Denoël
DRM
John Varley
Lunes d'encre
Roman
Blues pour Irontown
John Varley, 2019, Denoël Lunes d'encre, 272 p., 16€ epub avec DRM
Deux raisons d'acheter Blues pour Irontown :
- la chouette couverture
- le chien.
Présentation de l'éditeur :
Christopher Bach était policier lors de la Grande Panne, ce jour où le Calculateur central, qui contrôle tous les systèmes de survie sur Luna, a connu une défaillance fatale. La vie de Chris a alors irrémédiablement basculé, et il essaie désormais d’être détective privé. Assisté de son chien cybernétiquement augmenté, Sherlock, il tente de résoudre les quelques missions qu’on lui confie en imitant les héros durs à cuire qui peuplent les livres et films noirs qu’il adore.
Lorsqu’une femme entre dans son bureau et prétend avoir été infectée volontairement par une lèpre incurable, Chris est tout disposé à l’aider à retrouver celui qui l’a contaminée. Mais il va vite déchanter en comprenant que son enquête doit le mener là où personne n’a réellement envie d’aller de son plein gré : à Irontown…
Mon ressenti :
Un détective privé féru des années 1930 comme il se doit, une enquête qui apparait simple, la lune et surtout Sherlock. Voilà le point de départ. Tout cela se passe dans l'univers des Huit Mondes, que l'auteur a développé dans plusieurs romans et nouvelles.
Tout cela se lit avec plaisir, l'humour et la légèreté baigne l'ensemble. Mais une fois la dernière page tournée, j'étais bien en peine de savoir de quoi avait voulu parler l'auteur, si tant est qu'il est voulu parlé d'un sujet précis.
L'enquête est assez linéaire, et on a vite compris les tenants et les aboutissants, elle est surtout présente pour amener à l'histoire d'Irontown et du traumatisme du détective.
Reste surtout une sensation de survol. Je pense qu'il m'a manqué pas mal d'éléments pour profiter pleinement de l'univers. N'ayant jamais lu du Varley, j'ai l'impression - renforcé après lectures du pitch des deux tomes précédents - que pleins de références s'y trouvent. Blues pour Irontown peut se lire de manière indépendante, mais un goût de trop peu demeure. (quelques pistes de compréhension dans le fil du livre sur le forum de Planète-SF.
Autre référence qui m'a fait défaut, c'est la lecture de Robert A. Heinlein. On sent l'hommage aux écrits de l'auteur (les habitants de Heinlein-Ville sont des Heinleinistes, un vaisseau s'appelle le Heinlein). Mais je crois que de nombreux clins d'oeil aux textes d'Heinlein parsèment le texte.
Dans l'avant-propos, John Varley précise :
Saviez-vous qu’un bon paquet de directeurs littéraires, et même certains auteurs, emploient désormais des gens qu’on appelle des « détecteurs de points délicats » ? Leur travail consiste à lire votre bouquin et à vous prévenir s’il contient quoi que ce soit qui pourrait choquer quelqu’un, quelque part, à quelque moment que ce soit. Si ces lecteurs repèrent dans un roman un élément susceptible d’offusquer un groupe de lecteurs sensibles, l’auteur peut se voir soumis à une pression considérable pour le réécrire ou le retirer.
C’est comme ces « signaux d’alerte » populaires qui infestent les campus d’université de nos jours. Si quelque chose dans un livre est trop terrifiant pour que les gens l’affrontent — des choses effrayantes comme évoquer l’esclavage ou écrire une scène de viol —, certains étudiants exigent à présent qu’on les mette en garde de façon à éviter un ouvrage qui pourrait les troubler.
On m’a encouragé à effectuer quelques changements pour rendre le manuscrit plus politiquement correct. Je ne dis pas qu’il s’agissait de choses énormes. Ce n’était pas le cas. Mais le livre (ou sa traduction) que vous tenez actuellement entre vos mains est l’édition approuvée par l’auteur de ce roman, avec toutes les modifications retirées. Et, chers lecteurs, je peux vous assurer que si vous trouvez dans un de mes romans quelque chose qui vous dérange ou vous effraie… mon but était bien de vous déranger ou de vous effrayer, bordel !
