Invasions plurielles

Arnauld Pontier, Arkuiris éditions, 2023, 158 p., 3€ epub sans DRM


Les humains doivent-ils redouter les aliens ?
Ou les aliens redouter les humains ?

Pitch de l'éditeur :


Les seize nouvelles de ce recueil de science-fiction d'Arnauld Pontier explorent avec humour et fantaisie les différentes manières dont pourraient se dérouler nos premiers contacts avec des extraterrestres ou des entités d'autres univers.
Arnauld Pontier nous entraîne loin de nos connaissances et repères, dans des espaces où les humains sont, selon les cas, pionniers, spectateurs ou victimes des créatures qui peuplent les mondes des étoiles et au-delà, des créatures qui pourraient bien être intéressées par la conquête de la Terre.


Mon ressenti :

La sortie d'un bouquin d'Arnauld Pontier est toujours une bonne nouvelle pour moi et cerise sur le gâteau, il y en a ici 16. Sous une très belle couverture de Michel Borderie, les textes nous offrent différentes versions d'invasions, et donc de premier contact, la sucrerie indémodable des fans de SF, qu'il faudrait ici compléter par FF.
Je connais deux versants de la plume de l'auteur, l'une plus portée sur l'introspection et la poésie, l'autre plus populaire. C'est cette dernière qui nous intéresse ici. Mais populaire ne veut pas dire inintéressant car sous l'humour, la légèreté ou le pastiche, Arnauld Pontier nous interroge sur notre humanité, nos travers. Sous cette simplicité apparente, le bon mot, le twist, se cache une réflexion souvent assez pessimiste sur le genre humain, nous sommes vraiment une espèce irrécupérable. 

Les différents textes sont pour la plupart déjà paru ici ou ailleurs, mais à moins d'être un fan hardcore du monsieur, pour ma part il me reste beaucoup à découvrir, ce fut des "inédits". (4 inédits et quelques textes revues pour l'occasion)
Inévitable dans ce genre d'exercice, on accroche plus à certains textes qu'à d'autres, j'ai eu parfois l'impression - comme Le syndrôme Quickson - d'une ébauche, d'une esquisse d'idée, une promesse d'un texte plus réfléchi et abouti. J'aurai aimé aussi avoir plus de paratextes, le contexte de chaque nouvelle, le "Ce sont ces réflexions, que j’ai souvent jetées sur des tables de soirs d’apéro, entre potes ou en famille, ou fait tourner en boucle dans mon esprit d’auteur " de l'avant-propos étant un peu lapidaire...

Si j’ai intitulé ce recueil Invasions plurielles, c’est que je ne souhaitais pas me limiter à des belligérants humanoïdes, et que je ne comptais pas me limiter à la SF. « La Bête », « La Mort », par exemple, sont de pures récits de Fantastique, tandis que « Tolérance » relèverait presque de la Fantasy : « un monde imaginaire peuplé d’êtres surnaturels ».

A trois euros le recueil en numérique, ces quelques bémols ne doivent pas t'effrayer, c'est bien ton humanité qu'il faut craindre : Seras tu capable de regarder qui tu es vraiment ?



Un point sur la Lune (2014)
Futur, un point apparaît sur la surface de la lune. En fait une forme humanoïde. Que fait elle là...
Nous sommes dans un monde où l'apparence et notre libido est reine, ce qui peut occasionner quelques problèmes. Court et léger, je ne connaissais pas ce versant de plume d'Arnauld. Un peu déçu de commencer ce recueil de cette manière.


Les plaines d’Ishtar (2016)
Un jour une pluie de bulles a lieu. Des bulles qui éclatent en touchant une surface. Même dans l'espace il pleut des bulles et aussi dans les mers et les océans. Notre narrateur depuis rêvent aux plaines d'Ishtar...
Je ne sais pas si l'auteur est parti de l'expression "ça va en chier des bulles", ce qui me ferait rire, une nouvelle courte et légère, comme une averse.


Bestioles (2018)
Futur proche, les avancées technologiques semblent avoir un effet sur la lumière.
Un texte qu m'a fait penser au début du siècle avec ses romans qui s'interrogent sur les propriétés de la lumière. Ici le ton est résolument moderne, plus hard SF, avec une chute délicieuse. J'aurai même aimé quelques pages supplémentaires.


Planète sauvage 78 (2015)
Un vaisseau stationne sur une planète déserte. Et ne donne plus aucun signe de vie. Un vaisseau militaire est envoyé sur place enquêter.
Parfois, au vue de la chute, il vaudrait mieux ne rien savoir des raisons d'une disparition. Cette nouvelle m'a fait penser à la science d'aujourd'hui qui inspecte les exoplanètes à la recherche de la vie telle qu'on connait la chimie organique (comment faire autrement ?) comment déceler ce que l'on ne connait pas ? Vaste question qui mérite de rester sans réponse.


Eau (2010)
Une humanité lointaine, immortelle, connait une avarie sur son vaisseau. Le seul choix qui lui reste : errer des siècles pour retrouver l'espace connu, ou tenter de sa chance sur une planète océan.
Un texte qui complète la thématique de planète sauvage. Quand on vous dit de stériliser tout ce qui rentre et qui sort d'une planète...


