Metro 2035

Dmitry Glukhovsky, L'atalante, 2017, 608 p., 10€ epub sans DRM


« Qui, si ce n'est nous ? »

Petit examen de la conscience politique.

Présentation de l'éditeur :


2035. Station VDNKh. Artyom y est retourné vivre. C’est un héros brisé, obsédé par l’idée que c’est à la surface qu’est le salut de l’humanité. Les Noirs anéantis, un souvenir le taraude, celui de la voix qu'il a entendue sur une radio militaire, deux ans plus tôt, quand il était au sommet de la tour Ostankino avec les stalkers. Aussi, depuis son retour, remonte-t-il quotidiennement à la surface, escalade des gratte-ciel en ruines, pour tenter d'entrer en contact avec d'autres survivants. Tenu pour fou, la risée de certains, Artyom sombre peu à peu jusqu'à ce que l'arrivée d'Homère bouleverse la situation : le vieil homme qui n’a de cesse que d’écrire son Histoire du métro, prétend en effet que des contacts radio ont déjà été établis avec d'autres enclaves…

 

Mon ressenti :

Dans le métropolitain russe
Y Artyom qui chante
Les rêves qui le hante
Au large du métropolitain

Dans le métropolitain russe
Y a des nazis qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières heures
Mais dans le métropolitain russe
Y a des monstres qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des quais poisseux

Dans le métropolitain russe
Y a des rupins qui dansent
En se frottant la HHHHanse
Sur la panse des femmes

Dans le métropolitain russe
Y a des rouges qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains de Tsvetnoï
Boulvar et d'ailleurs

Dans le métropolitain russe
Dans le métropolitain russe


 

Il y a douze ans sortait en Russie Metro 2033, adapté par la suite en jeu vidéo au succès internationale. Devant le phénomène, l'auteur créera un "spin off" à son roman : Metro 2034, non adapté en jeu vidéo. En 2013, le jeu Metro: Last Light sort et remporte un succès supérieur au premier opus. certains remarquent dans le jeu des affiches pour un livre : Metro 2035 qui sortira en Russie en 2015. L'univers s'est agrandi avec des fans-fiction.
N'ayant pas jouer aux deux FPS, je ne peux pas vous faire un parallèle avec les romans. Par contre, j'ai lu toute les textes de la licence.

Cet opus peut se lire de manière indépendante, voici en deux mots le topo (attention spoil, sauter le paragraphe si vous pensez le lire ) : de nos jours, les américains et les russes ont fini de s'amuser au jeu du chat et la souris. Résultat : holocauste nucléaire planétaire. Certains habitants se trouvaient à l'heure H dans le métro, ce qui leur a sauvé la vie. Une communauté souterraine a émergé, et Métro 2033 racontait les aventures du jeune Artyom qui s'aventurait hors de sa station d’origine VDNKh et découvrait cette société métropolitaine avec ses diférentes conceptions de l'Etat : le bloc communiste, les théocraties, les démocraties, les néo nazis, les anarchistes… Les relations géopolitiques, toujours incertaines, les frontières. Sur la fin, il devenait un héros pour avoir vaincu la menace qui grondait en surface et entendait une voix sur la radio : les stations russes sont-elles les seules ayant survécu à l'hiver nucléaire ?

Héro qu'on retrouve fatigué et à la santé mentale balbutiante deux ans plus tard. Pendant que la grande majorité s'est faite une raison sur leurs vies souterraines, Artyom ne rêve que de faire sa vie à la surface et ce silence rompu à la radio l'obsède...
Nous retrouvons certains des personnages croisés dans les tomes précédents, dont Homère et Sasha ainsi que les différentes stations-sociétés visitées. Quelques changement sont apparus, surtout chez les nazis : plus de discriminations raciales, le métissage fait son entrée. Mais il faut bien trouver un nouveau bouc émissaire, du moins le rendre plus visible. ce sera les monstres, les anormaux. Un examen médical complaisant et hop, par une porte ou par une autre...
La Hanse, la horde de capitalistes, rendant exsangue le reste des stations. Tout se monnaye. La ligne communiste reste fidèle à elle même, très bien rendu via la scène surréaliste de corruption d'un fonctionnaire "intègre" qui emploie juste à côté de lui un homme chargé des baques chiches !
Mais qu'importe les idéologies, le contrôle des masses est le lot de toutes : éduquer depuis leur plus tendre enfance la populace à avaler les mensonges. Mensonges ou hallucinations ? On se demande si Artyom n'est pas fou, si il ne combat pas ses propres moulins à vent.

Propagande et manipulation sont au coeur du roman. Quid de la vérité  ? 

Pour une licence surfant sur un FPS initial, le bing bang boum est relativement discret, l'intrigue fait la part belle à la réflexion. Cependant, dans ce tome, le parallèle est fort avec la Russie, rendant caduque une universalité thématique. L'intrique manque parfois de réalisme, arrive un peu trop rapidement certains événements sans explications. Et j'y ai trouvé pas mal de longueurs.
Je pense que Dmitry Glukhovsky est un écrivain à suivre de près, comme le prouve Futu.RE et Sumerki.

Une interview de Dmitry Glukhovsky est disponible sur ActuSF

Je râle souvent contre les prix abusifs et la présence de DRM sur les ebooks. De ce côté là, tout va bien, mais 27€ la version papier, cela me laisse pantois.