Au delà de l'aspect aberrant de l'existence de « détecteurs de points délicats », profession dont je ne sais si elle existe en France (mais il existe l'auto-censure, tout aussi efficace), il n'y a rien dans ce roman qui m'a dérangé, ou effrayé. Tout au plus quelques lignes où l'auteur parlent de la peine de mort ou du port d'armes (clin d'eil à Heinlein ?)
Il aborde aussi l'élément le mieux réussi du roman :
Un mot sur les chiens. J’adore les chiens. J’en ai inclus dans plusieurs de mes histoires, y compris les trois volets de la trilogie du métal. [...] Quand je me suis demandé quelle sorte de chien un détective pourrait posséder, il a tout de suite été évident que ce devait être un limier, un saint-hubert.
Au vue du nom de mon blog, je ne pouvais être indifférent à cette mise en avant canin.
Car Sherlock est l'un des deux personnages principaux du roman. Et là, l'imaginaire de l'auteur s'en donne à coeur joie. Déjà, il détourne le fameux concept de l'homme augmenté pour le dévoyer en chien augmenté.Ce sont des chiens CCA : des canidés cybernétiquement améliorés.
En outre, les auteurs adorent nous créer des aliens plus vrais que nature, mais oublie que l'autre est parfois juste à côté de nous. Et ici, nous rentrons réellement dans la tête du chien, sa façon de penser, de voir le monde, sa relation avec son maître. C'est très bien réalisé. Et puis le livre se termine par un épidogue !
Cependant, comme mon reproche principal, c'est trop peu utilisé, et de manière un peu trop linéaire dans l'intrigue.
Autre bon point pour moi, le monde cyberpunk hard-boiled. Je ne suis pas trop fan de ce genre et John Varley n'en rajoute pas inutilement, à mon goût. Nous avons ce côté plus dans l'ambiance. Bref, encore une impression, jamais de détails, mais cette fois, cela m'a plu.
Au final, pleins de bonnes idées, j'ai préféré ne pas développé le monde de Luna pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais qui m'ont laissé sur une certaine frustration, comme Blackwolf qui regrette "remplit parfaitement le rôle de divertissement entre deux lectures plus denses, même si j’avoue j’attendais peut-être plus." Même son de cloche chez Yuyine : "manque d’approfondissement et l’intrigue d’intérêt." Le chien a aussi frappé chez Artemus Dada " Un roman qu'on pourrait ne pas lire, si ce n'était la présence de Sherlock.". Les makis aiment les chiens, mais pas les livres ennuyeux.
Gromovar s'est laissé bercé par "l'histoire d'amour infini, énorme, larger than life" et Just a word y a trouvé un divertissement de qualité qui se dévore en un clin d’œil.
Mariejuliet a passé un moment de lecture agréable, et Lune a apprécié ce divertissement lunaire. Un seul mot d'ordre chez Lorhkan : À lire !Et la palme à Baroona, qui comptabilise au fil des avis et de ses commentaires, les statistiques du j'aime/j'aime pas.
Récapitulatif |
Quelques citations :
La mafia charonaise était composée de légendaires pirates, assassins, bourreaux et, dans l’ensemble, plutôt de sales types. On racontait qu’ils mangeaient leurs enfants, manquaient de respect à leurs mères, mâchonnaient des plaques d’acier et recrachaient des boulons, flanquaient des coups de pied aux petits chiens et ne tiraient pas la chasse d’eau après avoir fait caca.
Bon, d’accord, je prends ça à la blague, sans doute parce qu’une plaisanterie aide à tenir à distance la réalité de ce qu’ils sont. C’est comme siffloter en longeant un cimetière, comme disait une vieille expression.
Une des maximes non écrites des Heinleinistes dit : « Une société armée est une société polie. » C’est de la connerie. Dans dix mille ans, peut-être, quand tous les excités et les tarés se seront exterminés sans élever de progéniture au sein de leur violence antisociale… mais j’en doute. « Une société armée est une société où beaucoup de gens vont se faire flinguer. » Ce n’est pas encore arrivé, mais ça viendra. Ça viendra.
Nous ne nous apercevions pas qu’on nous trompait sur la marchandise, en partie au moins parce que nous étions déjà convaincus. Certes, Luna ne subissait aucune attaque, mais c’était au concept de la loi et de l’ordre que nous jurions allégeance.
Je viens de le commencer ce matin :) La couverture est effectivement très jolie!
RépondreSupprimerLa couverture attire inévitablement l'oeil.
