener une existence bilingue et je dirais presque bimentale. Avec les Femmes, nous parlons d’« amour », de « devoir », de « bien », de « mal », de « clémence », d’« espoir » ou d’autres concepts irrationnels et émotionnels, qui sont totalement dépourvus d’existence et n’ont été inventés que pour contenir l’exubérance féminine ; mais entre nous, et dans nos livres, nous employons un vocabulaire, disons même un idiome entièrement différent. « Amour » devient « prévision de bénéfices » ; devoir, « nécessité » ou « convenance » ; et d’autres termes connaissent des mutations correspondantes. En outre, quand nous nous trouvons en compagnie des Femmes, nous utilisons un langage qui sous-entend la plus extrême déférence vis-à-vis de leur Sexe ; et elles se croient adorées par nous avec autant de dévotion que le Cercle Suprême ; mais derrière leur dos, nous les considérons toutes – les très jeunes enfants exceptés – comme des « organismes dépourvus de raison » et c’est ainsi que nous parlons d’elles.
Donc le pitch est incroyable et en plus le résultat est à la hauteur ? =O
RépondreSupprimerFort tentant. Je vais peut-être devoir faire une exception numérique...
(et notons tout de même que les castes ne sont pas abolies partout)
Il vaut le coup, à mon humble avis.
SupprimerIl y a eu une nouvelle édition papier il y a quelques années, peut être que ta médiathèque l'a en stock ?
Et cette dernière ne prête pas de liseuses ? Car sur tablette, la lecture est fastidieuse, mais sur liseuse, cela passe souvent comme une lettre à la poste.
Malheureusement pas. Mais je le note dans un coin de ma tête, pour le futur. ;)
SupprimerDu coup il va falloir que je me décide à le lire au lieu de faire ma bibliothécaire qui conseille sans avoir lu :p
RépondreSupprimerFaut faire des choix, on ne peut tout lire, sinon tu deviens une lectrice professionnelle !
SupprimerJ'ai envie de le lire depuis longtemps !!! Il faut que je le trouve ;)
RépondreSupprimerIl vaut le coup, mais je pense qu'il va être difficile à trouver en occasion
SupprimerBen je ne demande qu'à l'essayer.
RépondreSupprimerEt cerise sur el gâteau, il est dispo gratuitement. Que du bonheur en somme.
C'est assez marrant car, je me demandais depuis quelques temps si je n'allais pas faire un article pour donner des idées d'oeuvres qui ne comporte pas d'homme (en SFFF, of course). C'est un projet qui mûrit doucement dans ma tête et pour l'année prochaine.
Je suivrai ton futur billet avec attention. La SF interroge souvent l'altérité, mais l'homme y est toujours présent. J'espère que tu trouveras des références autres.
SupprimerÇa fait plusieurs fois que j'entends parler de ce bouquin, et toujours avec de bons retours. C'est décidé, tu viens de le faire remonter dans ma wish-list. Reste deux obstacles : le trouver, et le lire. :D
RépondreSupprimerCool.
SupprimerJe pensais que tu lisais parfois en numérique, plus simple et moins cher dans ce cas précis.
Je crois que la dernière édition était une édition luxe, avec découpe et mise en page, le prix était beau aussi.
Il est dispo chez Librio pour la modique somme de trois euros...
SupprimerMerci pour l'info, je n'avais pas remarqué cette édition
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