Bifrost n.108. Octavia E. Butler

 

Bifrost, Le Bélial, 2022, 192 p., 6€ epub sans DRM


Un bon numéro, avec deux auteurices que j'aime : Ketty Steward et Nicolas Martin.
Cela aurait pu être exceptionnel, malheureusement...

 
Collatéral, de Peter Watts
Des pêcheurs se font tuer par un cyborg militaire. Indignation mondiale, plateaux de télévision et l'armée qui tente de limiter la casse voir d'en sortir grandit.
Un jeu de dupes où on s'interroge sur la responsabilité du cyborg, de l'armée et de la technologie. La démonstration est brillante est fait froid dans le dos. Seul bémol, Peter Watts amoncelle trop de quincaillerie SF à mon goût.


Un soir d’orage, de Nicolas Martin
 


Glace, de Rich Larson
Deux frères, deux caractères, un groupe de jeunes et l'intégration. Difficile lorsque l'on est différent.
Je n'ai pas du tout accroché à ce texte a cause d'un univers froid et assez peu évocateur pour moi. La relation entre les deux frères m'a semblé assez convenu. Cela fait désormais plusieurs nouvelles que je lis de Rich Larson et la conclusion s'impose : il ne semble pas compatible avec le chien...

Enfants de sang, d’Octavia E. Butler

Fan de SF, tu as sûrement vu District 9 ? L'univers est le même mais inversé, ici ce sont les humains qui sont dans une réserve. Mais une réserve de quoi ?
Lorsque en quelques pages tu as l'impression d'avoir lu un roman de 300 pages, c'est soit que ce fut très laborieux, soit que l'univers créé te laisse ton imaginaire foisonner. C'est bien entendu la seconde explication qui est la bonne ici. Tout est juste, bien esquissé avec des protagonistes solides et une histoire qui tient la route et riche en sujets.


Pas grand chose qui m'ont donné envie de lire dans le cahier critique. De la fantasy de l'histoire, de la presque SF. C'est vrai aussi que lire son Bifrost 5 mois après parution n'aide pas, les romans qui me faisaient de l'oeil ayant déjà été lus : La guerre des Marionettes, Les Chants de Nüying, Composite (critique à venir), La Millième nuit. Et j'avais déjà lu ce qui aurait pu me plaire. Je note toute de même Un pays de fantômes de Margaret Killjoy chez Argyll, Le livre de Phénix de Nnedi okoraror et Nos futurs solidaires chez Actusf. Dans son édito, le chef parle de surproduction, mais même si la taille du cahier critique augmente (des avis plus longs souvent) on y trouve de plus en plus d'éditeurs généralistes...

Viens l'interview de Guillaume Sorel qui est excellente. Je pensais être un extra terrestre dans mon rapport avec les femmes et je vois que je ne suis pas seul. 


Cela me permet de parler ici de la couverture qui a fait couler beaucoup d'encre sur les réseaux sociaux (mais étrangement aucune réaction sur le forum du Bélial, pourtant rarement avare en débats houleux...). Au delà de l'illustration que je trouve belle, il y a deux choses qui m'ont choqué.
Comme on parle de Octavia E. Butler, on met une Africaine en couverture, automatiquement.
L'expression Femme puissante, qui est pour moi insultante voir contradictoire : est ce à dire que la majorité des femmes sont.... Et quand on parle des grands de ce monde, on dit les puissants, pas les hommes puissants.
Dans un article du dossier, Ketty Steward dit une chose qui je trouve résume bien mon ressenti sur la couverture :

Que comprenons-nous réellement de son travail si nous nous bornons à la considérer comme femme, noire et américaine, avec ce que nous fantasmons habituellement de ces caractéristiques? Quelles cécités nous créons-nous en supposant cette écrivaine capable, seulement, de rendre compte de sa réalité vécue, en un lieu et un instant donnés ? Comment apprécier son sens du récit, sa dextérité à manipuler les mythes, à placer l'espoir dans une approche du temps long et de l'espace infini ainsi que sa préoccupation pour le devenir de l'espèce humaine, si l'on s'obstine à ne voir en elle que la fille d'un cireur de chaussures, forcément obsédée par l'esclavage et sa propre couleur de peau?

Une couverture à chier donc.


Dossier Octavia E. Butler
J'ai connu la prose d'Octavia il y a 20 ans avec la sortie de La parabole du talent chez Au diable Vauvert. Et sa suite, deux romans que j'avais trouvé excellents mais je n'avais trouvé malheureusement rien d'autre d'elle.
Le premier article revient sur son parcours en liant bio et bibliographie. Très clair, il permet de connaître la dame et ses sujets de prédilection. Et je n'en reviens pas de comment elle est morte ! (en se prenant les marches de sa porte dans la gueule)
Suit un entretien avec l'autrice un peu bizarre, les questions n'y figurent pas, cela reste toutefois compréhensible. Un peu court mais j'aime beaucoup la façon qu'elle a de voir le monde et les rapports humains.
Ketty Steward analyse l'incommunicabilité, l'empathie et les rapports de domination dans l'oeuvre d'Octavia. Une clé de lecture fort intéressante, pour comprendre ses écrits mais aussi nos rapports sociaux.



L'éditrice de Au diable Vauvert revient sur les livres, les publications et sa réception en France. Marrant de voir comment la vie d'un livre peu évoluer au cours du temps, des modes. Octavia a été un peu en avance sur son temps et même si elle bénéficié de la reconnaissance de son vivant, cette dernière ne fut qu'un pâle écho de ce qu'elle est aujourd'hui. En attendant, chez le diable, Octavia ne disparaîtra pas de sitôt.

La série Patternist ne me donne pas envie, Liens de sang (voyage dans le temps à l'époque esclavagiste pour une protagoniste noire) me fait de l'oeil, comme le cycle de Xenogenesis (dont j'attendrai la fin de la publication pour m'y plonger, soit courant 2024). Un recueil de nouvelles devrait paraître en 2025, et il sera mien. Quand à la série des Paraboles, il faudra bien un jour que je la relise.


Explorer le milieu interstellaire, par Roland Lehoucq
Comment voyager vite et loin ? Pas grâce à la technologie (même si cela aide) , mais grâce à des astuces d'homo-sapiens. Bref il s'agit de trouver des astuces pour faire avec les moyens du bord. Mais pourquoi allez loin. Roland te dit tout.

 
 
 
D'autres sons de cloche sur le forum du Bélial

3 commentaires:

  1. Nicolas Martin = Robert Charles Wilson => LA Consécration Ultime !

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  2. Tu fais les intros pour Bifrost!! Félicitations!!
    J'aime bien ce que dit cette Ketty Steward, moi aussi :)

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