SupprimerJe pense que l'on va vite avoir pas mal de recensions sur ce titre
Ça n'a pas l'air fou, hein ? Bon d'accord, il y a un chien. Mais est-ce vraiment une raison suffisante ?
RépondreSupprimerNon, pas très fou fou. Mais il y a le chien. Et à ce prix là, mieux vaut attendre son arrivée dans les médiathèques, ou la sortie en poche.
SupprimerCet opus me tente bien. Le coté Cyberpunk léger mais pas trop, ou hard mais pas trop d'après ce que tu en dis m'attire également.
SupprimerVref (comme tu dis !) je vais attendre que ma médiathèque le prenne et ce pour les éternelles mêmes raisons.
Vref corrigé. (j'ai eu du mal à comprendre où tu voulais m'emmener).
SupprimerJ'ai cru voir que tu avais lu Le système Valentine, tu pourras me dire si cela apporte une meilleure vision de l'univers de l'auteur
Lu mais pas vraiment de souvenir... ca ne va pas aider ;-)
SupprimerCela va peut être te revenir à la lecture de ce dernier tome
SupprimerSur le forum Planète-SF, il semblerait que la lecture de Gens de la lune apporte quelques clés de compréhension : http://forum.planete-sf.com/viewtopic.php?f=6&t=2101
SupprimerJ'ai choisi une autre option que la médiathèque et le poche : je l'ai pris en VO !
RépondreSupprimerLe prix n'est pas le même lol.
Malgré tout j'aime bien lire des lectures légères pour me détendre quand je suis crevée et que je n'ai pas l’esprit aux trucs plus complexe. Il remplira surement parfaitement son rôle !
Ah oui, 5-6 euros de différence quand même.
SupprimerPour une lecture détente, c'est le livre qu'il faut
J'aime bien Heinlein mais je n'aime pas les références. Match nul, balle au centre (la balle du toutou, évidemment).
RépondreSupprimerÇa reste assez tentant malgré tout mais, déjà que mon côté complétiste stressait à l'idée de commencer par un "tome 3" - même s'il est indépendant -, ça renforce mon idée qu'il vaudrait mieux lire d'abord les deux "tomes précédents"...
Je pense qu'il y a des références, mais peut-être me trompe-je ?
SupprimerIl faut attendre l'avis du maki, il a lu Le système Valentine, il pourra nous aider. Par contre, je ne sais pas si il a lu du Heinlein !
Sinon, tu vas devoir lire Gens de la lune et le système Valentine.
Comme dit plus haut, pas de souvenir du Système Valentine et je n'ai lu Heinlein. Il ne sert à rien le Maki. :-D
SupprimerNous avions tant placé nos espérances en toi.
SupprimerEn pure perte
Oui. Comme je le dis plus bas, Blues pour Irontown est un épilogue mal fichu à l'excellentissime Gens de la Lune.
SupprimerL'éditeur n'a pas voulu communiquer sur le fait que c'était une trilogie afin de ne pas perdre quelques lecteurs... Dommage
SupprimerLes deux premiers tomes ne m'ont pas manqué, mais ce tome 3 m'a donné envie de les découvrir. J'ai prodité du FUN, tout en regrettant une fin un peu déconstruite.
RépondreSupprimerIl faut prendre ce livre comme un pur divertissement. Pour ma part, le pitch me laissait croire à un univers un peu plus développé, d'où ma frustration.
SupprimerHello, je viens de rédiger moi-même une critique pas encore publiée. En tant que fan de Varley et des trois premiers tomes de la série, pour moi Blues pour Irontown est plutôt raté et est un épilogue mal dégrossi au chef d'oeuvre Gens de la Lune.
RépondreSupprimerLisez Gens de la Lune. Ça n'a rien à voir et vous comprendrez beaucoup mieux Blues pour Irontown, qui ne vient que clôturer certains éléments de Gens de la Lune, qui l'étaient par ailleurs bien assez en vérité...
Merci de ton commentaire.
SupprimerTu confirmes mes doutes, sur ce tome indépendant. Je pense suivre tes conseils et lire dans l'avenir ce Gens de la lune.
Hey oui, tu me diras ce que tu en as pensé du coup, je suis curieuse !
RépondreSupprimerJe ne pense pas que ce sera tout de suite, mais pas trop dans l'avenir non plus. Voilà qui est d'une précision folle.
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