Stella (2023)
Un vaisseau doit dévier de sa route pour répondre à un signal de détresse. Pour ma part, ayant visionné le film Alien, je leur dirai bien de faire le sourd. Comme dans le film, tout se passe bien jusque... Heureusement, Arnauld Pontier a l'intelligence de ne pas copier toute l'intrigue. Une fin ouverte, un peu trop à mon goût car il y a matière à développer. Dans d'autres textes ?


La Bête (2015)
Futur. Non, retour en arrière : passé, une fête bat son plein entre gens de la haute royauté. Alors que tout se passe parfaitement, le noir se fait.
Je suis passé complètement à côté de ce texte dont je pense n'avoir su capter la référence.


Pièce maîtresse (2018)
Un vaisseau alien, immense, vingt fois la taille de Mars fait son apparition dans le système solaire. Branle bas de combat...
On y voit l'égocentrisme et la fierté mal placée de l'humain face à l'incompréhensible. Ça se lit comme du pulp mais reste en filigrane l'impossibilité de comprendre l'autre.


Comme une insurrection lente (2023)
Après des années de vache maigre, salaud de vegan et de bienpensance, la viande fait son retour en grâce. Malheureusement, il n'en reste plus que très peu. Heureusement, la découverte sur une planète de sortes de dinosaures va combler les marchands.
La loi du commerce est gravée dans l'airain, le profit seul compte. Arnauld Pontier nous conte une histoire qui doit sans doute faire référence à La hanse galactique. un humour noir, du cynisme, un petit régal.


La fille à la parole muette (2015 et réactualisée)
Un empire galactique, une substance dont elle a besoin qu'il doit collecter sur de lointaine planète. Une très courte nouvelle qui m'a laissé de marbre.


L'oeuf (2015)
Un oeuf gigantesque apparaît sur un green de golf.
Si vous aviez un doute sur la connerie humaine, cette nouvelle devrait le lever. Sous forme de satire burlesque, l'auteur étrille nos comportements face à l'inconnu. Et le bilan n'est pas très glorieux... Une friandise acide et beaucoup moins légère qu'il n'y paraît.


Eden et caetera (2019)
On nous appele pas les fourbes pour rien...
Premier contact, enfin. En ce futur pas très glorieux pour notre planète, les aliens proposent un marché intéressant.
Arnauld Pontier égratigne encore nos travers dans ce texte : plus rien ne nous étonne (un vaisseau aussi gros que la lune ? Déjà vu dans les films...) Et nous essayons toujours profiter au maximum de notre prochain, autant alien qu'il soit.
Un sous texte toujours aussi sombre, caché sous la légèreté.

Les gouvernements du monde entier ne furent aucunement réticents à livrer leurs ressortissants. [...]À vrai dire, les gouvernements virent même là une aubaine : ceux qui partaient n’avaient aucun avenir ici. Il s’agissait pour la plupart d’assistés, de laissés pour compte, de citoyens inutiles qui ne faisaient pas tourner la machine économique, mais, au contraire, vivaient à ses crochets. [...] Mais dans l’ensemble, à part quelques émeutes, parce que le grand vaisseau ne pouvait emmener tout le monde en une seule fournée, cela ne généra aucun problème majeur. Et, cerise sur le gâteau, c’était une bonne chose pour la démographie de certains pays, galopante… En résumé : bon débarras !


La Mort (2015)
Lors d'un bal masqué, une convive au mœurs dissolues pour la société décidé d'y venir déguiser en La Mort.
Même lorsqu'une soirée déguisée a lieu, il faut respecter certains codes. Et ne jamais oublier que l'habit ne fait pas le moine...  Divertissant mais pas inoubliable.


Bases d'observation (2023)
Très court texte sur une invasion par usurpation d'identité. Mais rien ne semble se passer comme prévu.
La vie est décidément étonnante !
Court mais laisse songeur.


Élyranthe (une histoire d’) (2023)
Une courte pastille humoristique autour de la souffrance que l'on inflige à plus petit que soi. (Par exemple les homards...)
Cela commence poétiquement sur la description d'un départ d'un paquebot immense et luxueux pour finir comme une sale blague. On rit, un peu amer...


Tolérance (2015)
Ici ce sont les humains qui envahissent une planète après avoir mangé la leur. Une population indigène pacifiste qui laisse les humains exploiter leur planète. Mais ces satanées humains en demandent toujours plus...
Le concept de temps obsède décidément notre auteur qui nous dévoile un moyen de défense particulièrement pacifiste mais néanmoins radical. Une fable philosophique qui clôt ce recueil, manière de dire que nous n'apprenons rien de nos erreurs. Le temps n'est décidément pas bénéfique pour nous.

2 commentaires:

  1. La poste a perdu mon SP... :-(
    Mais Arnauld Pontier m'a envoyé le fichier numérique donc je vais pouvoir lire ces quelques nouvelles (mais je préfère l'introspection et la poésie, moi !)

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    1. Bien fait, traite à la cause numérique !
      J'aime les deux facettes, même si c'est texte plus poétique reste plus longtemps en mémoire

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