The end ?
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Quelques citations :


Alors intervient le concept de monstre. Qui sait ce qu’est une monstruosité ? Cela peut être une mutation ! On naît sain et puis soudain une excroissance se met à pousser, ou un goitre… Mais il se peut aussi que ce soit invisible à l’œil nu ! Que seul un médecin puisse s’en rendre compte au cours d’une consultation ! C’est pour ça que le moindre connard doit se chier dessus en allant se faire ausculter par un toubib. Et même le médecin doit trembler comme une feuille. Car c’est à nous, au sein d’un conseil, qu’il appartient de décider qui est un monstre et qui ne l’est pas. Personne ne doit se croire à l’abri. Jamais. Chacun doit se justifier, en permanence – tu m’entends ? –, toute sa vie. Tout en approuvant nos décisions. C’est pas beau, ça, hein ? C’est superbe !


On pouvait faire tomber des régimes ; les empires pourrissaient et mouraient ; mais les idées se conduisaient comme les bacilles de la peste. Elles restaient dans les dépouilles de ceux qu’elles avaient tués, elles se racornissaient, s’endormaient et pouvaient patienter pendant des siècles. Puis, au hasard d’un chantier de tunnel, on pouvait rencontrer un cimetière de pestiférés… Il suffisait d’effleurer un vieil os… et peu importaient alors la langue et les croyances du nouveau venu. Le bacille n’est jamais très regardant.


Moscou plongea dans la nuit comme dans un seau d’eau sale, pour se laver du sang qui la souillait. Une fois la nuit trouble passée viendrait un nouveau jour, trouble lui aussi, et nul ne saurait rien des événements de la veille. Tout se dissoudrait dans le néant. Qui saurait que dans un tunnel obscur des hommes en avaient tué d’autres à coups de pioche ? Personne. Qui saurait pour les brouilleurs ? Personne. Qui apprendrait que des athées s’étaient signés avant de marcher sur les mitrailleuses ? Qui saurait pourquoi ils étaient morts ?



On passe tous des compromis avec soi-même. Les gens me surprennent rarement, stalker. Les rouages sont les mêmes dans toutes les caboches : le désir d’une vie meilleure, la peur, la culpabilité. Il n’y a rien d’autre chez l’humain. Il faut tenter les hommes avides, culpabiliser ceux qui n’ont peur de rien et effrayer ceux qui n’ont pas de conscience.

12 commentaires:

  1. Pas convaincu par la série, ça commençait bien mais l'apparition des "monstres" dans 2033 m'a fait perdre le fil du roman.

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    1. Ce n'était pas des monstres, mais des noirs ! Ecrit comme ça, ça parait raciste, mais ce n'est pas le cas du tout et j'aurais alerté les lecteurs potentiels......
      Metro 2033 mélangeait les genres, ce qui peut déplaire. Tu devrais essayer Futu.re un jour.

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    2. J'ai essayé, il m'est tombé des mains au bout d'une centaine de pages !!!!

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  2. Bravo pour cette chanson, je vois que tu connais ton Jacques! N'empêche, je suis impressionnée par la trouvaille qui colle parfaitement à cet univers. Ce n'est pas que j'ai lu les livres - pas encore. En revanche j'ai joué sur les 2 titres marquants an terme d'ambiance et de scénario.
    Je ne sais pas si le premier opus suit la trame de 2033, j'espère que non car cela m'embêterais de lire un bouquin dont je connais les articulations et révélations.

    Bon ayant loupé tes premières critiques sur la série, je m'en vais regarder cela de plus près.

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    1. Je me suis remis à Brel récemment, mes critiques s'en ressentent. En plus, je lis actuellement Supernormal qui comporte de vrais morceaux de Brel à l'intérieur.

      Je ne peux pas te dire si les trames sont identiques. Je pense que le livre étoffe la trame du jeu, mais...

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  3. Je n'ai pas lu ta chronique, je le ferais surement en 2020, une fois que j'aurai achevé cette saga.

    Mais je suis ravi que tu l'ais lu. En bien ou en mal, nous pourrons en discuter.

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    1. Je vais devoir boire quelques goutes d'elixir de jeunesse !

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  4. J'ai adoré métro 2033, Métro 2034 m'a légèrement déçu : moins de rythme, une intrigue moins inventive...
    Quant à Métro 2035 : un roman bourré de longueurs, jusqu'à être à l'occasion ennuyeux, une narration brouillonne, confuse, et des incohérence : dans métro 2033, les mutants (animaux ou humains.) menacent les stalker à chaque sortie à la surface de Moscou. 2 ans plus tard, il n'y en a plus un seul. Ok pour les "noirs" : ils ont été "atomisés". Mais quid des mutants animaux ? No comprendo...

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    1. Oui, je suis d'accord avec toi. La suite s’essouffle, des événements hasardeux et inexpliqués. Le filon est tari, on ne fait pas des romans comme des jeux vidéos.
      Mais à côté, toujours quelques fulgurances. Idéal en poche.

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    2. Dans un interview l'auteur avait expliquer que les mutant serait un peut "retiré" du livre et qu'il voulait surtout se concentrer sur la politique (en dénonçant d'après ces dire un peut celle de son pay).

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    3. J'ai aussi lu cette interview (ActuSF je crois). Je comprends qu'il est enlevé cet élément fantastique qui dénoter un peu face au réalisme conté.
      Mais ici, le roman est trop ancré en terre soviétique, et perd en universalité.
      Pour ceux que ça intéresse, un recueil est sorti il y a peu où il critique allègrement une certaine Russie sous forme de nouvelles SFFF.
      https://lechiencritique.blogspot.com/2018/04/nouvelles-de-la-mere-patrie.html

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